J'avoue que la question de
la déchéance de nationalité française, que celle-ci soit acquise ou héritée,
pour les terroristes binationaux me laisse dans une indifférence abyssale.
Déjà "droit du
sol" et "droit du sang" me semblent des notions dépourvues de
sens, moyenâgeuses, fondamentalement racistes et nationalistes.
Après, comme pour la
question de la peine de mort, il va être question de différents concepts à
majuscule : Morale (chrétienne ou autre), Éthique, Valeurs Sacrées,
Universelles, Droit Humain, Humanisme… tant de droite que de gauche… surtout de
"gauche bien pensante", pour employer une expression consacrée. Et
donc, déchoir ces gens, ça irait à l'encontre de toutes nos
VâââLeeeuuurs. Autrement dit, c'est mal
(comme la guerre ou les attentats, d'ailleurs).
Autre critique
classique : c'est inefficace. Parce que, comme la peine de mort, ce n'est
pas dissuasif. Effectivement, quand on en voit se filmer en Syrie en train de
bruler leurs passeports français ou leurs cartes d'identité françaises, on se
rend bien compte qu'ils n'en ont rien à foutre, de leur nationalité française.
Mais s'agit-il de
dissuader, de punir ou simplement d'empêcher de nuire ?
Si punir, c'est pas bien
(c'est seulement de la vengeance) et dissuader, ça ne marche pas, il reste
empêcher de nuire (à nouveau = récidive). Sur un plan pragmatique, donc, il
s'agit de savoir ce qu'on fait d'individus avérés dangereux, c'est-à-dire qui
se sont livrés à des actes terroristes sur le territoire dont ils sont
nationaux. (Et peut-être – cas plus douteux – débarrasser aussi le
pays d'autres individus considérés comme potentiellement dangereux,
c'est-à-dire "radicalisés" soupçonnés ou avérés mais n'étant pas
passés à l'acte.)
On les met en camp, en prison ?
On manque de place, et, en prison, ils passeront leur temps à radicaliser leurs
voisins.
Cayenne ? Le bagne n'existe
plus depuis longtemps.
On les fusille comme "traitres
à la patrie" ? Pourquoi pas, puisque ce sont des ennemis ? Mais
on n'est pas dans une guerre au sens officiel "déclarée" de pays à
pays (cf. article précédent)… et, sur le plan civil, la peine de mort, ça ne se
fait plus non plus.
Alors si déjà, sur le petit
tas de terroristes confirmés, on a la possibilité d'en expédier quelques uns
(les dits binationaux) ailleurs, loin, dans l'autre pays dont ils ont la
nationalité, en les déchevant (déchoyant?) de la ci-devant nationalité française,
sans pour autant en faire des apatrides (ce qui est interdit par les lois
internationales tant qu'on n'a pas créé une Apatridie, un pays pour mettre tous
les apatrides), pourquoi s'en priver ?
Toujours sur un plan
pragmatique, c'est la seule efficacité de cette loi, elle est toute petite,
mais c'est déjà ça. Déjà ça de moins à gérer. Plus de problème moral, plus de
problème de prisons surbookées. Et plus de problème de procès qu'ils pourraient
utiliser, victimes starifiées, comme
tribune pour prêcher leur idéologie et lancer leur anathèmes, c'est classique.
Sinon, on peut toujours les
expédier en Corse.
(Quant à ceux qui
trouveront à juste titre qu'il y a trop de ON dans cet article, qu'ils sortent
leur grille d'interprétation personnelle, mais l'impersonnel de ce ON est tout
à fait volontaire et assumé. Le cynisme aussi.)
2 commentaires:
D'une part je ne suis pas du tout d'accord avec l'idée selon laquelle la nationalité serait une manière de nuire à autrui; à mes yeux c'est un contrat qui lie l'individu à sa communauté, et ce contrat n'est PAS résiliable, surtout pas pour non-respect. C'est EN TANT QUE NATIONAL que le traître= terroriste qui se revendique de la non-appartenance à la Nation doit être traité. Un contrat violé n'est pas, simplement, résilié.
D'autre part s'il s'agit d'empêcher de nuire, l'expulsion n'est pas une solution; seul l'emprisonnement à vie le serait. Et cet emprisonnement à vie n'a de sens que si on impose le maintien des obligations nationales. Pourquoi garderait-on hors d'état de nuire un étranger?
Je vous rejoins complètement Philippe, et je ne comprends pas trop qu'une bonne partie de la gauche soit à ce point contre cette idée. On nous ressort l'argument de "l'amalgame", comme si tous les musulmans ou tous les arabes devaient se sentir offensés par une peine qui ne touchera que quelques terroristes binationaux. Est-ce que la gauche ne prendrait pas tous les musulmans ou tous les arabes soit pour des cons, soit pour un ensemble homogène? Pour ma part, je suis persuadé que bien des arabes et ou musulmans français seraient ravis de se débarrasser des djihadistes en les envoyant dans un autre pays ou sur Mars, et loin des "quartiers" comme on dit.
Le seul problème, c'est que c'est pas très sympa pour le pays d'accueil. Et si tous les pays adoptaient la déchéance de nationalité, la Tunisie, pour prendre un exemple, pourrait nous envoyer des terroristes pendant que La France lui en enverraient d'autres. Ce serait juste un déplacement de problème.
Il y a cette phrase que disent souvent les musulmans à propos des djihadistes, qui a tendance à en agacer certains, car cela ressemblerait à une forme de déni: "Rien à voir avec l'Islam". Je pense qu'ils veulent dire par là que ceux qui tuent au nom d'Allah sont indignes de l'Islam. Hé bien, il y a peut-être de cela dans l'idée de la déchéance de nationalité - mais appliqué à un pays, en l'occurence le nôtre -. C'est un symbole qui dit tout bêtement que les terroristes ne sont pas dignes d'être Français. Bon, ça on le savait déjà, et les terroristes s'en cognent puisqu'ils détestent la France, mais la mesure, aussi inutile soit-elle, n'a rien de choquant à mon sens.
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