« La
nature, c’est ce qui n’a pas été produit de la main de l’homme. »
C'est une définition un peu simplette, mais suffisante
pour l'usage quotidien.
Pour définir la place de l'homme dans la nature, il faudrait
d'abord définir l'homme, peut-être… Son essence ou du moins sa spécificité par
rapport aux autres espèces, même les plus proches. Et comme dire
"l'homme", ça pose encore plus de problèmes sémantiques et
conceptuels que de dire "la nature", je vais commencer par dire
"les hommes", ou "les humains", ou "l'humanité",
et le plus rarement possible – quand il s'agit du concept –
"l'homme".
La question n'est pas tant de savoir ce qu'est l'humain, ou l'animal, ou la nature, comme si l'on
pouvait en avoir une connaissance absolue, mais comment penser l'humain, ou l'animal, ou la nature.
Le
culturel est le propre des hommes.
Le petit d'homme nait dans un état d'immaturité
anatomique et biologique (on parle de néoténie).
Il dispose de peu d'instincts. Sa maturation se fera essentiellement par
l'éducation. Pour faire image, on peut se reporter à la légende grecque de
Prométhée : son frère imprévoyant Épiméthée gaspille sur les animaux
toutes les qualités physiques favorables à la survie. Il n'a plus rien pour les
hommes. Prométhée, pour compenser, leur donne le feu, c'est-à-dire ce qui permet
les activités de transformation de la nature. Arts et techniques : outils, cuisson, habillement… Le handicap de départ est
devenu un aiguillon et même un avantage : si les hommes veulent survivre,
il doivent se doter des armes que la nature ne leur a pas données. C'est une
des bases de la culture.
Ce n'est pas pour autant que l'humain
"sortirait" de la nature, s'en
arracherait : il apprend à la travailler, à la perfectionner pour son propre
usage et, ce faisant, il se travaille lui-même, se perfectionne. L'humain, s'il
est doté de quelque chose, c'est de la faculté de perfectibilité (n’étant rien
de défini au départ, il peut, jusqu'à un certain point, tout devenir) alors que
l’animal est prisonnier de son essence : fixité de l’instinct (jusqu'à un
certain point, puisqu'on commence à savoir que certains animaux vivent en
société, échangent, apprennent, fabriquent des outils et transmettent les
apprentissages).
Alors,
différence de nature ou différence de degré entre l'humain et l’animal ?
La culture est-elle bien la propriété distinctive de l'humain ?
(À SUIVRE)
1 commentaire:
"Le petit d'homme" AAAAAARRRRGH ! Au secours, Albert Jacquard est de retour !
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