Un
Charlie Hebdo spécial "3 ans dans une boite de conserve" nous raconte
la vie des Charlie depuis le massacre et évidemment sans révéler quoi que ce
soit qui puisse à nouveau les mettre en danger. Et ce n'est pas facile, comme
on peut l'imaginer. Pas facile de rien révéler et pas facile tout court, et
chère, la vie sous protection policière pour les gens, privée pour les locaux…
(Ils donnent des détails chiffrés…) Paradoxe fulgurant : Charlie Hebdo ne
s'est jamais gêné pour taper sur les flics… maintenant ils vivent avec leurs
anges gardiens bleu foncé… et d'un coté comme de l'autre on apprend à se
connaitre et reconnaitre. « C'est
compliqué d'exercer sa liberté derrière des portes blindées » mais
« blindé ou plombé, il faut choisir. » (Gérard Biard).
«
Ils l'ont bien cherché ! » disent toujours certains crétins. Les
insultes et menaces de mort répétées (via la machine à buzz des réseaux sociopathes) les ont forcés parfois à porter
plainte… et à ouvrir une rubrique spéciale "La menace de la semaine"…
Ça peut venir de fans de Johnny Halliday (!) ou d'Edwy Plenel et, bien
entendu, des fans aiguisés du prophète Mahomet. Une analyse pointue du
phénomène du buzz et son aspect
performatif : tel article de presse signale, vrai ou faux, que telle information
"fait le buzz", aussitôt le
buzz démarre et fait sa boule de
neige. En particulier le buzz
d'indignation : « Reste une
dernière caractéristique d'internet, essentielle pour fabriquer ces buzz d'indignation : l'aptitude du réseau à
gommer l'ironie. Lorsque vous regardez la couverture de Charlie Hebdo, une convention de lecture implicite
vous relie à ce magazine. Celle-ci veut dire : le journal que vous allez
lire est un journal satirique et c'est pourquoi il sera excessif, caricatural,
parfois lourd et vulgaire. Mais tout corps plongé dans le cyberespace perd son
contexte. Tout devient identique, la parole du pape, celle d'Hanouna, le titre
de la Pravda, celui de Charlie Hebdo.… » (Guillaume Erner).
Je
pense qu'on pouvait déjà dire ça de "la télévision"… qu'on doit aussi
se rendre compte que les haters n'on
jamais lu le journal, seulement vu sa couverture, que ce soit en façade d'un
kiosque ou sur le net… et que les crétins dangereux qui y réagissent, sur le
net ou ailleurs, n'ont évidemment aucune idée de ce qu'est l'ironie, la
dérision, le second degré, etc. Les religieux en particulier.
« Désormais on vit en tribus. On
ne pense plus qu'en référence à un groupe. Donc quand Charlie s'en prend au
totem du groupe (il n'en épargne aucun), chacun se sent visé. »
(Jean-Yves Camus).
« Ceux qui protestent contre
l'emploi du terme "islamique", qu'ils adressent leur lettre de
menaces aux gardiens de la morale islamique en Iran et non au journal. »
(Chahdortt Djavann). Eh oui, l'Iran, d'où elle vient, se dit "République
Islamique" = oxymore.
« Il y aura toujours beaucoup de
monde pour banaliser minimiser, rationaliser, oublier ou nier le fait que des
journalistes et des dessinateurs ont été tués parce qu'ils se moquaient des
religions, et il y aura toujours beaucoup de monde pour banaliser et nier le
fait que des journalistes et des dessinateurs sont encore menacés de mort parce
qu'ils continuent à se moquer des religions. »
(Yann Diener).
Ils
racontent aussi quelques moments hilarants (l'attentat à la cerise !)
Toutes
ces citations pour dire : ne banalisons pas, ne minimisons pas, ne
rationnalisons pas, n'oublions pas, ne nions pas.
Ne
nous habituons pas……
Pour une fois, j'emprunte
un dessin à Xavier Gorce
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire