— Sur une ile des Galapagos, après l'arrivée d'une
petite abeille exdémique…
— Hum… "allogène", plutôt, non…?
— … venue d'ailleurs, oui… les plantes à fleurs se
sont adaptées à sa présence : "pour" profiter au maximum de la
pollinisation, elles ont fourni de préférence des fleurs jaunes ou blanches,
les couleurs "préférées" de l'abeille en question. Total : succès
végétal : l'ile s'est couverte de buissons à fleurs… et succès de
l'abeille qui a désormais plein de fleurs à butiner.
— Mais comment les plantes savaient-elles que ces couleurs sont les préférées de ces abeilles ? Et comment peuvent-elles décider de ne produire que des fleurs
de ces couleurs-là ?
— Elle ne savent
pas. Elles ne décident pas. Et les
couleurs ne sont pas préférées. Ce
qui ne va pas c'est notre vocabulaire. Il faudrait arriver à parler sur un mode
impersonnel éliminant toute intention, toute volonté et exprimant quelque chose
qui tient à la fois du hasard et du destin ou de la nécessité (termes aussi
inadaptés) : s'il y a ces
abeilles-là, il faut qu'il y ait ces
buissons-là avec ces fleurs-là, c'est tout. D'ailleurs, si cette conjonction ne
s'était pas produite, n'avait pas émergé,
les buissons seraient restés rachitiques et les abeilles auraient disparu, si
bien qu'on ne serait pas là à en discuter.
— C'est un peu comme la question idiote
"Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?", donc.
— Eh oui, d'ailleurs, pourquoi ?
— Parce que s'il n'y avait rien, on ne serait pas là
à en discuter.
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