dimanche 24 juillet 2011

Un pessimiste n'est jamais déçu.


LO 453. 23 juillet 2011
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NORGE


Entendu dans un débat sur LCP (il y a quelques mois et pas du tout à propos des récents frais évènements de Norvège) : « Ce n'est pas la violence qui tue, ce sont les armes à feu. »
Comment ces gens (de grands responsables, des députés) peuvent-ils proférer dans le poste avec leur bouche de telle insanités. Quel peut bien être leur "être au monde" ?
— C'est pas moi, msieu, c'est la violence !
— C'est pas moi, msieu, c'est mon pistolet !
Je me rappelle le personnage joué par Tom Cruise dans "Collatéral". Quand le chauffeur de taxi lui dit : « Vous avez tué cet homme ! », il répond : « Je n'ai pas tué cet homme ; la balle sortant du pistolet l'a tué. »
Idiot, aberrant, insane (au sens de pathologique).
Ce qui tue, ce n'est ni "la violence" ni l'arme. C'est un individu qui tue un autre individu. C'est M. Truc qui tue M. Machin.
• La violence est une abstraction généralisante, un concept, une Idée pour définir un vaste phénomène – qui inclut ce M. Truc.
• Ce M. Truc se sert de ce qu'il a sous la main, couteau, pic à glace, moulin à café, arme à feu, pour tuer M. Machin. Un outil. Le problème de l'arme à feu, c'est que tuer devient très facile : un simple crispation d'un demi doigt.
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Le progrès a fait ceci : la Terre ne tourne plus, elle marche (ce qui veut dire en gros qu'on est passé d'une notion de temps cyclique, répétitif jour/nuit, lunaisons, saisons, année…), celle des primitifs, à une notion téléologique, celle de l'homme occidental technologiste : un temps fléché : ça va quelque part et forcément vers un mieux.)
Quand les nappes phréatiques sont vides, les végétarés se transforment en sado-gazoschiste. Ils allument des bougies pour fêter l'anniversaire de Tchernobyl et des lampes à pétrole pour l'anniversaire de la mariée noire du golfe du Mexique.
Cette année, c'est l'Arctique (pôle nord) qui a droit à un gros trou dans sa couche d'ozone. Le soleil cague à travers sa couche. On attends une recrudescence des cancers de la peau en Russie, Alaska, pays scandinaves… Garde-toi, Joly, maudite vikingue,
Les tsunamis de mes amis sont mes tsunamis. La nature n'est pas hostile, elle est implacable. Quand elle fait mine de se révolter, il n'est plus question de chercher à la domestiquer, il faut la mater. Matar : tuer. On s'y emploie, merci, et l'entropie, sans cesse combat l'utopie. Le technorrisme international frappe chaque jour et partout.
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Découplage
« Le printemps, les oiseaux chantent. L'été, les couples se forment. A la rentrée, les affaires sérieuses reprennent. Tiens, le découplage. Quand, à la fin de l'été ou dans la vie, les couples se défont, on parle de séparation. Si l'on a préalablement convolé dans le mariage, c'est le divorce. Et chez les pacsés ? On dépacse ? Enfin bon.
Revenons au découplage. Soit deux réalités évoluant de concert. Elles sont "couplées". Vraisemblablement, l'une dépend de l'autre. Si les deux réalités divergent, on dit qu'elles se "découplent".
Prenons un exemple. Tiens, la croissance. La divinité devant laquelle s'inclinent présidents, ministres, entrepreneurs, économistes, journalistes... « Croissance, ô croissance, monte, ô monte, sauve-nous, ô croissance ! » Un torrent de larmes, d'encre et de salive, jour après jour, implore, ausculte, vénère le fétiche : 1,6 %, tout va mal ; 2,4 %, on est sauvés.
Une secte irresponsable se gausse de cet unanimisme bêlant. On les appelle les "écologistes". « Plus votre économie croît, disent-ils, plus vous abîmez la biosphère, ruinant peu à peu les bases d'une économie saine et durable. » Il arrive que des économistes se laissent prendre à leurs objections, au lieu de garder l'oeil rivé sur l'horizon sacré de la croissance. Tiens, Tim Jackson, dont je vous ai naguère recommandé Prospérité sans croissance (De Boeck, 248 p., 17 euros).
Jackson ne parle pas de décroissance, il demande simplement si une économie croissante peut diminuer son impact sur l'environnement. Si oui, va pour la croissance. Sinon, il faut changer de modèle économique. Pour que la croissance soit acceptable, rappelle-t-il, il faut que s'opère un découplage entre l'évolution du PIB et celle de l'impact de l'économie sur l'environnement. Comment évaluer cet impact ? Par divers indicateurs, tels que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie, ou la consommation de matières. Or, sur aucun de ces indices, ni l'humanité ni même les pays de l'OCDE n'ont réussi à opérer un découplage : depuis 1990, leur PIB a crû continûment, tout comme leur consommation d'énergie et de matières, et leurs émissions de gaz à effet de serre. Parfois, sur certaines périodes, le PIB a crû plus vite que les consommations, mais celles-ci n'ont jamais diminué, ce qui serait nécessaire pour réduire l'impact sur l'environnement. Et, alors que nous nous dirigeons vers neuf milliards d'habitants, la poursuite de la croissance mondiale ne peut qu'aggraver la dégradation de la biosphère, en l'absence de découplage. Il serait bien que présidents, ministres, économistes et tous les autres s'intéressent au découplage, non ? »
Hervé Kempf (LE MONDE 1er septembre 2010) (Mis sur FACEBOOK)
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Il y a des gens sismographes. Ils captent les troublements du monde.
Un pessimiste n'est jamais déçu.
Laissons l'optimisme aux simplets.
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Citations d'époque (1976) dans L'Express :
Barry Commoner, à la 1ère conférence mondiale sur l'environnement, Stockholm, 1972 : « La catastrophe écologique est inscrite inéluctablement dans notre avenir si nous ne prenons pas les mesures nécessaires……… »
Pierre Piganiol, physicien français, membre de Futuribles :  « Il est toujours difficile de jouer les Cassandre. Pour que le public ressente, prenne conscience, réagisse, accepte, il faut que l'évènement soit perçu concrètement, qu'il soit accompagné d'une certaine dramatisation. »
Barry Commoner : « Pour prendre les décisions qui s'imposent, je ne crois pas que des accords internationaux limités y suffiront. Ce sont les peuples du monde, clairement informés, qui les exigeront de leurs gouvernements. »
(Biologiste américain, engagé dès les années 50 dans la lutte contre les essais nucléaires. A fondé en 1980 le Parti des citoyens et s'est présenté sous cette étiquette aux élections présidentielles
Dans son livre « The Closing Circle » de 1971, Commoner a établi ses quatre lois de l'écologie, qui sont :
1. Chaque chose est connectée aux autres. Il y a une seule écosphère pour tous les organismes vivants et ce qui affecte l'un affecte tous les autres.
2. Chaque chose va quelque part. Il n'y a pas de déchets dans la nature, et il n'y a pas un ailleurs où l'on puisse jeter les choses.
3. La Nature sait. Le genre humain a développé la technologie pour améliorer la nature, mais un tel changement tend à être nocif pour le système.
4. Un repas gratuit, cela n'existe pas. Dans la nature, chaque côté de l'équation doit être en équilibre, pour chaque gain il y a un coût, et toutes les dettes seront payées.
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Rien ne se perd, rien ne se crée… disait Lavoisier.
(La maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » attribuée à Lavoisier, est simplement la reformulation d'une phrase d'Anaxagore de Clazomènes : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » (Wikipedia)

Mangez des violettes !


LO N°452 (15 juillet 11)
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Un tsunami ne fait pas le printemps
DÉCIDÉMENT, ILS SONT PAS BIEN, CES JAPONAIS !
2-07- 2011
Le Japon veut incinérer des déchets radioactifs
Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon, en mars dernier, ont entraîné la production d’environ 25 millions de tonnes de déchets post-catastrophe. Certains de ces déchets étant radioactifs, leur élimination s’avère problématique. Mais, d’après le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), l’option retenue par le gouvernement japonais est inadaptée. En effet, celui-ci entend incinérer une part des déchets produits avec pour conséquence directe le rejet dans l’air de poussières radioactives, en plus des résidus de combustion. En matière de stockage, ces déchets solides seront pris en charge dans des centres spécifiques, excepté ceux dont la radioactivité est inférieure à 8000 Bq/kg. Ces derniers seront stockés dans des décharges classiques, sans garantie quant aux possibles effets à long terme. 

D’après le Cniid, cette catastrophe nucléaire est une « opportunité pour les incinérateurs en mal de déchets », lesquels devraient tourner à plein régime afin de pallier le manque d’alimentation du réseau en électricité d’origine nucléaire. Début juillet, l’un des incinérateurs de déchets municipaux de Tokyo (Edogawa-ku – 200 000 t/an) avait déjà produit des cendres dépassant le seuil de 8000 Bq/kg. Pourtant, les déchets brûlés n’étaient pas censés venir d’une zone contaminée.
Cécile Cassier
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=4757
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QUATORZE JUILLETS ("BABY, YOU'RE A FIREWORK")
Les feux d'artifice participent-ils à la diffusion de colza transgénique ???
Un article allemand (Tageszeitung) nous apprend que les feux d’artifice, contiennent des graines de colza. (Je ne sais pas dans quel but… Ça pète bleu, le colza ?) Plus étrange encore, des recherches montrent que le colza utilisé a une capacité de germination de 30%, et que 5% des graines sortent intactes de la combustion. (Le fait que les feux d’artifice soient utilisés en hiver ne change pas grand chose : le colza peut conserver son pouvoir de germination pendant plusieurs saisons, et parfois même jusqu’à douze ans.) Ainsi ce seraient près de 10 millions de graines de colza viables qui se diffusent chaque année par le biais des feux d’artifices utilisés en Allemagne.
Seul 20% de ces feux d’artifices proviennent de l’Union européenne. Le reste, vous l'aurez deviné, vient principalement de Chine. Les autorités allemandes ne se sont jamais intéressées à la nature transgénique ou non de ce colza. (Les contrôles portent uniquement sur le respect des normes de sécurité et la présence ou non de substances chimiques interdites.)
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JAZZ
Le saxophoniste Lester Young, en visite en France il y a quelques années, aurait dit, devant la tombe du soldat inconnu : « 1914-1918 ? Ce gars là n'a pas fait de vieux os ! »
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L'EURO PUNI
Les maillons faibles. L'Europe a été construite comme Marché Commun, comme espace commercial (comme il en prolifère à la périphérie des grandes et moyennes villes). L'idéal, l'aspect humaniste, il s'est perdu en route. Si un membre n'est pas à la hauteur financièrement, on le vire. A moins qu'on ait tellement la trouille des conséquences que par force, on se découvre une solidarité. Mais amère à avaler : la solidarité contrainte et forcée, la solidarité dans la trouille, ça ne forme pas une fraternité… La concurrence à l'intérieur de la fratrie est toujours là. Les aînés n'aiment pas abandonner leurs privilèges, leur droit d'aînesse, au bénéfice des petits derniers. Les forts n'aiment pas aider les faibles.
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Quitter l'euro ? Ce serait en tout cas le retour d'un refoulé historique : Drachme, Florin, Mark, Franc… éléments d'identité nationale.
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Faut-il bombarder les agences de notation ? se demande Bernard Maris, l'économiste de Charlie Hebdo.
Oui, comme les paradis fiscaux !
Et les Bourses. (Tant qu'à faire.)
Nous sommes aveuglés par les chiffres macroéconomiques pondus par des instances nationales ou internationales. Ces chiffres ne sont rien d'autres que des accumulations statistiques. Ils ne parlent pas de notre vie.
« Le PIB sert à mesurer tout – sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. » (Robert Kennedy)
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MONNAIE LOCALE (ce n'est pas la seule…)
La ville de Toulouse a institué en mai 2011 une monnaie locale parallèle, les Sols-Violette. Monnaie "de consommation" mais "solidaire", elle ne vaut que pendant trois mois, donc pas de capitalisation, pas de spéculation. Elle n'est évidemment pas valable n'importe où, mais dans des boutiques qui ont adhéré à la charte d'utilisation, laquelle privilégie le local, le commerce équitable, le bio, associations, scops… Les deux banques elles-mêmes qui y participent (fournissant des Sols Violette contre des euros) utilisent ces euros récoltés dans des placements éthiques : micro-crédits, par exemple. De plus, les chômeurs, en plus de leurs indemnités en euros, touchent une indemnité supplémentaire en Sols…
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Outre mes participations à Zélium et à Psikopat, je suis aussi dans La Revue (branchée Afrique francophone et difficile à classer politiquement, à mon sens…), avec des illustrations pour des articles de Dominique Mataillet autour du langage, le mois dernier le pléonasme, ce mois-ci les cougars. Et aussi, ce mois-ci cinq ou six dessins un peu "hergéens" sur un dossier qui analyse les conflits internes à l'Europe (les deux Belgiques, les trois Suisses, les miettes de Balkans…) comme des conflits tribaux comparables à ceux de l'Afrique profonde et sauvage.



dimanche 10 juillet 2011

Le problème du tabouret


LO N° 451 (10 juillet 2011)

VACANCES
Journée rouge dans le sens des départs. Surtout à Roissy en direction d'Israël.
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AVIONS SUITE
Petit additif à l'article "AVIONS" de la LO 450.
Qu'il s'agisse d'avions stratosphériques ou "simplement" de ceux qui passent par le pôle Nord pour raccourcir le trajet, les passagers se bouffent un gros supplément de radiations cosmiques. Les "vents solaires" (et, à l'occasion, les "tempêtes solaires") sont plus ou moins arrêtés par la magnétosphère, le champ magnétique entourant la Terre au delà de l'atmosphère. Si vous volez au dessus des pôles ou si vous volez en très haute altitude, vous êtes dans les couches les plus fines de cette magnétosphère, vous êtes moins protégé, vous choppez plus de radiations.
Solutions ? Des combinaisons en plomb pour les passagers ? Un toit en plomb pour l'avion ? Euh… quand on en est à faire des avions en fibre de carbone pour économiser du poids et que, par ailleurs, on projette (présenté au Bourget aussi) un avion à toit transparent pour pouvoir contempler le "paysage"………
Alors évidemment, passer par le pôle économise des kms, donc du temps de vol et de l'argent, du kérosène, donc du pétrole, donc de l'effet de serre, paraît-il.
Reste que les avions volant à haute altitude (pas spécialement au pôle, partout) produisent des traînées de condensation qui n'ont rien de chimique certes, contrairement aux mythiques "chemtrails" chères aux complotistes, mais qui sont "seulement" de la vapeur d'eau, l'équivalent de cirrus artificiels. Et donc ce fameux "avion du futur" (qui n'aura pas lieu), volant à l'hydrogène et ne rejetant "que" de la vapeur d'eau serait "non pollueur" ? Mais… euh… voilà : la vapeur d'eau (les nuages) est le principal gaz à effet de serre. (Cf LO N°369.)
(D'après St. Mencimer, in Courrier International N°1078, 30 juin-6 juillet 2011).
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La prise de conscience de l'aspect planétaire de la planète a commencé avec des auteurs (de science-fiction) qui ont mis une majuscule au mot Terre.
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TROIS OU QUATRE PATTES ?
La chaise (quatre pieds et un dossier) suppose la civilisation technique : des sols bien plans, bien réguliers, plancher ou carrelage… La ville, l'appartement, une certaine technicité. Le paysan, sur terre battue, étable, carrelage grossier, utilise un tabouret : trois pieds et pas de dossier. Un tabouret à trois pieds n'est jamais bancale. Et puis, un tabouret n'ayant pas, donc, de dossier, on n'a pas la possibilité de s'appuyer, donc de décaler son centre de gravité et se casser la gueule (voir plus bas). Stabilité paysanne. Le tabouret à trois pieds est tout terrain. Comme la brouette, d'ailleurs : une roue et deux pieds (ou, en cours d'utilisation : les deux mains du conducteur). Elle passe partout, contrairement à une carriole à quatre roues.
Il y a bien longtemps, un ami avait inventé des chaises à trois pieds. Deux à l'avant, un à l'arrière, avec cette astuce élégante : le pied arrière se prolongeait en dossier. L'ennui (et je l'ai vécu) c'est que si on s'y appuie, à ce dossier, pas précisément au milieu, on se casse la gueule en arrière. Echec du concept, donc. Oust. (Un pied devant et deux derrière vaudrait sans doute mieux, car si on se penche en avant de travers on a l'appui sur ses propres pieds.)
Où veux-je en venir, avec ça ? Je ne sais plus du tout… Sans doute une opposition nature/civilisation. Ou tout au moins une mise en regard de ces deux concepts pas forcément antagonistes. Se dire quand même que la technique appelle plus de technique : la chaise ou le véhicule à quatre roues supposent le plancher (plan-cher), la route plane, donc l'architecture quadrangulaire, l'enduit au bitume, etc. (Et finalement la centrale nucléaire, le réchauffement climatique et la marée noire…) Se dire aussi que, après la catastrophe qui casse le hachélème et ses plans planchers et éclate les routes béton-bitume, celui qui aura une brouette ou un tabouret à trois pieds (le paysan) sera plus civilisé que l'habitant du dit hachélème.

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LES TITRES
— Georges Tron en garde à vue puis mis en examen…
— Georges Tron, on s'en fout. Son seul intérêt, c'est de pouvoir faire du déconnage sur le thème du pied, genre "à défaut de prendre son pied, on prend celui des autres".
— Les vieux et la fracture numérique…
— Du col du fémur ?
— Le mariage des pédés…
— Ça va obliger le pâtissier à poser des pédés sur le gâteau.
— Au moins, quand un homosexuel rencontre une lesbienne, ça ne leur fait absolument rien.
— G 8, G 20…
— A quand un G 193 ?
— Quand on voit l'état de l'économie française sous l'égide de Christine Lagarde, on peut s'inquiéter pour le FMI.
— Et tu crois que c'était mieux avec DSK, le grand privatiseur ?
— Si la dictature du prolétariat a quelque peu échoué, par contre la dictature de l'actionnariat se porte bien, elle.
— En Libye, y a des bavures…
— L'Otan file un bon coup de main à Khadafi dans son œuvre de massacre de son peuple en bavant un peu partout.
— Une guerre avec que des avions, personne peut dormir.
— Grèce. Le malade mourra guéri.
— Le tout, c'est de retomber sur ses pieds sans perdre la face.
— Anne Lauvergeon irradiée !?
— Non, seulement radiée.
— Moi j'en ai marre que les médias nous qualifient d'anonymes.
— Inscris-toi aux anonymes anonymes.
— 2012 : la fin du monde…
— Encore !
— Vive les sectes apocalyptiques ! Elles sont les furoncles de la société par où s'évacue le pus ! Des soupapes de sûreté.
— Les secte, au début c'est bien, t'es habillé comme un con, tu manges du chocolat… mais après faut se suicider…
— Ça élimine les plus fous, ça soigne le cancer, et ça nous console de notre propre mort inéluctable.
— On pourra se vanter d'avoir vu la fin du monde !
— Se vanter à qui ?
— A propos de suicide, il y a de belles morts littéraires : en 2007, l'écrivain et photographe Édouard Levé écrit un récit intitulé "Suicide", le propose à son éditeur P.O.L., apprend que le manuscrit est accepté – et se suicide.
— Par contre, Cioran, qui a tant écrit sur le suicide, ne l'a pas fait.
— Il avait l'alzheimer, il s'en rappelait plus.
— Il avoua même que la seule fois où il ait eu vraiment envie de se suicider c'est quand, ayant bricolé sa plomberie en amateur maladroit, il avait inondé tout son étage…
— Les mâchicoulis, ça se mange ?
— Tu fais les courses ? Ramène du pain !
— On ne dit par ramener (ou amener ou emmener) du pain, des cigarettes ou quoi que ce soit de ce genre… D'abord, on dit "s'il te plait"… Ensuite, on les rapporte (ou emporte, ou apporte) … puisque ce sont des choses que l'on porte. On emmène ou amène ou ramène quelqu'un qui marche sur ses propres pieds : un humain, un animal…
— Une table ?
— Et une bagnole ? Qui amène l'autre ? C'est moi qui l'amène ou elle qui m'apporte ?
— Et un pêcheur qui tire son filet dans le bateau, il ramène les poissons, ou il les rapporte ?
— Oh… bon… ça va… Mais on ne dit pas non plus "il s'en rappelait plus", mais "il ne se le rappelait plus", ou "il ne s'en souvenait plus"…
— Dehors !!!
— Je ramènerai un lapin. (*)
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Dans la séquence ci-dessus, les phrases en italiques sont d'authentiques brèves de comptoir recueillies par Jean-Marie Gourio.
Par contre, les phrases en italiques ci-dessous sont d'authentiques citations de Emil Cioran.
« La clairvoyance est le seul vice qui rende libre – libre dans un désert. »
« Dans les grandes perplexités, astreins-toi à vivre comme si l'histoire était close et à réagir comme un monstre rongé par la sérénité. »
« Dans l'anxiété et l'affolement, le calme soudain à la pensée du fœtus qu'on a été. »
(Cioran. "De l'inconvénient d'être né")
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(*) Faudra donc qu'on le tue nous-même.

Vivre ou survivre, il faut choisir (ou pas ?)


LO N°450 (6 juillet 11)

DANS LA SÉRIE "J'Y COMPRENDS PLUS RIEN"
Pourquoi les Grecs, en faillite dans leur pays, essaient-ils de fuir vers GAZA ?
Comment se fait-il que Bison Futé autorise le Tour de France ?
Faut-il prolonger l'existence de Fukussenheim ?
La Chine est un marché potentiel énorme, dit-on. Un milliard et demi de consommateurs. Ça veut dire qu'on voudrait leur vendre les trucs qu'on leur fait fabriquer pour des salaires minables grâce auxquels ils ne peuvent rien acheter du tout. (Et de plus c'est censé être de l'exportation…)
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AVIONS
Le salon du Bourget nous promet plein de nouveautés qui ne verront jamais le jour. Un avion hypersonique stratosphérique, Paris-Tokyo en 2 h 30 en 2050. Mais… 2050 ?! Y aura encore du kérosène en 2050 ? Il volera à l'huile de friture ? Faudra en bouffer, des frites, pour fournir ! A l'huile de palme, à la graisse d'algue, de phoque, de coude ? Et "stratosphérique" ? Ça sera pas interdit depuis longtemps bicoz couche d'ozone ?
Je suis de mauvaise foi, je sais : il est censé décoller et atterrir à l'huile d'algue et ensuite voler à l'oxygène et hydrogène et ne rejeter que de la vapeur d'eau. Mais Paris-Tokyo en 2 h 30, à quoi ça sert ? A qui ? Avec la récession mondiale, on pourra même pas le construire, cet avion, et plus personne n'aura les moyens de voyager en avion. Les affaires internationales, le tourisme… terminé. La seule préoccupation sera de faire bouffer les neuf milliards d'habitués de la planète.
Quant à l'avion solaire… poétique, certes, mais ses ailes de géant l'empêchent de marcher… 64 mètres d'envergure, plus encombrant qu'un airbus, pour transporter UN type…
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RÉGRESSION
Si on fait un peu attention à ce qu'il se passe, on s'aperçoit que les problèmes politiques (au sens strict) ou économiques sont dépassés par des problèmes de régression civilisationnelle : éducation, habitat, soins médicaux… et pire : des problèmes d'air, d'eau, de nourriture. On assiste d'abord à des régression de qualité – ce n'est pas nouveau –, ensuite, pire, à des menaces sur leur accessibilité ou même leur existence. Je parle toujours aussi bien de l'éducation, l'habitat, les soins médicaux, que de l'air, l'eau, la nourriture. C'est-à-dire que des questions de survie telles qu'elles se posent à une tribu du fin fond de la brousse deviennent des questions de premier plan dans notre civilisation de "pays les plus évolués du monde" (USA, Europe, Japon…)
Nous étions, nous sommes encore, dans l'enchantement de l'abondance, l'étreinte glorieuse et la partouze enchantée… Que pouvons-nous espérer de "la décroissance" ? Un désenchantement qui ne nous fasse pas trop mal…
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LA FAIM
Désirs basiques, besoins du corps. Le corps crie famine, réclame son dû, la satisfaction de ses besoins animaux : manger, boire. C'est la survie. La nature-nourriture. (Nurture, disent les américains de la nature en tant que nourriture : • the act or process of promoting the development, etc., of a child ; • something that nourishes ; • (Biology) the environmental factors that partly determine the structure of an organism .) Cette souffrance est apaisée par le plus simple : du pain et de l'eau, ou la galette d'orge d'Epicure (comme quoi l'épicurisme, ce n'est pas jouissance champagne-caviar mais le goût de l'essentiel). Manger, c'est d'abord apaiser les douleurs liées au manque. Apaiser. C'est le premier état de bien-être, plaisir "en creux", si on veut : non-souffrance, absence de mal, de malheur, de maladie. Ataraxie, disent les philosophes. Un juste milieu entre la souffrance et la joie.
Cet état – minimum vital, confort basique, survie – est la condition de la suite.
Après, pour rester dans le domaine de la nourriture, vient la culture. La cuisine, la cuisson, la convivialité. Et les excès : la gourmandise, le surrafinement, la nourriture dégradée par les excès de cuisson, altérée par les mélanges trop sophistiqués, polluée par la chimie et les pratiques industrialo-commerciales.
Après encore, il y aurait quoi ? Le bio, peut-être, à comprendre non comme un retour au primitif, mais comme un système "post-moderne" ayant assimilé la science, la technique (de l'agriculture à la cuisine) et décelé leurs effets pervers. Partant de là, travaillant à une combinaison intelligente et savante du "naturel" et du "culturel". Ce qui est, au sens propre, l'écologie, non en tant que militance, mais science appliquée.
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VIVRE OU SURVIVRE ?
La plupart des habitants de la planète survivent et s'en contentent. Nous (occidentaux), nous voulons "vivre". C'est quoi ?
— Le chocolat, les clopes et le café.
La recherche du bonheur ? Mais le bonheur est une notion très sujette à caution, remises en cause, discussions et causeries… comme tous les concepts tendant à l'absolu. Il y a une difficulté de définition à laquelle je ne m'attaquerai pas. Au delà de la satisfaction des besoins primaires,  on entre dans un "chacun son truc", un gros bazar qui mélange ou confond plaisir, jouissance, confort, etc. Ou fantasmes quasi métaphysiques : jardin d'Eden, rêve tahitien… Restons modeste : parlons de bien-être ou de qualité de vie. Essayons de définir cela et d'assurer cela.
- Vivre bien ou mieux que bien, matériellement parlant.
- Faire ce qu'on a (le plus) envie de faire. Question boulot, par exemple. Et, plus globalement, avoir des projets et les moyens de les accomplir. Ce qu'on pourrait appeler "réussir" – au sens large, pas forcément professionnel.
- Ajoutons : avoir une vie affective (relationnelle, sentimentale, sexuelle…) satisfaisante.
— Et la santé ?
— Oui : la santé.
- La sécurité. On peut lire aussi, dans cette demande à "vivre", une demande de sécurité : vivre, bien vivre, c'est vivre sans crainte – de se faire agresser en sortant de chez soi, – de perdre son boulot à tout instant, – de voir ses conditions de vie précitées (logement, bouffe, emploi, vie affective) se dégrader : vivre dans la précarité, au pire "tomber dans la rue". Il y a une demande de continuité ou de stabilité dans ses conditions de vie, pas forcément une progression constante, avoir plus, vivre de mieux en mieux, mais au moins la stabilité. Vivre avec une épée de Damoclès sur la tête n'est que survivre.
Si nous définissons ainsi "le bonheur" au sens moderne, rappelons-nous que, pour Aristote, le bien suprême auquel tend la politique, c'est le bonheur (du plus grand nombre possible). Et rappelons-le aux hommes politiques.
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Explosion des prix des matières premières, y compris alimentaires.
- hausse de la demande intérieure des pays émergents (Inde, Chine).
- Variations climatiques dans les pays producteurs (incendies russes, sécheresse australienne… ou française).
- Et surtout : spéculation.
S'ajoute une panique précatastrophiste. Il règne un ressenti inconscient qui anticipe que "tout ça va mal finir". Dans le grand "on" terrien, on pressent, on prévoit et du coup soit on accumule des réserves en vue de, soit on veut en profiter avant la cata, comme une sorte de baroud d'honneur ou de potlatch…
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Il y en a toujours pour dire que si on réunissait les 9 milliards prévus de terriens sur le seul territoire des USA la densité y serait encore inférieure à celle de l'Ile de France aujourd'hui (Gérard-François Dumont, dans le Monde Diplo de juin 2011, avec un gros dossier démographie-surpopulation.) Evidemment que c'est une grosse connerie. Le problème n'est pas la densité de l'habitat, la proximité des habitants sur un territoire donné, mais celui de la surface de territoire qu'il faut à chacun pour avoir de quoi manger, boire, s'habiller, se déplacer, produire, consommer…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Empreinte_écologique
# L'empreinte écologique comptabilise la demande exercée par les hommes envers les "services écologiques" fournis par la nature. Plus précisément, elle mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d´eau nécessaires pour produire les ressources qu´un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés, compte tenu des techniques et de la gestion des ressources en vigueur. # Etc.
Un courrier de lecteur (M. Jérôme Balleydier) du même journal, de juillet, explique ça assez posément et précisément : « Je suis assez étonné qu'il n'est que peu mentionné [dans ce dossier démographie] la dépendance aux ressources naturelles permettant à l'humanité de vivre et d'évoluer (se nourrir, mais aussi se déplacer, se soigner, communiquer, s'éduquer, s'émanciper) au cours de son histoire, et notamment la dépendance au pétrole pour l'histoire contemporaine.
Il me semble que l'explosion démographique du XX° siècle est profondément liée à la découverte puis à l'exploitation du pétrole. Toutes les économies productivistes passées ou présentes reposent sur le pétrole, qui fait partie, sans que nous le remarquions, de notre environnement familier : transport des biens et des personnes, élevage, agriculture, santé, industrie lourde et légère, communication il faut dix fois le poids d'un ordinateur en pétrole pour le produire). Bien entendu, l'alimentation mondiale est complètement dépendante de l'or noir élevage, agriculture, transport). Il est pour le moins primordial de se poser la question comment va-t-on nourrir les neuf milliards d'individus prévus en 2050, sachant que le pétrole bon marché sera déjà très loin derrière nous ? »
Il oublie juste de mentionner les plastiques, présents partout, du stylo-bille à la cuvette rose de la cuisine… Le pétrole n'est pas seulement une source d'énergie, c'est une matière première au même titre que le cuivre ou la pierre… mais pas au même titre que le bois qui, lui, est renouvelable.
Tout ça pour dire qu'on ne peut pas parler de démographie et se poser la question de menace ou non de surpopulation en n'en faisant qu'une question de nombre et de politique (nations, émigration, etc.) La question démographique est une basique question de bouffe. Et le bio est sans doute le salut, plutôt que le pétrole (cf LO 444, avec le rapport de l'ONU). 


dimanche 3 juillet 2011

FUCKYOUSHIMA


LO N° 449 (3 juillet 11)
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SORTEZ VOS DOSIMÈTRES
Tour areva très bien, madame la marquise. Les liquidateurs sont partis la fleur au fusibles, le dosimètre en bandoulière, le compteur gegène en batterie de fissiles. Actifs, interactifs, et bientôt radioactifs…
Arrêtez de nous bassiner, philosophes, avec le siècle des Lumières. "Les Lumières". Le savoir aussi est une passion. Et peut être, comme toutes les passions, destructeur. Les lumières du savoir aveuglent les savants comme la croyance aveugle les croyants. Lumières célestes, les mêmes que celles qui éblouissent les mystiques. Les lumières les ont éblouis, jusqu'à l'aveuglement, éclair d'Hiroshima-Nagasaki-Tchernobyl-Fukushima……… Le savoir sans la responsabilité n'est qu'aveuglement.
Que nous disent-ils, ces savants ? « Le savoir est pur, la science est pure, le mal, c'est ce qu'on en fait. » "On" ? "On", c'est toujours les autres. Les véritables enfants irresponsables sont ces "savants" qui disent : « Laissez-nous jouer avec nos jouets, équations et cyclotrons, c'est tellement rigolo. Les décisions, après, ne sont pas de notre fait mais de celui des politiques. » (hommes politiques qu'ils savent ignares et méprisables…)
« C'est trop facile de dire que la science n'est pas mauvaise dans son essence, que seul l'usage qu'on en fait est mauvais : la possibilité de l'usage en crée la nécessité, cela a toujours été comme ça depuis Prométhée. » (Jacques Sadoul. "C'est dans la poche")
Autrement dit : si on peut le faire, on le fera, soyez-en sûr. Foin de la responsabilité, morale, éthique, déontologie (des hontes au logis ?)
# On se souvient de cette prise de position de Richard Feynman, le précurseur des nanotechnologies, évoquant les beaux jours du Projet Manhattan, à Los Alamos. « Je dois à von Neumann d’avoir compris que nous n’avons pas à nous sentir responsables du monde dans lequel nous vivons. Depuis lors, je n’ai cessé de me sentir "socialement irresponsable", et je m'en suis toujours bien porté. Cette irresponsabilité active qui est la mienne est née de ces conseils que von Neumann me donnait lors de nos promenades. » (R. Feynmann. Vous voulez rire, monsieur Feynman. Editions O. Jacob) Rappelons que l’inspirateur de cette "irresponsabilité active", von Neumann, fut le maître d’oeuvre de la bombe à hydrogène. (Pris sur site Pieces et Main d'œuvre) #
« Comment les lumières que nous recevons des sciences s'accompagnent-elles, parfois, de tels aveuglements ? Mieux nous savons, plus nous pouvons. Comment passer de ces possibilités au réel sans poser le problème du mal ? Quelle responsabilité portèrent, naguère, les savants du Manhattan Project ? » (Michel Serres. "Biogée". P 65)
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Plus raisonnables sont les vieux ingénieurs japonais retraités qui demandent à s'engager comme liquidateurs de Fukushima. Ils disent : « Si je choppe un cancer à cause des radiations, d'ici qu'il se déclare, je serai mort naturellement. » Ou : « Si je perds la vie dans cette mission, je perds moins qu'un homme de trente ans. »
On devrait employer la même logique pour la voiture : si la place du passager est bien "la place du mort", on doit y installer le plus vieux de la bande : il a moins à perdre que le jeune.
En toute logique, on devrait d'ailleurs tenir le même raisonnement pour la guerre : y envoyer les vieux. Mais il semble que ça ne marche pas comme ça. Traditionnellement (anthropologiquement) les vieux, installés au pouvoir, envoient les jeunes au casse-pipe. Le complexe d'Œdipe n'existe pas, le complexe de Kronos, oui : les pères tuent les enfants, histoire de conserver leur place de mâle dominant le plus longtemps possible.
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FUGUSHIMA
Le Fugu est un poisson que les japonais adorent ! Oui mais danger, ses intestins contiennent un poison violent appelé tetrodotoxine, qui est 1 200 fois plus mortel que le cyanure ! Un Fugu a assez de poison en lui pour tuer 30 personnes...
— En plus, maintenant, ils sont radioactifs.
— On en meurt deux fois.
— Trois, avec les pollutions au mercure. (Minamata, 1956)
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ARGUMENT NUCLÉAIRE
Un brise-glace russe à propulsion nucléaire parcourt la banquise arctique en brisant les glaces, comme son nom l'indique. Il emmène des touristes et prépare la voie pour les cargos qui vont profiter du réchauffement climatique et donc de la fonte des glaces et donc de l'ouverture du "passage du nord-est" pour gagner quelques miles dans leurs transports Europe-Asie-Amérique. Ce faisant, d'ailleurs, en brisant la banquise, le brise-glace accélère la fonte de la banquise et donc le réchauffement lui-même et donc la fonte.
Argument du navigateur : oui, le nucléaire présente des dangers, mais, à pleine puissance – et il en faut, de la puissance – on brûle 350 grammes d'uranium par jour. Avec un moteur à gasoil, il nous faudrait 350 tonnes de gasoil par jour ! Et ("comme je dis toujours", dit-il) il n'y a pas de station-service au pôle nord. Sans le nucléaire, tout cela serait impossible.
Ouais… Il serait impossible d'emmener des touristes au pôle nord.
Et alors ?
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"NATUREL"
Bilan (pas du tout intéressé) des sociétés d'assurance : les assurances augmentent parce que 2010 a été une année meurtrière à cause de "catastrophes naturelles de plus en plus nombreuses". De plus en plus. Formule intéressante dont ils se souviendront en 2012 pour parler de 2011 avec ses volcans, ses marées noires, ses séismes et tsunami, ses tornades américaines, "catastrophes naturelles de plus en plus nombreuses"… Les assureurs (et nous tous) feraient peut-être bien de se demander plutôt si la croissance démographique et l'urbanisation forcenée (autres "de plus en plus") ne sont pas des causes majeures d'augmentation des risques "naturels".
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RISQUE
Nous ne jugeons pas d'un risque à partir de sa probabilité mathématique mais en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à l'esprit : si un de nos proches est mort du cancer, notre crainte du cancer nous viendra par la proximité mentale de ce fait-souvenir plus que par les statistiques de la sécurité sociale. On parle d'accessibilité cognitive.
S'il est question, comme actuellement, du risque nucléaire civil, Tchernobyl me vient à l'esprit en premier, Fukushima ensuite, Three Miles Island plus loin, par effort d'information, non par mémoire immédiate. Sur le thème de "la bombe", c'est Hiroshima qui s'impose, Nagasaki ne suit que dans un second temps. Puis les essais français, à Mururoa ou au Sahara algérien (Reggane), ne suivent que mollement (il m'a fallu consulter Google pour retrouver le lieu exact : Reggane, et la date : 1960… et pourtant l'époque, De Gaulle, l'Algérie… ça fait partie de ma vie et de mes souvenirs conscients.)
D'où ce besoin que l'information-alerte soit répétée et martelée jusqu'à creuser un sillon profond dans les neurones. Mais ce n'est pas suffisant : pour générer autre chose que de la peur ou de la superstition, l'information doit s'accompagner de l'information sur une alternative. A propos du cancer, dans ma mémoire, je peux trouver autant de gens qui en sont morts que de gens qui, soignés, en ont guéri. Je peux citer des exemples dans mes proches. Si bien que ma peur du cancer s'inscrit dans une information plus globale : on en meurt ou on en guérit.
Dans le domaine du nucléaire, la peur est inévitable puisque j'ai connaissance des catastrophes qui ont eu lieu, du danger à long terme des déchets, etc. mais j'ai aussi connaissance des alternatives : solaire, éolien, géothermie… et surtout économies d'énergie. Partant de là, je peux avoir, par rapport au nucléaire, un raisonnement plutôt qu'une parano.
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« Nous ne parviendrons jamais à une déontologie de nos savoirs et de nos actes sans penser d'un coup le subjectif, l'objectif, le collectif et le cognitif ensemble. » (Michel Serres. Biogée. P 78)
A voir :
http://www.youtube.com/watch?v=tp1qkmImCnY&feature=share
A lire :
http://www.telerama.fr/monde/bernard-laponche-il-y-a-une-forte-probabilite-d-un-accident-nucleaire-majeur-en-europe,70165.php



samedi 2 juillet 2011

Encore des dessins…


LO 448 (2 juillet 2011)

Tiens, tant qu'à y être, je continue avec des dessins. D'une part de ceux qui sont passés dans les PSIKOPAT ou ZÉLIUM précédents, d'autre part des inédits, parfois vus sur Facebook, parfois non…

Psikopat

Psikopat

Psikopat

Zélium

Inédit

Inédit

Inédit

Inédit








vendredi 1 juillet 2011

Moi, j'y comprends plus rien… alors je dessine


LO N°447 (Premier juillet deux-mille-onze)
Moi j'y comprends plus rien ! Un jour, on bombarde Khadafi, le lendemain la Grèce… Un jour Madame Aubry est nommée au FMI et Madame Lagarde présente sa candidature aux primaires écologistes, le lendemain le remaniement ministériel est pris en otage par Ghesquière et Taponnier, le jour suivant, c'est DSK qui épouse la Princesse de Clèves et Nafissatou Diallo qui deale de la coke dans les prisons, on retrouve un fémur d'Alexandre-le-grand à 13 ans, José Bové s'inscrit au patrimoine mondial de Ionesco, Nicolas S. se fait prendre au col par un quidam et Angelina Joly divorce d'avec Monsieur Hulot…
(A propos de Hulot, et pour échapper à la sauce moutarde de l'information, allez plutôt voir "Ni à vendre, ni à louer", le nouveau long métrage de Pascal Rabaté, « c'est un peu comme si Camping 4 avait été réalisé par Tati » disait un ami en sortant. Une idée (ou plus) par plan… et beaux, les plans !)
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Néanmoins, je continue à sévir dans la presse mal imprimée mal distribuée parce que j'aime ça.
Dans le PSIKOPAT de ce mois, "spécial été 100 pages sécurité routière", je signe la couverture sur une idée de Carali, deux pages de BD sur thème des radars (extrait), quelques dessins sur des thèmes connexes, ainsi que quelques dessins d'actualité "large", dont certains déjà vus ici, dans les LO.






Quant à ZELIUM, j'y signe la page 24 (dite aussi "4ème de couverture", soit un GRAND dessin), l'habituelle rubrique livres de Noël Godin et deux ou trois autres dessins, dont un pour la chronique d'un film inconnu qui mériterait apparemment d'être vu : Suspension. Ça change du poltrash (= humour noir politique).





DéGrèçage

LO N° 446 (28 juin 2011)

QUELQUES NOUVELLES DANS LE POSTE
— L'Europe baisse les aides alimentaires aux démunis de 60%.
— Bon anniversaire, Coluche !

— On a eu droit au Gode électoral de Glaude Guéant…
— Pour nous mettre dans le Gul sans doute…
— Quand Christine Boutin sera présidente, les lapsus sexuels seront interdits.

— Augmentations SNCF, péages, poste, etc.…
— Y a de la fellation dans l'air.
—A moins que ce soit de l'enculation.
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SPORT. QUOTA ETHNIQUES
— Pour couper court à toute polémique raciale, les joueurs de foot seront désormais peints en bleu de la tête aux pieds.
— Ça fait UMP, quand même…
— Ou flics…
— Ou schtroumpfs…

(Et si vous n'aimez pas le basket, regardez Emilie Gomis.)
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TRON, LUC FERRY, même combat.
La réflexologie est la science de ceux qui pensent avec leurs pieds, voire avec ceux des autres.
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Marche sur les ruines d'Athènes.
La Grèce prise en otage, pays sous occupation de la troïka (FMI, BCE, CE). Colonisation sauvage. L'austérité, qu'ils disent : baisser les salaires et les retraites, taxer à mort, vendre le patrimoine à l'encan… brader par morceaux, vendre à la découpe…
Je te prête = je te sauve… mais j'ai maintenant tout pouvoir sur toi. Ensuite, étrangler son débiteur, ce n'est pas très malin : vous le tuez, vous pouvez être sûr qu'il ne vous remboursera jamais. (Les banques sont des machines bêtes.)
On s'en sort comme après Tchernobyl : liquidé. Résultat : pire qu'un an avant.

Dans Charlie Hebdo 990 du 8 juin, Bernard Maris nous explique tout ça très bien grâce au "dilemme de l'usurier". Un usurier a deux débiteurs. L'un ne peut plus le rembourser. L'usurier fait pression sur lui pour l'obliger à rembourser en temps et en heure. Le malheureux endetté vend ses biens, travaille plus, donne une plus grosse part de son salaire à l'usurier. Mais affamé, assoiffé, mis à la porte de chez lui, ayant même vendu ses outils, le débiteur dépérit… et, du coup, rembourse de moins en moins. Bientôt il sera ruiné et, partant, l'usurier aussi (ou au moins une grosse perte pour celui-ci, côté argent prêté et intérêts espérés). Du coup, l'usurier, pour se protéger lui-même, renouvelle le crédit sans frais, repousse les échéances, exige moins du débiteur.
Mais voilà : il y a un autre débiteur, qui va s'empresser de demander le même traitement… et l'usurier voit approcher sa propre ruine…
(Dans la réalité, vous en faites pas pour les banquiers, ils ont beaucoup plus que deux débiteurs, des petits, des gros, ils trouvent toujours à se rattraper de l'un sur l'autre, etc.)
Dans le cas de la Grèce, la voilà qui bosse et se serre la ceinture pour que son argent parte à l'extérieur ! Puisque ses créanciers sont des banques étrangères, banques qui ont eu ces fonds quasi gratos de la BCE et qui les reprêtent aux États à 5 ou 6 %. Résumé du scandale : ces banques ont cassé le système financier mondial, puis se sont fait prêter gratuitement de l'argent public, et maintenant spéculent sur les dettes publiques qui ont été créées justement pour sauver le dit système ! Quand aux banquiers grecs, ils envoient leur fric en Suisse…
Total : le PIB chute, la Grèce tombe en faillite. Il va falloir être cool et ne pas tuer le malade en le soignant, donc "rééchelonner" la dette. Oui, mais le Portugal ou l'Irlande vont exiger le même traitement. Et bientôt l'Espagne… l'Italie… la France… (l'Allemagne ???)
Qu'est-ce qui va permettre de moduler ça ? Vendre ses biens ? Encore faut-il avoir des biens de valeur… et quelqu'un pour les acheter. Qui va acheter la compagnie téléphonique d'un pays exsangue ? avec des clients incapables de payer leur abonnement, et qu'il va falloir désabonner. Vendre des ports, des usines, des monuments historiques ? Des usines à l'arrêt, des ports sans trafic, des monuments pour touristes qui ne viendront plus parce que dans ce pays les services ne sont plus assurés, il y a des grèves sans arrêt, des émeutes, l'insécurité… et puis les potentiels touristes, chez eux-mêmes, ça ne va pas très fort, alors on passe ses vacances à la maison. Quant à travailler plus, encore faudrait-il qu'il y ait du travail, que les usines n'aient pas été fermées ou délocalisées en Chine.
Qui voudra s'acheter un pays en récession avec une population au chômage ?
Les Chinois, sans doute…
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Il nous faudra bientôt des cellules psychologique, ou des groupes de parole fondés sur les mêmes principes que "les alcooliques anonymes"… Les fumeurs anonymes, les mangeurs de steak anonymes, les cannibales anonymes, les Grecs anonymes…
Les politiques anonymes… les terroristes anonymes…
(Déjà qu'un brave péquin qui participe à une manifestation quelconque, "marche blanche" ou "gay pride", s'il n'a pas un nom connu, se fait qualifier par les médias d'"anonyme"…)
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Laissez hâler les seins à l'air.