• Traiter quelqu'un de raciste, c'est tellement facile…
et tellement efficace que ça en devient douteux, simple manipulation.
Être
accusé d'islamophobie, c'est la même chose qu'être traité de réactionnaire : la
honte ! Tu pratiques le trio infernal "amalgame + stigmatisation +
islamophobie", t'es foutu ! Symétrique : "Ça fait le jeu du
FN". Mais comme maintenant, il y a des néo-réacs, on ne sait plus où on en
est…
Mais voilà qu'on découvre avec stupeur
que beaucoup des "Je suis Charlie" ne sont pas Charlie, mais
seulement xénophobes, identitaires, racistes. Pour ne pas dire islamophobes.
Mais excusons les (en vertu de la fameuse "culture de l'excuse" qui
n'a pas de raison de fonctionner dans un seul sens) : face à de tels assassinats
et attentats additionnés aux égorgements de l'État Islamique et aux
applications de la charia en Arabie Saoudite ou Iran, il y a de quoi le
devenir. Et "l'amalgame", c'est juste une réaction de généralisation
un peu primaire…
• La xénophobie c'est ne pas aimer les étrangers, en
avoir peur ou les rejeter, quelle que soit leur "race", nationalité,
religion…
— Il parait qu'on est des gros xénophobes, nous les
Français…
— Peut-être, mais les étrangers, tu crois pas qu'il sont
xénophobes, eux aussi ?
• On pense/parle avec des mots très généralisateurs, des
concepts, des substantifs. Comment faire autrement ? Il faudrait
s'entrainer à parler/penser autrement. A priori et en gros, "le
racisme", c'est le mal. Mais en détail, le mal, c'est plutôt les gens racistes. Et encore plus, sa manifestation en actes. Le mal, ce
n'est pas "la violence", c'est les
gens violents. Et encore plus, les
actes violents. Le mal, ce n'est pas "la religion", c'est les gens religieux, croyants, et croyant
qu'ils ont raison contre tous les autres, et croyant que ça leur donne le droit
d'emmerder les autres voire de les tuer – donc, le mal de la religion, c'est les
actes perpétrés au nom de la religion
(y compris pensées, paroles et opinions qui perpétuent l'irrationalité aux
alentours).
• Le racisme au sens
propre serait la défense de sa propre race
contre les autres, ses propres gènes (race = racines génétiques) contre les
autres. Archaïque. (Et pas si simple, parce que le différent suscite aussi une
attirance érotique, celle de l'exotisme.)
Pour ma part, je crois
plutôt qu'on voit s'activer quelque chose comme la défense du territoire (c'est tout aussi archaïque). Plus proche de
la xénophobie que du racisme proprement dit. Le "chez nous" qui
s'exprime par des « On est chez nous ! » vindicatifs. (Eh oui,
on est "chez nous"… l'histoire veut ça…) Ce n'est pas une question de
propriété (ce qui est déjà moins archaïque) : le locataire est tout autant
"chez lui" et son propriétaire ne peut pas l'envahir ou le virer,
légalement.
On parle souvent du fait
d'"être né quelque part", comme si c'était un hasard, comme si on
aurait pu naitre ailleurs. Comme s'il y avait ou il y avait eu une alternative.
Profonde erreur : on est, et on est ce qu'on est, parce qu'on est né là.
Celui qui est né ailleurs ne peut en aucun cas être moi, n'aurait pu en aucun cas être moi. Ce n'est que par sympathie qu'on peut s'identifier à qui est
né ailleurs, "se mettre à sa place", affectivement, mais quoi qu'il
en soit il restera un autre.
Il est question de souverainisme, aussi = être maitre
chez soi. Mais il s'agit beaucoup, plus profondément, très animalement, de territoire. Le sédentaire qui se défend
contre les nomades. Le territoire comme extension du corps. Les gens qui ont
été cambriolés vivent ça comme un viol… Je sais très bien pour ma part que si
je laisse quelqu'un s'installer à ma table à dessin ou à mon ordinateur pour
faire ses trucs à lui, je vais très vite commencer à transpirer, lui tourner
autour et pas tarder à l'inviter à venir boire un thé dans une autre pièce, la
salle à manger, lieu plus "ouvert". Je sais aussi que je vis la
présence de souris chez moi comme une intrusion insupportable… Ou celle d'un
chat du voisinage qui se permet de venir puer chez moi… Non, je ne lui
permets pas.
"Les autres" chez nous, (je ne les compare ni à des
souris ni à des chats, hein !) quelle quantité
en tolère-t-on ? combien de temps ?
qu'est-ce qu'on leur permet de
faire ? Moi, déjà, en tout cas, je ne leur permets pas de tuer mes
contemporains, qu'ils soient dessinateurs de Charlie Hebdo, amateurs de rock ou
buveurs en terrasse, passagers de métro ou d'avion… Cette formule "je ne
leur permets pas" me semble, en toute humilité, un peu débile, mais c'est sous
cette forme que ça me passe par la tête, sur fond de colère : je ne leur
permets pas de foutre en l'air notre paix, notre "douce France, cher pays
de mon enfance", notre tolérance (puisque la laïcité inclut la tolérance
et qu'ils se montrent, eux, religieux les plus intolérants), notre "mode
de vie", finalement, comme on le revendique un peu partout. C'est-à-dire
notre territoire, ou notre paysage, bien au delà du sens purement
géographique du terme. (Et même si je trouve notre mode de vie en grande partie
imbécile et destructeur, je ne peux pas penser "c'est bien fait pour nous,
on l'a bien mérité". Ce qui serait moralement masochiste et pratiquement
ne servirait à rien.)
(à suivre)
— Tu sais que ton dessin,
il peut être récupéré par les FN ou les souverainistes…
— Oui, mais Les Verts,
aussi… La couleur, ça compte…
— Tout dessin est ambigu,
tout dessin est interprétable… Faut pas que ça empêche mais faut y faire gaffe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire