LO N° 460 (16 oct 2011)
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OCCUPY WALL STREET
« Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. »
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SECOND TROU
Votez dur votez mou, on s'en fout, mais votez dans le trou.
Le second tour est comparable au maul du rugby. Il y a maul lorsqu'un joueur portant le ballon est saisi par un ou plusieurs adversaires et qu'un ou plusieurs coéquipiers du porteur du ballon se lient à ce dernier. Tous les joueurs qui participent au maul sont sur leurs pieds et avancent vers une ligne de but. Un maul met fin au jeu courant.
AuBrie contre Hollande : une affaire de fromages.
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COMMÉMORATIONS D'OCTOBRE 2011
Le mois de septembre ayant bien donné question commémorations il n'y a pas de raison de s'arrêter en si bon chemin. Pourquoi commémorer ? Et quoi ? A priori la commémoration sert à rappeler aux individus leur appartenance à une communauté (État, cité, religion, ethnie, collectivité professionnelle…) et donc à renforcer cette appartenance, la réactualiser, la ré-énergiser. "Se souvenir ensemble". C'est du lien social et donc c'est bien.
Il peut pourtant y avoir des excès : des "excès de mémoire" qui font vivre dans le passé, la nostalgie, et s'opposent à la part d'oubli nécessaire au bon développement de la personne comme de la société. Cela peut mener au régionalisme ou au communautarisme obsidional et obsessionnel : fermeture, enfermement. (Trois cérémonies autour de la Shoah en octobre à Paris, ça fait beaucoup, je trouve…)
— Il y aurait donc sans doute une question de tempo, un temps pour la mémoire, un temps pour l'oubli.
— Le devoir de mémoire, c'est comme les devoirs de vacances ? les exercices de récitation par cœur, le calcul mental ?
— C'est fonder ou refonder, réactiver les récits fondateurs, certains très vieux, des légendes, souvent, d'autres plus récents, historiques. Le souvenir de l'assassinat de masse du peuple Juif par les nazis (la Shoah) est sans doute le récit fondateur du peuple Juif d'après guerre et de la création de l'État d'Israël. Ce terrible récit historique réactualise le vieux récit fondateur de l'esclavage en Égypte et l'Exode, récit, lui, largement mythique. Hiroshima/Nagasaki est le récit fondateur du Japon d'après-guerre. Le mur de Berlin (sa construction / sa destruction) le récit fondateur de l'Allemagne d'après-guerre et d'après guerre froide. (Nous y sommes : le 3 octobre était "Jour de l'unité allemande".) De Gaulle à Londres et la Résistance, c'est le récit fondateur de la France d'après-guerre.
— La guerre, l'après-guerre, encore ?
— Oui, cette guerre et ses faits proprement extraordinaires (Shoah et bombardement atomique en particulier) coupent le XXème siècle en deux et sans doute l'Histoire humaine en deux. On aurait pu créer un nouveau calendrier dont l'année 1945 soit l'an zéro.
— Et les Américains ? Le 11 septembre 2001 ?
— Oui, mais les Américains passent leur temps à oublier leurs ruptures, leurs traumatismes. Avant ça, ils avaient eu Pearl Harbour, ou le Vietnam, mais à chaque fois ils repartent en avant en toute perte de conscience.
— Tu généralises.
— Oui. Mais il y a de ça. À chaque fois, ils réactivent une sorte de naïveté, de positivité. C'est ce qui fait leur force d'hommes d'action.
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Il y a aussi les anniversaires qui ne donnent pas forcément lieu à des commémorations officielles ou alors plus discrètes.
Dans les comptes pas ronds, on a Coluche, le 28 octobre 44, ou John Lennon le 9 octobre 40. (Himmler et Goebbels sont nés en octobre aussi, mais j'aimerais mieux fêter leur mort - mai 45.)
Dans les anniversaires à chiffres ronds : Picasso, 25 octobre 1881, aurait 130 ans. Dostoïevski, 21 octobre 1821, aurait 190 ans. Franz Liszt, 22 octobre 1811, aurait 200 ans.
Mais aussi… 22 octobre 1941 : Guy Môquet fusillé, à 17 ans, parmi d'autres jeunes résistants communistes. Profitons-en pour fustiger une fois de plus la perversité du soi-disant Président actuel de la République. Nous aimerions bien fêter Guy Môquet, qui nous dit "face au pouvoir illégitime, résistez". Mais à partir du moment où ce pouvoir même récupère, sous forme de commémoration, cette résistance, nous ne pouvons plus que, à regret, refuser cette manifestation. J'ai dit perversité : cela consiste à enfermer l'autre dans une double contrainte : "Désobéissez – c'est un ordre !"
Et encore : 17 octobre 1961 : il y a 50 ans, le préfet Maurice Papon réprimait dans le sang et la noyade la manifestation des Algériens de France à qui il imposait un couvre-feu.
Plus amusant : Georges Brassens, né le 22 octobre 1921 à Sète, pourrait avoir 90 ans, mais il est mort le 29 octobre 1981 à 60 ans. C'est astucieux : on peut fêter sa naissance et pleurer sa mort le même mois. Avec ça – heureux hasard ! – que Paul Valéry est né aussi à Sète… et le 30 octobre 1871… On chantera, cet automne, sur la plage de Sète et au Cimetière Marin !
« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux ! » …
(Paul Valéry. Le Cimetière marin. 1920)
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Quant au 28 octobre, le "Jour du Non" en Grèce, il risque de prendre un tout autre sens que son souvenir de 1940.
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Dessin paru dans le Psikopat en cours.
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