Et encore… je pourrais
faire appel à la Métaphysique, à Dieu, au Destin,
à la question "Libre-arbitre ou Déterminisme ?", dire, comme le Jacques-le-fataliste
de Diderot : « Tout est écrit là-haut sur un grand rouleau »,
ou « Mektoub », « Si Dieu le veut… » ou « Dieu l'a
voulu », comme un musulman pour qui tout dans l'existence obéit au décret
divin. Et sans chercher aussi loin, je pourrais me fier à nombre d'expressions
courantes, simples superstitions populaires, comme « J'ai eu de la
chance ! » ou « Je dois avoir une bonne étoile » ou le
contraire : « Fatalitas ! », « C'était pas mon
jour »…
Et ainsi, je peux me refuser toute liberté, toute
initiative personnelle, balloté que je suis entre tous ces déterminismes invisibles
qui sont hors de Moi, qui ne sont pas Moi. Et donc fuir toute culpabilité et toute responsabilité.
On peut aller plus loin,
plus rationnellement, plus réalistement, dans l'examen de la question du déterminisme. Le principe de causalité en
général. Tout ce qu'il se passe au monde, et même dans l'univers, est la
conséquence (les conséquences) d'une cause (d'une multiplicité de causes)…
Causes qui elles-mêmes ont commencé leur carrière en étant les conséquences de causes précédentes… et ce à
l'infini de la pensée à rebrousse-temps.
— Mais… La
différence de l'humain avec le reste, c'est que ses actions n'ont pas seulement
des causes (au sens mécanique) mais des raisons
(désir, croyance, but), non ?
—
Oui, mais ces raisons sont elles-mêmes fomentées par de multiples causes
inconnues et inconnaissables.
Au niveau du cerveau, par
exemple, si on entre dans des questions de neurones, de connexions, de
neurotransmetteurs, on va avoir du mal à trouver le "libre-arbitre".
Sur le plan familial, autre
exemple, je suis la conséquence dont mes parents sont la cause, eux-mêmes
conséquences de leurs parents-causes, qui eux-mêmes… etc. On peut remonter
comme ça jusqu'à Adam et Ève qui nous auraient transmis le péché originel à
travers les millénaires… Ou, plus sérieusement, jusqu'aux premiers homo
sapiens… et pourquoi pas aux préhominiens, aux premiers mammifères et jusqu'à
l'amibe première vivante, elle-même causée par une certaine réaction physico-chimique
dans la matière jusque là inerte et ainsi jusqu'aux étoiles et au Big Bang, si
on veut croire à un début des temps… l'infini des chaines cause/conséquence et
l'infini des connexions et imbrications de ces chaines entre elles. Ceci est la
réalité… pas besoin d'un Grand Livre du Destin.
— Ça fout un peu le vertige…
— Ça doit être la faim…
On arrive à un TOUT
finalement aussi nihiliste que le RIEN que j'attribue au Moi. Dire que le Moi
n'est rien de réel ou qu'il est (ainsi que ses actes) causé par TOUT, ça
revient un peu au même. Et ça fait un sort définitif à l'idée de libre-arbitre.
—
Mais… c'est terrible !
— Mais
non. En fait, ON S'EN FOUT.
Je
reprends la phrase précédente dans l'autre sens : si je suis déterminé par TOUT, autant dire que je suis déterminé par
RIEN. Et donc, c'est bien là que je voulais en venir. Je suis libre. Et
responsable.
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