Ainsi, j'en reviens à ce
numéro 1224 toujours en cours bien que le 1225 soit paru (décidément, le temps
passe plus vite que moi) et ses textes – particulièrement sérieux.
Fabrice Nicolino,
accompagné d'un beau dessin de Catherine, fait le récit de l'assassinat du 7
janvier (Pas "attentat : assassinat ciblé). En passant, FB est
une des meilleures plumes actuelles du journal, ses articles écolos retrouvent
la verve rentre-dedans des éditoriaux d'Arthur dans "La Gueule
Ouverte" en son temps.
Riss signe non pas
"un édito au vitriol contre les religions", comme le disait un
commentateur quelconque qui n'avait lu que quelques lignes, mais un édito à la
fois vengeur, triste et modeste. Vengeur, oui, contre les dogmes, les
illuminés, les "fanatiques abrutis par le Coran", les autres
culs-bénits… contre aussi les faux amis, intellos aigris, chroniqueurs
insipides, journalistes jaloux… Triste, parce qu'il n'est pas pensable, dit-il,
qu'au XXI° siècle, en France, "ilot laïc", une religion tue des
journalistes… Modeste (et fier en même temps) parce que Charlie Hebdo a
toujours été une anomalie créée par
des "marginaux avec un talent béni des dieux" – pas le même
dieu, bien sûr ! Modeste aussi parce qu'il ne cache pas la fragilité, les
difficultés économique du journal que beaucoup considéraient comme subclaquant.
Ainsi : « Je n'ai jamais considéré le privilège de s'exprimer dans un
journal, dans cette démocratie, comme un dû. Rien ne nous est dû. » Et
puis : « Le journaliste n'est pas propriétaire de la liberté d'expression,
il n'en est que le serviteur. » (Ben oui : les tueurs n'ont pas
attaqué "la liberté d'expression", ils ont tué des gens vivants… des auteurs qui s'exprimaient en liberté. Je
reparlerai de cette manie politico-médiatique, mais peut-être aussi scolaire et
universitaire, de tout traduire en symboles ou allégories…)
Ensuite… je ne vais pas
tout décortiquer, même si presque tout est intéressant, à différents titres, et
parfois… étrange. Sigolène Vinson, Philippe Lançon, Igor Gran, Coco, etc. et je
m'attarderai sur quelques points. Comme la page de Vuillemin qui nous régale d'autodérision
et de coups de patte envers les proliférations de dessins de presse à base de
crayons, de crayons, de crayons, de paradis et de plantu…
Et puis voici,
étrangement, un article de Richard Malka. L'avocat… le complice de Val… Son
article sur la laïcité est intéressant, je ne dis pas… mais sa présence
ici ne laisse pas de m'inquiéter. Déjà que lui et Val montrent leur nez
partout dans les docus et plateaux télé et me hérissent l'épiderme (mais j'ai
une zapette…)… Et voilà que plus loin, je trouve avec effarement un article de
Caroline Fourest, autre membre de la bande… et, il faut le dire, un article dégueulasse de lyrisme haineux. Qui
s'en prend, sans les nommer (qui est
lâche, là ?) à Geluck, à Siné ou à Denis Robert. Beurk. (À quelques autres
aussi, plus justifiés, sans doute…) Mais qu'est-ce qu'elle fout là ?! La
bande à Val serait-elle en train de remettre la main sur Charlie Hebdo ?!
C'est là un autre des
éléments d'"effet mitigé", voire d'inquiétude, que je ressens… Je ne
sais pas si ça ne regarde que moi ou même si ça ne me regarde pas, mais remonte
ce trouble à propos des problèmes internes du journal période Val, les
magouilles, le fric… la répartition des actions (eh oui, des actions… Logiquement, je me dis que le
journal devrait être géré en coopérative d'auteurs. Naïveté de ma
part ? Mais peut-être n'ont-ils jamais trouvé le temps et le loisir de
tout mettre sur la table et de trouver ou d'inventer un statut en cohérence
avec leur état d'esprit, leur démarche politique…? Et tous ensemble, tous d'accord…
C'est difficile, je sais…) Ces problèmes, aujourd'hui certainement pas
complètement résolus, certains autour (je n'ai pas dit "vautours",
parce que j'aime bien les vautours…) s'en régalent, semble-t-il, en font
"des gorges chaudes", comme on dit. Moi ça m'étonne et ça m'inquiète.
Et donc deux colonnes de
Guillaume Erner sur le rôle de la presse et des médias qui ne peuvent que
remercier Charlie de leur avoir fourni un sujet en or, et qui dure… On a tant
blatéré et déblatéré sur l'affaire depuis un an… et depuis bien avant, depuis
"l'affaire des caricatures de Mahomet"… Les politiques, les médias,
les blogs… transformant Charlie Hebdo en symbole récupérable tous azimuts
autant que reniable… en proie au locus of control, cette propension que nous
avons à rendre quelqu'un responsable du malheur qui le frappe. "Ils l'ont
bien cherché, non ?" Mais les morts du 13 novembre…? Ils l'avaient
bien cherché, aussi ? Je le cite, en conclusion forte et provisoire :
« Charlie a été l'une des cibles de cette lutte à mort qui oppose les
défenseurs d'une société laïque et ses ennemis. Dans ce type de combat, inutile
de choisir son ennemi, c'est lui qui vous choisit. »
Ça suffit pour
aujourd'hui. (Mais c'est toujours : à suivre).
2 commentaires:
Merci de cette lettre ouverte. L'autre jour, dans 28 mn, Val était invité sur le plateau pour débattre de la liberté d'expression...il était officiellement du côté de ceux qui la défendent... Amusant... Enfin pas trop. Enfin, je ne sais pas si Didier Porte et Stéphane Guillon ont goûté la plaisanterie
Ryan Grosselangue
C'est drôle, je suis peu à peu redevenu ce que j'étais : un lecteur "occasionnel de Charlie"
Et ce numéro "spécial", je ne l'ai pas acheté. Peut-être parce que l'effet "commémoration, numéro spécial tiré à je ne sais combien de millions d'exemplaires" ça me gonfle un petit peu.
Je te rejoint sur Nicolino et Lançon et globalement toute la partie rédactionnelle qui est très bien. Pour ce qui est des dessins, c'est très répétitif et dans la même veine. Wolinski me manque, (Willem me fatigue), ceux qui ne sont plus là ne sont pas facile à remplacer.
Malgré tout tu me donnes envie de lire ce numéro avec tes chroniques à suivre !
Moi aussi j'aimais beaucoup Wolinski, je relis ses éditoriaux dans Charlie mensuel assez souvent. J'aime comme il causait du dessin.
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