HOMÉOSTASE
« Va prendre tes leçons dans la nature. » (Léonard
de Vinci)
La nature
n'est jamais longtemps en équilibre stable, elle oscille de déséquilibre dans
un sens à déséquilibre en réaction dans l'autre… L'harmonie, l'équilibre adoré
par les "amoureux de la nature" est une illusion. Simplement, il y a
des systèmes circulaires auto-correcteurs (ou boucles homéostatiques) qui pratiquent
une régulation, une stabilisation, un rééquilibrage permanent (comme un
thermostat) et donc évitent explosion ou implosion. Mais "dans la
nature", cette sorte d'homéostase n'est perceptible que sur le long ou
très long terme, par la succession d'excès et de retournements corrigeant –
sans le faire exprès – les excès par des excès inverses (catastrophes contre
catastrophes).
C'est sans
doute une "loi de la nature". Les individus, dans ce processus, sont
broyés, certes, mais la nature n'a aucune considération pour les individus
(locaux, dans l'espace comme dans le temps). La nature n'est pas hostile, elle
est implacable.
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FÉCONDITÉ
« Faut-il
vous l’emballer, ou c'est pour consumer tout de suite ?
»
A priori, la
nature, ou l'espèce, n'a rien à faire de l'individu. Le seul but de l'espèce
c'est perdurer. Dès qu'un membre a enfanté, il peut bien crever. Le bourdon
meurt après avoir fécondé la reine, le mâle mante se fait bouffer par sa
religieuse, les bébés scorpions se nourrissent du corps vivant de leur mère.
L'homme, lui,
veut vivre jusqu'au bout de sa retraite. Faut dire que l'espèce humaine s'est
infligé d'autres buts que sa perpétuation en tant qu'espèce : par exemple
produire des objets industriels destinés à être vendus à d'autres membres de
l'espèce, utilisés, consommés, usés, jetés, remplacés par d'autres, et ce
jusqu'à ce que la Terre entière soit recouverte des objets en question usagés et
de leurs emballages.
Cela dit, hors
l'homme, il y a quand même bien des animaux qui vivent au delà de leur période
de fertilité. Les orques, par exemple, peuvent vivre et vieillir vingt ans
après la naissance de leur dernier rejeton. Pourtant, ils n'ont plus alors
d'autre ambition que de bouffer des manchots. Il faut dire aussi que dans la
mer personne, en principe, ne meurt de mort naturelle : tout le monde se
fait bouffer. Mais qui peut bouffer un orque ?
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AJOUT : La nature se moque éperdument de l'individu une
fois qu'il a fait son devoir de reproduction, c'est-à-dire de prolongation de
la vie de l'espèce. Avec des nuances : en particulier chez les mammifères, en
particulier les primates, en particulier les humains, pour des raisons liées
aux nécessités de l'allaitement, à la durée de croissance et d'accession à
l'autonomie des petits, donc à la nécessité de leur protection.
Est-ce à dire que c'est calculé ?
Non, c'est "comme ça". Et pourquoi ? Parce que si
ce n'était pas "comme ça", ça ne serait pas du tout.
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