(LES AVENTURES APOCRYPHES
DE RUFUS TUCRU ET DE LOLA LOKIDOR)
Lola
moléculaire
Rufus Tucru adorait les femmes, au propre comme au
figuré. Mais surtout Lola.
Lola, jusqu'ici, pratiquait l'assassinat récréatif,
la charcuterie aléatoire, la discrimination furtive. Elle y réussissait plutôt
bien. Mais ce jour-là, elle fit une tentative de cuisine moléculaire. Sachant
que l'acte d'observation modifie l'objet de l'observation, il n'aurait pas dû
la regarder faire. Le résultat fut consternant. Consterné, il s'est rassis dans
son fauteuil comme un vieux bout de pain. Elle se mit à pleurer, son cerveau
rempli de cloportes. Il la prit dans ses bras pour la consolider. Le chat est
venu se pelotonner sur ses genoux. Elle l'a tricoté.
Plus tard, Rufus lui posa la question :
— Cette robe est géniale ! Et tu l'as tricotée
toi-même… Mais comment as-tu fait pour l'enfiler ?
— Je ne l'ai pas enfilée, je me la suis tricotée
directement sur moi.
— OK, je t'enverrai un accordeur de bretelles.
Procès
Rufus Tucru est sorti avec Lola Lokidor pendant six
mois, il lui a payé restaurants, hôtels, robes, voyages sur la côte…
Ils ont vu du pays, des
zones de guerre, des démolitions d'apocalypse, des cataclysmes flamboyants, des
scènes de cultes sur le Pont-Neuf, des nuits couleur myrtille, ainsi qu'un
petit diable à l'air constipé. Un serpent monétaire, monstre émeraude en
maraude, leur ouvrit les portes de Babylone, cité des enfants perdus.
Puis elle l'a quitté.
Il lui fait un procès pour escroquerie. (Il avait
gardé toutes les factures.)
•••
Lola, menacée d'un procès en chambre, pénétra
dans le bureau du procureur avec une robe fendue jusqu'aux oreilles.
Elle fut acquittée pour outrage à magistrat.
Philies
Atteint de zoophilie, Rufus
Tucru y combina la pédophilie. Il aimait (charnellement) des animaux, certes,
mais seulement les plus jeunes : poulets, agneaux, lapereaux, chatons…
Plus tard, il y ajouta la nécrophilie : il n'aimait que les bébés lapins morts.
Après ça, il envisagea de s'attaquer aux fantômes mais les lapins et autres
étaient nés sans âme, selon l'édit du Vatican de 1493. Il abandonna ce projet
et se convertit au Rosicrucisme (sans épines, sinon ça fait trop mal).
Il échappa de peu à l'haltérophilie,
une maladie sexuelle qui pousse à baiser des haltères mais céda à la
moissonneuse-batteusophilie. Il appelait la sienne Georgette. Il l'enculait en
plein champ sans OGM.
Arrivé à 60 ans, il
retourna sa caméra contre lui et filma sa propre mort.
Comme il se rendait à la
morgue en stegway™, une femme dénuée de tout système pileux lui barra le
passage avec ses huit seins surabondants. Il slaloma entre eux et passa outre.
D'après l'autopsie, il
était évident que la mort avait été provoquée par n'importe quoi.
Les grenades
ne s'en font pas
(Ce jour-là, Rufus Tucru et Lola Lokidor combattaient
des talibans.)
Lola Lokidor croisa les bras sur sa poitrine,
enfilant les mains dans son soutien-gorge, la droite dans le bonnet de gauche
et vice-versa. Elle les en ressortit armées de deux grenades qu'elle s'empressa
de balancer sur leurs assaillants, renvoyant express à leurs chères études
coraniques une bonne douzaine de talibans.
Bizarrement, ceci fait, sa poitrine avait récupéré
tout son volume précédent. « Mais combien de grenades a-t-elle encore en
réserve là dedans ? » pensa bêtement Rufus Tucru.
Aucune, en fait, elle le lui prouva le soir même dans
la chambre d'hôtel quand elle dégoupilla son soutif en deux temps trois
mouvements et que ses nibards lui explosèrent la vue comme un seul homme.
« La vraie beauté est intérieure », pensa-t-il bêtement. Ce qui restait,
faisant volume, c'était du vrai, pas du siliconé.
« L'élasticité de la chair mammaire m'étonnera
toujours », pensa-t-il pas si bêtement que ça.
— Soyez tranquille, lui avait dit le réceptionniste
avec l'accent andalou, l'hôtel est sous vidéosurveillance.
— Pas les chambres, quand même ¿!
— Surtout les chambres !
paru dans Psikopat 241
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