Mais déjà,
dans cette optique, se rappeler qu'il
n'y a pas d'îles, en fait. La mer apporte ou enlève, l'atmosphère apporte
ou enlève, la lumière apporte ou enlève : soleil, évaporation, pluie, vent,
courants, animaux et plantes mi-terrestres mi-marins, etc. Le système global
est toujours plus vaste que le système local. Le système local est en
interaction avec d'autres systèmes locaux eux-mêmes dépendants d'autres systèmes
locaux… etc. Le tout au sein d'un système global à l'échelle de la planète (au
moins).
Et encore, le mot "local" est à entendre tant dans l'espace que dans le temps. Je
n'ai pas encore introduit la question du temps, c'est-à-dire de l'évolution de
chacun de ces systèmes au cours des saisons et des siècles, des changements climatiques à court, moyen ou
long terme. Tout cela menant à l'idée gaïenne
qu'il ne faut pas se contenter de prendre en compte la biosphère (c'est déjà
pas mal) mais penser aussi climat, mouvements telluriques, volcans, atmosphère,
soleil, minéraux… Pas seulement la biosphère mais l'écosphère. La Terre, quoi –
et "la Terre dans l'espace et dans le temps". Notre ile.
De plus,
l'effet d'un déséquilibre, catastrophique parfois, est parfois sauvé par la
complexité et la quantité : l'avantage de cette complexité, de cette
non-centralisation, du système en réseau d'interactions multiples, c'est que
(je me répète – tant pis), si ça craque quelque part, il y a des systèmes de
remplacement qui se mettent en place (sans le faire exprès) : les mouches, les
papillons ou le vent pollinisent aussi, même si c'est avec moins d'efficacité
que les abeilles. Un jeu d'interactions changera, certes, mais perdurera. S'ils
n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche. Si les abeilles
disparaissent, que les papillons, mouches ou libellules fassent le boulot.
Parachutes de secours, canots de sauvetage, moteurs auxiliaires, des panneaux
solaires prêts à prendre le relais quand le pétrole manque, des éoliennes en
cas de ciel couvert persistant. La même plasticité que le cerveau : quand certaines zones, donc certains circuits, sont détruites, l'influx se débrouille pour s'ouvrir d'autres chemins de neurones.
La limitation, centralisation, spécialisation,
monoculture, ornière, sont un danger de mort. Une voie unique est une voie de garage,
sinon de disparition, comme ces rails qui finissent à Auschwitz.
Ceci vaut, me
semble-t-il, d'abord pour la compréhension de "comment ça fonctionne dans
la nature", mais doit aussi servir d'avertissement quant à notre propre
fonctionnement, individuel et collectif : aller contre la spécialisation, la centralisation, la pensée
unique, la solution unique en passe de devenir solution finale. Privilégier la
multiplicité des interactions possibles, penser toujours à mettre en place des
mécanismes de compensation, des alternatives, des choix ouverts, des circuits
dérivés… La place pour l'improvisation et le bricolage. (Il se trouve d'ailleurs que les biologistes
parlent de plus en plus de "bricolage" pour définir le fonctionnement
de "la nature" et de l'évolution des espèces…)
Les chemins de fer…
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