samedi 30 avril 2016

Islamophobie… Xénophobie… S'agit-il de racisme ?


• Traiter quelqu'un de raciste, c'est tellement facile… et tellement efficace que ça en devient douteux, simple manipulation.
Être accusé d'islamophobie, c'est la même chose qu'être traité de réactionnaire : la honte ! Tu pratiques le trio infernal "amalgame + stigmatisation + islamophobie", t'es foutu ! Symétrique : "Ça fait le jeu du FN". Mais comme maintenant, il y a des néo-réacs, on ne sait plus où on en est…
Mais voilà qu'on découvre avec stupeur que beaucoup des "Je suis Charlie" ne sont pas Charlie, mais seulement xénophobes, identitaires, racistes. Pour ne pas dire islamophobes. Mais excusons les (en vertu de la fameuse "culture de l'excuse" qui n'a pas de raison de fonctionner dans un seul sens) : face à de tels assassinats et attentats additionnés aux égorgements de l'État Islamique et aux applications de la charia en Arabie Saoudite ou Iran, il y a de quoi le devenir. Et "l'amalgame", c'est juste une réaction de généralisation un peu primaire…
• La xénophobie c'est ne pas aimer les étrangers, en avoir peur ou les rejeter, quelle que soit leur "race", nationalité, religion…
— Il parait qu'on est des gros xénophobes, nous les Français…
— Peut-être, mais les étrangers, tu crois pas qu'il sont xénophobes, eux aussi ?

  
• On pense/parle avec des mots très généralisateurs, des concepts, des substantifs. Comment faire autrement ? Il faudrait s'entrainer à parler/penser autrement. A priori et en gros, "le racisme", c'est le mal. Mais en détail, le mal, c'est plutôt les gens racistes. Et encore plus, sa manifestation en actes. Le mal, ce n'est pas "la violence", c'est les gens violents. Et encore plus, les actes violents. Le mal, ce n'est pas "la religion", c'est les gens religieux, croyants, et croyant qu'ils ont raison contre tous les autres, et croyant que ça leur donne le droit d'emmerder les autres voire de les tuer – donc, le mal de la religion, c'est les actes perpétrés au nom de la religion (y compris pensées, paroles et opinions qui perpétuent l'irrationalité aux alentours).
• Le racisme au sens propre serait la défense de sa propre race contre les autres, ses propres gènes (race = racines génétiques) contre les autres. Archaïque. (Et pas si simple, parce que le différent suscite aussi une attirance érotique, celle de l'exotisme.)
Pour ma part, je crois plutôt qu'on voit s'activer quelque chose comme la défense du territoire (c'est tout aussi archaïque). Plus proche de la xénophobie que du racisme proprement dit. Le "chez nous" qui s'exprime par des « On est chez nous ! » vindicatifs. (Eh oui, on est "chez nous"… l'histoire veut ça…) Ce n'est pas une question de propriété (ce qui est déjà moins archaïque) : le locataire est tout autant "chez lui" et son propriétaire ne peut pas l'envahir ou le virer, légalement.
On parle souvent du fait d'"être né quelque part", comme si c'était un hasard, comme si on aurait pu naitre ailleurs. Comme s'il y avait ou il y avait eu une alternative. Profonde erreur : on est, et on est ce qu'on est, parce qu'on est né là. Celui qui est né ailleurs ne peut en aucun cas être moi, n'aurait pu en aucun cas être moi. Ce n'est que par sympathie qu'on peut s'identifier à qui est né ailleurs, "se mettre à sa place", affectivement, mais quoi qu'il en soit il restera un autre.
Il est question de souverainisme, aussi = être maitre chez soi. Mais il s'agit beaucoup, plus profondément, très animalement, de territoire. Le sédentaire qui se défend contre les nomades. Le territoire comme extension du corps. Les gens qui ont été cambriolés vivent ça comme un viol… Je sais très bien pour ma part que si je laisse quelqu'un s'installer à ma table à dessin ou à mon ordinateur pour faire ses trucs à lui, je vais très vite commencer à transpirer, lui tourner autour et pas tarder à l'inviter à venir boire un thé dans une autre pièce, la salle à manger, lieu plus "ouvert". Je sais aussi que je vis la présence de souris chez moi comme une intrusion insupportable… Ou celle d'un chat du voisinage qui se permet de venir puer chez moi… Non, je ne lui permets pas.
"Les autres" chez nous, (je ne les compare ni à des souris ni à des chats, hein !) quelle quantité en tolère-t-on ? combien de temps ? qu'est-ce qu'on leur permet de faire ? Moi, déjà, en tout cas, je ne leur permets pas de tuer mes contemporains, qu'ils soient dessinateurs de Charlie Hebdo, amateurs de rock ou buveurs en terrasse, passagers de métro ou d'avion… Cette formule "je ne leur permets pas" me semble, en toute humilité, un peu débile, mais c'est sous cette forme que ça me passe par la tête, sur fond de colère : je ne leur permets pas de foutre en l'air notre paix, notre "douce France, cher pays de mon enfance", notre tolérance (puisque la laïcité inclut la tolérance et qu'ils se montrent, eux, religieux les plus intolérants), notre "mode de vie", finalement, comme on le revendique un peu partout. C'est-à-dire notre territoire, ou notre paysage, bien au delà du sens purement géographique du terme. (Et même si je trouve notre mode de vie en grande partie imbécile et destructeur, je ne peux pas penser "c'est bien fait pour nous, on l'a bien mérité". Ce qui serait moralement masochiste et pratiquement ne servirait à rien.)
(à suivre)


— Tu sais que ton dessin, il peut être récupéré par les FN ou les souverainistes…
— Oui, mais Les Verts, aussi… La couleur, ça compte…
— Tout dessin est ambigu, tout dessin est interprétable… Faut pas que ça empêche mais faut y faire gaffe.

vendredi 22 avril 2016

Histoire et laïcité


Il n'y a pas de faits sans causes et on ne peut éluder l'histoire (courte, moyenne, longue). Par exemple, les musulmans présents en France se plaignent de la laïcité qui crée "deux poids deux mesures". C'est qu'on ne peut comprendre la loi de 1905 qu'en fonction de l'Histoire, d'un certain passé. La France était chrétienne, les églises et autres lieux de culte étaient là – et ils sont toujours là, même si l'État ne les subventionne pas. Les musulmans sont logés à la même enseigne : pas de subventions pour les mosquées, mais eux, ils n'ont pas de lieux de culte déjà installés depuis des siècles. Il n'y a pas "deux poids deux mesures", au contraire : la même mesure pour tous, les anciens et les nouveaux, conséquence d'une réalité historique = une succession d'évènements étalée sur des siècles.
Passé inamovible, présent/futur éventuellement corrigible ?
La loi de 1905 ne pouvait pas prévoir ce désir de mosquée d'une nouvelle population importée 60 ans plus tard puis installée à demeure. Ce fait doit-il entrainer une révision de la loi de laïcité ? c'est une question. Et une question sociologiquement, politiquement et anthropologiquement très lourde. La France n'a jamais eu à intégrer une telle masse de nouvelle population dans un temps si court (disons depuis les années 70), nouvelle population d'une culture-religion-langue plus étrangère, plus hétérogène que n'étaient les latins ou polonais chrétiens et juifs immigrés au cours du siècle précédent. C'est difficile… et dire que c'est objectivement difficile n'est pas "du racisme" mais du réalisme. Chacun n'est pas si facilement prêt à accepter cette nouvelle réalité qui change notre paysage social, qui demande de partager notre territoire. Si on pense au problème des réfugiés-migrants actuels, on peut se poser la question ainsi : suis-je prêt à partager mon appartement, mon jardin, mon travail avec une famille d'Érythréens, de Syriens, d'Afghans ? Et pas pour un week-end… pour tous les jours.
— Le pape le fait bien, lui !
— Mais le Vatican, c'est grand !
Il y faut soit beaucoup de bonne volonté humaniste, soit une résignation devant le changement qui s'impose par la "force des choses", par le fait accompli. Résignation amère, source de ressentiment. On peut toujours se dire que les gouvernements successifs ont fait moult erreurs (l'Histoire, encore) mais la question reste : et maintenant ? et demain ?
Entre la pensée néo-réac (ou d'extrême droite pas néo du tout) et les bras grands ouverts dans un mouvement angélique (on dit aussi irénique, il parait) d'acceptation de tout et tous, il doit y avoir une troisième voie. Une voie intelligente (qui tient compte du réel : des faits actuels d'ici et d'ailleurs comme de l'Histoire) et humaine (qui tient compte des "valeurs" promues par nos discours).
Je le répète, ce n'est pas simple.


mardi 19 avril 2016

Repères

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« Le terrorisme islamique est en train de mettre à l'épreuve la solidité des repères juridiques, politiques, culturels de notre histoire. » (La Stampa)
Manière de dire aussi générale que possible. Vu de plus près, on peut dire  que le terrorisme islamique est en train de nous mettre à l'épreuve, tous autant que nous sommes et sous tous nos aspects. Mais cette généralisation du journaliste permet de définir un peu mieux ce que c'est que "nous".
Il y a une Histoire, oui. Il n'y a pas seulement des individus isolés, des monades vivant dans une France au présent comme on passe à l'hôtel. Même sans remonter et descendre plus loin que ses parents et ses enfants, il y a des ascendants et des descendants, qui eux-mêmes en ont eu/en auront, des ascendants et descendants. Il y a des voisins qui chacun en ont/auront aussi. Et ainsi de loin en loin, tant dans l'horizontale des contemporains que dans la verticale du temps passé/futur. Histoire, culture, société…
Plus techniquement, il y a des institutions, en effet, des repères juridiques : un code civil, des lois, des juges, des tribunaux… et tout ceci a aussi une histoire, traces du passé et tracé vers l'avenir, projection, projet de société (conscient ou non).
Il y a des repères géographiques, aussi. Des lieux, des territoires, des itinéraires… Eux aussi ont une histoire faite de traces laissées et de projections vers l'avenir (projets). Et donc encore, oui, des repères politiques et culturels : codes scientifiques, techniques, artistiques… et bien d'autres choses encore qui forment (mieux qu'une "identité", une "ethnie" ou "un peuple") une Culture. (J'évite le terme Civilisation qui rejette "les autres" hors de la civilisation, dans la barbarie.)
Ça ne veut pas dire que ce "nous" historique est un lieu clos, fermé, figé, inamovible. L'histoire-géo passée est bel et bien inamovible, certes, par définition : seulement racontable et interprétable… mais c'est un socle, des fondations. L'histoire-géo du présent/futur, posée sur ce socle, bouge, parfois vacille, mais de toute façon se construit. On apprend tous les jours, on s'adapte aux circonstances, on mute, on évolue, individuellement ET collectivement ; c'est le propre du vivant. Et d'autant mieux si les "repères juridiques, politiques, culturels de notre histoire sont solides", comme bases.
Le sont-ils ? c'est bien la question. Ils ont tout pour l'être, mais……… "Mai, mai, mai, Paris mai……" (Nougaro)… Mais nous avons tout fait pour les casser, les institutions, les repères, l'histoire… une tentative (inaboutie heureusement) de table rase… C'était sans aucun doute une nécessité, alors ; mais après ? Comme poussés par notre élan, nous continuons à détruire… et le terrain (devenu sables mouvants) n'est jamais totalement nettoyé, bien sûr. L'émancipation a ouvert la porte à la liberté sans frein et c'est le commerce, le capitalisme libéraliste déchainé qui s'est enfoncé dans la brèche avec le succès que l'on sait, le triomphe de la Bourse, la financiarisation, l'évasion fiscale, les fuites et les couacs, l'individualisme mesquin, le médiatisme et l'immédiatisme  et "Touche pas à mon poste"…
… Et bien sûr la jeunesse sans pères et sans repères des cités sans repères. Sans repères juridiques, politiques, culturels… sans lieu géographique, sans histoire et qui, donc, va chercher ses repères dans des sectes mortifères, celles de l'islamisme terroriste, en l'occurrence.
(Et je ne dis pas qu'ils n'ont pas le choix.)
(Et je ne les excuse pas.)
(Et je ne leur pardonne pas.) 


dimanche 17 avril 2016

Code civil


La laïcité (inscrite dans la loi) est la condition de la démocratie.
Le code civil n'a rien à faire des préceptes religieux. La République laïque, c'est s'affranchir du tout de la morale religieuse.
Mais ça ne veut pas dire l'absence de morale, au contraire : ça veut dire la construction humaine de la morale (une éthique athée, donc) et, puisqu'on est une civilisation organisée, son institutionnalisation dans la loi : le code civil.
La morale religieuse, c'est prétendre que les lois morales viennent d'ailleurs, du "Ciel", d'un être suprême surnommé "Dieu", ce qui est de l'ordre de la schizophrénie paranoïaque collective. Alors même que tout le monde, même le croyant, sait bien que ces lois dites "divines" ont été rédigées par des hommes, fussent-ils nourris au jus de prophètes, des Moïse ou des Mahomet. Mais voilà, des gros malins ont inventé un magnifique concept : la révélation. Imparable. Le rédacteur des lois divines, lois morales et autres règles de conduite, n'est plus qu'un modeste vecteur de la parole tombée du Ciel. Un médium de péplum. On peut en accuser ces prêtres, grands manipulateurs de foules, mais on peut en accuser tout autant les foules en question qui ont avalé ça tout rond, béatement – et qui en redemandent : pas de manipulateur sans candidat à la manipulation, pas de tyrannie sans servitude volontaire. L'un ne va pas sans l'autre. Complémentarité ou cercle vicieux ou boucle de renforcement : peu importe qui a commencé, l'offre ou la demande (mais oui, comme dans le commerce… comme dans toutes les relations humaines, en fait.).
Camus : « Le dialogue à hauteur d'homme coute moins cher que l'évangile des religions totalitaires, monologué et dicté du haut d'une montagne solitaire. »
Le code civil, c'est reconnaitre publiquement que les lois morales et autres (règles civiles de la vie en commun) sont bel et bien non seulement rédigées par des humains, mais décidées par des humains, individus et groupes inscrits dans un certain contexte historique. Partant, c'est admettre qu'elles sont discutables, transformables, évolutives. C'est la démocratie et c'est plus exigeant : il faut penser. Ça suppose vigilance, critique, contradiction ; et contradiction de la critique… La réflexion, donc, et collective, c'est-à-dire finalement quelque chose comme le contrat social.
La morale religieuse, c'est la fable d'Adam et Ève au jardin d'enfance. La loi, c'est la sortie du jardin, l'accession à la maturité, quand on acquiert la conscience, quand on doit gagner son pain et sa raison à la sueur de son front – vie, socialisation, travaux, amours, créations, mort. C'est la réalité, c'est la condition humaine.
La loi confirme la condition humaine. Le code civil n'est pas un donné, comme un fruit sur un arbre permis, ce n'est même pas un pris sur un arbre interdit, c'est une invention, comme on parle de l'inventeur d'un trésor plutôt que le découvreur. Une création arrachée au chaos, à la nature, à la réalité obtuse, par l'effort, forgée par le travail humain – individuel et collectif.

samedi 9 avril 2016

Racines

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Notre société française, c'est un fait historique, est d'origine chrétienne (les fameuses "racines chrétiennes" qui font les Français "de souche" taillés dans le vrai bois de la vraie croix). L'histoire récente (= la réalité présente) fait qu'elle doit faire de la place pour une religion autre – l'islam. L'admettre, la tolérer ou mieux, l'intégrer. (Dans ce "doit", il y a quelque chose comme "qu'elle le veuille ou non", because "fait accompli", et une balance pas facile entre l'accueil enthousiaste et la résignation…)
Et ce à un moment (historique) où cette fameuse "origine chrétienne", on (de nombreux Français) croyait bien s'en être débarrassé, sinon l'avoir oubliée, du moins l'avoir mise au rencart en tant qu'archaïsme depuis les fameuses Lumières, la Révolution, la loi de Laïcité. Notre société française moderne se veut définie comme laïque, dans le sens de "athée sur racines chrétiennes".
En bref, le religieux, on s'en fout… (pas tout le monde, certes, mais ceux que je mets dans ce "on" se reconnaitront)…
… ou on s'en foutait jusqu'à ce que l'islam vienne mettre les pieds dans le plat de la laïcité. Simultanément, le reliquat chrétien de notre société s'est réveillé, ses racines poussant de nouveaux rejets (aux deux sens), ou, pour varier les métaphores, a "repris du poil de la bête" (« Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde »… si cette citation de Bertold Brecht désignant le nazisme vous semble too much, contentons nous du voltairien "l'infâme".) Si bien que c'est autant la part athée que la part cureton de notre société qui se sent perturbée par cette intrusion de l'islam en son sein même. Et avec un petit supplément d'irritation pour les athées qui se voient emmerdés et par l'islam et par les reliques chrétiennes dont ils s'étaient arrachés, non sans effort… et donc, en résumé, emmerdés par les religions quelles qu'elles soient, les religieux de tout poil (de barbe), "la religion" dans son ensemble et dans son principe même : le monothéisme, les monothéismes. Surtout quand on constate que les hiérarchies de religions prétendues différentes et antagonistes s'entendent en fait comme larrons en foire du trône (de Saint Pierre). C'est que finalement, pour eux (comme pour nous – voir article pénultième), le dogme, le contenu de la foi, ils s'en foutent : la puissance est dans "la religion" en soi, tous sous l'égide du principe monothéiste.
L'athée qui se contentait de pécher par omission (a-thée = pas de dieu chez moi) se retrouve poussé au combat, forcé de devenir athéiste (= militant plus ou moins effervescent de l'athéisme), voire antithéiste = combattant toutes les religions. On me dira qu'il pourrait rester tranquillement athée dans son coin, sur le principe de tolérance, du type « Faites ce que vous voulez, adorez Vichnou ou Jésus ou Nanabozo le Grand Lapin, nous on s'en fout. » L'ennui, c'est que les croyants, les religieux, la religion, on ne peut plus se contenter de s'en foutre, de faire comme s'ils n'existaient pas, dans la mesure  où ils sont actifs, activistes, exigeants, veulent, sinon se faire aimer, du moins se faire entendre, voire se faire obéir, occuper la place, être non seulement admis mais influents, marquer la société de leur autorité, de leurs lois, imposer leurs mœurs. En bref, faire chier le monde. Type la "manif pour tous", les pro-life anti-contraception anti-avortement anti-euthanasie obéissant toujours à l'archaïque "croissez et multipliez". Type les prières de rue et… les assassinats et attentats aveugles au nom d'Allah le bon, le miséricordieux et de son prophète qui ne l'est pas moins.
Sans omettre les pratiques personnelles ou familiales. Qu'ils ne veuillent pas manger de porc, fumer ou boire du vin, on n'a rien à dire contre ça, on peut, au nom de la liberté, s'en foutre (sauf si on est éleveur, buraliste ou vigneron… y a du manque à gagner). On peut même approuver pour raisons de santé. Mais… la circoncision, l'excision, le bâchage des femmes, le patriarcat machiste brutal, l'homophobie, la pédophilie, les archaïsmes médicaux (refus de la contraception, des transfusions, des examens gynécos hommes), le jeûne du ramadan imposé à des gamins de dix ans en pleine canicule, l'abattage des animaux de boucherie sans anesthésie… et eux aussi anti-contraception anti-avortement anti-euthanasie obéissant toujours à l'archaïque "croissez et multipliez". J'en passe surement et je ne vise pas que l'islam, mais il faut avouer que c'est lui qui fait le plus de bruit.
Un certain nombre des pratiques religieuses dites privées ne peuvent pas, au nom de nos valeurs athées, nous laisser indifférents et supposent donc un combat (intellectuel).
C'est que, oui, il y a des valeurs athées. Les mêmes qui nous font combattre la torture, la peine de mort, le cannibalisme, l'esclavage, les violences faites aux femmes et aux enfants, les totalitarismes, les racismes… toutes pratiques qui ont toujours fonctionné main dans la main avec les religions. (— Le cannibalisme, tu es sûr ? — Ben… communier de la chair et du sang de Jésus, qu'est-ce que c'est ? — D'accord, mais "bouffer du curé" ? — Ça, j'ai arrêté, c'est indigeste.)
L'athéisme est même la plus fière expression d'une éthique bien supérieure aux morales, moralismes et moralités issues des religions. Disons "une éthique républicaine, humaniste, universaliste" et n'en parlons plus (pour le moment).



mardi 5 avril 2016

Bref retour sur "le pardon"


J'ai été élevé dans le christianisme où on demande au confesseur, agent de Dieu sur Terre, "pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" et où, en principe, on apprend à pardonner. Mais c'est une formule bizarre : on n'apprend pas à pardonner, D'AUTRES nous serinent qu'il FAUT pardonner. Aucun enseignement ou formation au pardon, seulement une suggestion ou même une injonction. Comment on fait, pour pardonner ?
Ceux qui ont fait ça, ces actes : tuer Charlie Hebdo, le Bataclan, Bruxelles, etc., je ne me vois pas leur pardonner, non, même si "ils ne savent pas ce qu'ils font". Je ne leur permets pas de mettre mon pays et mes amis à feu et à sang.
Je n'ai pas le gout de la violence, mais j'apprécie que les terroristes aient été abattus par la police, comme Ben Laden l'a été, éliminé, disparu, oublié. Sinon, quoi ? Des polémiques qui n'en finissent pas, des procès qui n'en finissent pas, et qui engraissent avocats et médias…? Et pour finir, un guantanamo, la prison à vie ? (Déjà bourrées, les prisons…) Quand on voit que Andres Breivik, le tueur de masse d'Utoya, enfermé à l'isolement depuis maintenant X mois, se met à faire un procès à l'État norvégien pour mauvais traitement… j'imagine déjà la peste émotionnelle que vont répandre les procès relayés par médias en continu.
Seulement voilà, on a fait l'ablation de la peine de mort sauf par la police, à chaud, en cas de légitime défense… et n'ayant aucune envie non plus de voir revenir l'usage de la peine de mort officielle (qui arrivait aussi en bout de course de procès dramatiques…), me voilà bien marri…
Ne pas pardonner mais ne pas exiger la vengeance sang pour sang… demander seulement que ces individus dangereux et incorrigibles soient mis hors-circuit………
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— La déchéance, il aurait pu l'imposer par décret, Hollande.
— Ça ne serait pas très démocratique.
— Mais tuer des gens avec des kalachnikovs ou des bombes humaines, c'est pas très démocratique. Il aurait pu aussi proposer le rétablissement de la peine de mort.
— Ça ne serait pas très humaniste.
— Mais tuer des gens avec des kalachnikovs ou des bombes humaines, c'est pas très humaniste non plus.
— OK. Mais tout ça, ce serait répliquer aux antidémocrates antihumanistes avec les mêmes moyens qu'eux. C'est se mettre à leur niveau. C'est régressif.
— Eh oui. C'est toujours l'attaquant qui impose le choix des armes. Nous, pour l'instant, nous répliquons en allumant des bougies à fondue, en plantant des fleurs sur la Place de la République. C'est joli, mais qu'est-ce qu'ils en pensent, eux, les méchants ? « Waaah ! C'est terrible ! Ils allument des milliers de bougies ! On est foutus ! » Ça leur fout la trouille autant que la déchéance.
— Et donc…?
— Et donc, face à la puissance par la violence, nous avons à manifester, ou plutôt à mettre en œuvre, non une violence symétrique, mais une puissance. Une puissance autre, non meurtrière si possible, mais une puissance.
— Nous (l'État français) pratiquons la violence guerrière contre l'organisation de l'État islamique en Syrie-Irak peut-être, mais, coincés par la double contrainte du "ni Bachar ni Daesh", ça ne va pas loin. Et puis surtout ceux qui se font péter dans le métro ou qui mitraillent les terrasses ne sont pas en Syrie. Ils sont ici, à Molenbeek, Saint-Denis ou Vénissieux…
— Et donc : renseignement, police, justice. (Ceux qui ont de meilleures idées peuvent les poster au ministre de l'intérieur.)

dimanche 3 avril 2016

Religions, le retour (du refoulé)

De tout temps, la religion n'était pas à part, elle n'était pas un phénomène différencié, elle faisait partie de la vie quotidienne, de la politique, de l'économie, de la science, des mœurs collectifs, la morale publique… Et donc elle participait aussi bien aux violences, aux guerres. La laïcité travaille à la mettre à part, à la limiter à l'espace privé, où elle n'est plus vraiment "la religion", phénomène social, mais quelque chose comme la spiritualité, les croyances, la prière, les mœurs intimes. À l'espace public reviennent la politique, l'économie, la science, l'éducation, la morale républicaine (liberté, égalité, fraternité).
Mais voilà que la religion se rebiffe. Réflexe de défense (le meilleur moteur du fanatisme), mouvement de réaction bien décidé à ramener la religion dans l'espace public.
Chassez le religieux, il revient au galop (et il n'est pas content !). On voudrait bien ne pas le voir, mais on est bien forcé. Il est là, dans l'espace public censément laïc,  et on ne peut que le voir, on ne fait que ça, le voir et l'entendre, à notre corps/cerveau défendant. Manif pour tous, discours et voyages du pape, attentats au nom d'Allah. La question n'est pas le dogmes, les contenus de la foi, croire à la vie après la mort, à Dieu tout puissant, à la virginité mariale… on s'en fout… On peut juste regretter que le ridicule ne les ait pas tués. Mais la foi comme telle, ce qu'elle démontre des capacités d'aberration de l'esprit humain… et encore plus sa capacité de mobilisation des énergies, d'action, d'activisme. S'il y a à interroger, critiquer, lutter, c'est contre l'autorité que la religion, la foi, le religieux, la religiosité, exerce sur les esprits, les mœurs, les actes. L'important d'une foi c'est que ceux qui y adhèrent agissent, et agissent socialement, en fonction d'elle. C'est-à-dire s'habillent, mangent, battent ou non leur femme, chantent, se rassemblent dans les lieux publics, circoncisent ou excisent leurs enfants qui n'ont rien demandé…
Comment ils s'habillent ou ce qu'ils mangent ou non, à la limite on s'en fout… mais le reste ? Et pire : ils voudraient que tout le monde fasse pareil… et punissent de mort qui ne veut pas faire pareil.
Ce qui veut dire que "le retour du religieux dans l'espace public", on ne peut pas le glisser sous le tapis (de prière). C'est bien encore de PSHPC qu'il s'agit : Psychologie individuelle et collective, Sociologie et urbanisme, Histoire, Politique, éducation, Culture, mœurs, sexualité…
La religion, la foi, les croyances en l'au-delà, c'est du vestige préhistorique, de l'archaïque. Mais tout autant l'amour-possession ou la famille possessive, la haine ou le racisme, la faim, la défense d'un territoire ou son extension, l'instinct de vengeance, l'avidité, la volonté de prolonger ses gènes dans ses enfants, le viol et la violence… sont des vestiges préhistoriques, des archaïsmes… mais sont toujours là et toujours actifs, continuant à exercer une autorité sur les esprits, les corps, les fouets, les lits et les frigos… toute la triviale réalité quotidienne. Les sociétés.
Ces archaïsmes sont la matrice de toutes les sectes, depuis les cathos de la "manif pour tous" (et avec eux la vieille droite roide), émanation politicienne du catholicisme romain de 2000 ans d'âge… jusqu'à l'organisation État Islamique dite Califat et ses adeptes sanglants dispersés dans le monde.
Plus rapide que la lumière : l'obscurité ! (Quant à l'obscurantisme, il va toujours plus vite que les Lumières.)
Les "systèmes de représentation" ou "paradigmes" véhiculés par les religions sont toujours présents dans notre être-au-monde et toujours agissants : le pur et l'impur, le bien et le mal, le ciel et l'enfer, le spirituel (élevé, forcément élevé) et les instincts (forcément bas), la pression du Un, du Père, la création et l'apocalypse, la culpabilité, la punition, la vérité et le mensonge, la révélation, l'éternité… toutes ces aberrations mentales.