lundi 31 mai 2010

TENNIS, FOOT, RUGBY, MARÉE NOIRE…


LO N°381 (31 mai 2010)

Terre battue de France
— Tsonga a abandonné, finalement…
— Jo-Wilfried, il souffrait du fessier.
— Ironie du sport.

— Séréna Williams prouve qu'une sacrée paire de nibards n'empêche pas de jouer au tennis.
— Sa sœur Vénus, elle, hurle à chaque frappe. Quelle famille !

— Le tennis, c'est bien joli, mais c'est quand même le foot qui est le principal sujet de conversation des mâles européens.
— Ça m'étonne pas.
— Les bleus en Tunisie : Thierry Henri est resté sur le banc de touche. S'il jouait, ce serait avec les mains attachées dans le dos.
— Heureusement qu'ils n'appliquent pas la charia, là-bas…



— Ensuite, à La Réunion contre la Chine, puis l'Afrique du Sud. C'est du tourisme extrême !
— Aller jouer au foot dans un pays où il y a 50 meurtres par jour, c'est gonflé, surtout pour une équipe à moitié blanche.
— Ou à moitié noire…
— Dans les deux cas, la remarque est raciste, j'vous f'rai dire…
— Avec ça la France organisera l'Euro 2016 de foot. « Réponse à la crise », dixit Machin. Faudra plein de nouveaux stades et ce qui va avec : routes, parkings. Bouyghes va se gaver.
— Et nous on va être gavés de foot.
— Bon, râlons pas sur tout : ça crée du lien social, il paraît.

— L'iPad est arrivé.
— C'est pour les iPadophiles.
— Foot + iPad : du pain et des jeux… Euh, pardon : des jeux et des jeux… sans pain.
— Sans iPain.

— La manif de vendredi a battu en retraite.
— Demi-succès ou demi-échec, on ne sait pas.
— C'est qu'il demi-pleuvait, aussi.
— Mais c'est aussi qu'on ne se mobilise plus dans la rue, maintenant, mais sur Facebook.
— Pour des apéros géants.
— Pas que. On peut aussi y dénigrer sa hiérarchie ou se faire interdire au Pakistan pour cause de caricature de Mahomet. Et puis, quand on aura tous un iPad, on pourra emporter son Facebook à la manif !
— Y a une application Taser, sur les iPad ?
— Tasernator, le retour. La Seine-Saint-Denis, c'est la jungle. Les petits porteurs prennent la fuite, abandonnant les aventuriers à la recherche de la cité perdue. Arlette à Malibu. Retraite de Russie…

— Et sur le rugby, rien ? Pourtant, Clermont-Ferrand, le bouclier arverne, tout ça…
— Et puis le rugby, c'est nettement plus fair-play que le foot.
— Facile, ils ont le droit de se servir de leurs mains, eux.
— Et puis y a l'accent.
— Et puis les maillots roses.
— Ah bon, je croyais que c'était la Gay Pride !?



— BP est sous pression.
— Tiens, ressers-moi un demi.
— Ça traîne. Tout le monde râle, genre « on nous cache quelque chose. » Mais on vous cache qu'une chose, ma bonne dame, c'est que nous, humains technologiques, ne nommes pas tout-puissants. Même problème que pour récupérer les boites noires du vol Rio-Paris par 4000 m de fond.
— C'est à qui, BP, en fait ? Le patron, c'est qui ?
— Mais y a plus de patrons ! BP, c'est aux actionnaires, c'est-à-dire à tout le monde. T'as un compte en banque ? BP t'appartient, t'es responsable !
— C'est pas juste, moi au moins, je lave mes ordures avant de les foutre à la poubelle.

BP disperse le pétrole au Corexit : le remède est pire que le mal
On reproche à B'O son manque d'action face au problème d'oil spoil : c'est que, en bon libéral, il clame : c'est la faute à BP, que BP se démerde. Ce n'est pas une question d'abandon des populations, reproche que l'on a pu faire à Bush lors de l'ouragan Katrina. Il n'y avait pas de coupable direct, là, juste des éléments de réflexion rétrospectifs : les digues mal entretenues, les habitations plantées dans les zones à risque (tiens, ça me rappelle quelque chose de plus récent, en France…)
Pour l'essentiel, c'était une "catastrophe naturelle" qui n'aurait fait de mal à personne si elle avait eu lieu dans une zone déserte, comme Rousseau l'avait dit pour le tremblement de terre de Lisbonne, mais, plus près de nous, comme Haïti, comme le tsunami… Les catastrophes ne sont des catastrophes que quand elles ont lieu dans des zones peuplées, très peuplées, trop peuplées.
Mais là, c'est bon : il y a un coupable tout désigné, avec son logo sur chaque baril. Pollueur = payeur. Que BP se démerde. Alors BP balance du Corexit.
Le détergent Corexit est un cache-misère. Déjà, il est fabriqué par NALCO, un client de BP – rien ne se perd. Il ne limite pas la pollution, il essaie de la cacher. Et en fait il l'augmente : les gouttes de pétrole ne disparaissent pas, y a pas de miracle, elles sont diffusées, éparpillées dans un volume d'eau encore plus grand. Sans parler des effets nocifs du Corexit lui-même... On est dans la même logique que dans la gestion de la crise financière : encore plus de dette pour résoudre le problème de la dette.
Au lieu d'une nappe qui flotte en surface, genre gelée, repérable et susceptible d'être arrêtée par des filets et des bouées, on a du sirop, une sorte d'émulsion de pétrole qui reste entre deux eaux. Les poissons absorbent et absorberont ce mélange de pétrole et de Corexit ; mais à plus faible dose que si le pétrole restait compact ; par conséquent ils ne mourront pas mais ils accumuleront les toxiques ; ils seront ensuite péchés et consommés par les humains, s'il en reste. En l'absence du Corexit les effets du pétrole seraient plus violents, sans doute, mais surtout plus visibles, car la nappe de pétrole compacte et flottante laisserait une meilleure chance de pouvoir la ramasser. Quant aux poissons, ils seraient vraiment intoxiqués, donc ils  mourraient et ne seraient pas consommés.


— De toutes façons, d'ici 2050, il y aura plus de poissons.
— On a donc une nouvelle destination de tourisme extrême : après Afghanistan, Corée du Nord, Tchernobyl, Thaïlande, Grèce, Si-Chuan, Haïti, Chili, Abruzzes, Vendée… maintenant, Louisiane, Floride…
— T'as oublié Manhattan… Ground Zéro…
— Ils vont y construire une mosquée, il paraît…
— Avec deux minarets de 400 mètres de haut ?
— Et à Marseille, on va en construire une à la place des anciens abattoirs (!)
— Et puis n'oublions pas l'Indonésie, avec son volcan de boue, un véritable site d'attraction touristique !

Indonésie, 2006, Province orientale de Java. La compagnie PT Lapindo Brantas fait des forages à la recherche de pétrole ou de gaz. Son trépan perce différentes couches de roches, jusqu'à plus de 2800 m de profondeur. De-ci de-là, aux alentours, des éruptions se produisent : de la vapeur d'eau et du sulfure d'hydrogène H2S qui pue et qui est dangereux : cf algues vertes. Il semble que le forage ait agi comme déclencheur de décompression d'une poche de boue, dans un sous-sol déjà déséquilibré par l'activité sismique de la région. Depuis, c'est une sorte de volcan mou qui crache sa purée à la surface, une matière visqueuse, grisâtre et chaude, chargée en hydrocarbures et en métaux lourds.
Eruption au ralenti, tsunami au ralenti, explosion au ralenti.
Le "volcan de boue" de Sidoarjo a éjecté 50 000 m3 de boue par jour à ses débuts, un peu moins maintenant, semble-t-il, mais avec deux nouveaux cratères ; il a déjà recouvert plus de 700 hectares et une douzaine de villages. L'éruption risque de continuer pendant un temps qu'on ne peut déterminer (des décennies, pensent certains) et à ce jour, tous les efforts pour l'arrêter ont échoué. Les rivières sont polluées, les élevages de crevettes sont foutus, 40 000 personnes ont été déplacées, on construit des digues – qui se fissurent déjà : le sol s'effondre, des villages, des lignes à haute tension, des voies ferrées  ou des routes sont englouties. (D'après Wikipedia et Good Planet)

— On dirait du Brussolo !

— Mais… des trous dans la terre, on en a toujours fait. Les puits, les mines…
— Des trous au fond des mers, c'est plus récent. Avant, on n'avait pas les moyens.
— Si la Terre était creuse on pourrait craindre que les océans s'écoulent vers son centre comme l'eau sale au fond d'un évier. Mais c'est le contraire qui se passe : il y a de la pression, là-dessous.
— Si ça se trouve, la Terre est pleine de pétrole comme une outre !
— Et de boue grise !
— Une valve, une bonde, un bouchon, un couvercle ! Vite !
— Mais B'O nous le dit : BP paiera les dégâts, et on fait des commissions pour que ça ne se reproduise pas.
— Mais ça s'est produit. C'est comme les meurtres suivis d'une loi sur la récidive, ou les guerres suivies d'un "plus jamais ça" ! Trop tard : ça s'est produit. On ne retourne pas dans le passé pour empêcher la catastrophe avant qu'elle se produise. Le crime contre la biogée a eu lieu, a lieu, aura lieu chaque jour et aucune loi anti-récidive n'y peut rien.
— Amen.
— Ta gueule !

jeudi 27 mai 2010

MÉTHANE


LO N° 380 (27/05/10)

Mais j'ai dit que je reparlerais du méthane, donc :
SUITE 14 - RETOUR SUR LE MÉTHANE ET LES CLATHRATES
# … si l’augmentation de la concentration du méthane dans l’atmosphère, très rapide après le début de l’ère industrielle, s’est ralentie depuis quelques années pour des raisons encore débattues, un retour à un accroissement rapide, en cas de dégel des régions arctiques, par exemple, reste tout à fait possible. # (Site Global Chance)
En effet, si les T° continuent d'augmenter (quelle qu'en soit la cause, Soleil ou GES d'origine humaine), les clathrates (hydrate de méthane ou glace de méthane) pourraient se mettre à roter comme des vaches, dégageant moult méthane dans l'atmosphère ; de même que d'immenses surfaces de pergélisol, dégelant, lâcheraient aussi leur méthane. (Quand le sol fond, c'est la terre (la Terre) qui se dérobe sous nos pas.)
Et cela se ferait vite, à cause d'un effet de seuil (le moment où le verre déborde), en quelques mois la concentration de CH4 dans l'air augmenterait énormément, entraînant (toujours rapidement) un nouvel excès de serre, c'est-à-dire une montée de T° rapide. (Pas de chiffres disponibles, d'où l'usage de termes emphatiques comme énormément, vite ou rapidement, comme un vulgaire journaliste télé.) Si bien que finalement les dernières alarmes de ce vieux fou de Lovelock ne seraient pas si invraisemblables.
(Cf Books N°13, mai-juin 2010 –
http://www.booksmag.fr/magazine/a/climat-apocalypse-tomorrow.html)
Cf. aussi les alertes de Paul Alary que j'ai exposées dans la LO 333 (la moitié de 666, c'est mauvais signe).
Bon, cela dit, il semble (d'après les scientifico-sceptiques) que les T° ont cessé d'augmenter en 2007 – peut-être pour laisser la place dans les médias à la crise financière… Et que, comme dit plus haut, la concentration en méthane stagne. Donc attendons et buvons frais.

— Allons bon ! Voilà qu'on apprend que les termites dégagent des paquets de méthane à effet de serre !
— On devrait écrire "thermites", alors.

(Il faut citer aussi les explosions de méthane qui précèdent et accompagnent les séismes. Le méthane provoque les incendies qui sont souvent associés aux secousses sismiques. Les animaux sont énervés ou agités avant les séismes car ils sentent le méthane qui s’échappe. Les nombreux séismes et éruptions de 2009, 2010 devraient se marquer par une augmentation du taux de méthane dans l'atmosphère.)

(En rangeant de vieux journaux, je retombe sur un entrefilet dans un CH-H de juin 09. Anatoli Nesterov, de l'Académie des Sciences de Russie explique la disparition de tant de bateaux dans le fameux triangle des Bermudes par l'y abondance de clathrates. Un mouvement de terrain sub-océanique ou un réchauffement des eaux favoriseraient une décomposition des clathrates en question, ce qui produirait une baisse brutale de la densité de l'eau, d'où bateau coulé !
— Mais les avions, alors ?
— L'odeur, peut-être…
— Mais non, j'ai dit que le méthane est inodore. Ce qui pue dans nos pets, c'est le sulfure d'hydrogène H2S. (Celui-là même qui sort des algues vertes, d'ailleurs, et qui, à forte dose, est mortel.)
— En plus, je sais pas si vous êtes au courant, mais sous le triangle des Bermudes, au fond, y a les restes de l'Atlantide engloutie.
— Le réchauffement climatique serait-il la vengeance des Atlantes ?
— Comme le 11 septembre ?
— À moins que ce soit encore un coup des Templiers…
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Le site Global Chance insiste très fortement sur le rôle du méthane et sur des éléments de calcul assez complexes qui sont mal communiqués et donc mal pris en compte par les décideurs. Je reviens donc aussi sur la question de la communication. En bref, d'une part on simplifie trop à l'usage de présidents et élus scientifiquement nuls ; d'autre part on s'obnubile sur le CO2 en oubliant le méthane ; d'autre part encore, la manière dont on considère son PRG (potentiel de réchauffement global) induit une erreur de calcul sur le court et le moyen terme. Son PRG de 25 (on l'a d'abord dit de 21 puis de 23) est calculé "sur 100 ans", MAIS, sur 20 ans, il est de ± 70, sur 50 ans de ± 40… Autrement dit, la capacité de réchauffement actuelle du méthane déjà présent dans l'air, son PRG, est presque trois fois plus élevée que les chiffres pris en compte (21 revu 25). Si bien que l'urgence serait de s'attaquer au NH4 plutôt qu'au CO2. Et justement, à part les rots des vaches et nos flatulences, le NH4 est relativement facile à récupérer et à utiliser en gaz de ville.
Pour plus de précisions techniques et chiffrées, voir :
http://www.global-chance.org/spip.php?article83
# Au bout de 100 ans, a rappelé M. Le Treut, le méthane (CH4) a un potentiel de réchauffement planétaire 21 fois plus élevé que celui du CO2. Mais à moyen terme, son impact climatique est bien plus fort que celui du gaz carbonique. Ainsi en 2020, le potentiel de réchauffement planétaire d’une tonne de CH4 émise en 2000 sera 72 fois plus élevé que celui d’une tonne de CO2 envoyée la même année dans l’atmosphère. Conclusion : compte tenu de l’accélération de l’effet de serre et de l’urgence de le combattre, il ne faut pas seulement combattre le CO2 mais aussi les autres GES. Il faut notamment donner une plus grande importance aux réductions de CH4, qui seront bénéfiques pour l’atmosphère à relativement brève échéance. #
# La recommandation européenne de stabilisation à « 450 ppmv d’équivalent CO2 » (nécessaire pour limiter le réchauffement à 2 degrés) s’appuie sur ces scénarios détaillés prenant en compte le rôle de chaque gaz. En effet, une division par deux des émissions de CO2 ne permettra pas d’atteindre à elle seule la cible de 450 ppmv. Il faut un effort concomitant sur les autres gaz. La stabilisation à 450 peut être atteinte, par exemple, en combinant = une division par deux des émissions de CO2 + une réduction de 30 % des émissions de méthane + une réduction d’autant de protoxyde d’azote d'ici 2050 (par rapport à 1990).
Pourtant seuls les efforts de réduction du CO2 sont cités dans la suite du texte du Conseil européen. De même, dans les conclusions du Grenelle de l'environnement, après l'affirmation de la volonté de se conformer aux recommandations de l'UE, les mesures proposées concernent exclusivement la réduction des émissions du CO2, sans qu'une seule fois le document final ne mentionne le méthane. Ce manque d'intérêt apparent pour le méthane ou les autres gaz à effet de serre est sans doute à mettre en relation avec l'usage d'outils comptables très simplifiés destinés à évaluer leur rôle dans les politiques de réduction. Tellement simplifiés qu'ils en deviennent erronés quand il s'agit de chiffrer les émissions des différents gaz en tonnes d'équivalent CO2. #
(D'après Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Hervé Le Treut. La Recherche n°417. 01/03/2008. Et site Global Chance)
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— Mort aux vaches ! : elles rotent du méthane !
— Oui, on sait.
— Mais les kangourous ?

LES KANGOUROUS CONTRE L'EFFET DE SERRE
Les Australiens travaillent depuis quelques années sur la réduction des pets et rots des ruminants, à l’origine d’importantes émissions de méthane. L’enjeu est de taille, puisque les flatulences des ruminants seraient à l’origine de 14 % des GES émis par l’Australie. Sans oublier la consommation de viande pose le problème de la ressource alimentaire globale : il faut 5 kg de protéines végétales pour obtenir 1 kg de protéines de poulet, ou 7 kg de protéines végétales sont pour obtenir 1 kg de protéines de porc. Donc toujours davantage de surface cultivable, d’eau et d’énergie.
Manger moins de viande, OK, et si on garde encore quelques vaches pour faire du Camembert et du Milka Suchard, les empêcher de roter et péter.
Donc des scientifiques tentent d’isoler des bactéries propres aux kangourous, car leur digestion ne produit presque pas de méthane grâce à la présence de bactéries acétogènes sources de gaz acides sans influence sur l’effet de serre. (Pourtant, quand on les voit sauter, on pourrait les croire pétopropulsés…)
Mais isoler ces bactéries devrait prendre encore trois ans ; ensuite, il s'agira de les transplanter dans le tube digestif des vaches et des moutons ; et ce n’est qu’alors que nous saurons si ces bactéries peuvent y vivre, s’y reproduire et, au final, réussir à s’imposer aux micro-organismes méthanogènes… 


http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2912
(Légèrement réécrit par moi…)
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(J'ai pêché la plupart de ces infos techniques chez Jancovici, l'INRA, Wikipédia, Actu-environnement, Univers-nature et Global Chance)
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Illus pour "C'est dans la poche", 
in Sourires Unanimes, Hervé Rousseau

samedi 22 mai 2010

ROUGE


LO N°379 (21/05/10)

Encore un dessin d'actualité (qui rigole pas).



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Mais aussi, juste pour rire, dans la série "il est partout, même dans les bouquins de SF", un scan d'un Fleuve Noir de 1984 que j'ai trouvé un peu par hasard. Y a pas de trucage photoshop, promis.


En gros, c'est de l'heroic fantasy futuriste, aventures violentes dans une Amérique revenue à la barbarie. Les Grandes Zunes, c'est les actuels Etats-Unis, et ça caille.
J'ai cherché quelques passages croustillants à vous copier…
P 11 : — Qu'est-ce que c'est "un immeuble" ? interrogea soudain le petit Sarkô.
Mais ses voisins le firent taire.
P 185 : — Auriez-vous peur, galeux ? les injuria Sarkô qui balançait l'épée devant lui.
Bon. Ça suffit comme ça !

Profitons-en plutôt pour nous instruire sur "de quoi Sarkozy est-il le nom?":
# Sarkozy, en hongrois, se prononce "char-ko-sy" et signifie littéralement "dans la boue". La famille du petit Nicolas vient de la ville Hongroise de Sarkose, bâtie effectivement sur des marécages, le "y" final indiquant une origine noble. Mais ce qui fait le plus marrer les Hongrois, c'est la prononciation de son nom à la française : "Sar-ko-sy". En effet, le phonème "Sar" signifie "merde" en hongrois (qui s'écrit en fait "szar"). Et l'on apprend que "Sarkozy", prononcé à la française, signifie littéralement "dans la merde"... Maintenant, nous pouvons dire que nous sommes "sarkozy" jusqu'au cou... #

vendredi 21 mai 2010

ANORAKS


LO N° 378 (20/05/10)
Les BLEUS, ça joue à quoi, déjà ?


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KOREA
Le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan le 26 mars a été provoqué par une torpille nord-coréenne, a conclu jeudi une commission d'enquête internationale, une "agression" démentie par Pyongyang qui a menacé d'une "guerre généralisée" en cas de sanctions. (AFP)
C'est vrai que, à voir cette image, ça fout la trouille... (ou ça fait hurler de rire, faut voir…)
En tout cas, sur Facebook, ça en fait rire quelques uns…

F.D. : Ce qui fout le plus la trouille, c'est son tailleur (ou sa mère si c'est elle encore qui fait ses bords de pantalons)...

P.G. : C'est pas bien de se moquer du non-voyant à qui ses copains ont fait croire qu'il mettait lui aussi son costume du dimanche !



lundi 17 mai 2010

RÉCHAUFFEURS ET NÉGATEURS, SUITE


LO N° 376 (16 mai 2010)

SUITE 13 - RETOUR SUR LES PRINCIPAUX GAZ A EFFET DE SERRE

La vapeur d'eau est le plus important des gaz à effet de serre (72 % de l'effet de serre total). Mais elle ne contribue pas au réchauffement climatique, c'est-à-dire à l'excès d'effet de serre. Elle crée simplement l'effet de serre naturel et bienfaiteur, celui qui permet la vie sur la planète, celui sans lequel nous n'existerions tout simplement pas. (L'EAU, donc = la vie, on le sait). Cela surtout tant qu'elle est sous forme de vapeur (invisible). Quand elle se condense et se forme en nuages, elle serait plutôt, comme dit dans la "suite 12", protectrice. (Je simplifie : en gros, les nuages, par en dessus, protègent du rayonnement solaire : ils en renvoient dans les 30% vers l'espace ; par en dessous, ils concourent à conserver la chaleur…)

Le gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2). Émis par notre respiration et toutes les combustions. Absorbé par les plantes et les algues. Notre physiologie est fondée sur le carbone, de même que tout ce qui brûle. Ce n'est pas par hasard que le charbon s'appelle charbon. Le CO2 est naturel et indispensable. Sans CO2, pas de plantes, pas d'arbres, pas de vie. On devrait même arrêter de dire que c'est un polluant. (L'huile de vidange, oui, c'est un polluant). Quand EDF ou Areva fait du greenwashing publicitaire en proposant comme but : CO2 = zéro, c'est une grosse connerie.
La question, c'est celle de sa proportion dans l'air. Dans un sous-marin, il y en a vingt fois plus que la normale, ça n'empêche pas de respirer. (Mais ça fait monter la T°).
Fonder toute la lutte contre le réchauffement climatique en s'appuyant sur les émissions de CO2 dues aux activités humaines est sans doute une simplification douteuse. J'ai défendu cela en disant que c'était en tout cas un bon symbole, voire un bon "prétexte". Y en a qui n'ont pas aimé. (J'y reviendrai, puisque le thème de cette chronique est orienté principalement vers les climato-négateurs, dits aussi climato-sceptique – et je n'en suis pas devenu un, même si le doute, le scepticisme, l'esprit critique font partie de ma démarche personnelle… et de la science.)

Le méthane (CH4) : Les émissions de méthane sont une source importante d'effet de serre. Molécule pour molécule, le CH4 est 25 fois plus "efficace" que le CO2, question augmentation de l'effet de serre. De plus il contribue aussi indirectement à l'effet de serre en diminuant la capacité de l'atmosphère à oxyder d'autres gaz à effet de serre (comme les CFC). Au total, il contribuerait à ± 20 % du réchauffement global estimé.
Si le CO2 est favorable à la végétation, le méthane, par contre, n'est bon pour personne, dans la nature. Personne ne s'en nourrit, autant que je sache (En gros, c'est du déchet). (Mais peut-être a-t-il quelque part un rôle positif que j'ignore… Si quelqu'un a des tuyaux…)
Incolore, inodore, plus léger que l'air. Il est issu de la fermentation des matières organiques animales ou végétales, fabriqué par des bactéries en milieu anaérobie (= sans oxygène O2). Il provient donc surtout de la décomposition organique naturelle (feuilles mortes, vases des marécages…) Certaines espèces (termites) peuvent en produire des quantités significatives. La riziculture en produit abondamment. Et tous les élevages. Présence dans nos tubes digestifs et donc dans nos pets (ou flatulences) (mais c'est pas lui qui pue) et encore plus dans les panses des vaches qui en rotent un max.
En plus de ces productions organiques, les volcans en émettent aussi. Présence donc "au centre de la Terre" : le grisou dans les mines. Le gaz naturel que l'on pompe pour nos chaudières est composé principalement de méthane. (Quand "ça sent le gaz", c'est une odeur qui a été ajoutée pour des raisons de sécurité).
Il est aussi piégé par le froid sous forme d'hydrates de méthane (clathrates que j'ai déjà largement évoquées) au fond des océans nordiques, et dans le pergélisol (ou permafrost).
C'est aussi un sous produit de l'industrie pétrolière. Comme on sait pas quoi en foutre, on le brûle (de moins en moins) dans des torchères au lieu de le récupérer pour mettre dans nos cuisinières, voire le liquéfier pour en faire de l'essence. On en fait quand même (de plus en plus) du gaza de ville, dit biogaz quand il est d'origine organique (lisiers de porc) Sa combustion produit du CO2, ce qui est moins grave que l'émission libre du CH4 brut.
Comment s'en débarrasser ? Dans l'atmosphère, il est totalement éliminé en une dizaine d'années par photochimie. Les deux principaux puits du méthane (c'est-à-dire les mécanismes responsables de sa disparition) sont l'oxydation chimique par les radicaux OH (qui sont en quelque sorte des détergents atmosphériques) et la photodissociation directe sous l'effet des rayonnements ultraviolets. Le premier mécanisme, très rapide (une ou deux années), explique la durée de vie très faible du méthane dans l'atmosphère. La destruction du méthane par les ultraviolets est un phénomène plus lent, qui prend environ 100 ans.
Prospective : Les variations futures des émissions de CH4 sont incertaines. A priori, on prévoit une augmentation des apports de l’énergie fossile, des déchets, des sources agricoles et marines du fait du développement de la population mondiale, de l’industrialisation de certains pays et de la demande croissante en énergie, ainsi que du réchauffement climatique. Mais, en contradiction avec ces prévisions, l'évolution de la concentration en méthane semble marquer le pas (2007). (Mais je reparlerai du méthane.)

Les halo carbures : C'est une classe de composés chimiques, qui contiennent du carbone et un ou plusieurs atomes appartenant à famille des halogènes, comme le fluor et le chlore. Les plus importants de ces halo carbones, pour ce qui est de leur participation au réchauffement de la planète, sont les chlorofluorocarbones (CFC, aussi connus sous leur nom de marque de Fréon). Ils sont aussi connus pour être responsables du fameux "trou dans la couche d'ozone", mais pas de confusion : le trou en question n'est pas responsable du réchauffement climatique. (Bientôt un chapitre sur le sujet).

Le protoxyde d'azote (N2O)
Dans le langage courant, l'azote (N) désigne le gaz diatomique diazote N2, constituant majoritaire de l'atmosphère terrestre (presque les 4/5 de l'air, 78 %, en volume). Seul (sans oxygène), il n'est pas respirable.
Il n'a pas de rôle dans la dégradation de la couche d'ozone ni dans l'effet de serre.
Par contre, le protoxyde d'azote (N2O), oui : comme le CO2, le N2O est présent naturellement dans l'atmosphère. Le sol et les océans sont les principales sources naturelles de ce gaz. C'est un puissant gaz à effet de serre qui subsiste longtemps dans l’atmosphère : environ 120 ans. Son potentiel de réchauffement est 275 fois celui du CO2 (Certains disent même 310 fois).
Outre sa présence naturelle, il est également produit par la combustion de matières organiques et de combustibles fossiles, par l’industrie : production d'acide nitrique, d'acide adipique, de caprolactame, de glyoxal et d'acide glyoxylique. Donc si vous voyez des molécules de ces saloperies dans votre soupe ou votre dégivrant, boycottez !
Sa production dans les sols est fortement augmentée par la fertilisation azotée.
Ce qui veut dire que l’agriculture est le principal émetteur de N2O (76 % des émissions, en France).

Eq.C ou PRG
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que les scientifiques (du GIEC en particulier), pour pouvoir comparer de manière pratique les émissions de chaque gaz, en fonction de leur impact sur les changements climatiques et faire des calculs globaux et des projections, ont créé une unité commune : l'équivalent CO2 ou équivalent carbone (Eq.C) ; un peu comme on compte l'énergie en équivalent pétrole, qu'elle provienne du bois, du charbon, du gaz ou des pets de nonne.
L'équivalent CO2 est aussi appelé potentiel de réchauffement global (PRG), ce qui dit bien ce que ça veut dire. Il vaut 1 pour le dioxyde de carbone CO2 qui sert de référence. Le PRG d'un gaz est la masse de CO2 qui produirait un impact équivalent sur l'effet de serre. Par exemple, le méthane a un PRG de 25, ce qui signifie qu'il a un pouvoir d'effet de serre 25 fois supérieur au dioxyde de carbone. (Mais je reviendrai sur la question importante du PRG du méthane.)

Cela veut dire aussi, et c'est très important au niveau de la communication sur le sujet, de notre compréhension, et de celle des décisionnaires politiques, que quand on (le GIEC) parle des émissions humaines de GES, on ne parle pas que du CO2 lui-même, mais en fait d'une globalité : TOUS les GES recalculés en équivalent CO2.
Du coup, on serait justifié de ne pas se polariser sur le CO2 en lui-même, mais de se préoccuper vertement des autres gaz à effet de serre que je viens de citer : méthane, halo carbures, protoxyde d'azote.
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samedi 15 mai 2010

Vive la presse !


LO N°375 (15 mai 2010)

La presse enthousiaste :
• France : L'électricité qui va augmenter grâce à l'ouverture à la concurrence. Ça vous étonne ? (Dans le même temps, on a appris que le réseau se dégrade… Et ce n'est pas l'ouverture à la concurrence qui va améliorer ça.)
Les tarifs postaux vont augmenter aussi (grâce à l'ouverture à la concurrence).
• Une nouvelle zone noire : après la tempête en Méditerranée, le préfet décide de raser la promenade des Anglais à Nice et le Croisette à Cannes. En plein festival, ça la fout mal.
• Algues vertes en Bretagne.
• Dies Irae à Bordeaux : extrême droite + intégrisme catho.
• Surmortalité chez les jeunes huîtres… l'abus des apéritifs géants, sans doute.
• Avec ça, ça caille ! Gelées en Bretagne et en Normandie. Si ce n'est pas le nuage de cendres du volcan Erhydöpkalltsü qui est responsable, c'est peut-être le Gulf Stream qui traîne les pieds… Ce qui correspondrait à l'un des pires scénarios du réchauffement climatique. Paradoxe : le réchauffement global pourrait avoir un effet secondaire et collatéral con pour nous : un arrêt du Gulf Stream, le courant marin qui réchauffe l'Europe de l'ouest. Ce qui, à terme, pourrait ramener notre climat à ce qu'il est sur l'autre rive de l'Atlantique : la Bretagne c'est à peu près à la même latitude que Montréal…
• Zone noire encore : le plan Z pour sauver la zone euro. Zeuro est arrivééé. Mais le Z, c'est la dernière chance de l'alphabet.
• Assurez-vous que votre patron existe : séquestrez-le.
• Zone banlieue, encore une attaque de bus. L'état de l'autobus est stationnaire.
• Qu'est-ce qui est le pire : des emplois sous pression ou des suppressions d'emplois ?
• C'était mieux avant : au lieu du chômage, on avait le choix entre l'armée et la prétrise.

• En Chine, un coton transgénique provoque une infestation imprévue de punaises. (En résumé : Le coton Bt – modifié pour produire la toxine Bt – est en effet si efficace sur son principal parasite local, une petite noctuelle, qu'il en réduit considérablement les populations et permet à une niche écologique de se libérer. « Or, quand on libère une niche écologique, il est attendu qu'elle soit réoccupée, explique Denis Bourguet, chercheur (INRA) au Centre de biologie et de gestion des populations (CBGP). La nature, en somme, a horreur du vide. »
Dans les six provinces chinoises [où ce coton Bt a été implanté] les taux d'infestation par des miridés – des insectes hétéroptères de la famille des punaises – ont progressé à mesure que l'OGM gagnait du terrain. (Stéphane Foucart, Le Monde, 15 mai 2010)

• Dans le Golfe du Mexique, le pétrole en plein délit de fuite. Tonneau des Danaïdes à l'envers. Officiellement un geiser de 800.000 litres par jour, ou 5000 barils. Selon certains : 10 ou 14 fois plus : 50.000 barils. Venez avec vos bidons, c'est gratos.
Une mawée noiwre à la Nouvelle Owléans, c'est pas nouveau.

• En Afghanistan, les talibans attaquent les écoles de filles au gaz.
En Chine, les "déséquilibrés" attaquent les écoles au couteau.
En Haïti, on manque encore d'orphelinats.
En Irak, la démocratie fait rage : niveau 5 sur l'échelle de Richter.
Comment voulez vous qu'on pète de joie en ouvrant le journal ?
Ne pas l'ouvrir ? Faire l'autruche ? Peut-être.
« Nous sommes devenus les autruches de l'apocalypse. », dit JC Carrière dans "Fragilité".

Mais Clotilde Reiss va pouvoir revenir en France. En payant une amende rançon de 200.000 euros, quand même. On négocie avec les terroristes, maintenant ?



(Un dessin qui date de l'été dernier et qu'il faut vite que je place avant qu'elle rentre.)
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SATIÉTÉ DE CONSOMMATION
Il paraît que le patron des Galeries Lafayette a déclaré que nous ne sommes pas encore arrivés à satiété de consommation (je n'ai pas la référence, j'ai lu ça dans Ch-H) et propose de nous gaver encore un peu, comme des oies, jusqu'à la cirrhose qui fait de si délicieux foies gras. On en vient à se dire que les marchands d'armes, c'est pas le plus grave. Pourtant il y a encore, partout, chez "des gens", des livres, des disques, des poteries Maya ou cévenoles, des pianos… et le goût du savoir, d'apprendre, de faire des choses avec ses mains, d'apprécier les mots, les images, les musiques. Ça s'appelle la culture, ou même la civilisation.
Je revois tout à coup cette scène dans le film de Jarmusch, "Stranger than Paradise" : Béla Molnar, d'origine hongroise, vit dans la banlieue de New York depuis dix ans et se fait appeler Willie. Sa principale occupation semble être de bouffer des plateaux-repas tout prêts devant les courses de chevaux à la télé. Avec son copain Eddie, il se rend à Cleveland chez sa tante, pour y rejoindre sa cousine Eva. Et là, après le studio sordide de New York, on se retrouve soudain dans une habitation : un lieu empli de livres, de bibelots, de culture, un lieu "européen", un îlot de vieille civilisation, où nos deux jeunes gens apparaissent pour ce qu'ils sont (ce qu'ils sont devenus) : des barbares. (Ce qui n'empêche pas la vieille tante de sortir un "son of a bitch !" désolé, une fois qu'ils sont repartis en emmenant la jeune cousine Eva.)
Bref, oui, par ci par là, il y a de la civilisation, de l'intelligence, de la culture, ici, là, autour de nous et chez nous, pas seulement des consommateurs pas encore rassasiés, encore bons à gaver…
Que cette civilisation touche à sa fin, c'est évident. Qu'une autre soit en train de naître, c'est beaucoup moins sûr. Il se peut que nous ayons fait fausse route, oui.
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jeudi 13 mai 2010

Chez les Grecs


LO N° 374 (13 mai 10)

Il est accro, popol
Le temple grec (un chapiteau sur quelques colonnes) est partout : Bourse, chambre des députés, église de la Madeleine, tous les palais de justice, les temples protestants, le Capitole ou la Maison Blanche, le Vatican… Aucun motif architectural n'est aussi répandu dans les bâtiments officiels occidentaux, politiques, religieux ou financiers…
Et dedans, y a quoi ?
J'entre dans la Maison Carrée de Nîmes, je m'attends à des fresques, des dorures, une profusion d'objets de culte, et dedans, il n'y a RIEN. Une pièce vide sans aucun intérêt. Peut-être, dans l'antiquité, y a-t-il eu des fresques, une statue colossale de Minerve ou de Vénus, des trésors. Aujourd'hui, rien. Le temple est vide : Dieu, l'État, l'argent, tout a disparu. Et l'homme ? L'homme Samson s'arc-boute entre les colonnes et se prend le temple sur la tronche. Exit homo – et requiescat in pace.

« L'argent a les mêmes caractéristiques que Dieu : il est partout, il peut tout et il n'existe pas. » (Rufus Agnostyle Junior. "La Caverne à plateaux". Molinard, 1872)

Les Bourses font le yoyo, paraît-il. (Les miennes, je le savais, en fonction de la température). Là, maintenant, euphorie puis frilosité… en fonction de quoi ?… Euphorie, grâce à quoi…? Aux milliards "débloqués" pour sauver la Grèce, l'Euro, l'Europe… Qui débloque ? Où donc y avait-il des milliards bloqués ? Nulle part, c'est de l'argent emprunté "sur les marchés", donc sur la spéculation, emprunté aux banques, pour qu'un pays puisse rembourser ses dettes… c'est-à-dire ce qu'il a emprunté… où ça, à qui ?… euh… ben… aux banques… "sur les marchés"…


Et dire qu'on accuse toujours les zécolos de "peurs irrationnelles" ! Alors qu'on met des pays entiers, avec tous leurs habitants (des gens, vous savez…) à la merci de parasites prédateurs spéculateurs, de crétins congénitaux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur tableau de cotation, foule énervée en proie à des phénomènes de masse, anonyme, irresponsable, folle. On va dire "maniaco-dépressive" (ou bipolaire, comme on dit maintenant). En proie à des enthousiasmes et des dépressions irrationnels qui se potentialisent mutuellement.
Là encore, on voit des boucles de rétroaction positive : le principe de la Bourse, c'est que si quelque chose marche, il ne peut que marcher mieux, si quelque chose marche mal, il marchera plus mal. Les spéculateurs accordent leur confiance à une entreprise qui monte, ils achètent et donc ça monte encore plus. Ils n'ont pas confiance dans une entreprise qui baisse ?, donc ils jettent, ils vendent… donc ça baisse encore plus. Ex-action.
Autrement dit, ils enfoncent la tête de celui qui se noie et propulsent vers le haut celui qui savait déjà nager. Comme ça, sans penser à mal, juste parce que ça rapporte, parce que ça excite. Jeu de casino, jeux du cirque. Morituri te salutant.
Que ceci ne puisse que faire croître les inégalités, favoriser les concentrations, ne doit pas nous étonner. Augmenter la richesse des riches, augmenter la pauvreté des pauvres.
L'exemple de la Grèce est typique : la Grèce a du mal à payer ses dettes, du coup les cabinets d'évaluation lui mettent une mauvaise note, du coup un emprunt lui coûtera encore plus cher. C'est mettre une amende aux surendettés.
D'où plongeon – de la fenêtre du sixième étage de préférence – ou du haut de l'Acropole. La Grèce sera bientôt un "pays du tiers-monde", comme on appelait ça il y a encore peu.

« On voudrait parfois être cannibale, moins pour le plaisir de dévorer tel ou tel que pour celui de le vomir. » (Cioran. "De l'inconvénient d'être né".)

Quand est-ce qu'on ferme les Bourses ?
Et les banques ?
Et les traders au feu ?
Parce qu'il ne s'agit pas de corruption ou de dérive anecdotique qu'on peut corriger en tapant sur les doigts de quelques madoffs ou kerviels. Les pratiques financières dans leur ensemble sont de toute façon de l'ordre de l'abus de bien sociaux, de l'escroquerie organisée, mafieuse. Ce n'est pas une déviance immorale du système, ce n'est pas de la corruption, c'est l'essence même du commerce financier : celui des traders, assureurs, avocats d'affaire, banquiers prêteurs sur le futur. On ne les réformera pas.
— Qu'en faire, alors, les tuer ?
— Mieux : les étriper un à un avec un vieux couteau rouillé, les laisser agoniser des heures sous un soleil brûlant, attirer des colonies de fourmis pour grignoter leurs entrailles étalées sur le sol poussiéreux. Ce n'est qu'après le trépas du dernier de ces infâmes personnages qu'il sera temps de se demander "Que faire maintenant ?" (Citation éhontée de je ne sais pas qui.)
— Un bombardement d'astéroïdes bien ciblé serait peut-être moins coûteux.
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Pour piger tout ça avec beaucoup plus de détails techniques, je ne peux que conseiller la lecture de Bernard Maris dans Charlie Hebdo, Frédéric Lordon dans Le Monde Diplomatique, ou Paul Jorion sur son blog.
http://www.pauljorion.com/blog/

Et puis, sous forme d'un PDF, et avec l'autorisation de l'auteur, je vous retransmettrai, si vous me le demandez, tel que je l'ai reçu, (c'est parce que je ne sais pas comment joindre un PDF) un texte de Pierre Auréjac, (retraité de la Caisse des Dépôts), qui m'a été communiqué par un-e de mes lecteurs-trices. Précis, informé, pédagogique… et néanmoins mordant !


mardi 11 mai 2010

En plus, Frazetta est mort !


LO N° 373

LES RÉCHAUFFEURS ET LES NÉGATEURS

SUITE 12 - FLUX ET STOCK
Je reviens un petit coup sur l'histoire de la chaleur, avec les lois de la thermodynamique, la loi d'entropie qui veut que tout travail se dégrade en chaleur… laquelle se disperse. Dans un système fermé cela mène au désordre maximal, au chaos (ou entropie : l'Entropie, c'est un peu le pays où on jette tout ce qui est en trop – la grande poubelle).
Mais la Terre n'est pas un système fermé (voué à l'entropie). La Terre reçoit des poussières et météorites de l'espace, ce qu'on peut négliger, mais surtout des rayonnements, surtout solaires. Le soleil apporte sans cesse, chaque jour, un flot d'énergie sur la Terre, énergie que l'on peut dire FLUX, contrairement au pétrole-gaz-charbon, que l'on peut dire STOCK.
La durée de ces stocks est bien évidemment conditionnée par leur quantité fixe et non renouvelable (sauf à coup de millions d'années) et par l'intensité de leur exploitation… Les stocks sont une espèce en voie de disparition, alors que la durée prévue du flux solaire est de l'ordre de cinq milliards d'années, ce qui, à notre échelle, équivaut à l'infini. Donc l'usage de l'énergie solaire devrait s'imposer comme une évidence. On peut d'ailleurs se rappeler que l'énergie solaire, bien avant d'être à base de panneaux photovoltaïques, c'est toute l'énergie du vivant. Nous humains fonctionnons depuis toujours à l'énergie solaire via les animaux et plantes dont nous nous nourrissons et l'oxygène que nous respirons, lequel est aussi fabriqué par les algues et les plantes qui se nourrissent du soleil.
Le muscle, celui du hamster ou celui du cheval comme celui de l'homme, c'est de l'énergie solaire en stock. Stock infini tant qu'il y a du soleil et du vivant.
Et, plus globalement, comme on parle de biodiversité, on pourrait parler d'ergodiversité : préserver la variété des sources d'énergie.
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Selon Freeman Dyson, « le réchauffement du climat pourrait retarder l'arrivée d'un nouvel âge glaciaire. »
En effet. S'il ne faisait pas chaud, il pourrait faire froid.

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CONTRAILS (traînées de condensation) ET NUAGE DE CENDRES
Vu il y a quelques mois un docu mettant en scène un certain Peter Cox, climatologue US, qui s'était aperçu, après le 11 septembre 2001, que la température était brusquement montée. Pourquoi ? Parce que, selon lui, pendant quelques jours, plus aucun avion n'avait volé, ou presque, aux USA. En effet, les traînées de condensation des avions (comme les divers aérosols et nuages de pollution) assombrissent l'atmosphère. C'est pas bien. Ben si, c'est bien, parce que ça amoindrit le réchauffement en nous protégeant du rayonnement solaire. L'effet de serre réchauffe, les aérosols refroidissent.
Du coup, si on arrête les autos, les avions, les centrales thermiques, on réduit la production de gaz à effet de serre, certes, et c'est bien, mais on réduit aussi la pollution par aérosols qui obscurcit l'atmosphère et ainsi nous protège du rayonnement solaire. Autrement dit, si on dépollue l'atmosphère, ça va se réchauffer deux fois plus vite ! Alors vive la pollution ? Ben non, parce que, si au moins on obscurcissait autant qu'on réchauffe, ça resterait stable, mais apparemment, non, on produit du réchauffant plus que du refroidissant. C'est con.
(Un détail : ne pas confondre les contrails avec les chemtrails issues de la théorie du complot, merci.)

Par contre il n'est pas impossible que le printemps froid actuel soit dû aux cendres du volcan islandais que j'ai la flemme d'aller encore chercher son nom pour un copié-collé. Car l'effet des cendres dans le ciel (arrêter les rayons du soleil) est immédiat, alors que l'effet de serre (réchauffant) produit par le CO2 émis par ce même volcan, lui, ne jouera qu'à long terme.
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« Ça me fait chier d'être né sur terre, il pleut tout le temps.
— Pourquoi on est sur Terre, aussi ? Hein, pourquoi ? » (Brève de comptoir)

(En plus, Frazetta est mort !)


jeudi 6 mai 2010

EFFONDREMENT


LO N° 372 (06 05 10)

Grèce, banques, euro, mer, climat, gouvernement…………
L'EFFONDREMENT, oui, mais c'est pas si simple.



Penser contre (la doxa, le gouvernement, les pollueurs, la croissance, le développement durable…) c'est à la portée de tout le monde et on ne s'en prive pas. Mais après ?
Avant, c'était plus facile : il y avait les méchants capitalistes et les gentils exploités, mais aujourd'hui, peut-on encore défendre les ouvriers (chinois ou non) qui fabriquent des porte-clef en plastique ou des avions ou des bagnoles, les agriculteurs industriels qui farcissent les terres de pesticides, les pays du Sud qui exploitent à mort leurs ressources (pétrole, bois, terre, eau…) pour nous fournir en trucs et en machins. Ils font du mal. C'est pas de leur faute ? Non, bien sûr, encore que l'expression "pas de leur faute" soit à mettre entre guillemets. C'est de notre faute à nous ? Pareil, avec des guillemets à "notre", à "nous".
La question, centrale, essentielle, taraudante, c'est celle de la finalité des activités humaines en général. La finalité des activités humaines, en principe, ça devrait être simplement établir et prolonger un monde viable et vivable, non ? Mais le souhaiter c'est souhaiter l'effondrement du système (ce système que j'aime à surnommer STIC : science, technique, industrie, commerce). Tout en sachant que cet effondrement suppose des milliers de travailleurs de tous les domaines à la rue, de la misère, de la maladie, de la mort…
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IL NE S'AGIT PAS DE "LA CRISE"
Si on doit employer le mot "crise", ce sera en un sens beaucoup plus large et profond que l'emploi mécanique, médiatique et politique actuel, terme fourre-tout, paresseux, qui croit dire quelque chose et ne dit rien, sinon que, en creux, il suppose une fin de la crise. Ce qui est illusoire : la crise est l'état permanent de la société et de la biosphère. Et la crise actuellement désignée, crise de surcharge, n'a à peu près aucune chance de s'arrêter. Chaque accalmie prépare l'étape suivante.
L'effondrement, c'est autre chose : la fin brutale, souvent liée à l'atteinte d'un seuil, une "catastrophe" (au sens mathématique), qui se traduit en catastrophe tout court. C'est brutal, rapide, dramatique. Une image simple et parlante : quand on remplit d'eau un verre, l'eau monte régulièrement, niveau après niveau, il ne se passe rien d'autre que du plus, jusqu'au moment où on atteint le bord. Là, alors, ça déborde, ce qu'il se passe n'a plus rien à voir avec la phase de remplissage. Le bord du verre peut être considéré comme seuil, point de rupture, point-catastrophe, niveau d'effondrement.
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FILM CATASTROPHE
Un risque est d'exagérer la situation, de donner dans le film-catastrophe ou le roman de science-fiction type "le monde pendant ou après l'apocalypse". On adore ça, en fait : il s'agit sans doute d'une tentative de conjuration du mal par la fiction. Mais qu'on fasse ce genre de prophétie comme si on l'appelait de nos vœux ou au contraire comme une manière d'essayer de l'éviter, n'y change pas grand chose : la catastrophe aura ou n'aura pas lieu, nos vœux ou nos peurs n'y changeront rien.
N'empêche que pour l'instant, en ce début de troisième millénaire, ça sent pas bon. Le XXIème siècle a démarré avec l'effondrement du WTC, dont les images nous habitent définitivement, tout à la fois effrayantes et réjouissantes : sidérantes, en fait, laissant dans nos cerveaux une zone blanche (blank, dit-on en anglais, pour ce zéro, ce vide, cette absence et ab-sens où la pensée et l'émotion se figent.) Après ça, on a des banquises, des prix du lait, des General Motors, des banques, des Grèces, des tsunami, des séismes, des pétroliers brisés, des séismes encore, des volcans islandais, et jusqu'à cette marée noire en cours dans le golfe du Mexique : du trou creusé par Monsieur BP au fond de la mer, la Terre recrache son jus, sa pourriture intérieure puante et grasse, l'essence du sale : le putrole. (Qui était bien pratique et rémunérateur, quand même, avant !) Effondrement encore de la biodiversité, du climat : là aussi, il peut y avoir un seuil de quantité de gaz à effet de serre, qui, franchi, donnerait une brutale augmentation de température, non pas en cent ans mais en dix. (C'est la dernière thèse de Lovelock, mais j'ai du mal à me fier à ce vieil illuminé, bien que je pratique moi aussi avec plaisir le style Philippulus-le-Prophète…) Ajoutons encore l'effondrement de la déconomie, la phynance, la démocratie, la laïcité, la croyance en dieu(x), l'Europe, les abeilles, les ressources de ceci ou cela… Effondrements accomplis ou en cours, contradictoires, souvent, complémentaire et réciproques. Effet domino, boomerang, tâche d'huile, boule de neige…… Finalement, nous voyons autour de nous tellement de choses qui s'effondrent que nous sommes forcés d'en venir à dire : mais… c'est TOUT qui barre en couille !
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HÉBÉTUDE
Pour le moment (disons pour aujourd'hui début mai 2010), on n'en souffre pas trop… Enfin, moi… Il fait pas très beau, mais bon, ça va, je touche ma retraite, mon frigo est plein, le réservoir de ma voiture aussi, mon ordi est très silencieux et rapide et j'ai plus de deux mille amis sur FaceBook. Mais il y en a plein d'autres qui souffrent, un peu partout et de plus en plus, chaque jour. Jusqu'à quel seuil ? Est-ce que ça va rester indolore ou sustainable longtemps ? Et comment expliquer que ça ne tourne pas déjà tout de suite maintenant à l'effondrement psychique et social : des fous par millions qui se mettent à bouffer leurs voisins en faisant la danse des canards, des émeus et des émeutes, des révolutions, des guerres civiles instantanées, des suicides de masse…?
Schizophrénie : le tabac rapporte plein d'argent à l'État, mais l'État impose l'apposition de « Fumer tue » et d'images d'apocalypse pulmonaire sur les paquets… Les enfants devant la télé sont bombardés du message « Ne mange pas trop sucré, trop salé, et cinq fruits et légumes par jour », entre deux pubs pour des barres chocolatées ou des macburgers… Et maintenant partout, on nous vend des oxymores : développement durable, tourisme vert, biocarburant, et pour finir, au point où en est, pourquoi pas? : "capitalisme vert". Double message, double contrainte… l'incitation permanente à tout et son contraire, ça rend fou.
Alors, pour ne pas éclater (effondrement psychique), on s'anesthésie, il y a tout ce qu'il faut pour ça, même sans analgésiques : c'est diffus, généralisé, même si personne ne complote, si personne ne nous manipule, pas besoin, nous nous anesthésions nous-mêmes, et réciproquement, entre familles, voisins, télé, élections, blogs. Cette insignifiance du monde, ce non-sens, nous le voulons, chacun dans sa bagnole, sous sa burqa, dans son frigo… nous l'entretenons soigneusement.
Et finalement, que faire ? "Sortir en boîte" ? (Encore une expression auto-contradictoire !)
« Alors on danse… »
« Alors on danse…… »
« Alors on danse……… »*
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PAR DESSUS BORD
D'abord, sans doute "se libérer du connu", comme disait mon copain Krishnamurti, et encore plus se libérer de la peur de perdre "le connu", comme dit J.C. Besson-Girard, ce qui est déjà un problème psychologique (individuel ou de masse) énorme. Pratiquement un lavage de cerveau ! Ensuite, ou pendant, reste à créer un projet attractif, désirable… que l'idée de décroissance, ou de croissance zéro, ou d'objection de croissance sorte du négatif, de la critique, de la dénonciation répétée des éco-tartuffes, de la "fascination des ruines", et découvre son inspiration, son aspiration à-, se convertisse en message positif, donne envie : projeter un monde viable et vivable, une vie qui vaille la peine d'être vécue. Pas un "message d'espoir", non, pas un appel au miracle (venu de dieu(x), de la science, ou de la pétition de principe : « Mais ça ne peut pas s'arrêter comme ça !? »)
Quand le verre déborde, il faut d'abord arrêter le robinet, puis vider ou boire au moins une partie de l'eau contenue dans le verre, histoire de ne pas en rester à un seuil constamment au bord de la catastrophe, et après encore, se demander ce qu'on fait de toute cette eau répandue par le débordement : remplira-t-elle encore des piscines hollywoodiennes, ou arrosera-t-elle des jardins ? Noiera-t-elle les Charentais maritimes, les Bangladais ou abreuvera-t-elle les Peuls ? (Moi, pour le moment, un petit bain de pieds ne me ferait pas de mal.)

* Chanson et clip de Stromae.

(Ce texte m'a été inspiré par la lecture de "Malaise dans l'effondrement", de Jean-Claude Besson-Girard, in Entropia, Revue d'étude théorique et politique de la décroissance, N° 7, automne 2009.) www.editions-parangon.com