"Une personne",
c'est "personne" ?
C'est sans doute une
illusion de croire qu'il y aurait une personnalité de surface (théâtre,
faux-semblant, hypocrisie, dissimulation, moi social, masque, persona…) qui cacherait, dissimulerait
la vraie personnalité, le MOI pur, authentique. (Derrière ça, il y a l'idée que
"l'habit ne fait pas le moine". Pourtant, même à poil, notre paraitre
est bel et bien notre être (notre exister). Mais oui : l'habit fait
le moine. Et le patchwork fait l'Arlequin. Mais les habits se salissent et
s'usent : on en change.)
(Persona : masque des acteurs antiques, à l'expression
figée, mais laissant passer la voix (per sona). La personne peut être
vue comme un masque à travers lequel passe une voix, la voix de quelqu'un. On existe en tant que
"quelqu'un" (sujet) plus par sa parole que par son aspect extérieur,
en tout cas dans notre civilisation très verbale, très intellectualisée, où le
visage parlant, mimant le corps, l'efface.)
Plus profondément, on croit
qu'il y a différentes couches de MOI, conscient, subconscient, inconscient,
toutes plus ou moins marquées par la vie sociale, toutes "fausses",
et qu'il y aurait "quelque part" un vrai MOI, pur et dur, intouché et
intouchable, un noyau dur (une âme immortelle…?) caché sous les épaisseurs de
faux MOI.
Et c'est ce MOI profond
qu'on trouverait ou retrouverait à travers une thérapie, un travail de
développement personnel, une initiation. Avec une idée d'absolu, d'authenticité
de ce "vrai MOI", tout le reste étant relatif, adapté, plus ou moins
trivial.
Illusion. Ce noyau dur,
s'il existe, n'est fait que de nos instincts, notre part physiologique, notre
code génétique, notre part animale, faim-soif-contact-maternel : la
personnalité du fœtus. Ce MOI est universel, en ce sens que nous avons tous le
même : symétrie bilatérale, respiration par des poumons, circulation sanguine,
mammifère, sexuation, etc. et n'a donc
rien d'un MOI tel qu'on l'entend en général : un individu, un sujet. Ce noyau
serait ce qui, en chacun, tient de l'universel. La nature, d'abord physique,
physiologique.
Ensuite "la nature
humaine" ? Il y a bien une nature humaine, oui, celle de la nature
dans l'homme et l'homme dans la nature. Nature animale, donc, à quelques
détails près : la station debout, l'adaptabilité, la parole, le gros
cerveau, la capacité à symboliser, à former des idées abstraites et à les
transmettre.
Petite schématisation personnelle :
Dans nos conditionnements
humains, partant du corps, on peut voir six directions concrètes et leurs
extrapolations symboliques :
• La dualité
verticale : haut \ bas ; le
ciel \ la terre ; et, symboliquement, la morale, les valeurs : le
bien et le mal. Le ciel et l'enfer. L'esprit et la matière (le corps, la
chair). Le pur (léger) et le lourd. (Peut-être une sorte de symbolisation du phénomène de la
pesanteur.)
• La dualité l'horizontale
: dos \ face ; derrière \ devant
: le temps, la temporalité. Derrière, le passé ; devant, l'avenir. Lié à
la marche et au placement des yeux sur la face. (Avec aussi des connotations
psychologiques et morales : la mémoire, la nostalgie, les regrets \
l'espoir, l'espérance, le projet, la curiosité, l'élan vital…)
• L'autre dualité l'horizontale :
symétrie bilatérale gauche \ droite
: l'espace ou l'environnement au sens large, tout autour – et donc les autres,
la société. (Avec aussi des connotation psychologiques et politiques –
culturelles : gauche "féminine" et maladroite, droite
"virile" et rigoureuse, etc.)
« Et tout le reste est
littérature…»
Le reste, c'est "la
condition humaine" : les conditions de vie historiques, inscrites
dans une époque, un lieu, un climat, une culture…
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