La
laïcité (inscrite dans la loi) est la condition de la démocratie.
Le
code civil n'a rien à faire des préceptes religieux. La République laïque,
c'est s'affranchir du tout de la morale religieuse.
Mais
ça ne veut pas dire l'absence de morale, au contraire : ça veut dire la
construction humaine de la morale (une éthique athée, donc) et, puisqu'on est
une civilisation organisée, son institutionnalisation dans la loi : le
code civil.
La
morale religieuse, c'est prétendre que les lois morales viennent d'ailleurs, du
"Ciel", d'un être suprême surnommé "Dieu", ce qui est de
l'ordre de la schizophrénie paranoïaque collective. Alors même que tout le
monde, même le croyant, sait bien que ces lois dites "divines" ont
été rédigées par des hommes, fussent-ils nourris au jus de prophètes, des Moïse
ou des Mahomet. Mais voilà, des gros malins ont inventé un magnifique
concept : la révélation.
Imparable. Le rédacteur des lois divines, lois morales et autres règles de
conduite, n'est plus qu'un modeste vecteur de la parole tombée du Ciel. Un
médium de péplum. On peut en accuser ces prêtres, grands manipulateurs de foules,
mais on peut en accuser tout autant les foules en question qui ont avalé ça
tout rond, béatement – et qui en redemandent : pas de manipulateur sans
candidat à la manipulation, pas de tyrannie sans servitude volontaire. L'un ne
va pas sans l'autre. Complémentarité ou cercle vicieux ou boucle de
renforcement : peu importe qui a commencé, l'offre ou la demande (mais
oui, comme dans le commerce… comme dans toutes
les relations humaines, en fait.).
Camus : « Le dialogue à hauteur d'homme coute
moins cher que l'évangile des religions totalitaires, monologué et dicté du
haut d'une montagne solitaire. »
Le
code civil, c'est reconnaitre publiquement que les lois morales et autres
(règles civiles de la vie en commun) sont bel et bien non seulement rédigées
par des humains, mais décidées par
des humains, individus et groupes inscrits dans un certain contexte historique.
Partant, c'est admettre qu'elles sont discutables, transformables, évolutives.
C'est la démocratie et c'est plus
exigeant : il faut penser. Ça suppose vigilance, critique,
contradiction ; et contradiction de la critique… La réflexion, donc, et
collective, c'est-à-dire finalement quelque chose comme le contrat social.
La
morale religieuse, c'est la fable d'Adam et Ève au jardin d'enfance. La loi,
c'est la sortie du jardin, l'accession à la maturité, quand on acquiert la conscience,
quand on doit gagner son pain et sa raison à la sueur de son front – vie,
socialisation, travaux, amours, créations, mort. C'est la réalité, c'est la
condition humaine.
La loi
confirme la condition humaine. Le code civil n'est pas un donné, comme un fruit sur un arbre permis, ce n'est même pas un pris sur un arbre interdit, c'est une invention,
comme on parle de l'inventeur d'un
trésor plutôt que le découvreur. Une création arrachée au chaos, à la nature, à
la réalité obtuse, par l'effort, forgée par le travail humain – individuel et
collectif.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire