Retour
à la question de définir "blasphème".
Et donc, comme déjà suggéré, par
rapport aux définitions Larousse-Robert, j'ai une notion beaucoup plus
restrictive du blasphème : l'insulte
à Dieu lui-même (le supposé dieu de telle religion) ou à un dogme bien défini
de cette religion. Mais tout dépend du "niveau de charge". (La
"charge" est à l'origine étymologique du mot "caricature" –
on en reparlera.) Exemples : dans "Le Jardin Délicieux" (très jolie
BD en vente chez Caza-eBook), je dessine Dieu (Yaveh de son prénom) comme un
gros bébé cyclope un peu crétin faisant des pâtés de sable. Un catholique, ou
l'Église, peut considérer cela comme
un blasphème, d'accord. Mais ce n'est que son point-de-vue d'individu ou
d'institution. Je dirai donc que c'est son problème. Quant au Dieu que je
prends à partie, il n'existe pas, donc il s'en fout – et moi aussi. Ou sinon,
pourquoi ne me balance-t-il pas direct un éclair sur la tronche ? Et
réponse : voir article précédent.
Quant aux dogmes à respecter, dans le
christianisme, il n'en manque pas : virginité de Marie mère de Jésus, lui-même
divin, "fils de Dieu-le-Père", créateur du Tout, et formant avec
l'Esprit Saint la Sainte Trinité, transsubstantiation ("conversion de toute
la substance du pain et du vin en toute la substance du corps et sang du Christ
lors de l'Eucharistie") , etc. Leur négation
est un blasphème, sans doute, du point-de-vue de l'Église. Encore faut-il que
cette négation vienne d'un chrétien, qui, alors devient hérétique. Mais si ça
vient d'un incroyant, c'est juste l'expression de son incroyance – so
what ?
Wiki.
Si je quitte mes petits dicos au
bénéfice des internets, je trouve d'abord les mêmes définitions trop vagues…
puis une intéressante page Wiki française.
J'en garde immédiatement ceci qui
confirme ma restriction aux offenses à Dieu :
#
Le blasphème défini par les théologiens
et hommes d'Église peut être de trois sortes :
- il est
hérétique lorsque l'insulte contient une déclaration contre la foi, telle que
dans l'affirmation « Dieu est cruel et injuste », ou encore
« Dieu est la plus merveilleuse création de l'Homme ».
- il est une
imprécation quand il s'agit d'exprimer une malédiction envers l'Être suprême
tel que l'affirmation « débarrassons-nous de Dieu ».
- il est un
simple irrespect lorsqu'il est entièrement fait de mépris ou d'indignation à
l'égard de Dieu.
Peuvent être, par
exemple, considérés comme des
blasphèmes :
- nier un
attribut divin, voire l'existence du dieu,
-
s'approprier un attribut ou un objet consacré,
-
pénétrer dans certains lieux,
-
injurier ou abimer une représentation du dieu,
-
mentir, se parjurer,
- représenter une icône, quand la religion d'où
elle est issue l'interdit, et a
fortiori sous forme de caricature. (Voir Aniconisme) # (Je
laisse le lien vers Aniconisme, puisque la question concerne tout
particulièrement l'islam et donc les représentations et caricatures du prof'.)
… Ce qui
élargit la question au domaine du sacré et
à sa profanation – en se rappelant
toujours, je ne le dirai jamais assez, que "le sacré" n'est nulle
part absolu, est toujours le sacré de
quelqu'un, individu ou groupe. L'auteur de cette page Wiki prend bien soin
de dire "défini par les théologiens et hommes d'Église" ainsi que "peuvent être considérés comme". Je souligne
ces termes pour toujours bien rappeler, comme lui, qu'il s'agit de décrets
promulgués par des instances (théologiens, prêtres, croyants), exprimant donc
le point-de-vue de ceux-ci et rien d'autre. Il n'y a pas de sacré objectif, absolu, rien n'est sacré en soi. Ce
qui veut dire que le sacré, l'intouchable, le transcendant, est toujours
relatif à un individu ou à un groupe, est toujours issu d'une décision humaine
et que, quant à ceux à qui la critique, moquerie ou insulte ne plait pas, c'est
leur problème.
Pierre Bayle : « Le blasphème n'est scandaleux
qu'aux yeux de celui qui vénère la réalité
blasphémée ». (Et même si cette "réalité" est
rien moins que réelle…)
•••
Je reprends
un petit coup de Wiki, mais la suite de l'article wiki étant un peu répétitive par
rapport à mes posts précédents, je coupe et résume à grands traits.
Blasphème par religion
Judaïsme
Dans
le judaïsme, une religion qui interdit à la fois de représenter Dieu et de
prononcer son nom, la notion de blasphème reste limitée : le judaïsme
condamne et exclut plus facilement "celui qui porte atteinte à la
communauté" que celui qui maudit Dieu.
Christianisme
Le deuxième
commandement (« Tu ne prononceras pas le nom du Seigneur ton Dieu à faux »)
prescrit de respecter le nom du Seigneur, interdit tout usage inconvenant du nom
de Dieu. Le blasphème consiste à user du nom de Dieu, de Jésus Christ, de la
Vierge Marie et des saints d'une façon injurieuse.
Islam
Tareq Oubrou,
le grand imam de Bordeaux explique : « Le terme 'blasphème' n’a pas
d’équivalent en arabe. L’islam parle, lui, d’apostasie, ce qui veut dire renier
sa religion ».
Cependant, dans le monde musulman, aujourd'hui, les intellectuels de renom qui prônent une évolution de l'islam et une réforme dans un sens propice
aux libertés modernes, et qui dénoncent les interprétations extrémistes des
tenants d'un islamisme radical, sont dénoncés comme blasphémateurs et menacés
de mort.
Même
si une tradition veut que l’Islam enseigne la tolérance et la paix et respecte
en principe la liberté de religion, car le Coran affirme que : « Il ne doit pas y avoir la
contrainte dans la religion ». (2 : 257) et « L’homme est libre
d’accepter ou rejeter » (18 : 30), selon les périodes et selon les
pays, selon les orientations des responsables religieux et selon leur poids
dans la société, ces principes coraniques sont mis de côté et la liberté est
sujette à restriction.
•••
On ne le
répètera jamais assez, en République le blasphème n'existe pas.
Les
articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789
ont aboli la notion de blasphème comme tel, offrant ainsi la liberté de
religion. Il ne peut y avoir de sanction que lorsqu'il y a abus ou trouble à
l'ordre public.
Le
blasphème peut cependant constituer un préjudice pour les fidèles en tant que
citoyens protégés par la loi qui les autorise à posséder leurs propres
croyances. Partant, le blasphème peut engager la responsabilité civile de celui
qui le profère, s'il contrevient au droit de libre croyance. Un État laïc ne
peut le sanctionner que indépendamment de toute considération religieuse,
seulement afin de préserver la paix sociale, donc non pas en tant qu'atteinte à
une religion mais en tant que trouble à l'ordre public. De sorte que les
critiques, même si elles sont irrespectueuses, y compris les caricatures, ne
sont pas un délit du point de vue du droit commun. D'ailleurs, la justice
civile déboute quasi systématiquement les groupes religieux qui voudraient
limiter la liberté d'expression pour protéger leurs croyances et leurs opinions
religieuses.
En
France, ce qui est interdit c'est "l'injure, l'attaque personnelle et
directe dirigée contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance
religieuse" ou "l'incitation à la haine raciale ou religieuse".
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Et donc, comme déjà dit plus
haut :
Le religieux qui place la loi de Dieu
au dessus des lois des hommes ne vit pas en république.
Et pire : des fois il est très con
et il a une kalachnikov (fabriquée par ces mécréants blasphémateurs occidentaux).
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Paru dans le Psikopat.
1 commentaire:
En fait, j'ai toujours été étonné qu'aucun théologien digne de ce nom n'ait jamais pointé du doigt que tuer un blasphémateur est en soi une insulte a Dieu.
Dieu, tel qu'il est conçu par les religions monothéistes, est en tant que créateur universel, obligatoirement omnipotent, omniscient, et d'une sagesse infinie. Par là, imaginer qu'il puisse se sentir vexé de quelconque manière, et a fortiori par un crobard, tend a le rabaisser a un niveau humain. Là se situe la véritable insulte a mon humble avis.
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