Les plantes et les animaux
ne sont pas posés sur la planète comme les meubles dans une pièce. La biosphère
est un ensemble. Un ensemble plus grand que la somme de ses parties.
L'important ce n'est pas le nombre de choses, c'est le nombre d'interactions :
le x de la multiplication et non le + de l'addition. L'écologie = l'étude,
l'illustration et la défense des entrelacs
de la nature.
Le monde naturel est une
"communauté biotique" ou une "collectivité biologique". A
priori sans intentions, sans morale, sans éthique. Ce qu'on appelle le loi de
la jungle. Pourtant l'éthique existe, au moins chez les singes nus, nous
humains. Elle est un produit de la sélection naturelle : elle sert à resserrer
l'unité sociale, l'intégrité communautaire, la solidarité. Nous sommes chacun,
de base, membres de communautés humaines (famille, tribu, nation… etc., jusqu'à
l'humanité entière) mais aussi, même si on n'en a pas encore parfaitement pris
conscience, membres de la communauté biotique : végétal, animal, mais
aussi minéral, climatique. D'où la nécessité d'une Earth Ethic (extension de l'idée de Land Ethic), ou éthique planétaire. (Pour l'éthique
interplanétaire, on verra plus tard…)
On a le choix entre deux
approches : les anthropocentristes (ou humanistes) : sauver la nature,
d'accord, mais seulement pour sauver l'homme. Ou les écocentristes : la nature
a une valeur en soi, avec ou sans l'homme, (position de J. Baird Callicott, par
exemple et de la deep ecology), ce
qui est une vue quelque peu mystique ou au moins idéale. On peut aller jusqu'à prôner l'éradication de l'espèce
humaine, comme le fait le VHEMT ou la Church
of Euthanasia. Ou dire, comme Yves Paccalet, "L'Humanité disparaitra,
bon débarras", mais il y a en tout cas un paradoxe, quand on est un être
humain, à prêcher pour l'éradication de l'espèce humaine. Une compassion
nihiliste, un sens masochiste du sacrifice, une culpabilité suicidaire…
Pour ma
part je suis tout prêt à penser que si la Terre se porte mal c'est de notre
faute et qu'elle se porterait mieux sans nous, et même, plus largement, voire
métaphysiquement, que l'ensemble (la biogée) "vaut mieux" que chacune
de ses parties, dont l'espèce humaine, dont moi. MAIS je suis moi, et je suis
un humain. Et quelque part j'y tiens (je n'ai pas le choix, en fait). Quel
intérêt, pour moi humain, une Terre sans moi humain, comment seulement la
penser, cette Terre "en soi", nature sans hommes, sauf à se prendre pour un dieu situé
"dans l'Absolu" ou un extraterrestre qui regarderait ça depuis
Uranus ? (Quant à ce "mieux", de quoi s'agit-il ? d'efficacité,
d'éthique, d'esthétique ?… Des termes qui n'ont de sens que pour nous
humains…)
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