mardi 24 février 2009

GRAS

LO 282 (mardi 24 - gras - 02/09)

Juste un petit dessin pour mardi gras



Ainsi qu'une annonce : SURVEILLEZ VOTRE KIOSKE À JOURNAUX OU MAISON DE LA PRESSE
DEMAIN MERCREDI, JE SUIS DANS SINÉ-HEBDO
(avec un dessin que vous avez déjà vu dans la LO N° 279, mais là, ça sera en grand, et sur du papier !)

samedi 21 février 2009

ZAPPING DU VENDREDI

LO N°281 (20/02/09)

« Vache qui rit vendredi, dimanche ira à l'abattoir. »



DALO
"Droit au logement opposable"… Qu'est-ce que ça peut bien être, un "logement opposable"…? Une maison aux antipodes ? Un siège au PS ?

PARSA
"Plan d'action renforcé en direction des personnes sans abri", ai-je entendu… Après recherche furtive sur un site .gouv, c'est l'action qui est renforcée et non le plan. La définition donnée est "Plan d'action renforcée pour les sans-abri". Evidemment, politico-médiatiquement correct obligeant, il vaut mieux parler de "personnes sans abri"…
Mais une personne, avec ou sans abri, est-ce quelqu'un ?

ML = Mal logé…
SA = Sans abri…
SDF = Sans domicile fixe…
SDDT = Sans domicile du tout…

… 100.000 SDF.
Le 29 janvier, eux aussi étaient dans la rue, mais eux c'est tous les jours.
Le 18 mars, ils y seront encore, mais il fera peut-être meilleur.

Et la domotique, alors, à quoi ça sert ?

"Individualisme de masse" et "foules solitaires", deux oxymores qui définissent notre époque…

PÉTAINISME ET SOPHISME SONT DANS UN CHARTER
(Tentative de dialogue entre Eric Besson et un sans papiers)
— Tu dénonces ton passeur, on te donne une carte de séjour.
— Ben, c'est quand même grâce à lui que je suis en France.
— Oui, mais sans papiers. Si tu le dénonces, tu auras des papiers.
— Mais si je le dénonce, il ne pourra plus faire passer des gens en France, des gens qui seront des sans papiers et qui seront forcés de le dénoncer pour obtenir des papiers.
— C'est ça. Ce salaud qui fait entrer des travailleurs sans papiers qui vont te piquer ton boulot que tu auras grâce aux papiers qu'on te donnera parce que tu l'auras dénoncé.
— Alors lui, il faut le punir pour m'avoir fait venir en France ? Et moi on va me récompenser en me permettant de rester en France alors que j'y suis grâce à lui ?

Xénophobie = détester les étrangers
Xénophilie = aimer les étrangers
Xénophibie = vérifier que les étrangers savent nager.



ZAPPING TV RADIO
Jacques Séguéla : « Si, à 50 ans, on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie. » Comment répondre à ça autrement que par l'injure ?

Quand on voit les paysages de Cappadoce, avec ses monastères troglodytes, on comprend mieux l'expression "les cénobites tranquilles".


Photo Myriam Religieux reproduite sans autorisation

Vu Daniel Pennac, qui m'a donné envie de lire Bartleby, de Hermann Melville.
Bartleby est l'employé de bureau qui, un jour, sans explication, décide d'arrêter. Arrêter quoi ? Arrêter de "jouer le jeu des hommes". Avec cette simple réponse à tout ordre : « Je préférerais pas. »
Ça me rappelle une réplique d'un vieux film américain dont je n'arrive pas à retrouver la référence (Si quelqu'un l'a…). Dans une famille assez farfelue, arrive un contrôleur du fisc qui demande au père pourquoi il n'a pas payé ses impôts depuis 20 ans, lequel père répond tranquillement : « C'est que… je n'y crois pas… »

Elie Cohen (économiste) : « La stratégie de blocage des prix est terrifiante ! D'ailleurs personne n'a osé proposer ça ! » (Un peu plus il sortait la croix et les gousses d'ail.)

Un autre intervenant parle du manque de coordination des plans de relances des différents pays européens. « Chaque président sort son truc… » (Sauf Angela Merkel, bien sûr.)

Salon de l'agriculture
« … La grogne des éleveurs de porcs… » (Malgré les gains de la Saucissiété Générale…?)



Jean-Claude Trichait : « Cette crise est le premier test d'ampleur pour l'économie mondialisée. » Test ??? Crash-test, alors… et réussi, avec ça !

Benyamin Nétanyahou, leader du lockeed, désigné premier ministre d'Israël. Pour savoir d'où il vient, comment il a été élevé, on peut se reporter à un article écrit par son père Benzion en 1998 et repris dans le Courrier International, hors série "Juifs et Arabes" (en vente actuellement et totalement remarquable !) Extraits : … euh, non, finalement, lisez-le… c'est trop éprouvant à recopier. Mais tout le magazine que je viens de qualifier de remarquable, reprenant des articles de tous horizons, est éprouvant… en particulier dans sa première partie, titrée "La haine"… au point que la présence en pages 22-23 d'une double page de publicité Toyota arrive comme une bouffée d'air, un soulagement… (Et vous savez comme j'adore les voitures et leur pub !) Après, ça reprend, avec "Le conflit", "Les dérives (des deux intégrismes)", "Juifs du monde arabe", et, quand même, "Espoirs", où, même si on n'espère pas grand chose, on a au moins le bonheur de lire, après les affrontements de haine imbécile, des déploiements d'intelligence…
Et maintenant, avec la droite israélienne au pouvoir…… négociations, ou négations…?
Je sens que ça va encore faire de l'effet de serre, ça…

Quant au soi-disant monseigneur néga-mais-pas-sioniste Williamson, je n'ai toujours pas compris s'il était anglais, suédois ou argentin. Peu importe, en fait, y a qu'à le lâcher au milieu de l'Atlantique (sans bouée).

A part ça, octuplés par ci… parents de 13 et 15 ans par là (au 19ème siècle, les filles avaient leurs premières règles vers 17 ans, aujourd'hui vers 12… mais pourquoi ?!), ou encore bébée spécialement sélectionnée au stade embryonnaire pour échapper au (potentiel) cancer du sein…

Dimanche : Cérémonie des Escarres.
Lundi : St Lazare (« Non, je ne suis pas mort, et je sors du tombeau comme un vieillard en sort. »)
Mardi : Gras.
Mercredi : Descendre (les poubelles).
Jeudi : Le retour du —
Vendredi : XIII (Ah, non, c'était il y a 15 jours, mais bon, gardez-le au chaud, il y en aura un autre dans 15 jours. Et un autre en novembre, mais on a le temps d'en reparler. C'est l'année des trois vendredi 13. Un peu plus et même Noël tombait un vendredi 13 !)

jeudi 19 février 2009

VENDREDI 13 OU ST VALENTIN ?

LO N° 280 (18/02/09)

L'ARGENT-DETTE # 12

PAUVRES ?
Déjà depuis un moment, on ne parlait plus de pauvres, on disait : "(les Français - ou - les catégories) les plus défavorisés", ou "les plus modestes". Maintenant, mieux : "la partie inférieure de la classe moyenne."

(100.000 SDF)

FAUT-IL RELANCER LA CONSOMMATION ?
Bien sûr que non. Il faut tout faire pour faire baisser la consommation.

« Consommer = acheter des choses dont on n'a pas besoin avec l'argent qu'on n'a pas. » (Christophe Alévèque. Siné Hebdo # 24)

PIÈGE
Les Français sont-ils plus conscients et/ou plus raisonnables et/ou plus rapides à comprendre que leurs banquiers et leurs chefs d'État ? Parce qu'il paraît, d'après un chef banquier, que c'est bon, les banques, perfusées par l'État, sont prêtes à prêter plein de sous… mais que c'est la demande qui manque. Les Français hésiteraient à emprunter — pour achat immobilier, principalement, et automobile.

DÉTEMPORALISATION
Comme on parle de délocalisation pour la fuite des entreprises à l'étranger, on pourrait parler de détemporalisation pour la dette. La dette est une fuite de l'argent vers le futur, autrement dit l'évacuation du problème "en avoir ou pas" vers un ailleurs temporel indécis.

S'il n'existe pas d'argent (que de la dette), il n'y a pas d'argent "détruit" ou "perdu", dans la crise, seulement de la dette annulée.
Faire de nouvelles dettes est la chose la plus facile du monde : nos gouvernements s'y emploient joyeusement à coups de plans de relance(s) (de godasses ?). L'endettement des États en croît d'autant ? Quelle importance ? Cet argent (fictif) n'est pas "l'argent du contribuable", comme on nous le blatère sans cesse. Cet argent n'existe pas : c'est de la dette, il ne peut donc pas se perdre. L'État ne pourra jamais le rembourser ? Mais à qui le rembourserait-il ? Et pourquoi ? Nous "laissons à nos enfants", comme on dit, une dette énorme (c'est-à-dire, en fait, plein de fric) qu'ils ne pourront jamais rembourser, qui se détruira dans une future crise, ou qu'ils "rembourseront" en continuant à "emprunter", c'est-à-dire à créer de l'argent-dette. Et ce ad infinitum.
Alors où est le problème ? *
(Et puis, entre nous, "nos enfants" auront bien d'autres soucis que des hypothèques et des intérêts : carence d'énergie, carence de matières premières, famines, soifs, fonte des pôles, montées des eaux (hélas salées), réfugiés climatiques, tornades, guerre du pétrole, de l'eau, de l'espace peuplable… surpopulation, surpollution………)
(* Le problème est dans le terme : "ad infinitum".)

DÉMISSION, RÉCESSION, DÉPRESSION
Le ministre des finances japonais donne sa démission. Pas étonnant. Et ce n'est pas seulement la question de son état d'anti-dopage inopiné face aux caméras de la télé lors du G 7 (en bref, bourré, il roupillait grave puis bafouillait). En fait, la question est : Pourquoi TOUS les ministres des finances de TOUS les pays ne donnent-ils pas leur démission ?
Qu'ils avouent donc tous, et avec eux les déconomistes,
- leur incompréhension
- leur incompétence
- leur impuissance.
Ils ne savent pas quoi faire pour surmonter "la crise" ? Mais c'est que personne ne sait quoi faire. Et personne n'est capable de nous dire comment s'en tirer, ou simplement comment gérer ça. Même le pharmacien (ou la pharmacy spam en ligne) et ses happy pills… Pas d'espoir et personne pour en donner, à part quelques philosophes vite qualifiés d'utopistes.
Il n'y a pas de messie, pas de sauveur, ni sar ni kozy, ni baraco ni bama…
Il n'y a que des pompiers qui tentent de pomper dans la cave inondée l'eau pour éteindre l'incendie du grenier. (Je suis assez content de mon image, moi…)
Il y a quelques plombiers (polonais ?) qui tentent de colmater les fuites, quelques vitriers qui remplacent quelques vitres, ou quelques couvreurs qui remettent quelques tuiles envolées. À moins que ce ne soient les plombiers qui se chargent des vitres, les vitriers des tuiles et les couvreurs des vitres… ce qui n'a rien d'invraisemblable.
… Et pas mal de sémanticiens qui essaient en vain d'éviter les mots qui fâchent, ou de les traduire en langage courant (c'est-à-dire en langage)… ou d'en changer le sens.
« Ceci n'est pas une récession » — et ma sœur n'est pas masseuse.

En fait, non, ce n'est pas une récession (conjoncturelle), c'est une dépression (structurelle), ce qui est beaucoup plus grave, plus long, voire définitif : ça ne guérit pas. « On ne guérit pas du mirage croissanciste à coup de récession. » (Paul Aries).
"Conjoncturel", ça voudrait dire que ça ne va pas durer. Face à (par exemple) une dégringolade boursière, les zéconos adorent dire que c'est conjoncturel. "Structurel", par contre, ça signifie que "ça ne va pas s'arranger". Ex : la crise financière, économique, sociale, et tout ce que vous voudrez — et la crise climatique y afférant. (Dans quel ordre s'emboîtent ces poupées russes ? Laquelle est la grosse qui les contient toutes ?). C'est pour longtemps, c'est pour toujours.
La récession, c'est juste un arrêt momentané, comme une grippe. Ou ça sert de purge. On se soigne et c'est reparti pour un tour. On n'a rien appris. (Ça, ça reste à voir… Les maladies sont faites pour nous guérir… mais ça ne marche pas à tous les coups, c'est vrai.)

MOUVEMENT PERPÉTUEL ?
Mais ça repart pire : en vélo, si on s'arrête de rouler, on tombe. Le capitalisme de croissance, s'il arrête de pédaler (dans la smoule ?) choit, tombe, s'effondre.
Ailleurs, avant, les sociétés traditionnelles ou "primitives" (non croissantes) se contentaient de renouveler cycliquement le capital initial. On pourrait appeler ça une stabilité ondulante : équilibre perdu / récupéré / reperdu / re-récupéré, etc, un renouvellement cyclique (quasi) à l'identique, un recyclage. À court, moyen ou long terme, on retombe sur ses pieds.
Tandis que la société capitaliste (d'origine monothéiste judéo-chrétienne) est téléologique, c'est-à-dire qu'elle ne fonctionne pas par cycle, qu'elle refuse la stabilité (considérée comme stagnation) : elle va de l'avant, toujours de l'avant, dans un élan infini vers l'avenir lui-même infini, le nez dans le guidon, dans une fabrication incessante d'avenir. (Ad infinitum)

"Toujours plus, toujours plus loin, toujours mieux !" — Fantasme infantile de mouvement perpétuel.

Mais pendant ce temps, la Terre est finie (je veux dire entièrement occupée par l'homme) : il n'y a plus de "toujours plus loin"… ses ressources s'épuisent : il n'y a plus de "toujours plus"… partant, il n'y a plus de "toujours mieux" possible. (En tout cas tel que notre société entend le mot "mieux").

(Il est à noter que le Shark est le premier président élu dans ce monde nouveau — c'est con pour lui.)

Ce problème systémique structurel, — historique et planétaire, absolument inédit — le citoyen lambda ("on") ne sait sans doute pas le définir et l'exprimer, mais il le sent — malaise, soucis, angoisse du futur — et son moral continue à baisser, et sa confiance en les responsables continue de s'effondrer. Toujours confusément, "on" sent bien que les responsables (ceux qui sont censés donner des réponses) n'y peuvent rien, sont, autant que "on", dépassés par les évènements… d'où supplément de non espoir et transformation des responsables positifs (ou censés positifs) en responsables négatifs — bientôt boucs émissaires.

LES FRANCAIS
Les Français seraient rêveurs et immobilistes, paraît-il ? Mais c'est juste qu'on sait que demain ne sera pas comme aujourd'hui, alors on freine des quatre fers tout en attendant un changement. Mais quel changement ? Un miracle ?
On veut que ça change, oui… ou on veut bien que ça change, mais comment, dans quel sens ? On voudrait savoir, pour pouvoir peut-être avoir le temps de s'adapter. Mais voilà, on se retrouve aussi perdus que les dirigeants, à piloter à vue et à prendre sur le coin de la figure des changements dont on ne perçoit pas la finalité (là je parle en particulier des actions-agitations du Shark), changements pour le changement, bruit, tours de manège et agitation du rat dans sa cage. On nous demande des efforts. Nous demandons une nouvelle manière de politiquer. On est prêt à négocier. L'action, oui, mais pas sans la transaction. Et en fait on voit plus de transe que d'action (réelle).

Entrer dans la réalité, dissiper le leurre, l'illusion : on voudrait que les politiques arrêtent avec « On colmate les brèches de la coque et ça va repartir comme un seul homme dans la même direction ! » : on n'y croit plus. Pas non plus « Sauve qui peut nous coulons, tous aux canots, mais merde y a pas de canots ». Mais qu'ils osent dire : « La croissance est derrière, elle ne reviendra pas, ni l'an prochain, ni en 2012, le développement, c'est fini ! » Et puis « Il y a un nouveau modèle de société à monter ! »… et c'est peut-être bien ça qui nous redonnerait la pêche !

Est-ce que ça va péter ? Sans doute pas, car on a conscience qu'il faut que ça change, d'accord, mais le grand soir, ça fout la trouille. Et la trouille, ça fait peur.

Alors on reste dans une ébullition cahotante et chaotique, on reste dans le conjoncturel, on frémit à chaque cahot de la route, à chaque virage trop sec, on débat dans des hauts et des bas.

ON PERD ÉNORMÉMENT DE TEMPS !

(Cela dit, en mai 67, il y a eu de graves émeutes à la Guadeloupe… et, un an après………)

jeudi 12 février 2009

Nouvelles du temps

LO N°279 (12 02 09)

LE TEMPS EST RADIEUX
# Uranium : le scandale de la France contaminée
Pièces à Conviction n°72
En toute discrétion, dans nos campagnes, à proximité immédiate des villages ou des villes, des déchets radioactifs extrêmement dangereux ont été disséminés, ou ensevelis méthodiquement, depuis des dizaines années.
Pire encore, ils ont parfois servi à construire des routes, des parkings, et même des logements, des écoles ou des aires de jeu pour les enfants... Sans aucune mise en garde sur les risques encourus !
Car entre 1945 et 2001, la France a exploité 210 mines d’uranium sur son territoire. Elles ont produit 300 millions de tonnes de déchets radioactifs qui ont été abandonnés sans mesure de protection ou de surveillance particulière.
Qui sont les responsables ? Pourquoi ceux qui ont tenté de donner l’alerte n’ont-ils jamais été écoutés ? Pourquoi l’Etat n’a-t-il pas alerté les riverains ? Les populations sont-elles en danger ?
Elise Lucet et l’équipe de Pièces à conviction ont mené l’enquête sur ce scandale, au coeur des campagnes et des villes françaises. #


Le plus terrifiant du reportage, ce sont les rencontres avec les "responsables" (administratifs ou politiques — Borloo compris) et la constatation de leur
- inconscience ?
- hypocrisie ?
- indifférence ?
- impuissance ?
Si vous ne l'avez pas regardé hier soir, c'est là :
http://programmes.france3.fr/pieces-a-conviction/51415247-fr.php
On peut lire aussi
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/02/11/les-mines-d-uranium-francaises-en-accusation_1153756_3244.html
et
http://www.lemonde.fr/web/article/reactions/0,1-0@2-3244,36-1153756@51-1153846,0.html

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AFSSA
Quels moyens de pression Monsieur Santo peut-il bien avoir sur l'AFSSA pour que tout à coup cet organisme officiel et en principe non génétiquement modifiable (mais pas indépendant) sorte un rapport affirmant que le maïs GM Monsanto est sans danger ?

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— CITROEN ressort la DS, il parait.
— Ils feraient mieux de ressortir la 2 CV !

… Fin des années 40 (mais conçue au temps du Front Populaire :
La 2CV (Deuch'), objet trivial, terrien et pratique (une sorte de brouette), objet d'avant garde, donc marginal — et pourtant prolo.
… 1955 (début des "trente glorieuses")
La DS (Déesse), objet divin (sacré) tombé du ciel, objet d'avant-garde, donc marginal — et pourtant bourgeois.
Deux archétypes de la modernité — tous deux assez laids.
Depuis, dans le grand nivellement postmoderne de l'individualisme de masse, plus aucun objet ne tombe du ciel, plus rien ne s'impose comme trivial, ni d'avant-garde, ni marginal, ni laid, ni beau : tout est seulement bourgeois (si tant est que ce mot ait encore un sens).

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RELOCALISATION
Pendant un an, Aqua Production (des cabines de douche) a fabriqué en Roumanie. Après évaluation (qualité du travail roumain, coût et soucis de la supervision à distance entraînant des allers-retours constants, coût de stockage, coût du transport, augmentation des salaires roumains), il s'avère rentable de fabriquer en France, près de Nantes en l'occurrence. Une telle relocalisation est-elle du protectionnisme, du nationalisme, une trahison de l'Europe ? Non, juste de la gestion de bon sens.
Un bémol, cependant : en Roumanie, on faisait fabriquer du bas de gamme, en France on ne fabrique plus que du haut de gamme. Il faut croire que les coûts de fabrication français ne peuvent être absorbés que par des produits de luxe. Ce qui mène à quoi ? Une fois de plus, sans doute, à une augmentation des écarts sociaux : les "riches" peuvent se payer des cabines de douche de qualité et par la même occasion privilégier le travail en France, les "pauvres" devront se contenter du tuyau d'arrosage (fabriqué en Chine ?) dans la cour (comme les Roumains, quoi…) (Moi j'aime bien — en été.)
Mais si on ajoute que cette relocalisation, réduisant les déplacements de personnel et les transports de marchandises, réduit aussi la dépense énergétique (pétroule) et la production de gaz à effet de serre qui va avec, le bilan doit rester positif.
… À condition que les cabines de douche en question, une fois fabriquées, ne soient pas exportées bêtement dans le monde entier… donc que cette production ne soit pas dépendante d'un système d'exportation et de libre échange… donc qu'il y ait suffisamment de Français assez argentés pour se payer des cabines de douche de qualité… et même mieux suffisamment de Pays-de-la-Loirains… Bon, OK, j'ajoute les deux régions voisines : Bretagne et Poitou-Charentes… le tout, c'est que ça reste accessible en charrette à bras ou à cheval, pour les livraisons. Pour finir, une usine de cabines de douche pour trois régions semblerait assez raisonnable. Et s'il s'avère au bout de quelques années que, le matériel étant de bonne qualité, donc durable, le marché est saturé, on ne commence pas à se dire "je vais conquérir d'autres marchés dans le monde", on pense plutôt à se reconvertir dans la fabrication de vélos ou de charrettes à bras. (Messieurs Peugeot, Renault et Citroën devraient en prendre de la graine. Qui peut le plus peut le moins : reconvertissez-vous dans le vélo !)

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À part ça, la routine…

MÉTÉO DE CRISE
Le temps aujourd'hui est sous l'influence de plusieurs dépressions.
Tempérance : – 0,7 °
Taux d'humanité dans l'air : 47% (en baisse)
Météo-France subit des pressions atmosphériques.
Le zéro est absolu.
Pas de précipitation !
La situation est situationnaire.
Alerte orange crue (!?) dans le sud-ouest.
Le département est placé en garde à vue.
À Boulogne-sur-mer, les marins-pêcheurs sortent contre vents et morues.
(C'est le petit monde de Don Cabillaud.)

100 000 SDF.

ET LES GENTILLES ANTILLES ?
Guadeloupe et Martinique sont les deux mamelles de la France.



TÉLÉ SPORT
Logiquement, je devrais être motivé pour regarder les compétitions de ski à Val-d'Isère, vu que le ski a toujours été une affaire de famille et que, encore maintenant, Ingrid Jacquemod est l'amie d'un de mes neveux, lui-même entraîneur de l'équipe française des filles… Seulement voilà, ce que je remarque surtout en zappant sur des bouts de course, à part les commentaires hystériques des commentateurs hystériques, c'est l'affreux mauve des affreuses publicités mauves du Milka Suchard mauve, partout présentes, sur les tenues des skieuses comme alentour. Alors je fuis…

mercredi 4 février 2009

L'ÉTAU (d'intérêt ?)

LO N°277 (04/02/09)



2OO9, année de DARWIN et de la survie des plus aptes (il n'a pas dit des plus forts).
Ça va faire des morts, quand même.

BLEU
Aux alentours du Gro(end)land, on pêche des homards bleus. (Vraiment bleus !)

BLEU 2
On commémore les 50 ans de la Nouvelle Vague. Qu'en reste-t-il…? L'écume, sur la plage… Belmondo-Pierrot-le-fou, peint en bleu — et merde ! (Et BOUM !)

BLEU 3
Plan de rigueur chez Pfizer : le viagra ne se vend plus.

HAUT
Ascenseurs en panne depuis des mois à Grigny. La colère monte — par l'escalier.

BAS (et collants)
DIM délocalisé en Roumanie. PA-DA-PAPAPAPAAA… La fin d'une époque qui n'en finit pas de finir.

TRÈS BAS
L'argent jeté par les fenêtres.
Les banquiers jetés par les fenêtres.
Les gardés à vue jetés par les fenêtres.
Les Préfets de la Manche jetés par les fenêtres.
Les mal logés qui se jettent (d'eux mêmes ?) par les fenêtres. (Je ne parle pas des SDF qui, eux, n'ont même pas de fenêtres par quoi se jeter.)
100 000 SDF.

ALIEN
En Islande, pour lutter contre la faillite du pays, on nomme une première ministre femme et homosexuelle. C'est vraiment une autre planète, l'Islande.

DAVOS, c'est plus ce que c'était…
Le moral des "maîtres du monde" est dans les moonboots. (Belem, c'est plus sympa, quand même… Le climat ?)

ÇA EXPLIQUE TOUT
Merci à Serge Ernst qui a relevé que la tempête de la semaine dernière était nommée Klaus (en Europe, c'est la météo allemande qui nomme les tempêtes), et que Klaus… c'est Nicolas… Ça vous étonne ?

GODASSES
Le jet de godasse sur homme politique est-il en train de détrôner l'entartage ? C'est pratique, on en a toujours sur soi… et pas salissant.
Dans les jours et mois qui viennent, ça risque de pleuvoir, les motions de chaussure. Mais gare aux répliques : un jet de talonnette (ferrée) en retour, ça peut faire très mal — sans omettre le jet de bottes à clous, modèle CRS 68.
Ou bien les autorités obligeront les journalistes à se déchausser à l'entrée des salles d'audience ou de conférence. Comme à la mosquée, tiens… (Si ça se trouve, c'est pour ça qu'on s'y déchausse avant d'entrer, pour éviter que l'imam s'en prenne une dans la tronche.)

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MORIN EST BIEN VIVANT
Dans Siné-Hebdo N° 20, une double page de dialogue avec Edgar Morin.
Mes extraits :
« Quand un système se trouve à ce stade, soit il se désintègre, soit il est capable de se métamorphoser en un méta-système qui résout les problèmes. La première hypothèse est probable, la seconde non. »
« Plus nous serons conscients que nous nous dirigeons vers des catastrophes, plus nous serons en mesure de les éviter. »

(Sur les éducateurs :) « Le but est de les amener à enseigner ce qui ne l'est pas encore et qui est à mes yeux capital : ce que veut dire être humain, quels pièges recèle la connaissance, ce qu'implique notre phase planétaire, comment mieux nous comprendre les uns les autres, affronter les incertitudes… »
« Il est évident que voir la complexité peut conduire à la paralysie. Mais en ce qui me concerne, ça ne m'a pas gêné pour entrer dans la résistance ou prendre parti pendant la guerre d'Algérie. Il faut être conscient que toute action comporte un risque d'échec ou d'erreur. […] L'action comporte un pari, et il est nécessaire de bâtir une stratégie pour vérifier qu'elle ne dérive pas. Je pense donc que la pensée complexe aide l'action. »

Si je le comprends bien, on pourrait parler alors de pensée sur-complexe, ou méta-complexe. Au delà de la conscience (passive) de la complexité et du risque, quand cette conscience, à trop peser le pour et le contre, risque d'inhiber l'action, il y a à mettre en marche une conscience active : non plus analytique, mais capable d'élaborer un programme, une stratégie. Le choix de l'action, de l'engagement, sera forcément un pari, oui, avec sa part d'indécidable, d'imprévisible, le risque, toujours, de se tromper, mais ne sera pas un simple pile ou face. Le choix suppose de travailler à l'avance à évaluer et éviter les effets boomerang, les dérives, les effets pervers. Dans le domaine de l'expression (militante, la prise de parti), le choix suppose certainement, au delà de la liberté d'opinion et d'expression, une grande attention, une grande subtilité de l'expression.
« L'amour, l'amitié, la curiosité me servent de moteurs personnels, et ce qui m'importe est l'avenir du genre humain. »
« […] exercer une pression suffisante sur Israël pour lui faire accepter la solution que tout le monde connaît : l'évacuation des colonies en Cisjordanie, Jérusalem comme capitale de deux États indépendants, et la résolution humaine de la question des réfugiés. » (souligné par moi)
« Que le Hamas joue la politique du pire m'inquiète beaucoup. Il pense que la guerre doit se généraliser avec l'intervention du Hezbollah. C'est exactement le souhait des faucons israéliens qui brûlent de prendre leur revanche de 2006. »

Politique du pire des deux parties, donc, dont on peut imaginer les suites : interventions d'autres pays arabes, Iran, Syrie… contre Israël… Intervention américaine, etc. L'embrasement.

L'Armaggedon ?
Par ce mot biblique, on entend généralement LA grande bataille finale entre Juda-Israël et ses ennemis (tous ses voisins, en fait, "les Nations"). Et symboliquement le dernier affrontement entre le Bien et le Mal, entre le Ciel et l'Enfer… "la fin du monde"… Le mot apparaît dans le dernier livre du Nouveau Testament, l'Apocalypse (Révélation), écrit en grec par un certain Jean de Patmos vers 70 EC. Parmi d'autres moments furieux, dans le chapitre 16, des esprits démoniaques rassemblent les rois du monde entier pour la guerre « au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn. » Suit un grand tremblement de terre qui détruit toutes les cités ennemies – Babylone, bien sûr, équivalent symbolique de Rome, alors.) Mais le nom Armageddon (aux orthographes variables) désigne précisément la ville de Megiddo (au nord d'Israël, à proximité de la Syrie.)
Les prophéties ne veulent rien dire (ne prévoient pas l'avenir, en tout cas), mais les peuples qui ont des prophéties "dans leur sang" se croient toujours obligés de les accomplir… Et si on me dit que l'Apocalypse de Jean est un livre chrétien et non juif, je conseillerai de lire les derniers livres de l'Ancien Testament, la Bible hébraïque, où, question apocalypses guerrières, ce n'est pas mal non plus, chez Isaïe, Jérémie, etc. Jean de Patmos était un gros plagiaire !

« Les Israéliens se perçoivent en fait comme les héritiers de toutes les persécutions subies par les Juifs dans le passé, et en particulier de la tentative de génocide de la seconde guerre mondiale. […] L'État hébreu s'isole de plus en plus de son contexte oriental. »
Parfaite concision de l'analyse de Morin – Juif lui-même, ajoute-je pour ceux qui y verraient de l'antijudaïsme de sa part, comme ça a déjà été le cas il y a quelques années, épisode qu'il qualifie de "bouffon".
« Le problème vient de ce qu'une grande partie des Juifs de France, représentés principalement par le Crif, vit dans un état d'hystérie de guerre où l'on diabolise non seulement l'ennemi, mais aussi toute désapprobation. Dans cette optique, toute critique d'Israël est une trahison ignoble si elle émane d'un Juif, et une abominable calomnie si c'est d'un Gentil. (Terme désignant les non-juifs, traduisant le terme hébreu goy – pluriel goyim.) Seule une paix durable restaurera le sens des réalités et mettra fin à cette intimidation permanente et à la peur d'être traité d'antisémite. »
Pire que d'intimidation, on peut même parler de terrorisme intellectuel, ou de terrorisme moral — ce qui ne m'empêche pas de maintenir que le cas de Dieudonné est indéfendable, en tout cas dans son sketch avec le négationniste Faurisson. Là encore, ce n'est pas une question de liberté d'opinion et d'expression, ni d'humour ou non. La provoc', ça ne peut exister qu'appuyée sur l'intelligence. Nier la réalité de la tentative de génocide de la seconde guerre mondiale, comme dit Morin, c'est d'abord et surtout stupide : c'est un peu comme nier la réalité de la révolution française de 1789, ou celle de la guerre de 14, ou de la crise de 29. Le négationnisme est indéfendable.

BENOIT SARKOSEIZE
Manquerait plus que le Dieudonné aille jouer en Suède et fasse applaudir sur scène un certain Richard Williamson, chevêche intégral de son état, excommunié il y a vingt ans, et persistant et signant dans le négationnisme le plus plat (je veux dire plat comme un encéphalogramme). Et pourtant réhabilité par Benet Seize, qui me fait de plus en plus penser à NS, dans le genre "je jette de l'huile sur le feu". De l'huile sainte, en l'occurrence, dite Saint Chrême par ceux qui aiment bien les majuscules.
B 16, donc, qui ne pouvait pas ignorer les propos de ce chevêche collatéral, ajoute une connerie (ou provocation) de plus à son palmarès, en réintégrant des intégristes désintégrés qui n'en avaient aucune envie, bien au chaud entre eux dans leur schisme, et qui, si ça se trouve, n'ont émis leurs stupidités négationnistes que dans l'espoir de faire reculer le papa dans sa volonté de les réhabiliter. Il l'a fait quand même. C'est encore plus grave.

Et dire qu'on a fait chier Siné pour sa petite phrase sur Jean Shark et des meilleurs !





COURRIER DES LECTEURS DE TLRM :
« J'aimerais vraiment qu'on arrête de dire l'"humoriste" Dieudonné. C'est faire injure à l'humour. »
Autre :
« Mgr R. Williamson […] nie l'existence des chambres à gaz, en revanche il croit à l'Immaculée Conception, aux Rois Mages et à l'Arche de Noé. »

+ Vient de paraître : Courrier International hors-série, titré "Juifs et Arabes – les haines, les conflits, les espoirs." (7,50 €)

lundi 2 février 2009

PONZI



LO N° 276 (02/02/09)
(Ce n'est pas encore la suite de la grande saga de l'argent-dette, mais ça en prend le chemin, à petites notes encore éparses)

ACHETEZ "MADE IN FRANCE"
Il est "amusant" de noter qu'en Europe, ce sont les plus "avancés" qui morflent la plus. Les plus ultralibéraux, comme la Grande Bretagne, et ceux qui ont connu le développement le plus spectaculaire, comme l'Espagne. Pays où (c'est amusant à constater aussi) le slogan : « Achetez "made in Spain" ! » commence à faire florès. Protectionnisme. On y viendra. Tout doucement et à reculons, mais on y viendra.

PRÉVISION RÉTROSPECTIVE
Ils sont toujours là, tous les jours, à la radio, à la télé, les euphoristes congénitaux du libéralisme avancé, des mots plein la bouche… Mais comment se fait-il qu'ils ne se soient pas suicidés, tous les Jean-Marc Sylvestre, Jean-Paul Fitoussi, Élie Cohen, Jacques Attali ou Jean-Pierre Gaillard, Nicolas Baverez, Alain Madelin et autres zécono-mystes, prophètes de la sainte croissance, tous qui, à les entendre maintenant, avaient prévu le krach 40 mais qui n'ont rien dit : « ils pensaient qu'on ne les croirait pas. » !
Il est, certes, plus facile de manipuler le passé que de prévoir l'avenir.

NÉGATIONNISTES
« Le libéralisme n'est donc pas la cause mais la solution à la crise du capitalisme mondialisé. » (Nicolas Baverez)
« La crise est la preuve que le marché se régule. » (Sabine Herold)
En bref, le capitalisme régulerait périodiquement ses déséquilibres par des purges. Le mot est sympathique, surtout pour ceux qui passent dans les chiottes avec l'eau de la purge en question. (Ceci dit pour changer de l'expression trop courante de "jeter le bébé avec l'odubin".)

CRISE DE NERFS
— Mais pourquoooiii le plan Aaaa marche jamaaaiiis…?!
— Et pourquoooiii on n'a jamaaaiiis de plan Bééé… ?!

— On fait quoi, alors, maintenant ?
— On improvise !


RÉPARER ?
« Ne cherchez pas la faute, cherchez le remède. » (Henry Ford, un vieux facho, pourtant.)
Quand tout est cassé, la surface de réparation sera-t-elle suffisante ?
Quand le marché ne marche plus, qui ou quoi marchera à sa place ?
Quand les produits dérivés dérivent de plus en plus loin, où s'arrêteront-ils ?
Un investisseur inversé, ça donne quoi ? Un exvestisseur ou un investissé ?
Oncle Sam'son (en la personne d'Obama) abattra-t-il les colonnes du temple Bourse ?
Un tradeur piqué par une araignée radioactive se transforme-t-il en Hulkerviel, ou en petit homme vert (de peur) ?
Et après les placements toxiques, y a-t-il des cures de désintoxication ?
Et la cicatitrisation, c'est long ?

RUSTINES
Après l'État patron et l'État providence, l'État brancardier. Pompier, aussi : « Les États sont comme des pompiers qui doivent éteindre les incendies puis rentrer dans leurs casernes. » (Philippe Manière) Merci l'État : tu répares les pots cassés puis tu retourne jouer aux tarots dans ta caserne.
Toutes les mesures destinées à régler la crise, très vraisemblablement, seront à peu près aussi efficaces que des rustines sur une jambe de bois… et ne feront que préparer la prochaine débandade économique.
« Face au monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ! » (Francis Blanche)
Tout remède risque bien de tomber dans un système boomerang : vous le lancez et, quand vous voyez qu'il vous revient dans la gueule, vous tentez de l'arrêter en lui lançant… un autre boomerang… et ainsi de suite — mais chaque fois plus près, jusqu'à ce que la proximité entrave toute nouveau geste de défense.
Une autre image ? Achille et la tortue, dans le bien connu paradoxe de Zénon d'Élée. Achille court deux fois plus vite que la tortue et il ne la rattrape jamais. On donne 100 m d'avance à la tortue, normal. Pendant qu'Achille parcourt ces 100 m, la tortue en a fait 50. Pendant qu'Achille parcourt ces 50 m, la tortue en fait 25, etc. Ceci sans fin, dans une courbe asymptotique qui ne finit jamais. Ainsi nous (Achille) irions de crise en crise (tortue), crises de plus en plus rapprochées, sans jamais arriver à les rattraper — c'est-à-dire à les dépasser ? (C'est évidemment biaisé parce que introduisant une discontinuité dans des mouvements continus et ne tenant pas compte d'éléments internes à chaque mouvement, tel que la longueur des pas d'Achille qui ne vont pas se rétrécir au fur et à mesure.)
Et justement c'est bien là le truc : au lieu de continuer à avancer de crise en crise de plus en plus rapprochées, il y a un moment où la société doit (peut) faire un grand pas par dessus la dernière crise. Un "grand bond en avant". (Cf Serge Halimi qui décrit l'établissement du libéralisme économique à la fin du XXè siècle comme "Le grand bond en arrière".)
Cela dit, je préfère le pas de côté au bond en avant – qui risque de se faire dans le vide.
Et d'abord, sans doute, arrêter la machine.

FOI
Rétablir la confiance, qu'ils disent. Mais ce n'est pas de la confiance, c'est de la croyance : on a envie de croire que nos placements peuvent rapporter ad vitam aeternam 10, 15, 20 % ou plus. De quoi s'agit-il, sinon de goût du merveilleux, de superstition, de pensée magique…? De religion ? Le philosophe Jean-Pierre Dupuy, qui sort "La Marque du sacré", nous le dit bien : la montée de l'économisme est synchrone à la perte de vitesse de la religion (occidentale), le "désenchantement du monde" (occidental). L'économisme capitalo-ultra-libéralo-financier nous proposait un nouvel enchantement, un nouveau sacré.
Mais en vain, enfin : cette nouvelle pyramide (de Ponzi) s'effondre.

PONZI
On a beaucoup raillé de cette escroquerie gigantesque de Madoff à partir d'un mécanisme aussi simplet. Mais il faut voir que, en fait, notre système de développement est tout entier une pyramide de Ponzi. La pratique qui consiste à rémunérer les premiers investisseurs avec l'argent des nouveaux suppose que l'on trouve (que l'on drague) constamment de nouveaux investisseurs, à l'infini.
Dans notre système économique-écologique, les investisseurs d'une génération (nous, par exemple) sont rémunérés par ceux de la génération suivante, qu'ils soient nés ou à naître : c'est tout l'art de la dette, que l'on considère ça du point de vue monétaire ou écolo : dette en pesticides, en OGM, en nucléaire, en gaz à effet de serre. Ils paieront.

PLANS DE RELANCE (j'adore le terme)
Je passe sur les projets, tant ceux du gouvernement que ceux de l'opposition : renflouer les banques ou relancer la consommation… aussi obscènes les uns que les autres. ("Pouvoir d'achat", qu'est-ce que c'est que cette notion à la con ?!)

LE POUVOIR D'ACHAT
La question du pouvoir d'achat est-elle vraiment une question d'achat, ou une question de pouvoir…? Triste de voir que la gôche n'a que ça à réclamer. L'achat serait-il le seul pouvoir dont nous disposions (peu ou prou), le seul signe de vie que nous réclamons, la seule valeur sociale, le seul "lieu d'être"…? (Baudrillard, en 68, publiait "La Société de consommation" — il y avait déjà tout…)

LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE, à la base, c'est une jolie idée, une utopie, en fait, née au 18ème, siècle des Lumières et de Jean-Jacques Rousseau. Le libéralisme est un rousseauisme : il ne peut fonctionner que si l'homme est bon, moral, honnête. Je précise : que si TOUS les hommes sont bons, moraux, honnêtes. (Le communisme, pareil, d'ailleurs…)

Quand la "main invisible du marché" te frappe sur la joue droite, lui tendras-tu la joue gauche ?
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On peut aussi écouter Lordon, là (merci à Bati) :
http://tresdesprit.com/bati/mp3/La_crise_selon_le_professeur_Lordon.mp3