Un bon nombre des articles déjà postés ici tendent à
cette idée simple : la lutte pour la vie est autant une affaire collective
que personnelle, ceci autant dans la nature que dans la culture des humanoïdes
(associés, donc).
Les animaux ne nous ont pas attendus pour inventer
(ce que nous appelons) la solidarité.
L'une des bases, à l'intérieur du groupe, est la
protection des petits, tantôt assurée par les femelles, tantôt par les mâles,
tantôt par les deux, tantôt même par d'autres membres de la tribu, ceci
particulièrement chez les oiseaux. Chez les manchots, par exemple, pendant que
père et mère vont à la pêche, les voisins surveillent leur œuf ou leur petit,
le protègent des attaques de mouettes en piqué.
Les petits éléphants sont pris en charge, non seulement
par leur mère mais par toutes les femelles du troupeau. La horde de loups
s'occupe des nourrissons du mâle alpha pendant qu'il est occupé à sauter la
femelle alphate. Les chimpanzés partagent les produits de leur chasse et
pratiquent l'adoption ; la GPA ne devrait pas tarder.
Les oiseaux migrateurs volent en V : les premiers,
les plus costauds, ouvrent la marche, assurant au peloton qui les suit une
pénétration dans l'air plus aisée. De même pour la mer cane qui fend l'eau
devant ses canetons et canetonnes.
Par rapport à l'extérieur, aux dangers, la vie en
harde de nombre de mammifères herbivores (girafes, zèbres, rennes, bœuf
musqués…) est une protection contre les prédateurs. De même les bancs de
poissons ou les vols d'étourneaux.
Et du côté des prédateurs, à la chasse, les lionnes,
les loups organisent des battues.
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Tout cela suppose qu'il n'y ait pas de discorde entre
les intervenants, ce qui suppose une organisation sociale, ce qui suppose une
hiérarchie, un ordre de préséance. Les affrontements internes, les joutes de
mâles (luttes de dissuasion plutôt que de destruction) ne servent pas seulement
à frimer devant les filles, mais à structurer le groupe et donc permettre une
coexistence pacifique.
On peut se rappeler en particulier les études de Konrad
Lorenz sur les oies cendrées, qu'il a découvertes très sociables ET très
soucieuses de hiérarchie. Chacun son rang. Les violentes bagarres tendent
(paradoxalement) à désamorcer l'agressivité à l'intérieur du groupe. C'est que
deux mâles qui se sont mesurés en combat singulier ne sont plus ennemis, ils
deviennent même copains. On voit ça dans toutes les hordes, y compris dans les
bandes de gangsters ou de cailleras de banlieue. Il ne s'agit pas tant
d'éliminer les plus faibles que de structurer le groupe et, par là, d'éviter
les bagarres inutiles.
Chez les oies grises, l'attachement mutuel, "le
lien" un qui unit les membres d'un groupe se fait aussi en orientant
l'agressivité vers l'extérieur dans des cérémonials démonstratifs, quand ce
n'est pas face à un danger extérieur réel.
On peut sans se forcer faire le parallèle entre ces
comportements animaux et les nôtres.
La loi de la jungle n'est pas seulement la loi du
plus fort, elle est faite aussi d'entraides, de coopération, de solidarité. Il
y a compétition, agressivité, dominance, certes, mais aussi fraternité. Est-ce à dire que les
animaux peuvent faire preuve d'humanité ?
Non, c'est nous qui faisons preuve d'animalité, tant dans l'agression que dans
la fraternisation, le soin, le care.
Notre truc à nous, c'est que nous avons des mots pour le dire, le
conceptualiser, le travailler intellectuellement, littérairement, moralement,
éthiquement. Ainsi nos artifices humains, culturels, concourent à notre
évolution.
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