… de ce blog…
Si vous vous étonnez de le voir endormi c'est que facebook m'a interdit les retransmissions (pour cause d'images avec des nénés, semble-t-il).
Je continue donc à l'adresse suivante (sans nénés) :
ALONE ON MOON
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dimanche 2 février 2020
dimanche 16 juin 2019
ÉCRIVAIN ?
Si
certains amateurs se plaignent d'un manque de nouvelles histoires en BD de ma part,
il faut qu'ils sachent que la paresse liée à l'âge m'incite à me contenter de
les écrire, mes histoires. Ce n'est pas franchement plus facile, mais c'est
moins long. On peut considérer cela comme une activité de retraité ou comme une
nouvelle (et dernière ?) carrière. Écrivain ? Si on veut. Écrivain
amateur éclairé, en tout cas. Et les nombreux appels à texte qui courent sur le
net me donnent l'occasion de me confronter à des sujets inattendus ou parfois,
adepte du recyclage que je suis, à développer en texte ce qui, en un autre temps,
aurait pu donner une BD.
Depuis
la fin 2018, je me vois donc à la tête de 12 ou 13 nouvelles SFFF publiées, souvent
déconnantes, parfois lyriques, parfois en papier (revues ou anthologies),
parfois seulement en numérique, parfois accompagnées de dessin(s), le plus
souvent non (a priori, je suis curieux de me voir illustré par d'autres).
Un
jour, sans doute, j'en ferai un recueil, mais ce n'est pas d'actualité.
En
attendant, voici une liste et quelques liens.
Décembre
2018 :
Revue
(papier et numérique) Galaxies N°56, spécial SF et guerre de 14-18.
"Midi à
quatorze-dix-huit heures". (+ Couverture et dessins intérieurs)
Anthologie (papier et numérique) "Transhumains et
posthumains", Arkuiris éditeur.
"Transhumain,
trop transhumain". (+ Couverture)
Fanzine
(papier et numérique) jeunesse H2, N°2,
"Rémi et
la bétonisation"
Février 2019 :
Revue (numérique gratuite)
Squeeze N°18, thème "Dans le
genre".
"Soir de bal sur Xémos" (+ Couverture)
Mars
2019 :
Plaquette
(papier) recueil de textes poétiques pour le Printemps des poètes 2019. Thème
"La Beauté". (Gratuit sur place dans les médiathèques de Haute
Sarthe. Envoi ???).
"Antidote à tous les poisons".
Revue
(papier) La Grenouille à Grande Bouche N°1. Thème "Soupe de
langue(s)".
"La
Cuillère fatale".
Anthologie
(papier) "Revenir de l'avenir", Le Grimoire/Mille Saisons édit.
"Les
Walkyries de Lofsöngur".
Avril
2019
Site Le Royaume Bleu. Thème "Reine de
Pique"
"Sorcelières"
Mai
2019
:
Revue
(papier) Gandahar N°17 , thème "Cités du futur".
"La Cité
des demeurants".
Juin 2019
Anthologie "Frontières", Festival
ImaJn'ère, Angers
"Therminator
Land"
Revue
Fantasy Art and Studies n°6, thème
"Pop Norse". (Numérique, papier en impression à la demande)
"Les Forgerons"
Anthologie (papier) Vagabonds du rêve n°6. Thème "Rouge"
"Le petit homme rouge"
jeudi 4 avril 2019
Une abomination (au sens laïque du terme).
Rufa, la petite sœur de
Rufus Tucru l'inquiétait. Cent-cinquante kilos à quatre ans à peine, c'était
trop. « Je sens que ça va mal finir », se disait-il, grossophobique,
en la voyant étalée sur la moquette comme un gâteau de sargasses en forme
d'étoile de mer, salé gluant céphalopode, un gros poulpe échoué mordillant son
dernier bébé phoque en plastique (elle avait déjà bouffé les trois précédents).
Une solution lui apparut avec le mot plastique
devenant soudain plastic,
c'est-à-dire cet explosif dit aussi semtex.
Un bébé phoque en semtex réglerait la
question.
C'était ça ou l'inscrire
aux boulimique anonymes.
En ce temps-là, faut dire,
on faisait exploser un peu tout et n'importe quoi. Des voitures dans les films,
des nimbus et des cumulus, des démographies, des kamikazes… On balançait des
bombes A sur les îles du Pacifique, comme si on avait des îles à revendre. Avant,
dans certains pays d'Amérique du Sud, la police, pour lutter contre le trafic
de drogue, bombardait les plantations de coca avec du glyphosate. On avait le
choix pour se shooter : coke ou glyphosate. Maintenant que le glyphosate est
interdit pour sauver la planète, on n'a plus que la coke perfide.
Sous un ciel couvert
d'algues, Rufus Tucru, lui, sortait en escadrilles et bombardait les fourmis de
son… hum… il pissait dessus, quoi. Le fait qu'il crût encore, Rufus Tucru,
comme un bon tiers de la population, que le Soleil tournait autour de la Terre
(qui était peut-être plate, après tout ce n'est qu'une question d'opinion) n'y
changeait rien. Que la Terre soit plate ne l'empêchait pas d'être bipolaire.
(Et comment monopoliser un bipolaire ?)
< Une fourmi posée sur ma main est bien forcée de croire la Terre
plate >, se disait-il. Mais le témoignage d'une
fourmi peut-il être considéré comme irréfragable ?
Chez ses congénères, peut-être. Quant à croire que le soleil tourne autour de
la Terre, c'est une évidence intuitive renouvelée chaque jour par le témoignage
de nos sens. Mais ce témoignage peut-il être considéré comme irréfragable ?
Entre
la réalité et l'illusion, qui l'emportera ?
(Il s'agissait avant tout,
ici, de placer deux fois le terme irréfragable
= qu'on ne peut
récuser – terme qui concerne avant tout un témoignage.)
Le soir, Rufus Tucru avale
un gaspacho. Froid. Échauffé, il entame des relations ovales avec une soeur
d'artichaut violette, et son foin piquant dedans, cernant son coeur (mais
pourquoi ne pas mettre ses E dans ses O ?) Les effets secondaires ne
tardent pas : chute de rein, humeur au cerveau, dépression baveuse. Il
finit par un brocodile, croisement pervers de brocoli et de crocodile élevé à
la maison. En bocal, d'abord. Puis dans le lavabo, puis dans la baignoire.
« J'attends toujours le
dessert ! », clame-t-il à tout vent – qui lui répond avec un tapioca vengeur.
NB. Avant de se coucher,
une petite séance de pandiculation
favorise le sommeil (étendre les bras vers le haut, étirer les jambes vers le
bas, bailler). Ne pas confondre avec la perpendiculation qui consiste au
contraire à plier les bras et les jambes à 90° et ne favorise rien du tout
sinon l'hilarité des observateurs.
Ne pas confondre non plus
avec le patagone (une surface géométrique patatoïde), lui-même à ne pas
confondre avec la 'Pataphysique (philosophie ou « science
des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les
propriétés des objets décrits par leur virtualité ». Noter que l'adjectif pataphysique
ne comprend pas l'apostrophe du substantif).
Ni avec le pastafarisme.
Voir aussi, pour le plaisir
des athées, la LRI.
vendredi 15 mars 2019
"La Beauté".
Ce
texte est paru dans "La Beauté", plaquette du Printemps des Poètes
2019 éditée par Festival en Pays de Haute Sarthe.
Comment
me retrouvé-je dans une plaquette publiée dans la Sarthe, alors que je ne sais
que très vaguement ou est ce département ? Simplement parce que cette asso
Festivals en Pays de Haute Sarthe a déposé un appel à texte sur un site qui
compile les appels à texte de tous genres. J'ai répondu, j'ai été sélectionné,
c'est tout.
La
plaquette en question n'étant disponible (gratuitement) que dans les
médiathèques du coin, je vous en fait profiter ici, c'est-à-dire a-localement.
(On sait plus où on habite…)
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Antidote à tous les poisons
•••
« En ce temps-là
régnaient le mystère et l'émerveillement. Vinrent les Lumières, les sciences de
la nature, les techniques. Disparut le mystère. Resta l'émerveillement. Car le
ciel est tout aussi beau fait d'étoiles, fournaises nucléaires, de géantes
gazeuses aux mers de méthane, d'astéroïdes minéraux que quand il était fait de
dieux lubriques et batailleurs, de signes animaux ou de magie nocturne. »
(Rufus Agnostile Jr, "Carnets sucrés", Éditions DeGloire, 1812.)
Cela
se passe aux derniers temps du mystère et de l'émerveillement.
Elle
m'a trouvé au coin d'un bois (soleil à contrejour sur les feuilles jaunies, si
jaunes qu'on croirait des fleurs). Elle m'a saisi au coin du bois, la Beauté,
évanouie, bien malade. Elle était belle, elle était vieille. Je l'ai chargée
dans ma brouette et emportée, trajectoire incertaine, dans ma maison.
Elle
m'a demandé : — Tu me montres comment on écrit une chanson ?
J'ai
répondu : — Je peux avoir un café, d'abord ?
Ensuite
voici ce que je ferai. J'irai puiser l'eau du ruisseau. Je laverai tes espaces,
tes berges, moissonnerai tes rivières, couperai tes bras morts, ils
repousseront fuselés. J'emplirai ton nombril et les fossettes de ton fessier
d'eau pure – lacs de cratère, ruisselants d'aurores. J'y élèverai une
harde d'hippocampes sans but.
Je
revivifierai tes cheveux à l'eau vinaigrée (parfum de pommes sures). Je
nourrirai ta bouche du lait des étoiles. Je mettrai de la neige dans son
haleine. Pour te sécher, je te tordrai en ruban de Möbius.
Je
décavera tes yeux et les ferai revenir à la poêle pour les raviver.
J'éplucherai
ta peau, la ferai lisse, estompée et transparente, avec tous tes organes dedans,
lisses et transparents, estompés, pleins d'enzymes. Je peindrai ta mue en
aquarelle, en estampe jardin japonais, je baguerai d'or tes doigts un à un,
soufflerai sur tes cils pour qu'ils dansent – et je danserai avec
eux –, repeindrai les plumes de ta langue, or et rouge cruor, et la
zibeline de tes lèvres.
Plus
tard, car il faut prendre son temps, je rechaperai tes seins de gloire
jusqu'aux aréoles fruitées et rallumerai les ampoules de tes hanches. La mousse
de printemps repoussera, réseau, sur ton pubis pendulaire – et les algues
dedans l'angle ouvert de l'échancrure de ton ventre-cadran ombilical – et
l'herbe sur tes jambes d'abeille – et les arbres sur tes épaules.
Des
oiseaux, mouettes aux pattes folles, tatoueront des constellations sur tous les
os de la cataracte de ton dos et graveront des messages en runes, en grecques,
en onciales – sur la chaine de tes vertèbres.
Une
flute traversière murmurera tout un vol d'étourneaux en tes oreilles ensablées,
un violoncelle capitonné se glissera en tes poumons, un piano, miroir sans
réflexion, jouera seul les harmoniques de tes hormones.
J'ai
fini par : — Je ferai de toi un no man's land. Tu seras neutre, vapeur
sans nom, sans expression, car tu participeras pleine et entière à la RÉALITÉ –
et ce par hasard, comme par
inadvertance, sans aucun fait exprès.
Tu seras ON.
Elle
a protesté : — C'est pas très marrant, comme chanson.
Moi :
— De toutes façons, c'est la fin du monde et tout le monde est mort. Autant
passer son temps à remettre un peu de beauté plutôt que d'exhiber sa
souffrance.
Philippe
Caza, janvier 2019
mardi 12 mars 2019
Des nouvelles de la Galaxie (suite)
De nouveau quelques notes sur quelques nouvelles de
SF parues dans Galaxie ou dans Fiction dans les années 60. À la base, je me
suis mis à relire ma collection parce que je me suis mis moi-même à écrire des
nouvelles SF à tendance rigolote et, trouvant que dans la production actuelle,
ça manque un peu, je suis allé me ressourcer… chez Sheckley d'abord puis à la
redécouverte, un peu au hasard, de nos grands et petits anciens, pas seulement
"les histoires d'humour de la SF", mais celles qui prennent une
résonnance spéciale, vues de maintenant.
J'en profite pour scanner quelques illustrations dans
les pages jaunies de ces vieux Galaxie, images que je poste sur la page FB
Stéréoscopages dont je suis co-administrateur (du Finlay, pour l'instant, mais
il y en aura d'autres…)
L'ami Georges Bormand a relevé, dans le Galaxie N°1
la nouvelle de Silverberg "Voir l'homme invisible", pas foncièrement
marrante, mais superbe et faisant partie de ces anticipations politico-sociales
qui tombent à pic. L'homme "invisible" de l'histoire ne l'est que
socialement, par condamnation. Pendant un an, marqué au front, il vit sa vie au
milieu des humains sans aucun contact : personne ne lui parle, il ne doit
parler à personne, tout le monde l'ignore. Il ne peut pas travailler mais il
peut voler, entrer partout sans payer, personne ne l'en empêchera, etc. On peut
comparer ça à bien des situations modernes, celle d'un interdit bancaire comme
celle d'un sans papier…
Et comme par hasard, dans le N° suivant, une autre
perle du même Silverberg, "La souffrance paie", où l'on est en pleine
trash TV. Une chaîne paie les
familles de malades hospitalisés plus ou moins mourants pour avoir le droit de
filmer leur opération… ou leur agonie. Et paient plus cher s'ils acceptent que
ça se passe sans anesthésie ! (Le parfaitement cynique producteur de l'émission
subira à son tour le même sort… Il y a une morale, quand même !)
Dans ce même N°2 de 1964, Brian W.
Aldiss, dans "L'impossible étoile", décrit ce que l'on n'appelait pas
encore un trou noir.
Et, toujours dans ce N°2, une nouvelle
de Mary Carlson, "Ceux qui possèdent la terre", évoque ceux qu'on nomme maintenant "les
1%", en réduisant leur nombre à une centaine. « J'ai tenté une estimation en additionnant le revenu national
brut de chaque pays de la Terre et en divisant par la somme nécessaire pour
acheter le gouvernement de l'une des plus grandes nations industrielles. »
Hum, hum…
Mais comme je ne relis pas les vieux Galaxie systématiquement dans l'ordre,
je tombe sur le N° 65 de 1969 et sur "Votez Kafka", de Norman Kagan,
et là, les relations avec notre temps sont foison. « Je ne peux voter pour aucun des candidats et pour aucun des
programmes en présence. Ils me paraissent sans rapport avec les vrais problèmes
qui se posent à la nation et à moi-même en ce qui concerne ma vie. Je crois
qu'il y a dans notre société un défaut exigeant une réforme plus
profonde. » Ça, c'est l'ouverture. Après, ça parle des machines « qui avaient rendus superflus la
plupart des hommes et avaient poussé le reste au bord de la démence ».
On a aussi cette idée que les fantômes
des individus que l'automation avait remplacés habitaient les machines, comme
si celles-ci s'étaient emparés de leurs esprits… Image, certes, mais pensons-y
quand nous irons au supermarché et que nous verrons les spectres des caissières
évincées planer au-dessus des nouvelles caisses automatiques.
Question boulot, le seul travail qui
reste c'est celui qui consiste à détruire le travail. On peut préciser le seul
travail correctement rémunéré qui reste c'est celui de programmeur
informaticien qui consiste à détruire le travail.
Et sur le plan politique, on est en
pleine prise généralisée du pouvoir par l'informatique (ICM, dans la
nouvelle !). On parle de ces prophéties autoréalisatrices que sont les
sondages. Et on parle d'une absurde candidature présidentielle "Kafka",
c'est-à-dire "aliénation", c'est-à-dire "rien". « À l'origine, le principe [de cette
candidature Kafka bidon] était de découvrir quels étaient les citoyens qui se
foutaient de leur bulletin de vote et quels étaient ceux qui étaient
sincèrement désenchantés. Mais contrairement à toute attente il s'est révélé
que tout le monde est aliéné et malheureux. Or notre système social est
désormais si complexe […] que nous ne pouvons plus lui apporter de
modifications fondamentales. Alors l'aliénation s'étend, on est toujours plus
malheureux et le nombre des bulletins Kafka augmente à chaque élection. » Inutile
de dire qu'à la fin de l'histoire Kafka est élu… un peu comme si tout à coup on
prenait en compte les bulletins blancs et qu'on élise… rien. (Ou Donald Trump…)
samedi 2 mars 2019
Des nouvelles de la psychosphère
Un jour, le
Sur-Dieu (le deus sive natura de
Spinoza, soit la Nature) en eut marre
des trois clowns qui passaient leur temps à se disputer pour savoir qui c'est
qu'a la plus grosse ou a se foutre sur la gueule par humains crétins
interposés. Et vas-y qu'une fois, c'est Yaveh qui balance un déluge ou une
pluie de feu, une fois c'est le Bon Dieu † qui envoie une croisade anti Mahomet
ou une inquisition anti juifs, une Saint Barthélémy anti protestants. Quant au présent
et à Allah et son prophète ça n'arrêtait pas, avec ses attentats kamikazes, son
WTC, son daesh, ses groupes boko haram un peu partout et contre un peu tout le
monde.
Il fallait
mettre le holà.
Le Sur-Dieu
composa une avatar(e) féminine douée de tout ce qu'il faut par devant comme par
derrière : Pandora, Ève, Vénus, Asana, appelez-la comme vous
voudrez – et la lâcha dans la salle de jeu des trois gros grognons. Un
"lieu" qui n'est ni un espace ni un temps, un virtuel imaginaire qui
occupait depuis Platon un bon volume de l'espace mental de l'humanité. (La
psychosphère selon RCW, ou noosphère selon Teilhard de Chardin, qui est comme
chacun sait, le lieu commun à toutes les pensées humaines. Selon l'homme des
cavernes Platon, on y trouverait des abstractions comme la Violence, la Beauté,
l'Amuur, la Démocratie – mais avec des esclaves, quand même… – et même le
plan de montage d'un lit Ikéa. Et selon d'autres curés, le paradis et l'enfer,
les anges, l'au-delà, l'autre monde, les arrière-mondes, appelez ça comme vous
voulez, de toute façon ça n'existe pas. C'est donc un lieu lui-même imaginaire
contenant tous les produits de l'imaginaire humain.)
Et donc les
trois neuneus, sous la forme de Moïse, Jésus et Mahomet (eux non plus
n'existent pas), virent débouler dans leur non-lieu imaginaire une sorte de
panthère rose avec tout ce qu'il faut par devant comme par derrière. Ils en
tombèrent instantanément et simultanément amoureux, bien sûr. Comme il n'était
pas question de partage, entre eux, ils dégainèrent sabres, kalachnikovs,
lasers, éclairs, marteaux et faucilles et se foutirent sur la gueule grave
tellement bien qu'ils se découpèrent mutuellement en morceaux tout petits ou en
cendres froides, au point de disparaître de l'espace mental des Terriens (la
dite psycho- ou noo-sphère, donc) entraînant dans leur néantisation les anges,
les démons, les abstractions, les Idées
platoniciennes, touts les mots à Majuscules de Majesté, l'idée même de roi, la
foi, l'espéruse et la charité-mon-bon-meussieu, les péchés, la culpabilité, la
peur, la concurrence, la finance, l'ambition, l'avidité, etc., etc., etc.
Ça dégagea un
énorme volume disponible dans l'espace mental de l'humanité qui, tout étonnée,
en profita pour inventer des choses vraiment utiles : le verre à pied, la
boîte d'allumette, la pince à linge, la brouette, la contraception (= l'amour
libre sans la menace de la surpopulation), la pétanque, la sieste, la mort sans
rémission, le rien, le vide…
— Et les
dieux, dans tout ça ? Je veux dire tous les autres, les petits, les
modestes, les sans nom, sans arrogance… les esprits de la forêt, les fées, les
elfes, le grillon du foyer, le roi des rats, la reine des abeilles, la
troisième flûtiste en partant de la gauche de l'orchestre symphonique, la note
bleue, Totoro, le monstre de spaghettis, l'esprit de la commune, Gloria, les
quarks, les gluons, etc., etc., etc. – que deviennent-ils ?
— Eux et
elles, ils et elles sont toujours là. La preuve, c'est qu'ils et elles sont
ici, alors que les précédents cités plus haut sont déjà sortis de ton esprit,
vu que tu ne disposes que d'une dizaine de lignes de mémoire vive.
mardi 26 février 2019
Galaxie, humour et SF
Relisant ces temps-ci de
vieux Fiction et de vieux Galaxie, je suis souvent éberlué par les idées "en
avance sur leur temps" qu'on y trouve. Je ne parle pas de gadgets ou de
trouvailles techniques, mais d'idées sociales, politiques, etc.
Exemples.
Galaxie N°38, Juin 1967.
Mack Reynolds "Le Dernier astronaute" : « Aux premiers temps de
l'État du Mieux-être, on avait commis une erreur en adaptant l'automation de la
seconde révolution industrielle : on avait voulu donner du travail à
chacun tout en réduisant le nombre d'heures et de jours ouvrables. Le ridicule,
ou plutôt la confusion, devint manifeste lorsque les ouvriers ne travaillèrent
plus que deux jours par semaine et deux heures par jour ; mieux valait
évidemment un ouvrier travaillant trente-cinq heures et acquérant du métier
qu'une légion d'employés forcément peu efficaces.
» La seule chose à faire
était de laisser chômer les chômeurs, en leur donnant une prime de Basique
inaliénable : ceux dont on avait encore besoin travaillaient un nombre
raisonnable d'heures par jour, un nombre raisonnable de semaines par an et un
nombre raisonnable d'années dans leur vie.
» On renouvelait la
main-d'œuvre par tirage au sort. Toute personne ainsi désignée ne pouvait se
soustraire à l'obligation de travailler ; en compensation on augmentait
ses parts de Basique Variable, selon la tâche qu'elle avait à remplir…
etc. »
On a là, comme ça en
passant, la démonstration du principe du partage du travail (les 35 heures) et
la démonstration par l'absurde de son inadaptation, dans un monde automatisé +
l'invention du Revenu de Vie Universel Inconditionnel ou AU, Allocation
Universelle, ici nommé Basique, avec sa part inaliénable et sa part variable
pour ceux qui travaillent malgré tout. Et avec en plus cette trouvaille : on
ne va quand même pas compter seulement sur la bonne volonté pour avoir les
quelques travailleurs indispensables, mais on va en tirer au sort – avec
obligation de. (Ce qui rend le Revenu Universel un peu moins inconditionnel
qu'on le rêve…)
•••
Ce Galaxie comprend aussi une nouvelle rigolote
de Christopher Anvil "Ceux d'Arcturus", qui montre comment des
Arcturiens faisant une tentative d'infiltration dans la société terrienne
moderne ne s'en tirent pas, en particulier à cause de (ou grâce à) la pollution
de l'air.
•••
Et je viens de relire, dans
Galaxie N°2, juin 64, "Les pieds et les roues" de Fritz Leiber,
évoquant les prémisses de la grande guerre entre les piétons et les
automobilistes, allant de la grand-mère qui tente une traversée dans les clous
armée d'un Magnum 357, lames de faux sur les chapeaux de roue, pare-choc
aiguisés, pavés hérissés de pointes, port de grenades autorisé aux piétons aveugles.
Avec ce détail que les piétons (dits "Pieds") affichent maintenant un
QI de 41 et les automobilistes (dits "Roues") de 37 ! Avec ça
encore que les autorités, police et autres, pour ne pas avoir l'air d'être d'un
parti ou de l'autre, se déplacent dans des voitures mille-pattes ou en cannes
sauteuses !
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