On peut sans doute
admettre, avec Hume et Kropotkine et contre Hobbes et René Girard, que la violence
n'est pas plus "première" que la solidarité. On peut même prétendre
que la solidarité/sollicitude est innée : c'est l'allaitement, les soins
et la protection des petits par la mère, la protection de la mère et de
l'enfant par le père et les voisins, la nutrition et la protection collective
et mutuelle dans la tribu… et au delà.
En gros, on appelle ça solidarité,
fraternité… ou "l'amour"… et, ethnologiquement parlant, c'est tout
aussi "premier", instinctif, que la violence. La tendance à la
bienveillance est naturelle, chez les animaux comme chez l'homme (ou les
animaux dont l'homme). Tendance sans doute enracinée dans l'ADN puisqu'elle
contribue intensément à la survie de l'espèce.
Ce qui n'empêche pas qu'on doit
tout autant admettre que la rivalité est innée, et la violence qui va avec.
Dans la famille, entre frères-sœurs, pour avoir la meilleure part de fourrure,
de nourriture ou d'amour, dans la tribu pour avoir le poste de mâle dominant,
ou de femelle favorite, ou de femelle dominante (bonobos). Puis entre tribus
voisines, pour la source, le meilleur territoire de chasse ou de culture… Quant
à ce qui se passe au bureau…… À un certain niveau d'évolution, de socialisation,
l'inné, dit "naturel", se mêle indistinctement à l'acquis (culturel)
et la question de savoir si l'homme "à l'état de nature" était bon ou
mauvais devient invalide. Il est "bon" ET "mauvais", violent ET bienveillant, l'une comme l'autre de ces pulsions étant nécessaire à sa survie d'individu comme de groupe et d'espèce.
Face à un danger collectif
(dépassant les enjeux internes de la famille ou de la tribu), une attaque ou
une catastrophe extérieure, l'une ou l'autre peut s'activer : la violence
tournée vers l'extérieur (la défense du proche ou du groupe) accompagnée de la
solidarité généralisée à "tous autour" (et ce jusqu'au sacrifice de
soi pour sauver enfant ou voisin)… ou
la concurrence égoïste (jusqu'au sacrifice de ses propres proches pour sauver
sa propre peau). Ou encore la lutte/hésitation
entre ces deux pulsions naturelles/culturelles, la solidaire et
l'égoïste : alternance de l'une à l'autre en fonction des circonstances et
de l'évolution de la situation : ces pulsions ne sont pas des programmes
gravés dans le silicone mais des potentiels
qui s'activent dans un sens et/ou dans l'autre en fonction des occasions, circonstances,
aléas, phénomènes…
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