Partant,
deux options de civilisation. (Je ne veux pas dire "une civilisation"
dans le sens d'un état social et culturel établi ici ou là, mais l'acte de (se) civiliser. C'est-à-dire
organiser la vie en commun à travers mœurs, lieux communs (jeu de mot
volontaire) ou collectifs, règles de vie, habitus,
lois. Et encore la langue, l'éducation, la transmission de l'information, du savoir…
et bien d'autres éléments de culture qui signent le "vivre ensemble",
la Culture au sens anthropologique.)
Option
1, hobbessienne, ou "de droite" : rigide. Le pouvoir fort, répressif. Paradoxe inclus : pour
libérer de la peur de l'autre, on institue la peur du gendarme.
Option
2, rousseauiste, ou "de gauche" : souple (ce qui ne veut pas dire molle ou laxiste).
L'exigence
de base est différente : à droite, c'est admettre la nécessité d'une contrainte.
À
gauche la nécessité d'un contrat.
À
droite l'enjeu est individualiste-égoïste : pour que chacun puisse
s'épanouir (sur le plan économique et autres), débarrassé de la peur de
l'autre, il faut de la contrainte (mais c'est toujours contraindre l'autre).
À
gauche l'enjeu est collectiviste : la paix sociale devient le but… et simultanément
le moyen de l'épanouissement individuel. Le paradoxe (ou le détour) est que, pour le bonheur de
chacun, il faut d'abord le bonheur de tous. (J'aurais tendance à ajouter un ?
derrière le mot "d'abord".) Le bonheur de tous devient l'enjeu
transcendant, exigeant au besoin le sacrifice
de l'un ou de l'autre, ou de tel ou tel besoin, désir ou envie ou caprice personnel,
égoïste, individuel.
Mais c'est là, le mot
sacrifice étant
déplaisant, que le ? derrière "d'abord" prendrait toute son
importance.
L'enjeu
politique général est là, finalement : naviguer entre ces deux paradoxes :
d'un côté celui qui veut échapper à la peur par la peur et un ordre rigide… de
l'autre celui qui veut échapper à l'égoïsme par le sacrifice. Les deux options
apparaissent négatives, fondées sur le pessimisme.
À
droite, l'individu est vu comme seul
(et comme une "chose") face à la société (une autre "chose",
figée) et ne pouvant s'épanouir que dans la possession et la sécurité, et la
sécurité de ses possessions.
À
gauche l'enjeu est la société (un état de choses vivant) contenant (aux deux
sens du terme) l'individu égocentrique et ses désirs propres ; société
ayant pour but, en réussissant, d'assurer "par rebond"
l'épanouissement individuel, non plus dans le sens égotiste/égoïste, individu
figé en "chose" possédante, mais dans le sens de l'individu social,
socialisé et socialisant, s'épanouissant dans le contact, les liens, liaisons,
l'échange, la redistribution.
Est-ce
mieux ? Oui. Moins pessimiste ? Oui. Sans doute fondé sur une
meilleure compréhension de ce qu'est un être humain : comme déjà dit et
répété, il n'y a pas d'être humain seul, il n'y a d'humain que social, que
vivant dans une société – même si parfois ça se bagarre. C'est plus
moraliste ? Oui et non : c'est une morale, ou une éthique, qui fait
moins appel aux commandements, interdits et répression, plus à la prise de
conscience, au bon vouloir, voire à l'amour. Alors le triste terme de sacrifice peut être remplacé par
"de la retenue" dans les désirs, de la sobriété dans les besoins, et
des rapports humain où la sollicitude entre en jeu et où la concurrence ou
rivalité (qui ne peut pas ne pas exister) devient jeu (conscient, distancié).
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