Il
me semble bien incongru de vouloir distinguer ou opposer puissance et pouvoir.
La puissance qui est force de vie,
élan vital, désir de durer (le conatus
de Spinoza), suppose obligatoirement le pouvoir et
la domination : parce qu'il faut
manger. L'agneau, mangeant l'herbe du
pré, la domine, lui impose son pouvoir (herbe qui n'est pas une chose mais un vivant qui a aussi "le droit de vivre", non ?). Le
loup mange l'agneau et donc le domine, lui impose sa loi. Ce n'est pas méchanceté
et appétit de pouvoir mais appétit tout court : il a faim.
La
Fontaine était un réaliste pessimiste : ses fables, sous couvert
d'histoires animales "pour les enfants", montrent les hommes
"comme ils sont", ne cachent rien de la saloperie humaine, des
systèmes de pouvoir, de domination, de rivalité. Rousseau lui, serait un optimiste.
Et naïf. Rousseau c'est l'agneau de la fable, qui croit l'homme né
"bon" alors même qu'il piétine et dévore férocement l'herbe du pré.
Rousseau, c'est l'agneau que le loup (tout aussi "né bon") va croquer.
Évidemment,
nous humains ne nous mangeons pas (pas trop) les uns les autres et par ailleurs
avons inventé des tas de concepts originaux et créations sociales
originales : la fraternité, la morale, la justice, l'égalité, les lois…
On pourrait dire que le
rôle de la civilisation est de favoriser les pulsions positives – socialement
positives (sympathie, entraide, coopération, solidarité…) et de freiner les
pulsions négatives – socialement négatives (cruauté, oppression,
vandalisme, violence…) J'insiste sur "socialement", mais bien se
mettre dans la tête que ce qui est socialement négatif ou positif, l'est aussi
individuellement, personnellement… ce qui est bon pour les autres l'est aussi
pour soi. En faisant du bien, on se fait du bien. Foin de la moralité idéaliste ! La solidarité est de l'égoïsme bien pensé.
Extrait de "KROBS 2013" (Caza-eBook édit.)
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