— "Capabilité" ?
— C'est le mélange de capacité
et de potentialité : la possibilité donnée par le milieu d'y épanouir ses
capacités. Ça vaut pour l'homme, l'individu au sein de son milieu social. Ça vaut pour les bestiaux. La vision de "l'animal machine" primaire qui réagit
aveuglément à des stimuli est une vision fermée. Même nos robots, de nos jours,
s'adaptent… et des comportements nouveaux émergent. L'animal développe ses capabilités en fonction de situations,
de ressources, de son environnement… de son écosystème, dont il n'est pas
isolé : il l'habite.
— On lui prête donc des
capacités presque humaines… l'adaptation… l'initiative. On en fait presque des
"personnes", avec des comportements imprévus…
— Le refus par principe de
l'anthropomorphisme repose sur la vieille certitude d'une rupture radicale
entre humain et animal, comme dans le créationnisme chrétien. Mais retournons
ça à l'envers : n'ayons pas peur de mettre du zoomorphisme dans notre
manière de parler de l'homme : ce ne sont pas les animaux qui sont
"comme" (comme nous), c'est nous qui sommes "comme" (comme
eux).
Nous sommes, comme eux, des systèmes ouverts. Et l'espèce est un
système ouvert (sinon il n'y aurait pas d'évolution). Les comportements
originaux de certains animaux comme de certains humains ont une influence sur
la dynamique de l'espèce. Les nouveaux naturalistes se rapprochent de
l'animisme des primitifs. Ils n'ont pas peur de l'empathie, de la subjectivité,
de l'émotion du vivant… ni de l'accusation d'anthropomorphisme. Ils se
détachent ainsi de la science-dissection
des biologistes et des anciens naturalistes. Cessons de couper le réel en
petits morceaux. Appréhendons les liens, les comportements, les relations, les
processus.
— Cela peut mener à la
question du "droit des animaux".
L'idée d'établir des droits des
animaux (pour commencer, avant de s'attaquer aux droits des salades et des
rivières…) fait partie de la construction de la "maison commune"
(oikos). C'est l'écologie, l'éco-logis… ou même écho-logis, puisqu'il doit y
avoir réciprocité, aller-retour de l'un à l'autre. Il ne reste plus vraiment de
nature (pure, vierge), "la main de l'homme" a mis le pied partout,
"la main invisible du marché" aussi. On ne peut plus que construire
un mixte, une nature/culture. Construire un monde commun, un habitat collectif
pluri-espèces, un milieu de communion et de communication – avec ses lois.
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