mercredi 24 février 2010

On lance un petit caillou, comme ça…


LO N° 359 (23/02/10)

… et ça fait des ronds dans l'eau…

Depuis quelque temps, je suis abonné au Monde version électronique sur Internet (lemonde.fr). Ce qui m'a décidé, c'est, je crois, un basculement assez récent de la rédaction en direction de la conscience écologique, de la confiance aux thèses du GIEC sur le réchauffement climatique, en particulier avec la présence récurrente d'articles d'Hervé Kempf.
Depuis peu, tout abonné peut avoir une "page personnelle" sur lemonde.fr, page où se retrouvent automatiquement les commentaires et réactions qu'il a pu déposer à la suite d'articles du journal, où il peut recommander des articles par un lien (et pas uniquement des articles du Monde, mais ce qu'il veut n'importe où sur la toile), et publier des chroniques. Ces chroniques sont modérées, c'est-à-dire acceptées ou refusées par la rédaction ; si acceptées, elles apparaissent sur le site sous la rubrique "Chroniques d'abonnés" et peuvent susciter des commentaires, comme n'importe quel article. (Il y a des blogs d'abonnés, aussi, c'est autre chose.)

J'ai donc publié ça, ce samedi 20, sous le titre "Les négationnistes climatiques" (Surtitre : "Et même si ce n'était pas de notre faute…") :
Il y a une certitude sur le réchauffement global (fonte des glaces, etc.), mais, je peux l'admettre, une incertitude sur notre responsabilité dans l'effet de serre. Un certain nombre de scientifiques (semble-t-il sérieux), à l'observation des carottes glaciaires (celles qui nourrissent les lapins de l'Antarctique ?) disent qu'il semble bien que, dans le passé, la prolifération de CO2 dans l'atmosphère ait suivi (et non précédé) les périodes de réchauffement global. (Ce réchauffement étant lié à l'activité solaire et aux variations de l'orbite terrestre). Admettons. Évidemment, ça nous arrange : nous, Terriens industrieux, ne serions pas responsables – OUF !
Pour ma part, en dehors de toute question de culpabilité, d'autoflagellation, et en dehors des arguments scientifiques (je fais confiance au GIEC, mais c'est juste un choix intuitif : je ne suis pas plus climatologue que Claude Allègre), j'ai deux arguments pragmatiques (qui n'en font qu'un, en fait) :
– le principe de précaution : même si ce n'est pas une certitude absolue, et étant donné l'enjeu, s'il y a une seule chance que nos activités soient responsables, alors agissons sur ce point.
– argument connexe : si c'est la faute conjointement au soleil, aux variations d'orbite terrestre, au volcanisme ET aux activités humaines, quel est LE point sur lequel nous pouvons influer ? Uniquement les activités humaines… donc au boulot… (Économies d'énergie avant tout.)
Et puis finalement, cette production humaine de CO2 (et autres gaz à effet de serre) m'apparaît comme le résumé de tout notre mode de vie fondé sur la surconsommation de tout (ressources naturelles, espace et temps). Donc, même s'il s'avérait faux qu'une réduction de nos émissions de CO2 empêchât le réchauffement de continuer, ce serait au moins un bon prétexte pour entrer dans une vaste démarche d'économies d'énergie, de pétrole, de charbon, de plastique, de produits chimiques, pesticides et autres, de consommation de viande, de déforestation, de "production" de déchets, d'accélération de la vie quotidienne, de guerres, etc.
Et ça, ça serait déjà pas mal !

C'était à la suite de quelques articles de ces derniers jours, parlant de la grande confusion qui règne actuellement sur la question du réchauffement climatique et de la responsabilité humaine. Hiver trop froid, bugs ou tromperies dans certains rapports du GIEC, semi-échec de Copenhague, démission de Yvo de Boer (secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique). Confusion, dis-je, et même montée en puissance des arguments des négateurs. J'ai déjà pas mal parlé d'eux dans les Lettres Ouvertes (N°334 et 5 en particulier) http://philippe-caza.blogspot.com/
Sur Le Monde, j'ai eu une douzaine de commentaires, négatifs, positifs ou hors-sujet, mais peu importe : ça sert à nourrir la réflexion, à la pousser un peu plus loin, à préciser sa pensée. Et puis ça m'intéresse, entre autres parce que là, ce sont des inconnus, pas mes amis Facebook ou les fans de la LO ou de mon blog, qui, a priori, sont sur la même longueur d'onde que moi – j'aime bien, c'est toujours agréable de recevoir des compliments, mais j'ai rarement des contradicteurs… Par ailleurs, sur Le Monde, j'ai l'impression d'avoir des gens corrects, maniant la langue française et l'orthographe plutôt que l'insulte, comme ça se voit sur pas mal de forums.


Forums
J'en profite d'ailleurs, quitte à plomber l'ambiance ou à faire le prof', pour quelques remarques sur le fonctionnement des forums en général, ou des listes de "réactions" : sur un forum, du moins tel que je le comprends, un thème est donné et chacun s'exprime sur le thème d'abord puis, au besoin, réagit aux expressions des autres, c'est censé créer un dialogue, c'est bien, mais souvent le débat part en vrille… jusqu'au moment où l'administrateur juge que ça va comme ça. C'est le jeu ? Ouais… bof… ça explique en tout cas que je fréquente peu les forums, pas plus que les comptoirs de café du commerce, même si j'adore les "brèves ce comptoir".
Par contre, quand on est dans les "réactions à un article" (ou "commentaires", ou "réflexions sur-", je préfère ces termes, parce que je n'aime pas beaucoup le côté superficiel des "réactions" type micro-trottoir populiste ou bien journaliste qui demande à un homme politique, suite à un fait quelconque : « Quelle est votre réaction ? » comme si c'était un avion – culture de l'immédiat irréfléchi, de l'émotion "à fleur de peau" – j'aimerais qu'on leur demande plutôt leurs réflexions et les actions qu'ils envisagent)… donc, suite à un article (ou un dessin), je considère que les commentaires devraient rester courtois (même si déconnants) mais rester aussi autant que possible en référence à l'article. J'avoue que j'ai été bien élevé et, d'une certaine manière, ça me choque de voir les commentateurs se mettre à discuter ou s'engueuler entre eux, comme si l'auteur de l'article n'était plus là. C'est ce que j'appelle "partir en vrille". C'est ce qui m'a fait, une fois, sur Facebook, clore une discussion et effacer les posts, avec l'idée (peut-être un peu dictatoriale ou moraliste, mais tant pis) que ma page FB, c'est "chez moi" ! Je crois que je supporte qu'on m'insulte mieux que de voir les visiteurs transformer mon salon en cour de récré sans pion…
Tout ceci sans vouloir vous empêcher de réagir (commenter). Parce que, ici aussi, que ce soit par des mails personnels ou sur Blogspot, les commentaires doivent me servir à prolonger ma réflexion (exploitation des amis lecteurs).
Bon ça suffit avec ça ! Et à suivre.



vendredi 5 février 2010

POILS, POILS, POILS…


LO N° 358 (04/01/10)

POILS
Ce soir vendredi 5 février un docu sur France 4, "Tous à poils", fera la part belle à cette belle part de notre anatomie : les poils. Pourquoi on les enlève, pourquoi on les garde… peut-être seulement anecdotique et fun… on verra.


D'après la bande annonce, il y aura des interventions du MIEL et de leur manif "L'été sans épilation".
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Connaissez-vous le MIEL ?
Voici son manifeste.
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http://www.ecologielibidinale.org/fr/ese/miel-com5ese-fr.htm
Mouvement International pour une Ecologie Libidinale (M.I.E.L.)

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Entrer en résistance
"Soyez gentils, tolérez les différences" : un point de vue lénifiant et réducteur pourrait interpréter ainsi le combat en faveur de la pilosité naturelle et contre la discrimination des personnes qui conservent leurs poils. Mais nous serions alors bien loin des enjeux profonds de "L'été sans épilation".
Car si la tolérance voudrait que "chacun fasse ce qui lui plaît", l'épilation n'est que rarement un "choix personnel". S'épiler, c'est se conformer à une puissante norme sociale, dont les origines sont à chercher tant dans l'intérêt économique de l'industrie cosmétique que dans la volonté de domestication des esprits et des corps. Tout écart à la norme est sanctionné par un contrôle social exercé par ceux-là même qui s'y soumettent. En témoigne le fait que tant de femmes n'oseraient en aucun cas se montrer non épilées. Comment alors affirmer que l'épilation est un choix personnel ? Cette contradiction entre le sentiment diffus de la pression sociale et l'affirmation que l'épilation est le reflet de notre "goût" et de notre "personnalité" est le propre de ce que l'on appelle l'aliénation.
L'aliénation, c'est une soumission qui s'ignore en tant que telle. C'est être esclave en se croyant libre. C'est aider l'oppresseur à nous opprimer. Ainsi la personne aliénée voit dans ses propres conduites de soumission (ex : l'épilation), l'expression de sa liberté personnelle et
en même temps elle légitime et relaye la pression sur ses semblables.
Or la question du poil est une de celles où se révèle une aliénation d'autant plus profonde qu'elle touche l'intimité. Ce sont tout à la fois notre rapport au corps, notre rapport à la sexualité, et notre rapport à la nature, qui sont aliénés. Et l'enjeu de "L'été sans épilation" est bien de lutter contre cette aliénation généralisée qui témoigne de l'inquiétante évolution de notre société vers le totalitarisme.

Le simple fait que l'on n'ose pas se montrer avec ses poils est une raison suffisante pour les garder : c'est une question de santé mentale et politique. Il s'agit en effet de vaincre la peur qui paralyse l'action. Ainsi une personne qui prend conscience de ce qui la détermine objectivement à s'épiler, et, plus encore, qui prend la décision de refuser que le sort de sa pilosité échappe de la sorte à son libre-arbitre, entre en résistance. En effet c'est par la réappropriation de l'intime que commence la résistance politique. Le refus de l'épilation se construit ainsi comme acte politique.
Prenons conscience du fait qu'il existe encore en matière de poil un espace de liberté : il est légal de se montrer en public avec une pilosité visible. Ces libertés que l'on n'ose plus prendre, nous devons justement les prendre pour qu'elles continuent d'exister légalement. Le courage que cela nécessite, c'est celui dont nous avons besoin pour résister et pour reconquérir toutes les libertés perdues.
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Je l'ai trouvé sur l'un des blogs du photographe RenéD
http://lesrondssouslesbras.blogspot.com/?zx=d3bfc895b54eaf53
où sont cadrées dans des ronds de multiples photos de poils, surtout sous les bras, y compris chez des "célébrités"..
Attention. Le blog s'ouvre sur un avertissement de Google :
# Avertissement sur le contenu : Certains lecteurs de ce blog ont contacté Google car ils pensent que le contenu de ce blog est inacceptable. #

… Avertissement qui confirme bien que, pour beaucoups, le poil n'est pas politiquement correct. (J'ai mis un s à beaucoup exprès, parce que y en a beaucoups).

Recommandé aussi, un vrai site de fille "à poils" : Hippie Goddess.
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Ce que je trouve de particulièrement intéressant, au delà du poil lui-même, c'est plus globalement les questions tournant autour du corps, de sa beauté ou de ses imperfections, de la libido, du sexe, de l'exhibition……
Et aussi, du coup, question d'actualité : "Épilation et burqa, même combat ?"
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Dessins :
Deux pages extraites de "Les Mois sont de papier / 03" (Le Pythagore)
Et une du portfolio "Amazones" (Le Pythagore aussi)





FRÊCHE


LO N°357 (02/02/10)

Tiens, je vais faire un truc bizarre : je vais prendre la défense de Georges Frêche.
(Pour qui ne serait pas au courant, il a dit « Fabius, je ne voterais pas pour ce mec, il a une tronche pas catholique. »)
D'abord il ne faut pas prendre l'expression "pas catholique" ou "pas très catholique" comme en rapport avec la religion, donc stigmatisant (comme on dit, et dans ce cas ça s'applique parfaitement !) les origines d'un autre, en l'occurrence origines juives. "Pas catholique", expression figurée et familière, ça veut dire "suspect, douteux, sujet à caution… qui suscite la méfiance". (Ça a peut-être, historiquement, des origines datant des guerres de religion, mais c'est passé dans le langage courant en se détachant de ces origines.) Ce n'est pas plus "religieux" que étouffe-chrétien…
Pour ma part, Fabius, je lui ai toujours trouvé une "tronche" suspecte… Et je ne savais même pas qu'il avait des origines juives, et à vrai dire, je m'en fous ! Ce n'est pas un critère. Il pourrait être né papou, témoin de jéhovah ou bouddhiste que ça n'y changerait rien quant à mon appréciation. Et c'est là que la réaction du PS est perverse et contre-productive : c'est eux qui mettent en évidence que Fabius est d'origine juive, et donc risquent d'enclencher dans un recoin de nos têtes le mécanisme de méfiance non plus appliqué à sa "tronche" ou à sa personnalité et son action, mais à son origine. (Dans la mesure où, dans un coin de la tête, beaucoup d'entre nous avons un potentiel d'antisémitisme ordinaire, primaire, question d'empreinte liée à la famille, l'histoire personnelle et l'Histoire tout court. – Je parle pour moi, en tout cas, né en 1941…)
À force, ce genre de fonctionnement médiatico-politique aberrant nous enfonce dans la confusion. Conjuration des imbéciles et terrorisme de la bêtise. Bientôt, plus personne ne pourra dire quoi que ce soit sans risquer d'être accusé de (liste non exhaustive) antisémitisme, racisme, islamophobie, fascisme, etc. (plein de etc.…)
On fait passer une phrase vulgaire dans la forme mais anodine quant au sens pour un brûlot raciste ! C'est débile.
C'est ainsi que, sur l'Internet, on gagne des points Godwin.
(La loi de Godwin est un adage venu des utilisateurs de Usenet, avant Internet, énoncé en 1990 par Mike Godwin : Plus une discussion sur le réseau dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison invoquant les Nazis ou Hitler s'approche de 1. Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin. En jouant sur le mot point, le point Godwin sera aussi le mauvais point attribué au participant qui aura permis de vérifier la loi de Godwin. On estime alors qu'il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent. Discussion terminée.)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin

Bon, le PS voulait se débarrasser de l'encombrant Frêche. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Qui veut éliminer son adversaire politique l'accuse de racisme, antisémitisme, lepenisme, fascisme, etc. Classique.
Frêche, grande gueule, oui, soupe-au-lait, oui, familier des dérapages verbaux, oui. Raciste, non. Son comportement régional depuis longtemps dans l'accueil tant des harkis que des pieds-noirs que des immigrés en général, ainsi que envers les gitans… ami d'Israël… est là pour le prouver. Bien entendu, la presse ou les adversaires s'empressent de sortir une phrase de son contexte et on finit par résumer les choses en des formules lapidaires : « Frêche considère les harkis comme des sous-hommes », « Frêche considère qu'il y a trop de noirs dans l'équipe de foot », « Frêche reproche à Fabius sa tronche de juif ». (Tiens, ça me rappelle l'affaire Siné-Val !)
Moi aussi, en écoutant les infos, et n'ayant aucune sympathie pour le bonhomme, je me suis d'abord offusqué, lors de l'épisode des "sous-hommes". Et puis j'ai eu quelques infos sur le contexte. Et puis un ami qui me veut du bien m'a donné le livre "L'assassinat raté de Georges Frêche", d'Alain Rollat (journaliste, ancien du Monde, entre autres). Remarquable travail de décryptage de la sphère médiatique autour d'un véritable cas d'école. Ce qui n'empêche ni l'auteur ni moi de considérer le terme "sous-homme" comme odieux et impardonnable. Les HP (hommes politiques, pas hôpitaux psychiatriques…) devraient avoir plus de tenue et de retenue, de contrôle (Cf. Chirac, Hortefeux, Morano, Sarkozy, etc.… Je dirais même que, dans leur position – publique, par définition, et responsable – c'est un devoir.)
Mais bon, passé un certain âge, on a des fuites… Ou on a ce que je soulignais un peu plus haut, ce réveil, sous l'effet par exemple de la colère*, de ce petit démon raciste caché dans un coin de la tête depuis que telle ou telle empreinte infantile l'a installé là. On connaît ça, non ? L'engueulade entre un blanc et un noir qui passe du niveau individu à individu au niveau raciste, quand le blanc, à court d'arguments ou d'insultes personnelles, va sortir "sale nègre !" (C'était très lisible dans le film "Collisions", par exemple). Ou vice-versa. Et là, il est grillé. Même si toute son attitude dans la vie, toute son action politique disent le contraire, le montrent irréprochable (sur ce plan).
Mais qu'est-ce qui définit un homme, un individu ? son attitude et son action conscientes, volontaires, organisées, ses actes, ou la réaction primaire surgie ponctuellement du fond de son cerveau infantile, voire reptilien ? Qu'est-ce qui est le plus vrai ?
Il n'y a pas de "vraie nature". Les deux (et plus) sont "vraies" et fondent une personne, dans son intérieur comme dans son extérieur. Pour ma part, je privilégie le conscient et les actes réels, contre cette sorte de "romantisme du spontané" psy qui fait dire « il a laissé parler sa vraie nature ».
(* ou de l'alcool, si on pense à certains dérapages du même genre chez Siné…)


Et dans la foulée, je vais défendre les blagues racistes (dans certaines conditions).
(Ceci pour prolonger ce que je disais un peu plus haut, d'une part sur les hommes publics qui devraient un peu mieux tenir leur langue, d'autre part sur ce petit démon qui se réveille à l'occasion).
Quand une personne privée, en privé (famille ou groupe d'amis) sort une connerie style Hortefeux ou Frêche, ça ne mange pas de pain. On va qualifier ça de second degré, mais je suis le premier à dire que cela ne règle pas la question : le second degré a bon dos, il permet trop souvent de sortir les pires saloperies sous couvert de –.
On a (presque) tous en soi cette tendance raciste ou xénophobe. On la dit facilement instinctive, c'est pratique pour se dédouaner (« C'est pas moi, c'est mon instinct. »). Un de ces jours on va même sortir le gène du racisme (« C'est pas moi, c'est mes gènes. ») En réalité cette tendance, comme bien d'autres, est sans doute culturelle, mais c'est du culturel "oublié", c'est-à-dire passé au niveau sous-conscient. Pas "inconscient". L'inconscient, invention discutable de Freud, a bon dos lui aussi. (« C'est pas moi, c'est mon inconscient. ») Je préfère la notion de "ça" ou de "ics" (X). (Cf. Groddeck "Le livre du ça"). (Et finalement, c'est quoi, moi ?)


La question est : qu'est-ce qu'on en fait ?
– Soit on l'exprime premier degré au comptoir du café du coin, en beauf' pas complexé.
– Soit on le refoule à mort et on choppe un cancer, ou bien ça sort tout seul sous forme de lapsus ou d'acte manqué (sous l'effet de l'alcool ou de la colère, comme déjà souligné… ou d'une sorte d'"inattention au présent"… disons un trouble quelconque.)
– Soit on le sublime en développant volontairement l'attitude opposée à cette pulsion que, consciemment, on juge mauvaise. Souvent ça mène à l'angélisme ou au moralisme. On pourrait qualifier ça de "défoulement par le haut". Mais si ça s'exprime dans une attitude morale (non moraliste : la morale s'adresse à soi-même, le moralisme aux autres) et dans des actes positifs, il n'y a pas de mal à ça, il n'y a pas à considérer cela comme une hypocrisie (ce qui serait du moralisme ; je préfère rester sur le plan de la psychologie et de la morale, c'est-à-dire des actes réels sociaux).
– Soit encore on l'exprime avec humour et en compagnie de personnes choisies (de confiance), y compris des personnes concernées (cibles) par ce racisme (noirs, juifs, arabes, pédés, etc.…), du moment que ceux-ci sont des amis, c'est-à-dire qu'une certaine complicité ou connivence est déjà établie. Ce qui nous ramène à la situation "en privé", et à la définition de Desproges :  « On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. » Là, il ne s'agit plus de lapsus révélateur issu d'un subconscient nauséabond (on dit toujours "nauséabond", dans ce cas), mais, en quelque sorte, de "lapsus volontaire". L'expression est auto-contradictoire, certes, mais elle signifie : « Je sais que j'ai en moi un fond de racisme ordinaire, primaire, bête et méchant… je dois l'exprimer sinon ça pourrit en dedans… alors je l'exprime dans l'humour… et en connivence avec toi, qui en es la cible, parce que je sais que tu comprendras, que tu es capable de me rendre la pareille… je ne ris pas de toi, mais avec toi. » Ce qui veut dire qu'il ne s'agit plus d'un simple défoulement, mais d'un travail conscient sur, justement, ce racisme profond, dit instinctif (refoulé). Et, qui plus est, un travail en commun, collectif.

Bien entendu, les HP ne devraient se permettre cela que dans les mêmes conditions de "privé". Conditions qui n'existent pratiquement pas pour eux, surtout depuis quelques années : il y a toujours quelque part dans le coin un micro qui traîne, une caméra ou un "ami" pourvu d'un téléphone portable. Partant de là, un HP, se sachant exposé, et même surexposé, doit maîtriser sa parole. S'il ne le fait pas, c'est soit qu'il est teubé, soit qu'il fait de la provoc. Alors, s'il en prend plein la gueule en retour, il ne doit s'en pendre qu'à lui-même.
Et tout cela ne me rend pas Frêche plus sympathique. Le PS et Fabius non plus.

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DÉCRET ET DÉCHETS


LO N°356 (01/02/10)

LE DIEU RÂD RÉPAND SES EXCRÉMENTS PARTOUT (Autocitation du Monde d'Arkadi)
En bref :
Le gouvernement a décidé d'autoriser par décret le recyclage des métaux, plastiques et gravats issus du démantèlement d'installations nucléaires, de manière à s'en servir à la fabrication de ciment ou d'acier. Ce décret permettra de recycler des millions de tonnes de  rebuts radioactifs, dont l'industrie du nucléaire ne sait pas quoi faire  (exemple : ce qui se passe actuellement avec le démantèlement de la centrale de Brennilis, en Bretagne).
Constituant une dérogation à l'interdiction prise en 2002 d'interdire le recyclage de ces déchets nucléaires dans les produits de construction et les biens de consommation, ce décret va permettre de disséminer sur le marché des objets de consommation courante contenant des matières faiblement radioactives. On verra également des vélos, des voitures, des maisons, etc, réalisés avec des matériaux issus de ce recyclage.
En détail :
http://www.criirad.org/mobilisation/5mai2009.html

Où l'on trouve tout ce qu'il faut pour protester auprès des ministres concernés. (Ou des sinistres consternés…)
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Illustrations pour "Le Troupeau aveugle" de John Brunner (J'Ai Lu 1981)