Si nous sommes en colère, c'est aussi contre un État
pas assez providence… qui ne nous a pas assez protégés. Ou trop…?
Le gouvernement et ses hommes politiques sont en
question… trop occupés, semble-t-il à se précipiter sur les primaires, à baver
sur les manifestants ou à vendre des armes aux pays du Golfe. C'est surtout notre rapport au gouvernement, aux
gouvernants, à l'État, aux instances officielles en général qui est en question.
Notre grosse perte de confiance, comme une maladie endémique. (Déjà quand la
neige bloque les routes, on se scandalise : que fait le
gouvernement ? L'État – papa/maman – n'est-il pas là pour nous
protéger ? On paye des impôts, non mais sans blague !…)
L'état d'urgence rassure-t-il ou accroit-il la
peur ? Ça dépend sans doute pour qui… Ce ne sont pas forcément les mêmes
qui réclament la sécurité et ceux qui protestent contre les lois sécuritaires… De
manière quelque peu simplificatrice, on pourrait dire que les gens de droite,
très sécuritaires, sont rassurés par l'état d'urgence et les gens de gauche,
extrême gauche, anars, tellement fans de leurs libertés, sont apeurés. À moins
que ce soit (aussi) une question d'âge… Quand on est jeune on n'a peur de rien.
Quand on a un boulot stable et des enfants, on demande plus de sécurité. Quand
on est vieux, par contre, ça devrait être le contraire : passé 80 ans, on n'a
plus grand chose à perdre.
L'État nous fait croire qu'il peut nous protéger
absolument. Il devrait admettre que non. Ce serait finalement plus rassurant.
Et puis on n'a pas besoin d'être rassurés, on n'est pas des bébés, on a besoin
d'être renforcés. C'est un problème
parce qu'on n'a plus confiance en l'État ni en l'armée ni en la police, trop
facilement baveuse.
« Toutes
ces mesures sécuritaires issues du "cirque médiatico-politique"
prennent le pas sur les réformes de fond
qu'il faudrait faire », dit-on aussi. D'accord, mais les réformes de fond,
ça met dix ans à s'inventer et se mettre en place et une génération à faire
effet. En attendant, faut bien des rustines – d'urgence – type "principe
de précaution". (Et puis quand quelqu'un propose des trucs positifs, un
vrai travail social sur le long terme, comme le revenu de base pour tous, on le
traite d'utopiste rêveur naïf ou cryptocommuniste attardé. Cf. articles
précédents sur le service civil et le serment de citoyenneté.)
Mais cette protection (sécurité) que nous réclamons a
un prix en retour. Et quand il s'y met, l'État, vaillant, guerrier, on crie à
l'atteinte à nos libertés, à notre vie privée. Est-ce le prix à payer…? C'est
que la protection de notre vie privée s'oppose à l'exploitation et au partage
de nos données personnelles : même si on les lâche sans prudence sur les
rézosocio, on ne veut pas d'une NSA ni d'un FBI européen à même de fouiller dans
nos ordinateurs et téléphones. (Pour un FBI, il faudrait déjà que l'Europe soit
une fédération…)
Serions-nous illogiques ? Du type "faudrait
savoir ce qu'on veut !"… Ça fait partie de la situation de double contrainte qu'on retrouve un peu
partout, ce balancement entre besoin de sécurité et exigence de liberté.
Bilan
« Maigre bilan de l'état
d'urgence », parait-il. Sans doute certains aimeraient-ils que
la police déchainée ait fait des millions de perquisitions, d'arrestations,
découvert des millions de caches d'armes… Ben non, quelques centaines, quelques
milliers – c'est déjà pas mal.
C'est
peut-être que la menace est très très bien cachée… ou alors qu'elle n'est pas
si grave qu'on le croyait, finalement… qu'il n'y a pas tellement de terroristes
potentiels en France… qu'on a déjà chopé le plus gros et qu'il faut attendre
maintenant des retours de Syrie, des exilés de Molenbeek, des sortant de prison
radicalisés…
Si l'état d'urgence a déjà permis d'arrêter plus de
trafiquants de drogue que de djihadistes, il ne faut pas s'en plaindre.
D'ailleurs ce sont les mêmes. Combattre le trafic de drogue ou combattre les
djihadistes, c'est le même combat.
— Et les marchands de bougies à fondue, tu ne crois
pas qu'ils ont un deal secret avec les terroristes ?
Leur argent
Les terroristes qui frappent ici en Europe, on ne pose
jamais, me semble-t-il, la question de leur argent. D'où tiennent-ils le fric
pour les armes, les explosifs, les faux papiers, les voyages en Syrie
aller-retour ?
— C'est Daesh qui leur envoie des valises de billets
gagnés par la vente du pétrole et des musées pillés.
— Tu es sûr ? Plus vraisemblablement, ici, en
France ou en Belgique, ça vient du deal de drogue et de diverses rapines.
— S'ils étaient vraiment de bons musulmans, ils
utiliseraient cette richesse à construire des mosquées et à aider leurs
voisins, coreligionnaires ou non, dans les difficultés. Et non : ils
achètent des armes pour tuer les mécréants.
— Sans doute parce qu'ils trouvent que les tuer avec
la drogue ça ne va pas assez vite.
— Et puis faire le bien avec l'argent du mal, c'est
immoral.
— Tu es sûr ?
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