(Changement de registre…)
Traqué, géolocalisé puis enlevé par des
extraterrestres salafistes barbus, gardé en otage sur Mars depuis des mois,
j'ignore tout des revendications politiques des martiens. Dérouté, délocalisé,
chromatisé par des couleurs abdominables, abusé par les buzz de l'Internet en
feu, je bois du noir, parfois du bleu.
J'ai rêvé, en cet avril 2017, que j'étais envoyé sur
la Lune, pour vivre dans une base aménagée par la NASA et y écrire un blog à
destination de la Terre…
Ceci commence le 24 avril, mais se prolonge au long
de mai, juin, juillet, etc., pas forcément dans l'ordre car bien souvent, au
matin, quand je récupère les notes de l'insomnie, j'incorpore ceci ou cela ici
ou là…
Pourquoi tout ça, ces tartines de poèmes dada, ces
tristanies tzarines, ces contes qui n'en sont pas ? Pour évacuer ce qui, dans
l'inconscient phréatique, grouille – ce qui n'exclut pas les calembours
baveux et la simple déconne. Les réveils inopinés, les moments d'insomnie sont
des instants privilégiés où l'esprit vagabonde abondamment dans des territoires
tantôt noirs tantôt verts tantôt roses, où les mots vagabondent entre les mots
jusqu'à en perdre le sens. Et si le résultat est souvent flippé, c'est qu'à
cinq heures du matin les énergies sont au plus bas. (Les dessins "de
charme" accompagnant ces textes sans avoir à voir avec eux compenseront.)
Ça tient aussi au fait qu'à mon chevet trainent des
bouquins de Tristan Tzara, René Char, Lautréamont et quelques autres… et que parfois l'insomnie me guette et donc,
entre deux rêves, entre deux phrases, j'en écris, de ces phrases échappées…
(Toutes les fantaisies d'orthographe et de grammaire
sont volontaires.)
« En nous rit
l'abime. » (Tristan Tzara)
•••••••••••••••••
ÈVE À PART
Ève-la-velue, toute jeune, avait déjà prévu la
tyrannie des âges :
Le dos collé au matelas, lourd comme une étoile
morte, les pattes grêles agitées dans l'air vainement, le
visage aussi blême que d'un sommeil sans rêves, la peau aussi froide que d'un
mort fraichement ressuscité, les draps qui poissent une langue maternelle.
Des marionnettes au pied du lit vide jouent à chat
perché avec des crabes sous hypnose. Un calque en relief sur les vitres projette
des ombres larmes.
Il fait froid, en ce juillet, les volets claquent en
vain dehors et les portes claquent dedans. Le ciel étale un sourire glâcé sur
des contrées anthropophages.
On ne voit pas les nuages : il n'y en a qu'un,
mais qui couvre tout le ciel escamoté d'un bout à l'autre écran sans horizon. Ce n'est pas assez
qu'il fasse nuit, c'est que toutes les étoiles, consumées, se sont éteintes.
Les fruits divers de l'été t'ont fait oublier la
saison antérieure – Éden perdu. Il est bien loin, le sacre du printemps.
(Pourtant un vol d'anges en losange dessine au
ciel un arlequin.)
Les arbres protestent en laissant tomber leurs
feuilles sans un mot, les cloches de Pâques sonnent en vain, la lumière stagne,
paupières lourdes, la neige sans gêne s'endort au sol avec fureur. Et les
huitres attendent le déluge.
(Là où le temps suspend son vol, la blancheur est
invisible.)
(La nuit tombe où elle peut.)
•••
Ce n'est pas comme ça que tu atteindras l'hiver qui
t'attend. Ne quitte donc pas la route inflammable. Ne suie pas le ministre des
chagrins qui veut t'entrainer dans son sillage de passions tristes.
Il te faut partir au même instant sur la chaussée
gothique, marcher sur le silence, des chauves-souris au regard torve dans ton
sac, un
croissant-lune en guise de boussole.
Tu rencontreras le futur (c'est toujours pour demain),
le théâtre de la vérité où les rats au pouvoir joueront avec des carabines dans
des cabines de bain abandonnées au sel à côté de la plage.
Là où les porcs chient des algues vertes.
•••
à suivre
•••
1 commentaire:
Mais, t'as sorti ton automatique !
Enregistrer un commentaire