— La liberté de blasphémer,
c'est bien, non ?
— Oui. Mais "la
liberté" est une notion vague tant qu'elle n'est pas entérinée par le
droit civil. Tu peux te dire : « Dans l'absolu, rien ne m'empêche de
blasphémer… » Mais le monde n'est pas "dans l'absolu". Dans le
relatif du monde (= la réalité), cette liberté est limitée non pas par la loi
ou la censure d'État (le droit de
blasphémer, en notre république laïque, effectivement, on l'a), mais par la
censure venue des fous, des assassins… la terreur, le djihad, les
fondamentalistes islamiques. (En d'autres temps, ce fut par la Sainte
Inquisition Catholique et Romaine, mais je parle de maintenant.)
— « Ne pas insulter la
foi des autres », dixit le pape, mais sans nous menacer du bucher, quand
même…
— Déjà, ne pas insulter les
autres, les gens, d'accord – jusqu'à un certain point. Mais "la
foi" ?! C'est qui, c'est quoi ? Peut-on insulter une croyance,
une idée, une opinion, un savoir, une abstraction ? Peut-on dire devant
Platon : « Ho ! Les Idées Platoniciennes, vous êtes
connes ! » Dire devant Einstein : « Hé ! La
Relativité, t'es vraiment de la merde ! » Et pareil, devant un
croyant : « Ho Dieu ! T'es un gros tas tout
vieux ! » Quand au Prophète qui a vécu il y a 1400 ans… c'est
insulter quoi ? Les vers ?
Insulter des idées, des
abstractions, des concepts, ça ne veut rien dire.
— Ho toi même ! Ton
raisonnement n'en est pas un. Ce n'est pas ce que le pape veut dire quand il
parle de "ne pas insulter la foi des autres".
— Bien sûr, je joue la
mauvaise foi, merci. Ce n'est pas ce que
les autres croient qui est en cause, vrai ou faux, on s'en fout, mais le fait
qu'ils y croient, la foi en soi, la croyance en elle-même, cet état d'esprit et
de corps, cet "être au monde" qu'on appelle Foi, de préférence avec
une majuscule parce que c'est sacré, bien sûr.
— Et parce que c'est
censé être une faculté humaine élevée, une spiritualité.
— À ce compte là, croire
qu'il ne faut pas passer sous une échelle – ça porte malheur – est à
classer dans les facultés humaines élevées, dans la spiritualité ! Ce qui
se passe, quand on est rationnel et athée (et athée parce que rationnel), c'est
qu'on ne peut que mépriser cet état de foi, et donc on n'est pas très gentil
avec ceux qui l'ont.
— Ou bien s'en foutre,
simplement, non ?
— S'en foutre, oui, soit au
sens de ne pas y prêter attention (c'est-à-dire traiter par le mépris,
l'indifférence) ; soit s'en foutre
au sens de s'en moquer ; ensuite, faut voir : ça peut être se moquer
gentiment ou méchamment (insulte).
Le vrai problème vient
quand ceux qui ont la foi s'appuient dessus pour faire chier le monde. Par des
discours, c'est anodin, mais aussi en attentant, boum-boum ! à la vie des
autres au nom de leur foi (leur
dieu, leur prophète, leur tabou de l'image, etc.). QUI, alors, insulte leur
foi ? Qu'ils soient sincères ou manipulés, que leurs raisons soient… (euh…
non… on ne peut pas employer ce terme : ils ne sont pas agis par des raisons, seulement par des causes… comme une avalanche ou un
troupeau de buffles…) Donc, que leurs impulsions soient politiques plus que
spirituelles, psychopathologiques plus que religieuses, sordides plutôt que
nobles, élevées, peu importe : ils agissent "au nom de" leur foi
(l'islam, en l'occurrence) et ils le gueulent bien haut.
Partant, moquer ou insulter
leur foi, c'est juste se défendre.
— Je ne vais pas te
ressortir l'Inquisition, mais les Américains emmerdent le monde aussi, de nos
jours, et au nom de "God with US" (us comme "nous" et comme
U.S.)
— Mais les Américains ne
sont pas venus tuer nos copains de Charlie Hebdo ! Ça aussi, ça fait
partie de ce qui brouille toute discussion. On ressort notre passé
colonialiste, notre incapacité à intégrer les immigrés et à gérer les
banlieues, notre tolérance bien pensante… et les Américains impérialistes –
cause de tous les maux du monde. Pensée des années 60… et surtout pensée
facile, doxa moderne de la gauche plate qui empêche d'affronter les problèmes
de fond mais qui n'empêche pas de porter des jean's, de boire du coca et fumer
des malboros…
— On mange du couscous,
aussi…
2 commentaires:
Bon pour accord !
Bises
..EuHH.....MERCI !
Tu as tout résumé avec ton beau dessin, ces gens qui nous les brisent avec leurs fois, ( leurs foies, leurs foix... la foi au pluriel, c'est bien avec un S ? — Eh ! on ne dit pas la foi au pluriel, on dit : "avoir les foies" ), feraient mieux de faire un peu plus l'amour, ça les décontracteraient.
— Comme DSK ?
— Raah ! tout de suite les extrêmes !
Mais c'est le retour du Caza schizophrène !
— Oui, mais au moins, il ne s'ennuie jamais.
— Heu... t'es qui toi ?
— JE NE SUIS PAS UN ROBOT ! I am a human being I am not an animal non plus !
Enregistrer un commentaire