Rottweilers
mécaniques.
Ils sortent dans la ruée du ciel. Ils pleuvent comme
un rapace, tout taggés. Ils ont empaillés leurs pneus, se sont bourré le casque
de grenades incendiaires et les dégobillent à tout vent, ils pétrissent la
poigne d'accélérateur comme une sœur masseuse en furie vous empoigne le
quéquette. Ça vroome, ça craache-kalach, ça fuume et ça ne sait pas, comme des
bébés qui sonnent la charge. Ils font des trous dans l'air et dans les couilles
d'ozone. L'odeur de foutre, de foudre, de poudre et de sang brulé s'échappe de
leur trou du pot, laissant sur le bitume un long sillage de boudin. (Crame le
latex brut !) Ça puduku et les pots pètent, la fourche craque, la selle
empeste.
Comme un vol d'Ostrogoths hors du bordel natal,
barbares hurlants, ils foncent
à décorner les bœufs, mangeant les moustiques avec leurs dents de marbre, rotant du méthane à bouche que veux-tu,
rugissant comme des gares, emportant tout le vent sur leur passage. Un aigle
leur marche sur le dos. Les vautours ramasseront les miettes.
Ils s'embrochent aux vertèbres des réverbères,
déplacent les bornes, aplatissent
les platanes, s'éclatent kamikazes, foncent dans le mur et défoncent les
barricades mystérieuses. Les croque-morts décérébrés délibèrent en famille,
mais les gros cubes rient : les icônes en cuir ne se lamentent pas. Le
soir, ils vitupèrent comme une matière noire enflée. Puis ils s'endorment avec
rage dans leur cambouis et rêvent des chaos entropiques.
(Il y a des filles tatouées qui passent dans leurs
rétroviseurs. Certaines, et non des moindres, sont rousses – c'est troublant.
Mais il n'y a pas de canapés sous l'autoroute violentée. Leurs chemins cauchemars
mènent ailleurs, où des clowns hallucinés déballent des orages.)
•••
Ils prétextent la
liberté, se disent "moto verte" et viennent jusque dans nos bois
égorger nos vignes et nos drailles. Cambrioleurs cambrés, ils cabriolent sur les
décombres puis décampent en caracolant. Derrière eux : écureuils mazoutés, lièvres
incandescents, désert de steak tartare et gaz à effet de bière.
Finalement, baveux, gueules de fer, ils s'éclipseront à toute voile. Rentrez chez vous, grosmonautes !
Mais le mal est fait. S'ils reviennent, on sortira
les chiens de troupeau, les taureaux bramant, les vachettes enragées et les
sept mercenaires. On entubera leurs tubulures, on bridera leurs abattis
(au sens péjoratif), on leur coupera les rotules en quatre, on leur écrasera le
champignon, on grabugera leurs engrenages, on pendra leur boite de vitesses
entre le marteau et la faucille.
Pour en finir, on les parachutera sur Mars, terre
délétère. Ils y glisseront le temps. Ils iront par les chemins préhistoriques
étendre leurs chemises. Ils feront le dernier Dakar avec les robots de la Nasa.
Je ne m'atermoierai pas sur leur sort.
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