dimanche 29 novembre 2009

LE CO2 C'EST ODIEUX


LO N°340. 29/11/09
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2O2O
– 2O% DE CO2
OU
+ 2O CM D'H2O
???
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2O5O
– 5O% DE CO2
OU
+ 5O CM D'H2O
???
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Le Monde, 24 nov 09

# La Terre est toujours plus surexploitée par l'homme
"L'empreinte écologique globale" a augmenté de 22 % en dix ans. Cet indicateur, jugé utile, est néanmoins débattu

Une planète Terre et demie ou presque : c'est la surface qu'il faudrait à l'humanité pour produire les ressources qu'elle consomme en un an pour se nourrir, se vêtir, se déplacer, se chauffer, et absorber ses déchets, si les terres et les écosystèmes étaient exploités de manière durable. L'image, destinée à frapper les esprits, a été créée et popularisée par l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), installée en Californie, qui calcule chaque année depuis 2003 l'empreinte écologique de l'humanité, c'est-à-dire sa consommation de ressources rapportée à la capacité de production et de régénération moyenne de la planète.
Selon ses derniers calculs, rendus publics mardi 24 novembre, cette empreinte a augmenté de 2 % entre 2005 et 2006, et de 22 % par rapport à la décennie précédente, à la fois du fait de l'augmentation de la population mondiale, et de la croissance de la consommation par habitant. « Nous utilisons trop rapidement les ressources que la Terre peut fournir, et nous produisons plus de déchets qu'elle ne peut en absorber, commente Mathis Wackernagel, créateur du concept et président du GFN. Nous en constatons tous les jours les effets : déforestation, perte de terres arables, surexploitation des ressources marines, stress hydrique, accumulation de CO2 dans l'atmosphère. » Selon le GFN, les besoins de l'humanité ont commencé à excéder les capacités productives de la Terre en 1986. Depuis, l'homme vit au-dessus de ses moyens.
Le concept d'empreinte écologique a été inventé au début des années 1990. Son unité est "l'hectare global", dont les capacités de production ou d'absorption des déchets correspondent à la moyenne mondiale des "performances" des terres agricoles et des écosystèmes (biocapacités). L'empreinte écologique d'un pays correspond au nombre d'hectares globaux nécessaires pour fournir les denrées alimentaires et les fibres textiles consommées par sa population, pour construire ses villes et ses infrastructures, et pour absorber ses déchets, gaz à effet de serre compris. Les émissions de CO2 sont converties en nombre d'hectares de forêt requis pour les absorber.
Le concept a fait l'objet de nombreux travaux en France, dans le cadre de la réflexion sur l'élaboration de nouveaux indicateurs de bien-être. Ni la commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social ni le Conseil économique, social et environnemental (CESE) n'ont préconisé de l'utiliser en priorité. Ils lui ont préféré le bilan carbone, jugé plus simple et plus robuste. « L'empreinte écologique est un concept séduisant et pédagogique, mais il présente des limites, note Philippe Le Clézio, rapporteur d'un avis du CESE sur le sujet en juin. Par exemple, il ne prend pas en compte les pollutions. L'utilisation d'engrais augmente la productivité des sols, donc diminue l'empreinte écologique, mais elle crée aussi une pollution. »
Alain Grandjean, membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot fait partie des sceptiques. « C'est un indicateur pionnier, qui a permis de montrer que l'humanité prélève plus que ce que les ressources renouvelables peuvent fournir, mais il pose des problèmes méthodologiques, explique l'économiste. Il veut mesurer avec une unité commune des données incomparables. Les émissions de gaz à effet de serre se mesurent en tonnes, pas en hectares. La capacité d'absorption du CO2 par les forêts est un sujet très débattu, les écarts entre les estimations peuvent être importants. »
L'économiste Jean Gadrey, qui a participé aux travaux de la commission Stiglitz, défend le concept. « Il existe peu d'indicateurs aussi performants pour sensibiliser les personnes qui ne sont pas spécialistes, affirme-t-il. Il nous montre que nous dépendons de territoires qui peuvent se trouver loin de nous. Il a un intérêt pour réfléchir plus largement que sur la seule question du carbone. » M. Wackernagel répond aux critiques que son concept est « une comptabilité qui repose sur des outils scientifiques et mesure une question précise, à savoir quelle biocapacité nous utilisons. »
L'intérêt majeur de l'indicateur est de mesurer l'évolution des consommations de ressources dans le temps. Il met aussi en relief les inégalités entre modes de vie.
Les habitants des Emirats arabes unis, qui consomment chaque année l'équivalent d'environ 11 hectares globaux, ont l'empreinte écologique la plus élevée. Suivent le Qatar et les Etats-Unis. Les pays d'Europe de l'Ouest figurent parmi les trente premiers, aux côtés du Canada, d'Israël et du Japon – les Français, avec 5 hectares globaux par personne, sont au 22e rang mondial. Chaque Chinois consomme en moyenne 2 hectares globaux, autant que les Maliens ou les Péruviens. Les habitants d'Haïti, de la République démocratique du Congo, de l'Inde, du Cambodge, ou de la Côte d'Ivoire figurent parmi les plus petits consommateurs de ressources au monde, avec moins de 1 hectare global. #
Gaëlle Dupont
© Le Monde
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VIVE L'AGRICULTURE INTENSIVE !
# Selon une étude internationale publiée le 22 novembre dans Nature Geoscience, en Europe, la capacité des prairies et des forêts à stocker le CO2 émis par les activités humaines est annulée par les pratiques agricoles intensives. Ce bilan des flux de gaz à effet de serre montre que les écosystèmes terrestres européens n'absorbent que 2 % des émissions domestiques, industrielles et dues aux transports. Ce puits de carbone potentiel est déjà comblé par l'oxyde nitreux dû à l'emploi d'engrais et le méthane émis par les ruminants. #
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DES MILLIARDS D'EUROS SOUS LES EAUX
On peut décompter les catastrophes en cours en tonnes de CO2, en centimètres de montée des eaux, en vies humaines… ou en euros – ce qui est assez déplaisant, chez un anti-capitaliste. Mais peut-être que l'alliance entre le WWF et l'assureur Allianz ne vous plaira pas non plus…
(Conjuguons au futur : J'ai fait quelques interventions sur ce texte, elles sont entre parenthèses et soulignées…)

# 18 700 milliards d'euros sous les mers : les biens menacés par la montée des eaux
En 2050, la valeur des biens menacés par la montée des mers pourrait atteindre (atteindra) 28 000 milliards de dollars (18 700 milliards d'euros) dans 136 villes portuaires de plus d'un million d'habitants. L'addition, appuyée sur des chiffres de l'OCDE, est calculée par le WWF dans une étude réalisée avec l'assureur Allianz et publiée lundi 23 novembre.
A l'en croire, le changement climatique risque de coûter (coûtera) beaucoup plus cher que ce que les prévisions du GIEC laissent présager, en raison des effets de seuil qui vont démultiplier l'ampleur du réchauffement et ses conséquences. Et les rédacteurs du rapport, deux climatologues britanniques de l'université d'East Anglia, d'annoncer des jours sombres pour la forêt amazonienne, les ressources en eau de l'Inde et les métropoles côtières.
Alourdir le devis du réchauffement, une manière d'accroître la pression deux semaines avant la conférence de Copenhague ? Sans doute. « Le changement climatique n'est pas un phénomène linéaire, il y a des points de non-retour, c'est pourquoi il est capital de limiter le réchauffement à 2 degrés, argumente Walter Vetterli, l'un des dirigeants de WWF en Suisse. Sans quoi les conséquences pourraient être (seront) bien pires que ce qui est annoncé habituellement. »
WWF prédit ainsi une hausse moyenne du niveau des océans de 50 centimètres en 2050, quand le GIEC n'annonce que 15 centimètres. Les villes d'Asie sont parmi les plus menacées par cette accélération, en raison notamment de leur croissance rapide. La population de Dacca, Jakarta ou Manille est extrêmement exposée. Et les dégâts pourraient s'élever (s'élèveront) à 2 600 milliards de dollars pour Canton, 1 600 milliards à Calcutta, 1 300 milliards à Shanghaï.
Mais les Etats-Unis ont également du souci à se faire : la côte Est pourrait subir (subira) une hausse supérieure de 15 centimètres à la moyenne. Baltimore, Boston, New York, Philadelphie et Providence verraient (verront) ainsi la mer gonfler de 65 centimètres en 2050. La valeur des actifs exposés au risque climatique sur toute la côte des Etats-Unis passerait  (passera) alors de 1 359 milliards de dollars aujourd'hui à 7 425 milliards en 2050, dont 2 400 milliards à Miami et 1 300 milliards pour New York-Newark.
Les chiffres de WWF ne traduisent qu'une partie du risque : l'ONU-Habitat a recensé 3 351 villes et 380 millions d'habitants dans la "zone côtière de faible altitude", à moins de 10 mètres au-dessus de la mer. #
Grégoire Allix
© Le Monde
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Cadeau : 2 logos en libre service, créés par mes soins et sans ©.
Utilisez-les comme vous voulez. (Ou pas.)

 

jeudi 26 novembre 2009

LOUBNA


LO N° 339 (25/11/09)

Soudan, l'été dernier.
La journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein avait été arrêtée et condamnée pour avoir porté un pantalon jugé "indécent". Selon la tradition chariesque de ce charmant pays, elle risquait 40 coups de fouet. Elle a fait du bruit, lançant 200 ou 300 invitations dans le pays et ailleurs pour assister à sa punition.



Le tribunal a préféré lui infliger une amende – qu'elle a refusé de payer – d'où prison. Mais l'association des journalistes soudanais a payé son amende et la jeune femme a aussitôt été libérée. Mais elle a décidé de quitter le pays, malgré l'interdiction de voyager qui la frappait.

C'est donc revêtue d'un niqab (le voile islamique intégral) qu'elle est passé en Égypte.

Elle est maintenant en France à l'occasion de la parution de son livre "Quarante coups de fouet pour un pantalon" (Editions Plon)







samedi 21 novembre 2009

QUELQUES DESSINS…


LO N°338 (21/11/09)

Quelques dessins parus ces derniers temps dans Siné Hebdo :

Identité française, dans le N°61.




Pour un article de Michel Onfray sur Félix Guattari, dans le 61 aussi.



Pour un article de Concialdi sur la crise au Japon et ses SDF (dits là-bas houmuresu, transposition de l'anglais homeless) dans le N°62.




Pour Marie Ndiaye et le devoir de réserve (rétroactif !), dans le N°63, en vente partout !



DU MUR ET DE QUELQUES AUTRES CHUTES…


LO N°337 (17/11/09)

(Paru dans Siné Hebdo)


— La chute du mur a 20 ans.
— Comment une chute peut-elle avoir 20 ans ???



— Construisez un mur, automatiquement il y aura des gens qui auront envie de le taguer.
— Ou de le compisser.
— Ou d'y jouer au squash.
— Ou de le franchir.
— Ou de le démolir…
— Sans omettre ceux qui s'y lamentent et y glissent des prières écrites…
— Après ça on se moque des moulins ou drapeaux à prière des bouddhistes !

CELLULE GRISE DE CRISE

— Poste privée ou Poste restante ?
— Ou privés de Poste ?
— La Poste restante, c'est ce qu'il reste de la Poste après privatisation ?
— Bientôt, il y aura l'Hôpital restant, la Prison restante, l'Université restante…
— La société est de plus en plus anonyme.
— Vive la Poste résistante !
— Envoyez des cartes postales au prez.
http://www.referendumpourlaposte.rezisti.org/index.php

— La discriminution à l'embauche a de beaux jours devant elle. Maintenant on va pouvoir discriminer les fumeurs parce qu'ils coûtent plus cher en sécu.
— Fumer tue !
— Préférez la grippe A poil et A pas peur !
— H1Neuse…
— Et le vacc1N1… (On fait dans le calembour typographique, là…)
— Elle semble progresser. La croissance est de retour !
— Pourtant l'épidémie de vaccination ne décolle pas.

 — Y a qu'à payer les gens pour qu'ils se fassent vacciner, comme les écoliers pour qu'ils arrivent à l'heure.



— Pourtant, il y en a qui portent plainte contre l'État pour tentative de génocide.
— Va y avoir du suicide de médecins sur leur lieu de travail.
— Pourtant leurs honoraires seront toujours dépassés.
— Mais les dépassements seront plafonnés, comme les bonus tradeurs.
— Pourtant les accoucheurs privés font la grève.

— Et qu'est ce qu'on va faire des 90 millions de vaccins et de masques ¿!
— Les revendre aux Bretons pour se protéger des vapeurs des algues vertes.
— Ou les balancer dans le trou de la Sécu.
— Tu te rends compte ? Un trou avec 10 milliards d'euros dedans, ça fait rêver !
— Le budget nous fait bien du 116 millions d'euros de déficit… ou milliards, je sais plus…
— On emprunte, on remet à plus tard, plus tard, plus tard… Ça obère l'avenir.
— C'est pas faux. (C'est ce qu'on dit quand on comprend pas un mot.)
— L'État n'est qu'un trou.
— Mais en réalité la dette n'a aucune importance : personne ne la remboursera jamais à personne. C'est du virtuel. Le véritable budget de fonctionnement, par contre, c'est les intérêts.

— Mais la grippe A a un plan B. Si le froid arrive, ça relancera la mode du suicide par grog au rhum.
— … Du suicide chez Renault et chez Peugeot.
— … Chez Thalès.
— … Chez Lévi-Strauss.
— … L'usine de jeans ?
— … La mode du suicide par mort de froid sur le trottoir.
— … Par intoxication au monoxyde de carbone.
— Y a pas de taxe carbone, là-dessus ? Et sur le bicarbonate ? Et sur les hydrates de carbone ?
— … Et par carambolage sur l'autoroute.
— Y a aussi un trou dans la sécurité routière, faut croire.
— On parle de "désincarcérer les victimes" ?… Y a une justice, quand même…

— C'est la grande déprime…
— Mais il faudrait dépasser le concept de dépression nerveuse, au sens individuel, pour parler de dépression sociale…
— Qui mène au suicide sur le lieu de travail chômage…
— … À la consommation surendettée sur le lieu de vente…
— … À la grippe A, B ou C sur le lieu de vaccination…
— … À la violence conjugale sur le lieu de conjugalité…
— … À la burqa dans les lieux publics.
— … Au rap.

— Cold cases : après le petit Grégory, on nous ressort le ministre Robert Boulin, suicidassassiné en 1979, et puis l'angolagate et le mairiedeparisgate…
— Chirac, il a monté ce coup pour se faire de la pub pour ses mémoires.
— Best seller. VGE et sa princesse, enfoncé !
— Chirac, il a perdu son système immunitaire, on dirait, comme Berlusconi.
— C'est une pandémie !
— Les Juges d'instruction s'instruisent une dernière fois avant de disparaître.
— C'est sûr que quand ça sera le Parquet qui instruira, ça se calmera…
— Le Parquet, il en n'a rien à cirer.
— Haha.

— Frigidité cadavérique : une veuve peut-elle se faire faire un enfant par le sperme congelé de son ex-mari ? Non, dit la justice.
— De quoi je me mêle ?
— Un pervers sexuel récidiviste peut-il se faire castrer ?
— Mais qu'il le fasse lui-même, s'il y tient !

— Commémoration des émeutes de banlieue : une course-poursuite silencieuse s'est déroulée en mémoire des victimes.

— Air France a un A 380, maintenant.
— La grippe A 380 ? C'est la plus grave, ça !
— On va pouvoir expulser 538 sans papiers d'un seul coup !
— Pas pendant l'hiver, quand même, y a la trêve.
— Juste pour les apparts. Mais c'est mieux, comme ça on sait où les trouver : on peut les cueillir chez eux.
— Mais les pilotes d'Air-France sont en conflit avec leur entreprise. Bientôt des suicides.
— Sur le lieu de travail ?

— Un titre dans Le Figaro : "Le bisphénol A fait l'objet de multiples rapports pour tenter de déterminer son degré d'innocuité."
— C'est vrai qu'on peut être plus ou moins innocu.
— Tiens, encore dans Le Figaro…
— Tu lis Le Figaro, toi ?
— Non. … À la page "science", on apprend que l'AFSSA lance une campagne de vigilance incitant les professionnels de la santé à signaler tout effet indésirable lié à la prise d'un complément alimentaire. La survitaminose, par exemple. Il y aurait d'un côté les compléments suspects, vendus en hypermarché (ou sur Internet, lieu de toutes les perversions, c'est bien connu), d'un autre côté les bons, les sûrs, les traçables, dont la pub ne saurait être mensongère, vendus en pharmacie. Bon. Maintenant, à la page "économie", on nous raconte que les laboratoires Sanofi-Adventis (qui se font déjà des pilules en or grâce aux vaccins) ont racketté racheté Oenobiol, gamme de compléments alimentaires divers (cellulite, chutes de cheveux, rides, bronzage…), ce qu'on appelle des nutri-cosmétiques ou "compléments alimentaires santé et beauté". – Et vendus en pharmacie.
— Et…?
— Et rien. Je t'ai dit que je ne lis pas Le Figaro.

— Selon le calendrier Maya et Roland Emmerich, l'apocalypse doit arriver fin 2012.
— C'est bon, on a encore trois ans devant nous pour sortir des conneries.



(BIOHAZARD)


BONUS IDENTITÉ FRANÇAISE


lundi 16 novembre 2009

PAYS IMMERGENTS


LO N° 336 (16/11/09)

— On ne doit pas parler de réchauffement climatique mais plutôt de dérèglement climatique.
— Y a qu'a réglementer, alors ?
— Comme pour la finance, oui.
— Et ça marche ?
— Comme pour la finance…

TROPICALISATION
Des barracudas et des raies manta en Méditerranée.
Le réchauffement et la pollution favorisent la prolifération des méduses.
À Madagascar, les T° ont grimpé de 10% en 50 ans.

LES GROS NOUS POMPENT L'AIR
Un milliards de terriens en surpoids (dont 300.000 carrément obèses).
Ce milliard de gros produit un supplément de CO2 d'un milliard de tonnes par an.
Et quand ils se baignent, ils font monter le niveau, en plus.

— Les négationnistes, c'est un peu comme les créationnistes, quoi…
— Ou comme les pétomanes.



ECOLO PAS RIGOLO
« Quand la mer mooon-teuuuu, j'ai hooon-teuuuu, j'ai hooon-teuuuu,
Quand ell' descend… jeu l'aaat-tends.
À marée baas-sseu, elle est partie hélas-sseu,
À marée haute, avec un au-au-treu…
À marée haute, avec un au-au-treu…»
(Raoul de Godewarsvelde)

— Toutes ces îles paradisiaques qui vont être submergées !
— Paradisiaques et néanmoins fiscales… Les îles Caïman, Jersey…

(Faut-il dire "submergeable" ou "submersible" ? Parce que, dans mon coin, il y a des "ponts submersibles" – ce qui me fait beaucoup rire… un peu comme les poissons solubles chers aux surréalistes…)

— Maldives, Tuamotou, Bengladesh… Les "pays émergents", c'est fini. Voici le temps des pays immergents…

BÂTIR SUR LE SABLE
Ils ne voient donc rien venir, les Chinois qui bâtissent une voie de chemin de fer sur le pergélisol… les chefs d'entreprises qui continuent à délocaliser en Chine comme s'il y avait du pétrole pour l'éternité… les hôteliers des Maldives qui créent de nouvelles plages à grand renfort de tonnes de sable apporté de je ne sais où… et pareil à Héligoland, en mer du Nord, où un investisseur veut remblayer pour réunir les deux îles – pour avoir plus de place – pour construire des hôtels – pour y mettre plein de touristes.

Quant à Dubaï et ses îles artificielles (Palm Jumeirah)… C'est curieux, sur le net, il est quasiment impossible de savoir dans quel état c'est actuellement : les images, on ne sait pas trop si on a affaire à des images réelles ou de synthèse. En attendant, la houle, au lieu de ramener du sable naturellement, attaque les nouvelles plages (entièrement artificielles), il faut sans cesse aller draguer de nouveau du sable au fond du golfe et en réinjecter, à grand renfort d'énergie… énergie… énergie…… De plus, la présence de ce fameux Palmier détourne les courants habituels et c'est la côte elle-même qui se modifie… plages attaquées… langues de sable isolant des lagunes…
Quant aux premiers touristes, ils se nourrissent de boules Quiès…
Et puis, réchauffement climatique… montée des eaux… ils y ont pensé ?
Faire des digues et des barrages et des remblais – pour rehausser les terres – pour lutter contre la montée des eaux – due au réchauffement climatique – dû aux activités énergétiques humaines… est en soi une grosse activité énergétique humaine provoquant du réchauffement climatique provoquant une montée des eaux…… etc, etc.

Les Maldives sous l'eau, il faut cesser d'en parler au conditionnel, il faut en parler au futur. Quelle que soit la réussite d'une campagne mondiale contre les gaz à effet de serre, la T° continuera à monter. Les océans continueront à monter. Les Maldives maladives seront submergées. Et bien d'autres. Une réduction drastique des émissions, comme on l'attend de Copenhague si on est très optimiste, permettra seulement un futur le moins pire possible — c'est déjà pas mal.



O.M.E………… HOME…?……… HOMME…?
Mais Bobama balise déjà le terrain en disant que des décisions contraignantes et chiffrées seraient irréalistes. Pendant ce temps, Sarkozy et Lula concoctent un plan incluant en particulier une Organisation Mondiale de l'Environnement – O.M.E.  sur le même principe que l'Organisation Mondiale de la Santé – O.M.S.

Ouais… Mais quand j'entends le mot "environnement"………
Quand on parle d'environnement, au niveau d'un ministère de l' – , ou au niveau d'une organisation mondiale de l' - , on est à côté de la plaque. L'environnement c'est juste la gestion des pelouses des jardins publics, du tri des poubelles domestiques, ou des crottes de chiens sur les trottoirs.  Mais la question écologique, en vrai, c'est la plus vaste question qui soit, sur le plus vaste ensemble qui soit, incluant toute la planète, continents, mers, atmosphère, climat, biodiversité, populations et mouvements de populations… et bien d'autres choses encore… TOUT, finalement.

Quand on fait un ministère de l'environnement ou une Organisation Mondiale de l'Environnement, c'est qu'on place la question au même niveau que l'économie, la politique, l'éducation, la culture, la délinquance… On place la question écologique côte à côte avec le social, le politique, le financier, la santé, l'alimentation, la morale… Alors que ce domaine, l'écologie, devrait inclure tous les autres que je viens de citer, plus encore quelques autres. La grande patate qui contient toutes les autres patates. (Je me réfère aux démonstrations visuelles de la théorie des ensembles telle que l'ont apprise à l'école mes enfants — pas moi et c'est dommage.) L'écologie, en tant que question planétaire, ouvre la grande accolade qui contient santé, alimentation, économie, énergie, social, politique, éducation, culture, religion, philosophie…… et "environnement". La "maison" (éco-) est la planète Terre, c'est-à-dire "TOUT" (tout ce qui est à notre portée, parce que la lune et la douzaine de seaux d'eau que la Nasa y voit, on s'en fout !).

Et ce n'est pas un "environnement", dans le sens de "ce qui nous environne", mais un ensemble dont nous faisons partie. Le terme "environnement" induit l'idée que c'est fait autour de nous, pour nous et (souvent) par nous, et par là même que c'est à notre service. (Idée biblique : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. » Et plus loin, après le déluge : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre. Soyez la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille, et de tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. » Ça a plutôt bien marché, son plan, tellement qu'on multiplie et qu'on domine et qu'on tire sur tout ce qui bouge !)

Evidemment, on se retrouve avec un truc très emmerdant à penser et encore plus à gérer : TOUT. Il va falloir faire une OMT, Organisation Mondiale de Tout, de la fourmi à l'énergie nucléaire, des neiges du Kilimandjaro à Yann Arthus-Bertrand, de l'herbe au pétrole…… Sans oublier que ce TOUT, ce n'est pas seulement l'addition ou la juxtaposition de chacune de ces choses (éléments, évènements, êtres, processus…) mais surtout les relations entre ces choses, les relations de toutes ces choses entre elles, soit le fonctionnement du tout, et sa fonction. Qu'est ce qui fait qu'un moteur est un moteur et non un tas de ferraille ? Ce n'est pas la juxtaposition ou l'addition de ses composants, c'est leur combinaison active, leur interaction et le fait que cette interaction produise du mouvement.

— Bon, ça suffit, on a compris.

LES NÉGATIONNISTES CLIMATIQUES (2)


LO N° 335 (14/11/09)

Et maintenant un superbe article négationniste, datant lui aussi de 2007. Je ne sais pas si Le Monde publierait encore ce genre de choses en 2009…
Je reprends l'article entier — c'est moi qui souligne.

# Tout le monde il est beau, tout le monde il est vert. Le semblant de consensus qui a été mis en avant au sein des groupes de travail préparant le Grenelle de l'environnement fait plaisir à voir. On pouvait en effet tout craindre d'une de ces grandes messes à la française qui décident de grosses bêtises nationales, comme à Grenelle en 1968 où les hausses de salaires ont plombé la compétitivité française pour des années. On pouvait tout craindre de l'alliance objective entre un ministre incompétent en la matière, mais en mal d'exposition médiatique, et les militants écologistes professionnels du tam-tam.

On pouvait, en clair, aboutir à une vague de propositions destinées à montrer que la France est le phare vert de l'humanité polluée, bien symboliques, bien morales, mais plus antiéconomiques les unes que les autres. Et puis, suite connue, tout cela étant irréaliste, et la France ayant à faire de radicales et douloureuses réformes sur bien d'autres points, bien plus urgentes en vérité, rien n'avancerait vraiment. Rappelons que la France héroïne des grandes causes, dont la climatique, ne respecte pas ses engagements du protocole de Kyoto, malgré les avantages immenses en matière de CO2 que lui procure le nucléaire.
Ouf donc. La lecture des propositions livrées "pour nourrir le débat national" ne cassent pas trois pattes à un colvert. Sur le logement, il n'est en effet que temps de favoriser des bâtiments plus économes en énergie (Borloo a fait l'inverse dans ses précédentes fonctions en construisant des milliers de logements vite et pas chers). Sur la taxation du fret routier, mais encore faudrait-il que la SNCF et ses syndicats parviennent à offrir une alternative. Sur l'étiquetage, sur la biodiversité, sur les pesticides, sur tous ces sujets, le consensus était facile, du moins dans la définition des objectifs. Après, on verra...
On doit même s'étonner de la facilité avec laquelle nos écologistes restent "achetables" par des mesures symboliques. Ils vont vanter, par exemple, comme "une victoire spectaculaire sur le lobby automobile", la réduction de la vitesse de 10 km/h sur les routes, mais, outre que ça va horripiler tous les conducteurs, ça ne sert à presque rien : mieux vaudrait éliminer les vieilles voitures polluantes (lire : Ecologie, la grande arnaque, par Christian Gerondeau, Albin Michel).
Mieux vaudrait, stratégie d'ensemble, taxer lourdement les émissions de carbone, mais encore faudrait-il que l'Etat accepte d'abaisser d'autres impôts en compensation pour ne pas alourdir des prélèvements obligatoires déjà records en Europe. De ce débat central-là, le seul de portée réelle de long terme, il n'est parvenu aucun écho du Grenelle... On y a préféré insister pour que les enfants mangent bio à la cantine.
Manger, justement. Le point très inquiétant de cette champêtre symphonie de pipeaux concerne les OGM (organismes génétiquement modifiés). Tout se passe comme s'ils étaient devenus le nouveau totem des militants écologistes. La lutte contre le nucléaire, qui a été à l'origine de nombreux mouvements, n'est plus trop vendable à l'heure du réchauffement climatique : voilà une énergie qui n'émet pas de CO2. Il fallait une autre idole pour mobiliser les foules : la lutte contre le méchant OGM vient à point.
On a toutes raisons de penser que le swap du nucléaire à l'OGM des mouvements écologistes fait l'objet d'un accord avec le gouvernement et avec la CGT. Comme s'il était envisageable pour la France de choisir entre les deux. Comme si au XIXe siècle, à l'arrivée du train et de la voiture, et constatant que les deux n'étaient pas sans dangers, la France avait dit : OK ! Tout pour le train mais zéro voiture ! Ou l'inverse.
On veut donc croire que le délicat problème des OGM sera géré autrement qu'avec un moratoire, comme l'a annoncé un moment Jean-Louis Borloo, avant de se reprendre, heureusement. Moratoire au passage contraire aux lois européennes. Délicat, le problème des OGM l'est au sens où il éclaire très bien le malthusianisme de nos sociétés développées vieillissantes.
Les opinions sont contre les OGM : en Angleterre parce que les écologistes ont crié que ces organismes étaient "contre-nature" et en France parce qu'ils ont expliqué qu'ils allaient "contaminer" notre bouffe et donc notre corps (on est ce que l'on mange). Leur malthusianisme alimente la peur de voir l'homme manipuler l'infiniment petit (atome, gène, nanotechnologies) et ce faisant de se "pervertir" intimement, sans le voir, mais irréversiblement.
Face aux opinions désinformées, les autorités peinent à imposer des attitudes raisonnables. Elles veulent rester "prudentes mais pas fermées", comme l'explique Marion Guillou, PDG de l'INRA avec l'idée qu'on ne peut pas refuser a priori toutes ces potentialités d'innovation pour l'agriculture, pour la santé, pour l'énergie. Les besoins de nourriture vont doubler sur la planète d'ici à 2050. Comme la terre arable et l'eau vont manquer, les OGM vont aider à répondre à ce défi mondial.
La France, forte dans le nucléaire et l'agriculture, ne peut se priver ni de sa capacité de recherche (ce qui impose de pouvoir au minimum poursuivre les cultures d'essai en plein champ) ni de ses atouts dans l'agro-industrie. Il faut prendre des précautions, jamais que les précautions prennent le dessus. En 1492, pour sortir du Moyen Age, l'homme a dû vaincre sa peur inverse, celle du grand large.
Eric Le Boucher
Article paru dans l'édition du 30.09.07.
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Tout juste s'il ne nous dit pas : remettons les choses à l'endroit, en fait, c'est le réchauffement climatique qui est responsable de l'augmentation de CO2 dans l'atmosphère.

MAIS, en fait, oui, si vous voulez encore un de ces fameux cycles de rétroaction positive (RA+) que j'adore : les océans sont censés absorber du CO2, mais celui-ci est moins soluble dans l'eau chaude que dans l'eau froide. Si bien que l'océan, arrivé à un certain seuil de T°, rejettera du CO2 au lieu d'en absorber. Boucle bouclée : l'effet de serre dû au CO2 réchauffe les océans qui du coup rejettent du CO2 qui provoque de l'effet de serre donc du réchauffement climatique… Etc.
Partant de là, si, à cause de l'élévation de T°, les océans se mettent à libérer du CO2, une diminution des émissions humaines n'y changera rien.
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CADEAU NÉGATIONNISTE : Un lien vers :
Où l'on découvre un site qui travaille à décrédibiliser systématiquement les grands courants et associations écolos comme Greenpeace ou WWF, à dénoncer les dénonciateurs, forcément pas crédibles, pas sérieux, pas tekno-scientos, passéistes, retourneurs à la bougie, primitifs adorateurs de totems, d'idoles, malthusiens (la grande injure), décroissants, ennuyeux, moralistes, rigides, cul serré…
Et surtout antiéconomistes !
Tout ça menant à quoi ? on se le demande. Révélation d'un énorme lobbyisme vert ? AHAH ! Le créateur du magazine "L'Age de faire" serait un spécialiste de la communication… un manipulateur d'opinion, quoi ! C'est terrible, ce complot planétaire de lobbies écolo ultra puissants, cryptocommunistes — et pourquoi pas judéo-maçonniques, aussi ? — qui prennent le monde en otage. Terrorisme climatique !
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Détournement de conversation
(Note de 2007 encore) : Aux infos, on nous ressort les OVNIs. Et puis la NASA nous montre des films du soleil qui mettent en évidence le dynamisme de la bête : turbulences, ouragans nucléaires, tâches solaires.
Qu'est-ce à dire ? Détournement de l'attention ou manière de dire "le réchauffement climatique, c'est pas moi, m'sieur, on n'y est pour rien et on n'y peut rien, c'est la faute au soleil."
Ajoutons, depuis, les menaces d'astéroïdes baladeurs, ou la fin du monde en 2012 selon le calendrier Maya.
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— La meilleure preuve qu'il y a de la vie intelligente dans l'univers, c'est qu'ils ne nous ont pas rendu visite.
— Les extraterrestres, je vois pas pourquoi ils nous rendraient visite, c'est tout pourri, ici.
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Et pour compléter, une longue citation concernant notre rapport à la science.
« […] dans le domaine de la physique, par conséquent le plus à même d'offrir une plus grande résistance au scepticisme grâce à un langage d'expert qui rassure, charme ou enthousiasme la majorité des personnes qui attendent de la science qu'elle conforte (ou ne contredise pas) leurs croyances ou leurs rêves, et qui pourtant la comprennent difficilement. Au passage, il faut noter en effet que la relation sociologique qu'entretient une grande partie de la société avec la science est hélas fondée à la fois sur une :
- déception : la science explicite tout, brise peu à peu tous les mystères et l'imaginaire, montre que la vie et l'homme ne sont au fond que des briques avec lesquelles le génie génétique peut faire joujou, prive l'homme de son libre-arbitre — la conscience n'est-elle pas selon les grands biologistes Changeux ou Edelman une propriété émergente des structures biochimiques ?
- défiance : la science apporte les instruments de rationalisation des moyens et des économies dans le monde, avec les conséquences sociales que l'on sait, alors que, en même temps, ce sont les progrès technologiques qu'elle génère qui justifient cette rationalisation.
- indifférence : tout en évoluant dans un univers technologique construit par elle, et tout en jouissant de ses produits, peu de gens se soucient de la nécessité non seulement de connaître ses résultats, mais encore et surtout d'estimer les valeurs de l'esprit scientifique et sa démarche : souvent on se contente d'émettre des opinions très approximatives dans un sens comme dans l'autre sur des sujets qui font courir les foules (OGM, trou d'ozone, nucléaire, effet de serre, pollution, maladies émergentes, paranormal, médecines parallèles, téléphones portables, etc) sans faire l'effort de réfléchir scientifiquement sur les données. Il est vrai que, paradoxalement, en cette époque de communications sans précédent, il s'avère difficile de savoir quelles sont les "bonnes" données ? (Frédéric Elie, 2003. "Méthode expérimentale et ovnis". Article sur son site)





LES NÉGATIONNISTES CLIMATIQUES (1)


LO N° 334 (11/11/09) (Vivement 2011, qu'on puisse taper que des 1)

Etant donné l'approche du grand sommet climatique de Copenhague, comme par hasard, on voit ressortir les NÉGATIONNISTES CLIMATIQUES.

Et moi je ressors quelques articles capturés en 2007, en particulier à l'occasion d'un N° de Courrier International. (N°881, sept.07).
On y apprend "Comment travaille le lobby des sceptiques", essentiellement à faire revenir le réchauffement climatique au stade d'hypothèse théorique et non de réalité. Semer le doute… ça suffit… exactement comme les fabricants de cigarettes l'avaient fait pour la recherche sur les méfaits du tabac. Ça marche. Il suffit de quelques petites phrases (reprises par les médias) "la recherche n'en est qu'à ses débuts", "il n'y a pas de consensus"… "le GIEC, ce n'est pas des vrais savants, juste des compilateurs"… "Nicolas Hulot est nul" (dixit Clallègre), "la communauté des chercheurs est divisée"… (Exactement le même discours que sur les OGM > voir dans la prochaine LO l'article de Le Boucher). Et puis pour finir, quand ils sont à cours, ils sont capables de dire : "Même si c'est vrai que le monde chauffe, même si c'est vrai que les hommes en sont responsables, il n'y a pas de quoi s'inquiéter, on aime bien la chaleur, demandez aux Inuits, ils sont tout contents… Et puis on va pouvoir naviguer dans l'Arctique, etc. Et puis de toute façon on n'y peut rien."
Et l'ennui, c'est que c'est pas faux. Comment agir contre le réchauffement climatique ? En fait, on n'en sait rien ! Il ne suffit pas de démonter les arguments des sceptiques, il ne suffit pas de s'engager dans un beau discours à réduire les émissions de gaz à effet de serre de tant % d'ici telle date. Le dire, c'est bien, mais comment le faire ? En fermant la lumière quand on sort d'une pièce, en ne laissant pas couler le robinet quand on se brosse les dents, en roulant électrique ? Au mieux nous pouvons essayer de limiter les émissions de gaz à effet de serre ou, plus exactement, de limiter l'augmentation des émissions. (Parce que globalement, depuis qu'on en parle, non seulement les émissions continuent mais elles continuent d'augmenter.)
Quant à la capture et le stockage du CO2 (CSC), je l'ai déjà évoquée négativement dans la LO N°332 et la lecture de Hervé Kempf me le confirme. Dans "Pour sauver la planète, sortez du capitalisme", il parle de la plateforme norvégienne Sleipner A, qui extrait du gaz du fond sous-marin… et qui travaille à débarrasser ce gaz d'une bonne partie de son CO2 en excès et le réenterre, le réinjecte dans les cavernes sous-marines. Mais cette technique, ajoutée au fonctionnement général de la plateforme, est très coûteuse en énergie. Finalement, la plateforme-usine, pour un million de tonnes de CO2 qu'elle séquestre chaque année, en émet 900 000 tonnes… Le bénéfice est ridicule par rapport à l'enjeu.
Et pendant de temps les centrales thermiques à charbon se multiplient… (Et avec ça Kempf ne croit pas plus en les éoliennes, ah la la…)
Il y a un problème de masse : si maintenant, là, tout de suite, on jouait à fond éoliennes, biomasse, solaire, voitures "vertes", nucléaire, isolation de l'habitat, même si on faisait tout ça à fond la caisse d'un seul coup dans le monde entier (hypothèse carrément fantaisiste), les émissions en 2050 seraient encore au dessus de celles de 2003. Ne serait-ce que parce que le mouvement est lancé depuis longtemps et continue sur son élan, quoiqu'on fasse. Pour vraiment corriger le tir, il faudrait pouvoir retourner de 150 ans dans le passé et étouffer dans l'oeuf la société industrielle.
Reste l'incantation à la "recherche et développement". Ouais, quand on voit le temps et les frais engagés pour mettre au point le Pelamis qui produit modestement de l'électricité avec la houle, et qui a toutes les chances d'en rester au stade expérimental……
Et là, un article du Washington Post est assez fendard dans son genre en ce sens qu'il avoue carrément : nous n'avons tout simplement pas de solution à ce problème. Article le plus pessimiste du lot, en fait : les autres font preuve d'indignation, moralisent, accusent les uns et les autres, ou récusent les arguments des négationnistes, c'est toujours bon à prendre, mais n'apportent pas de solutions. Lui il dit : c'est pas la peine de s'indigner et d'accuser, de toute façon y a pas de solution ! Ce parfait pessimisme (réalisme) me semble la seule attitude possible, et surtout la seule susceptible de changer les choses.
Et déjà en abandonnant l'option (irréaliste) "les énergies nouvelles propres vont remplacer les énergies sales" pour aborder la vraie question : économiser l'énergie. Par exemple (je me réfère toujours à Kempf), l'Allemagne et l'Espagne, très en pointe pour l'équipement éolien, ont pourtant vu leurs émissions de CO2 augmenter entre 2000 et 2005 (1,2% pour l'Allemagne, 10,4% pour l'Espagne). Dans le même temps, le seul pays d'Europe qui ait réussi à faire baisser ses émissions est le Danemark (–11%), et ce grâce à de réels efforts d'économies d'énergie.
La suite du processus, c'est évidemment de passer d'une société de gaspillage d'énergie à une société d'économies d'énergies. Et "gaspillage d'énergie" et "économies d'énergie" veulent dire "gaspillage de TOUT" et "économies de TOUT". Dit comme ça, ça n'a l'air de rien, mais c'est un bouleversement complet.

Et si "on arrêtait tout" ? Et si on tuait toutes les vaches (qui pètent du méthane) ?



Je continue avec les négationnistes et les articles de ce Courrier International de 2007.

On y apprend que la Nasa se serait trompée dans ses calculs de T° pour la fin du XX° siècle : l'année la plus chaude aurait été non pas 1998 mais 1934… Mais de 0,02°C — ce qui ne veut strictement rien dire (un peu comme quand on nous annonce triomphalement une reprise économique de +0,03% sur un mois. Yeah !). De plus des chiffres sur un an ou même dix n'ont que peu de valeur, on peut toujours les attribuer à quelque cause marginale, ou à une suractivité solaire. Ah, le soleil, il a bon dos le soleil, avec ses tâches et ses variations. Et c'est bien pratique parce que si le réchauffement est dû à l'activité solaire, on n'y peut rien, donc on n'a plus qu'à chausser ses ray-ban et cuire. (Je n'exclus évidemment pas que le soleil joue un rôle ; mais, plus exactement, l'interaction entre le soleil et la quantité de gaz à effet de serre dans l'air.) (En passant, il y a même des Australiens qui disent que le réchauffement est un phénomène à l'échelle de la galaxie ! Mais les Australiens, c'est un peu des extraterrestres.)
Le fait est que les choses ne sont pas simples et unidirectionnelles, comme une courbe harmonieuse sur un graphique. Si les T° montaient chaque année de X°, régulièrement, sans débander, depuis 50 ans, la cause serait entendue. Mais la réalité n'est pas comme ça. La réalité, c'est con !, est toujours beaucoup plus compliquée et garde des zones d'ombre, des pourcentages d'incertitude. Dire ça est d'ailleurs une bonne manière de ne rien faire. Tergiverser. Il y a des montées, oui, des cycles, oui, des redescentes, oui… des "rémissions", un peu comme les fluctuations du prix du pétrole… Et ainsi n'importe quel chiffre, même calculé avec d'autres normes que les précédents, va semer la confusion dans les esprits et donc retarder la mise en œuvre d'une action efficace. Et en ce moment même, c'est bien ce qu'il se passe. On nous sert des chiffres comme quoi les T° ne montent plus, ou que les calculs étaient faux, elles n'ont jamais monté, et même tenez vous bien, elles baissent, fausse alerte, les mecs, tout va bien… sans que pour autant les "nouveaux chiffres" ou les nouveaux modèles expliquent les évènements patents, mesurables et mesurés : la fonte de l'Arctique, le recul des glaciers, la fréquence des épisodes climatiques violents (tornades), etc.
C'est qu'on veut des certitudes. Les "savants" savent, non ? Ou sont censés savoir. Or voilà qu'ils ont de ces coquetteries intellectuelles qui leur font utiliser le conditionnel et dire "il semble que", et "si les choses continuent, il se pourrait que… oh, d'ici un bon siècle, voire plusieurs…" Une sorte de principe de précautions oratoires. Par honnêteté ou par trouille de trop s'avancer et risquer de se ridiculiser. Alors si les climatologues (des spécialistes) sont "largement divisés" sur la réalité du réchauffement climatique et largement divisés aussi sur la responsabilité de l'homme et sa civilisation industrielle, où va-t-on ?
On reste dans l'incertitude et donc……… (Et là, ce "on" désigne fortement les politiques qui vont se rencontrer à Copenhague. Déjà qu'ils ont du mal avec ça, alors s'ils n'ont que des chiffres incertains, ça ne va pas les motiver.)



(Sur un plan anthropologique, et pour expliquer un peu cette faiblesse des capacités de décision, il faut noter que l'époque – XX° + XX° siècle commençant –, celle de la mort de dieu, de la psychanalyse et de la physique quantique, de l'explosion démographique, des génocides de masse et de l'atome… est tout entière placée sous le signe du principe d'incertitude… mais nous ne l'avons pas encore intégré, nous ne savons pas encore comment faire avec… nous en sommes encore à nous référer aux Lumières et au triomphe de la raison raisonnante.)
Pourtant, vient un moment où il faut arrêter de se demander, d'hésiter, de tergiverser. Face au principe d'incertitude, il faut sans doute choisir le pire, la pire hypothèse, comme on l'a fait, ici en France avec la grippA. Et cette démarche (principe de précaution qui apparaît ridicule et clairement dispendieux dans ce cas d'une épidémie moins virulente que la grippe habituelle – je sais que je choisis un très mauvais exemple) prendrait une toute autre valeur face à un danger, éventuel peut-être, mais qui touche l'humanité entière.