La différence de degré peut être analysée en partant de la quantité (de
neurones et de connexions). Un certain seuil quantitatif entraine un changement
qualitatif. C'est là qu'on peut parler d'émergence.
La
culturation (toujours en cours) passe essentiellement par le langage.
Le langage est une émergence. Au cours de l'évolution de
l'espèce humaine est apparu un programme génétique pour le langage (oral seulement :
l'écrit, il faudra l'inventer de toutes pièces). C'est sans doute le principal
moteur de la culturation des hommes. Ça ne veut pas dire que le langage
apparait d'un coup, tel Athéna surgissant tout armée du crâne de Zeus. Ce qui
apparait d'un coup (peut-être) c'est la mutation qui ouvre la possibilité du langage, la faculté.
Ensuite, il faut les tentatives, les essais, les répétitions, l'entrainement,
la mémorisation, et s'y reprendre à maintes reprises. Dans la mesure où il
s'agit de communication en groupe, forcément en groupe, on peut supposer que ça
évolue relativement vite, puisque aller-retour, demande-réponse, mimétisme,
répétitions… et intégration par deux biais simultanés : la parole (mouvements
de la langue, des lèvres, du larynx…) et l'écoute, le fait d'entendre. Boucle émission/réception. Sans oublier
que ça s'appuie sur une gestuelle préexistante.
Il faut sans doute penser l'acquisition et le
développement du langage en relation avec le feu et les techniques, déjà
évoquées plus haut avec la fable de Prométhée. Avec le mimétisme (qui existe
déjà chez les animaux), c'est le langage, essentiellement, qui permet les
échanges, la coopération, la transmission et l'évolution du savoir et des
techniques, l'éducation. C'est un acquis qui permet l'acquis. Qui permet
l'advenir du nouveau – sans cesse. (Ne jamais oublier le collectif : les
hommes sont essentiellement sociaux – transmission horizontale. Ne jamais
oublier le temps : le culturel c'est la transmission – verticale – à
travers les générations. Peu importe, au fond, que ça passe par les gènes ou la
parole et l'exemple. L'invention de l'écriture/lecture multipliera cette
possibilité de transmission dans l'espace comme dans le temps.)
La maturation des humains (espèce comme individus) est une
fabrication lente, et non un cadeau de la bonne fée nature penchée sur leur
berceau. Chez l’individu homme, ce qui est "naturel", reçu à la
naissance, donné, est en fait déjà de l’acquis, l'acquis multimillénaire de
l'espèce, le résultat d’un long processus de cérébralisation et de juvénilisation.
(En quelques mots : des petits à grosse tête, pour s'extraire de la
matrice maternelle, doivent naitre "pas finis" et continuer leur
développement physique à l'air et vulnérables, donc rester au sein du groupe
nourricier, protecteur, éducateur. Et ça prend au bas mot une dizaine d'années
chez les peuple primitifs et peut-être une trentaine chez nous – c'est qu'il y
a beaucoup plus à apprendre. On est loin du petit de girafe qui nait dans une chute
de trois mètres, se relève et se met à brouter.)
(A SUIVRE)
(A SUIVRE)
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