LO N° 474 (26 avril 2012)
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PÂTÉ DE CAMPAGNE (ou pâtée pour chiens)
POUR ÉLECTEUR BIPOLAIRE
« Comme il y a un "froid
ressenti", il y a un "FN ressenti". » (Rufus Agnostyle
Junior, "Trop blême la vie", Ducochon éditeur, 2012)
Au vu de tous les pas que Nénesse a fait en
direction de l'extrême droite (le FN, Marine LP), on a beaucoup dit : stratégie
perdante, en voulant siphonner les voix du FN, il a fait progresser celui-ci…
en décomplexant ses électeurs, peut-être… et le résultat du premier tour semble
le confirmer : ils ont préféré l'original à la copie.
MAIS ce qui compte, c'est le second tour, et
c'est là que cette erreur-ou-stratégie peut se révéler finalement gagnante (peu
importe qu'il s'agisse d'une stratégie préétablie ou d'un aléa imprévu) :
car peu importe (pour l'électeur) que NS et L'Hume-Pet (*) crient leurs grands
dieux "Pas d'alliance avec MLP et le FN", peu importe (pour l'électeur)
que MLP dise encore qu'elle veut abattre NS… "l'électeur", cette
entité abstraite, sournoise et indocile, n'est ni encarté au FN ni amoureux
inconditionnel de MLP, l'électeur FN (le votant FN, plus exactement), voyant ces pas à-droite-toute
effectués par NS depuis des mois, voyant ces garanties qu'il lui donne (Roms,
immigration, sécurité, frontières européennes, manif pétainiste antisyndicale),
peut se dire que la copie, finalement, est suffisamment conforme pour qu'on
s'en contente. Faute de grive blonde, on mangera du merle brun et les frontières
marines comme terrestres seront bien gardées.
Du coup, ex-votants de JLM, peu alléchés par
l'offre PS, nous voilà quand même condamnés à voter Hollande, juste pour ça :
tout sauf NS ! Je ne suis pas déçu par NS parce que je n'en attendais rien. Je
ne serai pas déçu par FH parce que je n'en attends rien.
— Moi, j'ai pas envie de voter.
— Tu dis ça parce que t'es en colère.
— Exactement.
Et comme dit Hervé Le Tellier (Check-list du
Monde.fr) : « On s'interroge à tort sur le comportement des électeurs
de Bayrou, de Le Pen. La vraie question est désormais : puisque le Front
national est au second tour, sur qui vont se reporter les voix de Sarkozy ? »
(Mais NS, il a eu ses 500
signatures, au moins ? Personne n'a vérifié.)
(*) Je sais que c'est un jeu de mot idiot, mais
quand il s'agit d'injurier l'ennemi tous les moyens sont bons. Voir plus bas.
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CAMPAGNES
Les napoléons finançaient leurs campagnes (mirlitaires)
par le pillage des pays vaincus. Les aristocrates, première espèce de racketteurs
maffieux, pillaient les campagnes, leurs serfs. Les villes, encore, pillent les
campagnes, la capitale capitaliste pille la province, et le colonisateur pille
le colonisé : le pays colonisé est la "campagne" du colonisateur, que
la colonisation soit guerrière, comme dans le temps, ou économique, comme
maintenant.
Et que pillent les candidats pour financer
leurs campagnes ? La quête du dimanche ne leur suffit pas. Rats mangeant à
tous les râteliers, prenant tant au paysan qu'à l'ouvrier, au patron qu'à
l'État, se pourcentant sur des ventes d'armes ou d'épinglettes à leur effigie,
ils pratiquent intensément le rackett, le prélèvement maffieux.
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NOUVELLES DU CSA :
Mieux que le temps de parole
égalitaire, le permis (de parler) à points : chaque fois qu'un candidat dérape
(dit une connerie, un mensonge, un promesse intenable, un lapsuce), il perd un
point à son permis, point décompté en temps de parole pour la suite. (Un seul
tout petit –
parce qu'on n'en finirait pas – exemple : NS annonce « des
mesures, contre le chômage, le logement, etc. »)
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PERMIS DE VOTER ou VOTE
OBLIGATOIRE ?
(C'est une question
vaguement discutée entre Wens et moi entre deux dédicaces à
Massillargues-Atuech. On n'a pas tranché.)
Il y a des tas d'autres solutions, d'autres
manières de suffrage universel, d'ailleurs pratiquées ici où là dans le monde
ou dans le passé : par exemple, les élections "le loft" (le
télélecteur vote par téléphone (payant), on vire les participants un à un, à la
fin il n'en reste qu'un, qui gagne la clé de l'Elysée… Le match de foot avec
tirs de penaltys ad libitum… Un seul tour… Le vote par notes de 0 à 2… Le vote par approbation (on
coche ou entoure un nom ou plusieurs dans une liste)… Le classement par ordre
de préférence, etc. (Certaines de ces pratiques seraient actuellement testées à
Caen, St-Etienne, Strasbourg, Ivry…)
Reste que le suffrage par le choix est de la
nature de l'oligarchie ou de la kleptocratie et que le seul système vraiment démocratique
est le tirage au sort (dit aussi stochocratie ou clérocratie ou lotocratie).
« S'en remettre au hasard est
l'expression ultime de la liberté. » (Rufus Agnostyle Junior, "Ciel de
traîne, mais bien dégagé derrière les oreilles", Prémolaire éditeur, 1988)
http://www.youtube.com/watch?v=M2ADw7hZiT0
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« Nous ne savons rien
apprécier avec le regard d'une raison indépendante et moqueuse. Esclave de nos
opinions comme de nos intérêts, à force de nous prendre au sérieux, nous devenons
stupides. La Liberté, comme la
Raison, n'existe et ne se manifeste que par le dédain incessant de ses propres œuvres ;
elle périt dès qu'elle s'adore. C'est pourquoi l'ironie fut de tous temps le
caractère du génie philosophique et libéral, le sceau de l'esprit humain,
l'instrument irrésistible du progrès. Les peuples stationnaires sont tous des
peuples graves : l'homme du peuple qui rit est mille fois plus près de la
raison et de la liberté que l'anachorète qui prie ou le philosophe qui
argumente.
Ironie, vraie liberté !
c'est toi qui me délivres de l'ambition du pouvoir, de la servitude des partis,
du respect de la routine, du pédantisme de la science, du fanatisme des réformateurs,
de la superstition de ce grand univers, et de l'adoration de moi-même. » (Proudhon)
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« Que les délateurs prennent note :
j'ai ajouté aux "métaphores zoologiques" l'ignominie des jeux de mot
sur les noms propres. Aucun respect de la personne humaine ! Eh bien, je
plaide coupable. Ce qui caractérise la politique, même si le
capitalo-parlementarisme pousse sa domination jusqu'à vouloir le faire oublier,
c'est qu'il y a des ennemis. Et pourquoi diable, si ce sont de vrais ennemis,
me serait-il interdit de les injurier ? » (Alain Badiou, Le Monde, juillet 2008)
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VOTE SÉCURITAIRE…
Quand on est dans la peur, dans le sentiment
d'insécurité, on est prêt à voter pour un régime policier, quelle que soit la
cause de cette peur, quel que soit le contenu de l'insécurité. Si vous avez
peur, à juste titre, du réchauffement climatique, des sécheresses et incendies
de forêt qui en découlent, vous voterez flic. Tous état d'insécurité (climatique, dans cet exemple)
entraîne un réflexe sécuritaire qui se greffe sur n'importe quoi : les lois
répressives, la police… C'est irrationnel, bien sûr, mais nous ne sommes pas
des êtres rationnels, ou juste un peu. Nous sommes réactionnels, émotionnels,
conditionnables. L'intelligence ne domine pas, elle se met au service des émotions.
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…ET SÉCURITÉ DU VOTE
On met des web-cam de surveillance dans les
bureaux de vote, tant pendant les votes que pendant les dépouillements. C'est
bien mais allons plus loin : des web-cams 7/7, 24/24 chez tous les élus, du
président aux maires, en passant par ministres, préfets, etc.
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« Et n'oublions pas Bernard-Henri
Lévy (BHL), dont les débilités prétentieuses sont probablement la pire chose
que la France ait exportée chez nous depuis les Vache qui rit saveur pizza. »
(Katha Pollitt, journaliste essayiste et poète américaine) (Courrier International)
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Eh oui, les urnes sont transparentes comme
des urines saines, mais néanmoins bourrées. Élire ne
suffit pas, pas plus qu'élimer ni miner. Il faut é-li-mi-ner.