On
a aimé le drapeau noir des anarchistes. Il faut maintenant détester le drapeau
noir des daech-djihadistes. Et se mettre ou se remettre à aimer le mal aimé
drapeau français, le "drapeau tricolore" bleu-blanc-rouge. Peut-être
faudrait-il en rappeler et revivifier le symbolisme. L'origine de
ces couleurs est racontée sur le site de l'Elysée.
À la Révolution Française, la cocarde
bleu et rouge, couleurs de la ville de
Paris, fut adoptée par la Garde Nationale, milice populaire née lors des
premiers soulèvements de 1789. La Fayette, quelques jours après la prise de la
Bastille, aurait conseillé à Louis XVI de porter cette cocarde pour se faire
bien voir du peuple, mais quand même en y ajoutant au centre la couleur de la
monarchie, le blanc, afin de marquer « l'alliance auguste et éternelle entre le
monarque et le peuple ».
Le drapeau tricolore se met au point
dans les années suivantes, d'abord pavillon des navires puis drapeau national.
La légende veut que ce soit le peintre Louis David qui ait décidé de l'ordre des
couleurs.
En bref, ce
serait donc les couleurs de Paris + le blanc royal. Après, on peut plonger dans
le symbolisme des couleurs, chercher les archétypes qui s'y cachent ou s'y
révèlent : dans le rouge il y a le sang et le feu, bien sûr, donc les
passions – révolte, violence, mais aussi amour. Dans le blanc la lumière,
donc la pureté, la transparence. Dans le bleu, la profondeur du ciel, l'infini
(quoique le bleu drapeau soit beaucoup plus compact que l'azur translucide du
ciel), et donc symbole divin… et donc aussi monarchique (blason des rois de
France)… et donc finalement, "de droite" : les Chouans étaient
bleus (de peur ?), les révolutionnaires étaient rouges (de rage ?).
On en est resté là : bleue, la droite, rouge la gauche… Et le blanc serait le
neutre, l'abstentionnisme, le vote blanc ? Mais il est aussi
"candide", donc la couleur du candidat,
celui qui n'est pas encore engagé et est prêt à s'orienter à droite ou à
gauche.
Pour ma part,
j'ai le souvenir, étant gamin, de mettre mon nez dans les énormes Larousse du
XX° siècle et leurs somptueuses pages de drapeaux. Et le bleu-blanc-rouge ne me
plaisait pas. J'avais sans doute déjà certains gouts picturaux, qui me
faisaient préférer le noir-rouge-jaune (à l'horizontale) allemand ou le vert-blanc-rouge
italien… et puis le parfait rond rouge sur fond blanc japonais. (C'est
relativement étrange, parce que mon enfance, c'était au sortir de la guerre de
40… et que ces trois là étaient nos ennemis… Bon, j'aimais aussi le somptueux stars and stripes américain, la croix
blanche de la Suisse neutre et son avatar en Croix Rouge secouriste…) Je me
rappelle aussi que quand on dessinait des avions, entre frangins, on avait
toujours une hésitation pour les cocardes des ailes : l'anglaise comme la
française était bleu-blanc-rouge… mais réparties comment, déjà ? Rouge au
centre pour les Anglais, rouge à la périphérie pour les Français, donc,
question surface, beaucoup plus de rouge ! (Je viens de vérifier sur
Internet, ouf, j'ai bon.)
Et donc et
donc et donc… maturité (graphique et autre) venue, qu'en faire, de ce
drapeau? La cocarde me plait toujours bien de même que Marianne et le
bonnet phrygien, et les trois couleurs exploitées sous forme de rayures
m'amusent, comme jeu graphique et comme jeu avec le symbole. (Parce que le
dessin, c'est du jeu, vous savez…) Et puis, même s'il fait chier, le drapeau, avec
le nationalisme qui y est attaché, faut-il le laisser au FN et aux Répus ?
Par contre
jamais au grand jamais, je ne le dirai "sacré".
Quant à La
Marseillaise… Hum… Depuis longtemps je milite pour qu'on en change les paroles.
Mais maintenant…? OK, pas question de jour de gloire et de sang impur, mais ne
voit-on pas justement l'étendard sanglant de la tyrannie levé contre
nous ? Et ne viennent-ils pas jusque dans nos bras égorger nos fils et nos
compagnes ? Les combattrons nous avec du Jacques Brel ?
Dessin de 2011 pour le tome 3 de "En chemin elle rencontre",
collectif sur les violences et inégalités faites aux femmes (Des ronds dans l'O).
On peut remarquer que pour la cocarde, je me suis gouré.
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