« Le terrorisme islamique est en train de mettre à l'épreuve la solidité
des repères juridiques, politiques, culturels de notre histoire. » (La
Stampa)
Manière de dire aussi
générale que possible. Vu de plus près, on peut dire que le terrorisme islamique est en train de nous mettre à l'épreuve, tous autant
que nous sommes et sous tous nos aspects. Mais cette généralisation du
journaliste permet de définir un peu mieux ce que c'est que "nous".
Il y a une Histoire, oui.
Il n'y a pas seulement des individus isolés, des monades vivant dans une France
au présent comme on passe à l'hôtel. Même sans remonter et descendre plus loin
que ses parents et ses enfants, il y a des ascendants et des descendants, qui
eux-mêmes en ont eu/en auront, des ascendants et descendants. Il y a des
voisins qui chacun en ont/auront aussi. Et ainsi de loin en loin, tant dans
l'horizontale des contemporains que dans la verticale du temps passé/futur.
Histoire, culture, société…
Plus techniquement, il y a
des institutions, en effet, des
repères juridiques : un code civil, des lois, des juges, des tribunaux… et
tout ceci a aussi une histoire, traces du passé et tracé vers l'avenir,
projection, projet de société (conscient ou non).
Il y a des repères
géographiques, aussi. Des lieux, des territoires, des itinéraires… Eux aussi
ont une histoire faite de traces laissées et de projections vers l'avenir (projets).
Et donc encore, oui, des repères politiques et culturels : codes scientifiques, techniques, artistiques… et bien d'autres
choses encore qui forment (mieux qu'une "identité", une "ethnie" ou "un peuple")
une Culture. (J'évite le terme Civilisation qui rejette "les
autres" hors de la civilisation, dans la barbarie.)
Ça ne veut pas dire que ce
"nous" historique est un lieu clos, fermé, figé, inamovible.
L'histoire-géo passée est bel et bien inamovible, certes, par définition :
seulement racontable et interprétable… mais c'est un socle, des fondations.
L'histoire-géo du présent/futur, posée sur ce socle, bouge, parfois vacille,
mais de toute façon se construit. On apprend tous les jours, on s'adapte aux
circonstances, on mute, on évolue, individuellement ET collectivement ; c'est
le propre du vivant. Et d'autant mieux si les "repères juridiques,
politiques, culturels de notre histoire sont solides", comme bases.
Le sont-ils ? c'est
bien la question. Ils ont tout pour l'être, mais……… "Mai, mai, mai, Paris
mai……" (Nougaro)… Mais nous avons tout fait pour les casser, les
institutions, les repères, l'histoire… une tentative (inaboutie heureusement)
de table rase… C'était sans aucun doute une nécessité, alors ; mais après ?
Comme poussés par notre élan, nous continuons à détruire… et le terrain (devenu
sables mouvants) n'est jamais totalement nettoyé, bien sûr. L'émancipation a
ouvert la porte à la liberté sans frein et c'est le commerce, le capitalisme
libéraliste déchainé qui s'est enfoncé dans la brèche avec le succès que l'on
sait, le triomphe de la Bourse, la financiarisation, l'évasion fiscale, les
fuites et les couacs, l'individualisme mesquin, le médiatisme et
l'immédiatisme et "Touche pas à mon
poste"…
… Et bien sûr la jeunesse
sans pères et sans repères des cités sans repères. Sans repères juridiques,
politiques, culturels… sans lieu géographique, sans histoire et qui, donc, va
chercher ses repères dans des sectes mortifères, celles de l'islamisme
terroriste, en l'occurrence.
(Et je ne dis pas qu'ils
n'ont pas le choix.)
(Et je ne les excuse pas.)
(Et je ne leur pardonne
pas.)
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