Notre société française, c'est un fait historique,
est d'origine chrétienne (les fameuses "racines chrétiennes" qui font
les Français "de souche" taillés dans le vrai bois de la vraie croix).
L'histoire récente (= la réalité présente) fait qu'elle doit faire de la place
pour une religion autre – l'islam. L'admettre, la tolérer ou mieux,
l'intégrer. (Dans ce "doit", il y a quelque chose comme "qu'elle
le veuille ou non", because "fait accompli", et une balance pas
facile entre l'accueil enthousiaste et la résignation…)
Et ce à un moment (historique) où cette fameuse
"origine chrétienne", on (de nombreux Français) croyait bien s'en
être débarrassé, sinon l'avoir oubliée, du moins l'avoir mise au rencart en
tant qu'archaïsme depuis les fameuses Lumières, la Révolution, la loi de Laïcité.
Notre société française moderne se veut définie comme laïque, dans le sens de "athée sur racines chrétiennes".
En bref, le religieux, on s'en fout… (pas tout le
monde, certes, mais ceux que je mets dans ce "on" se reconnaitront)…
… ou on s'en foutait jusqu'à ce que l'islam vienne
mettre les pieds dans le plat de la laïcité. Simultanément, le reliquat
chrétien de notre société s'est réveillé, ses racines poussant de nouveaux
rejets (aux deux sens), ou, pour varier les métaphores, a "repris du poil
de la bête" (« Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la
bête immonde »… si cette
citation de Bertold Brecht désignant le nazisme vous semble too much, contentons nous du voltairien
"l'infâme".) Si bien que c'est autant la part athée que la part
cureton de notre société qui se sent perturbée par cette intrusion de l'islam
en son sein même. Et avec un petit supplément d'irritation pour les athées qui
se voient emmerdés et par l'islam et par les reliques chrétiennes dont ils
s'étaient arrachés, non sans effort… et donc, en résumé, emmerdés par les religions quelles qu'elles soient,
les religieux de tout poil (de barbe), "la religion" dans son
ensemble et dans son principe même : le monothéisme, les monothéismes.
Surtout quand on constate que les hiérarchies de religions prétendues
différentes et antagonistes s'entendent en fait comme larrons en foire du trône
(de Saint Pierre). C'est que finalement, pour eux (comme pour nous – voir
article pénultième), le dogme, le contenu de la foi, ils s'en foutent : la
puissance est dans "la religion" en soi, tous sous l'égide du
principe monothéiste.
Sans
omettre les pratiques personnelles ou familiales. Qu'ils ne veuillent pas
manger de porc, fumer ou boire du vin, on n'a rien à dire contre ça, on peut,
au nom de la liberté, s'en foutre (sauf si on est éleveur, buraliste ou
vigneron… y a du manque à gagner). On peut même approuver pour raisons de
santé. Mais… la circoncision, l'excision, le bâchage des femmes, le patriarcat
machiste brutal, l'homophobie, la pédophilie, les archaïsmes médicaux (refus de
la contraception, des transfusions, des examens gynécos hommes), le jeûne du
ramadan imposé à des gamins de dix ans en pleine canicule, l'abattage des
animaux de boucherie sans anesthésie… et eux aussi anti-contraception
anti-avortement anti-euthanasie obéissant toujours à l'archaïque "croissez
et multipliez". J'en passe surement et je ne vise pas que l'islam, mais il
faut avouer que c'est lui qui fait le plus de bruit.
Un
certain nombre des pratiques religieuses dites privées ne peuvent pas, au nom
de nos valeurs athées, nous laisser indifférents et supposent donc un combat
(intellectuel).
C'est
que, oui, il y a des valeurs athées.
Les mêmes qui nous font combattre la torture, la peine de mort, le
cannibalisme, l'esclavage, les violences faites aux femmes et aux enfants, les
totalitarismes, les racismes… toutes pratiques qui ont toujours fonctionné main
dans la main avec les religions. (— Le cannibalisme, tu es sûr ?
— Ben… communier de la chair et du sang de Jésus, qu'est-ce que
c'est ? — D'accord, mais "bouffer du curé" ? —
Ça, j'ai arrêté, c'est indigeste.)
L'athéisme
est même la plus fière expression d'une éthique
bien supérieure aux morales, moralismes et moralités issues des religions.
Disons "une éthique républicaine, humaniste, universaliste" et n'en
parlons plus (pour le moment).
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