… c'est que je fais le vide dans les notes éparpillées dans des cahiers éparpillés…
L'HISTOIRE
On fait quand même des choses de notre initiative et
parce que la conjoncture s'y prête. Quand on les fait, on n'a pas conscience de
faire l'Histoire, de modeler le futur en un présent pas forcément prévu. On
fait son truc, pour le pied… pour gagner sa vie, aussi… et on fait de son
mieux. Par exemple Métal Hurlant. Quarante ans après, des jeunes gens qui, vers
dix ans, ont piqué les magazines de leur papa s'y réfèrent encore et me
réclament des pochettes de disque Rock ! (Je ne m'y attendais pas…)
LE TEMPS
Le présent, c'est un point zéro sur la flèche du
temps. Le futur, au dessus du zéro, n'est rien puisqu'il n'existe pas encore.
Le passé, c'est moins que rien, du
temps négatif, en dessous du zéro, comme une température négative ou l'Histoire
"avant J.C.", comme on dit, ce temps qu'on compte à l'envers. Aberration.
En passant, faisons un effort pour dire "ère
commune", EC et "avant l'ère commune", AEC, plutôt que
"avant ou après J.C", ce monument hystérique dont on ignore à peu
près tout, à commencer par la date de naissance.
KIM CONE
J'ai bien connu Kim Sung Un quand il avait 8 ans.
Séquestré dans son palais gouvernemental, il apprenait à lire dans un
abécédaire où chaque lettre était illustrée par un dessin : B, comme
Bombe, F, comme Fusil, G, comme Grenade, etc. (Du moins les équivalents dans la
langue coréenne, langue qui m'a toujours fait marrer par ses va-et-vient entre
l'extrême douceur et le guttural inattendu…)
D'où sa passion des armes.
Par contre, arrivé à l'âge d'y toucher pour de vrai,
il découvrit que les bombes, grenades, fusils avec lesquels défilaient un bon
million de Nord-Coréens lors de la fête du Parti Unique étaient factices. Du
bois et de la peinture.
— Dorée, la peinture ? comme les idoles des
idolâtres, comme la statue géante du Grand Leader ?
— Même pas, non. Simulacres réalistes, comme les
fétiches des fétichistes, comme les statuettes de cire des sorciers vaudou
envouteurs.
Partant, je me demande toujours si les missiles qu'il
balance dans les mers voisines et les bombes H qu'il fait péter comme des feux
d'artifices souterrains sont réels… ou des simulacres en bois peint.
(J'ai écrit réels,
non parce que "le masculin l'emporte" mais parce que "on accorde
au masculin pluriel" considéré alors par défaut comme un neutre.)
SINGES
L'homme descend du singe et le singe descend de
l'arbre. Donc l'homme descend de l'arbre. Et parfois il en chute, comme aurait
fait, dit-on, la fameuse Lucy (pas celle de Luc Besson qui, elle, se contente
de sombrer dans le grotesque). Ce qui nous ramène au Jardin d'Éden et à ce
fameux arbre magique ou maudit dont la consommation des fruits entraine
"la Chute".
— Mais Lucy, nouvelle Ève, était bipède, singe ou
préhominien marchant plutôt qu'arboricole.
Que faisait-elle dans un arbre ?
— C'est que, étant enfants, nous-mêmes, humains
modernes, nous grimpons aux arbres, pour le plaisir ou pour y cueillir des
fruits défendus. Et même le chimpanzé le plus habile rate parfois sa branche et
s'écrase par terre comme une merde.
POURQUOI VOULOIR VOLER ?
Parce qu'il y a de l'air.
Pourquoi vouloir courir ? Parce qu'il y a la
terre… un espace horizontal.
Pourquoi vouloir nager ? Parce qu'il y a de
l'eau.
Mais si notre espèce, comme les autres, vient de la
mer, on a pu vivre ça, la vie au sol, comme une régression. : on (poissons,
cœlacanthes, poulpes…) partageait un monde en 3 D et puis, en quittant la mer,
on s'est retrouvés dans un monde plat.
D'où le désir de voler pour retrouver une vie en 3 D. (Théorie personnelle qui
demanderait confirmation………)
MÉDUSES
Nous en viendrons à manger des méduses. Ce n'est pas
très nutritif mais il y en a beaucoup. De plus en plus. Moins de poissons, plus
de méduses. Qu'en faire ? Des sacs
biodégradables pour les supermarchés ? Du dentifrice ? Des masques
chirurgicaux ? Du fluide glacial puant et urticant ? Du
compost ?
Survivants nous sommes, survivalistes nous sommes
condamnés à être.
UN TOUR À LA DÉCHÈTERIE
« Là sont les monstres » (Sur les cartes
anciennes, cette expression désignait les no
man's land, les terres encore inexplorées…)
Parmi les objets fabriqués, il y a beaucoup de
"monstres", c'est-à-dire des objets composés de plusieurs matières
qui ne se recyclent pas du tout de la même manière. Par exemple une
voiture : métal, plastique, caoutchouc, bois, verre, composants
électriques, composants électroniques… Ou un simple emballage : carton
(sali d'encre), plastique (et encore ? quel plastique ? il y en a des
centaines des compositions incompatibles), métal… Si on voulait vraiment tout
recycler, tous les objets fabriqués, il faudrait plus d'ouvriers et d'heures de
travail pour démonter chaque objet et trier ses composants qu'il en a fallu
pour fabriquer les composants en question et les assembler en l'objet en
question.
Vanitas vanitatis…
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