Je crois que c'est Flaubert
qui disait que la bêtise, c'est de conclure. Je ne m'y risquerai donc pas…
Pourtant… à quoi voulais-je
en venir…? Je ne sais même plus, moi… Y a-t-il quelque chose à tirer de tout
ça, toute cette quête du Moi introuvable, sur un plan un peu large ? Pas
métaphysique, mais disons sur notre "être-au-monde", et donc sur des
questions de liberté et de responsabilité… donc de morale ou
d'éthique, dans leurs applications concrètes, politiques, même : égalité,
justice…
Après toutes ces
affirmations convergeant sur l'idée que le Moi est une illusion flottante dans un monde flottant… et, en parallèle, la certitude que chacun a nécessairement de
son Moi, on peut se demander comment vivre avec ça sans se rouler par terre
en bavant dans les affres de l'impuissance. C'est que, quel que soit le doute
métaphysique, dans la réalité de tous les jours, chacun est bien forcé de dire
Moi, de dire Je et de s'assumer comme
sujet de ses actes, non ? (Ne serait-ce que face à la justice.) Ou
alors vanitas vanitatis… tout est
vain…
••••••••••
Quelques exemples ?
• Les gènes. S'appuyer sur l'idée (fausse mais pratique) que nos
comportement sont programmés dans notre code génétique, notre ADN, notre
spécialisation sexuelle, par exemple (ou "genre")… concevoir donc
notre héritage génétique comme une essence,
un conditionnement, un destin incontournable, c'est rassurant… et
déresponsabilisant ; pour ne pas dire "déculpabilisant" ; en
cas de faute, on plaidera l'irresponsabilité génétique ! « C'est pas
ma faute, c'est mes gènes ! » Autant dire « C'est pas Moi, c'est
mes gènes ! », et donc « Mes gènes ne sont pas Moi ! »… ce qui devient
étrange…
• La société. « C'est pas ma faute… c'est la faute à la
société… mon éducation… les mauvaises influences… la grande conspiration
internationale… les extraterrestres… » C'est la "théorie du milieu",
qui met tout sur le dos de "la société" ou du "système", qui
exonère tout acte mauvais au nom de la souffrance sociale. Dostoïevski, grand
penseur de la culpabilité, s'est bagarré avec ça… Au tribunal, un avocat
plaidera les circonstances atténuantes ; ça sert à équilibrer la justice,
à la déraidir, mais est-ce vraiment une justification morale ? Et donc ce
"comment la société m'a formaté" ne serait pas Moi ?… étrange encore…
• L'inconscient freudien. « C'est pas ma
faute… c'est mon inconscient ! » Merci, Dr Freud, de nous avoir procuré
ce bon prétexte. Je n'ai pas agi.
J'ai été agi par… mon Ça, mon inconscient,
mon subconscient, toutes ces entités perverses planquées dans mes tréfonds qui
n'attendent qu'une occasion de me faire faire des bêtises ou des saloperies.
(Dans le temps, on aurait parlé de possession diabolique… Plus récemment
d'épilepsie, dont l'étymologie signifie "s'emparer de-". Aujourd'hui,
l'avocat va plaider l'accès de folie momentanée, ou plus exactement "un
trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement".) Et
donc, là encore, mon inconscient ne
serait pas Moi. Et là, de
nouveau : étrange !
La liste des justifications
possibles est infinie : c'est mes gènes, c'est mes pulsions inconscientes,
c'est mon cerveau reptilien, c'est que j'ai été malade, mal nourri, battu par
mes parents, c'est mon corps (qui
donc, lui non plus, ne serait pas Moi…?)
etc., etc.
ÉTRANGE, oui, tous ces étrangers en Moi…
2 commentaires:
Y a pas à dire, Sigmund il a de bonne lectures !
Le "S" de bonne(s) en commentaire bonus !
( pour le plaisir de prouver que je ne suis pas un robot...Alors qu'un robot, justement ne ferait PAS de fautes d'ornitographe ! )
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