Ah que je n'aime pas le son des tronçonneuses
le matin dans les bois. Rugissement rageur, sonnant et tronçonnant les troncs.
Et les broussailles fuient sous les débrousailleuses. Vivement qu'il n'y ait
plus de pétrole !
Sur ce territoire campagnard et boisé mais
restreint, s'affrontent quotidiennement des forces concurrentes : les bucherons
bucheurs – les bergers, leurs moutons noirs et leurs chèvres enragées –
les chasseurs et leurs chasse-peaux – les enfants des écoles qui voudraient
bien malgré tout courir dans les bois et faire des cabanes, les sots !
mercredi comme dimanche sont jours de chasse ouverte – quelques touristes plus
ou moins belges, oubliés depuis l'été et oublieux que c'est septobre, octembre,
novombre et tout ce qui s'ensuit, l'automne qui ressemble à l'été et la rentrée
qui ressemble à l'hiver.… – et le promeneur qui, à la longue, rêve à
l'éradication de l'espèce humaine, à commencer par les divers susnommés.
Pourtant l'aube était verte et pâle, l'aurore
était, comme il se doit, dorée, et le matin est bleu, le vent vole aux arbres
leurs feuilles dans un bruissement de vagues lacustres, les tournesols,
maintenant éteints, semblent des coton-tiges usagés, et les dernières abeilles
avant la fin du monde butinent encore. Quant aux papillons au vol éméché, ils
ne se posent pas, avides, que sur les fleurs, mais aussi sur les crottes du
chemin (car les chemins crottent, c'est bien connu).
Je rentre chez moi, ou les topinambours
fleurissent sans bruit, jaunes, et les callistémons flamboient rouge.
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