(Le truc, c'est de dire que c'est de la poésie
dadaïste : on peut tout se permettre.)
L'abus du triathlon tue
Betty, dans ses beuveries,
voyait des faucons noirs fondre sur les Tours de Babibel. C'était une fille d'une
beauté à couper le beurre, venue de Shangaï, un papillon tatoué sur l'épaule nue, court vêtue mais bottée, une
artiste iconoclaste, une égérie cosmopolite. Le sommelier qui l'avait versée dans sa robe
avait eu la main lourde : ça débordait de partout.
Parfois, après un bref chuchotement
de tête, elle piétinait les géraniums de son imagination. Son rire couvrait
même le bruit de ses pieds.
Pour l'heure, elle
court en
Louboutins, Betty, autour du stade, sur le mâchefer usé à la limite de l'agonie
(mot qui n'a pas de pluriel). Matière noire aléatoire qui murmure a capella à l'oreille des salades avec
une aisance de mécanique ondulatoire. Doigts noirs sur le bitume, exécrables
excréments.
Trop de bruits ont couru
derrière elle juste avant le déluge, dans la brume asphaltée, trop de marathons
déroutés, de karatékas en tornades, de championnats d'athéisme en chambre, de
courses de descente de lit en luge.
Ne pas se fier aux images,
on sent vite venir le danger. (Elle a tellement de dents, Betty !)
Du sang dans les narines, aspirine et momie braisée,
caravane errant du possible avec une mystérieuse agence spectrale pour cible,
des savoyards et des missiles sur l'aile du vent, elle arrive première sur la face cachée de la lune, la
robe fendue jusqu'aux oreilles. Derrière elle, ça pue mais la fin vaut les moyens et le
rossignol aussi pue (vous saviez pas ?)
La prunelle du
vaincœur posée sur le podium : comme tout cela est vain.
Précipitée, fuyant l'incendie de Los Angeles, elle
bouleverse les pédoncules précis du psy, zombie philosophique, fantôme à
particule, étagères du commun où se posent les âmes à poil. Elle plongera des
falaises dans l'essieu temporel du Pacifique : l'égorgeront les requins
assoiffés et les poulpes géants élevés sous la mer.
De ses deux ailles brisées
il ne reste que quelques plumes enflammées voletant au vent. Les anges ne font
pas de vieux os, de nos jours, in California. Les collines fruitées barbeyent
et se laissent glisser sur les golfs encore éclairés, parmi les morts-vivants.
Le tremblement ne s'arrêtera pas. (Pourtant ce ne sont pas les policiers qui
manquent.)
Le brouillage est
parfait : l'émetteur n'en a plus pour longtemps.
La lumière saigne.
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COMPTINE
HASARDEUSE N°17
Maurice et
Raymond
N'ont qu'un
seul poumon.
Un poumon pour
deux
C'est bien
ennuyeux,
Surtout pour
courir.
Mais pas pour
mourir.
D'ailleurs ils
sont morts.
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