dimanche 30 octobre 2011

MassComm


LO N° 462 (30 OCT 11)
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QUELQUES RÉFLEXIONS, UN PEU EN VRAC, SUR LA COMMUNICATION DE MASSE DANS SES AVATARS ACTUELS TELS QUE LE TÉLÉPHONE PORTABLE, FACEBOOK OU TWITTER.
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Téléphone portab' : ça se confirme, c'est pas bon pour les enfants très sensibles à la tumeur cérébrale.
Jetez.
La société de croissance suppose l'obsolescence programmée (le prêt-à-jeter). D'où les tas d'ordures ingérables (Limeil-Brévannes).
La croissance n'a été que de 1,5% en 2010, au lieu des 3% "prévus" (par qui ?) C'est la faute aux grèves. Et aux gens qui n'ont pas assez jeté de téléphones portab's. Mais l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité vont arranger ça. Le pain, pareil : l'augmentation du prix de choses indispensables entraîne mécaniquement de la "croissance"… enfin, du PIB. (Les accidents de la route aussi.)
Avec le téléphone portab' (dit aussi "mobile", ou "cellulaire"…) disparaissent de jolies expressions comme "passer un coup de fil". Dit-on "passer un coup de sans-fil" ou "un coup de portab' ?
Il y a une différence de taille entre passer un coup de fil à UNE personne déjà connue et envoyer un SMS, un tweet, un courriel à, simultanément, 50 (ou 5 000) personnes, connues et/ou inconnues. Des "amis Facebook" par exemple (disons "des contacts"). Différence de nombre, de taille, de durée.
Nombre : le téléphone abolit la distance entre DEUX personnes.
Taille (contenu) et durée : le téléphone permet des conversations (dialogues) longues (si on a les moyens).

Les communications Internet (il va bien falloir trouver un terme général pour ces Communications Instantanées  en Nombre (= CIN ?… e-com ?…) abolissent la distance, ce n'est donc pas nouveau. Par contre, ce qui s'abolit, là, serait aussi peut-être le dialogue personnel, d'individu à individu, c'est-à-dire la communication interpersonnelle, à deux : le dialogue… (et s'abolirait finalement l'individu ?). Le temps n'est pas aboli, mais se gère différemment : ces CIN supposent la brièveté (les 140 signes d'un message twiter…) On ne bavarde pas longuement à 5 000 comme on peut le faire à deux. Moins d'intimité, donc. Est-ce à dire que cette Communication Interindividuelle de Masse (=CIIM) ne peut être que brève et superficielle…? "Légère"…? (Voire chaotique : il y a de la chaommunication). Ou carrément dégradée, dégénérée…?
Abolition, souvent, de l'orthographe (on quitte l'écrit pour un domaine quelque part entre le parlé et l'écrit). Limitation du vocabulaire, du contenu…. Moins de quantité en contenu = moins de qualité ? Peut-être… Mais un contenu apporté à plus de gens à la fois, qui, eux-mêmes peuvent répondre en petite quantité de contenu adressé à un grand nombre instantanément ("en temps réel", comme on aime bien dire maintenant, expression qui mériterait toute une analyse…). Chacun en dit PEU, mais à BEAUCOUP de gens à la fois, en PEU de temps. Par rapport aux communications précédentes, chacun en dit MOINS, mais à PLUS de gens à la fois, et en moins de temps.
DEUX personnes en DIA-logue (dia = deux) en direct ou par téléphone, instaurent une réalité commune, un champ sémantique partagé, un "lieu" de communication où ils s'incluent. Un petit lieu… une bulle à deux places. De même 500 personnes en polylogue par e-com créent un "lieu" de communication, mais beaucoup plus vaste : un "champ" de communication collectif. La nouveauté essentielle est là : le NOMBRE.
D'où le terme de "réseaux sociaux".
La question est de savoir si ce grand nombre induit obligatoirement un contenu pauvre.
La culture de masse habituelle (livres, films, télévision) fonctionnait à sens unique : émetteur > récepteur(s). (Quand on envoie un message collectif, on dit "vous", c'est un peu étrange, dans la mesure ou chacun des lecteurs est seul et lit un message comme s'adressant à lui personnellement. Certains, partant de cette constatation écrivent des messages collectifs en disant "tu". C'est troublant, pour le récepteur : s'adresse-t-il vraiment à moi-personnellement ?  Tutoie-t-il tout le monde à la fois ? Est-ce une sorte de démagogie ? Imagine-t-on un homme politique qui ferait un discours public en disant "tu", pour s'adresser à chacun personnellement ?) Je corrige quand même cette idée un peu simplette de sens unique émetteur>récepteur : avec le temps il y a feed-back : votes par téléphone, courrier des lecteurs, accession aux commandes de la télévision par des gens qui ont été élevés par la télévision ("les enfants de la télé"), mimétisme réciproque, circuits…
La pratique des com's de masse type réseaux sociaux ne se prête sans doute pas à la philosophie ou à la réflexion profonde, celle qu'on pratique seul ou en petit comité (élitiste ?). Elle favorise plutôt l'action de masse : je ne donne pas à lire une réflexion intellectuelle à quelques familiers, j'envoie un slogan à des millions. Ce qui entraîne en retour des réactions plutôt que de la réflexion. (Face à un fait quelconque, les journalistes demandent aux politiques, entre deux portes : « Quelle est votre réaction ? » Mais on voudrait bien plutôt de leur part de la réflexion et des actions, plutôt que des réactions (épidermiques, viscérales, immédiates, et souvent, par définition, réactionnaires : le singe n'a que des réactions ; de l'homme on attend de la réflexion, c'est toute la différence.)
On envoie un slogan, donc, ou une injonction pratique : « Rendez-vous tel jour telle heure tel lieu » – pour un apéro géant ou pour une révolution…? Pour boire un coup en écoutant du rock ou pour renverser un gouvernement…?
Contenu pauvre, communication de masse, slogans, réactions superficielles, brièveté… On dirait que je rejette en bloc. Mais non, je ne fais pas de nostalgie, de "c'était mieux avant"… le téléphone, je déteste. J'essaye juste de (me) poser des questions. On ne sait pas très bien ce qui est en cours avec ça… ce phénomène. On n'a pas de nom, on n'évalue pas les conséquences, mais c'est bien ça qu'il se passe.
(L'inventeur de Facebook ne se doutait pas que son truc deviendrait l'instrument des révoltes arabes de 2011.)
(Et les "puissants", face à cela, sont impuissants. et sortent les mitrailleuses.)
Il s'agit de mondialisation, bien sûr.
Michel Serres : « Le monde, connecté comme nos réseaux, se mondialisa dès sa fondation ; nous mimons ce processus. » Si on pousse plus loin cette idée, on doit se dire que le monde (vivant et plus, la biogée) a toujours été "mondialisé", toujours en réseau et réseaux de réseaux, interactions d'interactions… (C'est la définition de l'écologie en tant que science.) Les hommes, détachés de la nature, dénaturés, déconnectés, démondialisés, sont-ils en train de se renaturer en se remondialisant…? Peut-être est-ce une manière de voir les choses. À part que le réseau connecté mondialisé humain est humain, trop humain et reste détaché de l'ensemble naturel, végétal, animal, climatique… et même exploite et perturbe cet ensemble naturel.
Peut-on parler d'"intelligence collective", comme celle des bancs de poissons ou des vols d'étourneaux qui fonctionnent par masse sur des principes d'interactions simultanées que nous avons du mal à comprendre. L'image d'un troupeau de moutons qui suit un leader (fuhrer, chef, conducator…) on la connaissait bien… mais c'est autre chose, là, maintenant : tous et chacun suivant tous et chacun, tous se guidant et se suivant les uns les autres.
Un trajet très fréquenté s'aplanit, se débroussaille, devient donc de plus en plus aisé. Mais si tout le monde passe exactement au même endroit, ça devient une ornière (habitude ancrée, tradition bien établie, mot d'ordre indiscuté…)
Bon, euh… y a pas de conclusion, je vous ai prévenu que c'étaient des réflexions en vrac.
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lundi 24 octobre 2011

Ennemis intérieurs


LO N° 461. 24 octob 11
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ILS L'ONT DIT (SANS RIRE) (sur i-télé)
Jean Amadou s'est éteint.
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BIENTÔT L'HIVER
Se chauffer est de plus en plus cher. Pétrole et gaz, les prix flambent ! (Ha-ha). Mais c'est pas grave, puisque la Terre se réchauffe. « Là d'où vient le mal croît aussi ce qui sauve », citation de Hölderlin que les opti-mystes mettent à toutes les sauces.
Les papys font de la résistance. Hessel, Morin, Siné…
« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Voilà la vraie citation, chez Hölderlin. Morin ou Hessel ressortent ça. Ça devient un cliché. Mais est-ce bien vrai ? Ça sous-entendrait par exemple que la technologie est la planche de salut contre les méfaits de la technologie. Que la récupération dans les tas d'ordures est ce qui va nous débarrasser des tas d'ordures… Que parmi les millions d'enfants supplémentaires qui naissent chaque année va venir celui qui nous sauvera de la surpopulation ?
Est-ce autre chose qu'une pétition de principe ? Une sorte de volontarisme anti-désespoir. Le pharmakon, à la fois poison et remède… Question de dosage… Parce que en fait on pourrait aussi bien retourner le truc : « Là où croît ce qui sauve croît aussi le péril », puisque si souvent le remède s'avère pire que le mal, ou a des effets secondaires, ou des dégâts collatéraux. Un si vieux cercle vicieux. Principe d'inversion. La chimie agricole a permis de nourrir plus de monde, mais empoisonne ce monde. En même temps, cet empoisonnement stérilise les mâles (des pesticides dans les testicules, ça fait des pesticules - élémentaires) et prépare ainsi une future dépopulation, et donc une (future) baisse des besoins alimentaires… Ce qui sauve du péril accroît le péril qui sauve du péril… Etc.
C'est complexe ? Morin nous incite à pratiquer la dialogique plutôt que la dialectique : un principe qui unit deux principes antagonistes qui, a priori, croit-on, devraient se repousser l'un l'autre, mais en fait sont indissociables. Opposés ET complémentaires. La conjonction des contraires, c'est vieux comme Jüng, non ?
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L'ENNEMI INTÉRIEUR (EST PARMI NOUS)
Claude Guéant est défini par The Independant  comme "un homme intransigeant et lugubre".
« Méfiez-vous de tous ceux en qui l'instinct de punir est puissant. » (Friedrich Nietzsche)
« Le sérieux, ce symptôme évident d'une mauvaise digestion. » (Friedrich Nietzsche)
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SEPT MILLIARDS DE TERRIENS, le chiffre est atteint (et c'est pas de la tarte).
Vive les vacances d'automne ! Les enfants courent partout dans les bois. La chasse est ouverte.
(PS : Le prochain Psikopat aura pour thème du mois les chasseurs.)
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E
E-lecteurs, e-lectrices ! Êtes vous prêts à lire des e-livres (e-books) sur des tablettes ou sur ce qu'on appelle globalement des "lecteurs" ou "lectrices" ou "liseuses" ? Déjà, le nom pose problème… Masculin ou féminin ? La langue française n'a pas de neutre, dommage !

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"UNE FOIS LA CRISE PASSÉE", disent encore certains (ennemis intérieurs) – qui y croient. (Et ils courent partout comme des rats empoisonnés.)
À la fin du (magnifique) film de Robert Wise "La Canonnière du Yang Tsé", Steve McQueen se prend une balle mortelle et s'exclame « Qu'est-ce qui s'est passé ? J'étais chez moi… » et il meurt. Pendant tout le film, mécanicien-soldat, il était en quelque sorte "hors de sa tête", vivant dans un monde parallèle où il ne communiquait qu'avec les pignons et les soupapes de la formidable machinerie de son bateau. (Ce moment, quand il la découvre : « Bonjour, Machine » !) Et soudain, donc, au bord de la mort, il se réveille, il revient à lui et au monde. Trop tard.
Peut-être que nous (notre société) en sommes là, ayant "perdu connaissance", hors de nos têtes, hors-sol, hors Terre, perdus dans des non-lieux mécaniques dont les seuls critères de qualité sont des pressions dans des chaudières, dans des pistons, des tours/seconde, des bits zéro et un, des cours de bourse plus rapides que les Lumières, des AAA d'agences (machinerie infiniment plus complexe que la chaudière de la canonnière du Yang Tsé) et que, à un moment (maintenant, tout de suite ?) nous allons nous réveiller en criant « Mais qu'est-ce qui s'est passé ? On était chez nous… » et mourir.
Parce qu'il serait trop tard.
Ou pas ?

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http://campagne2012desarmementnucleaire.org/category/documents/

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Bientôt en kiosk :


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dimanche 16 octobre 2011

Octobre noir


LO N° 460 (16 oct 2011)
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OCCUPY WALL STREET
« Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. »
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SECOND TROU
Votez dur votez mou, on s'en fout, mais votez dans le trou.
Le second tour est comparable au maul du rugby. Il y a maul lorsqu'un joueur portant le ballon est saisi par un ou plusieurs adversaires et qu'un ou plusieurs coéquipiers du porteur du ballon se lient à ce dernier. Tous les joueurs qui participent au maul sont sur leurs pieds et avancent vers une ligne de but. Un maul met fin au jeu courant.
AuBrie contre Hollande : une affaire de fromages.

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COMMÉMORATIONS D'OCTOBRE 2011
Le mois de septembre ayant bien donné question commémorations il n'y a pas de raison de s'arrêter en si bon chemin. Pourquoi commémorer ? Et quoi ? A priori la commémoration sert à rappeler aux individus leur appartenance à une communauté (État, cité, religion, ethnie, collectivité professionnelle…) et donc à renforcer cette appartenance, la réactualiser, la ré-énergiser. "Se souvenir ensemble". C'est du lien social et donc c'est bien.
Il peut pourtant y avoir des excès : des "excès de mémoire" qui font vivre dans le passé, la nostalgie, et s'opposent à la part d'oubli nécessaire au bon développement de la personne comme de la société. Cela peut mener au régionalisme ou au communautarisme obsidional et obsessionnel : fermeture, enfermement. (Trois cérémonies autour de la Shoah en octobre à Paris, ça fait beaucoup, je trouve…)
— Il y aurait donc sans doute une question de tempo, un temps pour la mémoire, un temps pour l'oubli.
— Le devoir de mémoire, c'est comme les devoirs de vacances ? les exercices de récitation par cœur, le calcul mental ?
— C'est fonder ou refonder, réactiver les récits fondateurs, certains très vieux, des légendes, souvent, d'autres plus récents, historiques. Le souvenir de l'assassinat de masse du peuple Juif par les nazis (la Shoah) est sans doute le récit fondateur du peuple Juif d'après guerre et de la création de l'État d'Israël. Ce terrible récit historique réactualise le vieux récit fondateur de l'esclavage en Égypte et l'Exode, récit, lui, largement mythique. Hiroshima/Nagasaki est le récit fondateur du Japon d'après-guerre. Le mur de Berlin (sa construction / sa destruction) le récit fondateur de l'Allemagne d'après-guerre et d'après guerre froide. (Nous y sommes : le 3 octobre était "Jour de l'unité allemande".) De Gaulle à Londres et la Résistance, c'est le récit fondateur de la France d'après-guerre.
— La guerre, l'après-guerre, encore ?
— Oui, cette guerre et ses faits proprement extraordinaires (Shoah et bombardement atomique en particulier) coupent le XXème siècle en deux et sans doute l'Histoire humaine en deux. On aurait pu créer un nouveau calendrier dont l'année 1945 soit l'an zéro.
— Et les Américains ? Le 11 septembre 2001 ?
— Oui, mais les Américains passent leur temps à oublier leurs ruptures, leurs traumatismes. Avant ça, ils avaient eu Pearl Harbour, ou le Vietnam, mais à chaque fois ils repartent en avant en toute perte de conscience.
— Tu généralises.
— Oui. Mais il y a de ça. À chaque fois, ils réactivent une sorte de naïveté, de positivité. C'est ce qui fait leur force d'hommes d'action.
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Il y a aussi les anniversaires qui ne donnent pas forcément lieu à des commémorations officielles ou alors plus discrètes.
Dans les comptes pas ronds, on a Coluche, le 28 octobre 44, ou John Lennon le 9 octobre 40. (Himmler et Goebbels sont nés en octobre aussi, mais j'aimerais mieux fêter leur mort - mai 45.)
Dans les anniversaires à chiffres ronds : Picasso, 25 octobre 1881, aurait 130 ans. Dostoïevski, 21 octobre 1821, aurait 190 ans. Franz Liszt, 22 octobre 1811, aurait 200 ans.
Mais aussi… 22 octobre 1941 : Guy Môquet fusillé, à 17 ans, parmi d'autres jeunes résistants communistes. Profitons-en pour fustiger une fois de plus la perversité du soi-disant Président actuel de la République. Nous aimerions bien fêter Guy Môquet, qui nous dit "face au pouvoir illégitime, résistez". Mais à partir du moment où ce pouvoir même récupère, sous forme de commémoration, cette résistance, nous ne pouvons plus que, à regret, refuser cette manifestation. J'ai dit perversité : cela consiste à enfermer l'autre dans une double contrainte : "Désobéissez – c'est un ordre !"
Et encore : 17 octobre 1961 : il y a 50 ans, le préfet Maurice Papon réprimait dans le sang et la noyade la manifestation des Algériens de France à qui il imposait un couvre-feu.
Plus amusant : Georges Brassens, né le 22 octobre 1921 à Sète, pourrait avoir 90 ans, mais il est mort le 29 octobre 1981 à 60 ans. C'est astucieux : on peut fêter sa naissance et pleurer sa mort le même mois. Avec ça  – heureux hasard ! – que Paul Valéry est né aussi à Sète… et le 30 octobre 1871… On chantera, cet automne, sur la plage de Sète et au Cimetière Marin !
« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,

Entre les pins palpite, entre les tombes ;

Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Ô récompense après une pensée

Qu’un long regard sur le calme des dieux ! » …
(Paul Valéry. Le Cimetière marin. 1920)

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Quant au 28 octobre, le "Jour du Non" en Grèce, il risque de prendre un tout autre sens que son souvenir de 1940.
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Dessin paru dans le Psikopat en cours.


dimanche 9 octobre 2011

POMME CUITE


LO N° 459 (9 oct 11)

LE SAVIEZ-VOUS ?
Un accident est si vite arrivé qu'avant de s'apercevoir qu'il est arrivé il est déjà fini.
La vraie distance de sécurité entre deux voitures est de 25 cm – à l'arrêt.
L'homme invisible était aveugle. (Ben… forcément, réfléchissez…)
Dracula suçait mais n'avalait pas.
Frankenstein était juif.
Jésus est mort noyé. Sa seconde mort, en fait. En effet, il avait l'habitude, on le sait, de marcher sur l'eau du lac de Tibériade. Mais après sa crucifixion et sa résurrection, il avait gardé des trous dans les pieds, du coup il a pris l'eau comme une vulgaire barcasse… et comme il savait pas nager…
Les vaches folles simulent la folie pour échapper à la peine de mort.
Steve Jobs est plus riche que l'État américain. Et mort.
Trou est l'anagramme de tour, ce qui, sexuellement parlant, est cohérent.
Il y a moins de délinquance dans les zones arborées. (L'arbre, valeur refuge.)
Fumer tue, certes, mais ne pas fumer ne rend pas immortel.
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SALADE DE SAISON
— Finalement, Steve Jobs a renoncé à se présenter aux élections présidentielles US 2012…
— Il a pomme-Quitté.
— La tribu Apple est en i-deuil.
— Ce type, peut-être génial techniquement et markettinguement, avait aussi un côté religieux, avec sa pomme croquée : le jardin d'Eden, l'arbre de la science…
— La pomme croquée, c'est plutôt le sexe, non ?
— Pour lui, apparemment pas, avec sa morale puritaine qui ne supportait pas les appli pornos sur ses i-produits.
— … Mais qui supportait très bien de faire travailler des Chinois de Fox-Con à salaires de suicide.

— L'abus des tranquillisants serait responsable de l'Alzheimer.
— Pourtant, c'est un mal qui contient sa solution : quand tu as l'Alzheimer, tu oublies de prendre tes tranquillisants et tu es sauvé.
— Trop tard. C'est un peu comme la pollution pétrolière qui se terminera avec la pénurie du dit pétrole… mais trop tard.
— C'est un peu comme l'Europe, la finance et la Grèce : le remède guérit la maladie mais tue le malade.

— Le bébé sarko, si son père y touche, ça va encore faire un accident de "bébé secoué".

— L'affaire Karachie… Des "rétro-commissions" sur des sous-marins…? C'est quand on ravale sa merde par où elle est sortie ?

— Si on file des milliards à la Somalie, avec quoi on va sauver nos banques ?

— Les indignés ont enfin atteint la source du MAL : Wall Street !

— Tout économiste, même de gauche, dit, désolé : "La "règle d'or" convient à un pays en stagnation. Et même engendrera la stagnation. La règle d'or, c'est la croissance zéro…"
— MAIS TANT MIEUX ! L'idée que la puissance c'est la croissance, que la vie c'est la croissance, qu'il n'y a rien en dehors de cette dynamique production-vente en croissance, est une idée de chef d'entreprise capitaliste, et non une idée politique (une idée de chef d'État). Un pays n'est pas une entreprise capitaliste.

— Plus de caissières dans les grandes surfaces ?
— Non, on passe soi-même ses achats au scanner.
— Faut faire tout le boulot soi-même, quoi, comme à la station-service où y a plus de service. C'est la liberté ! L'autonomie !… Et les caissières ?
— Au chômage, remplacées par une "hôtesse" qui supervise quatre caisses automatiques. Et tout ça pourquoi ? Parce que, pour l'entreprise, une machine, même chère, même produite en Chine, même qui tombe parfois en rideau, c'est plus facile à gérer qu'une employée humaine qui peut devenir malade, enceinte ou en grève. C'est tout.

— Être fiché par la police, c'est quand même un moyen d'atteindre la célébrité.
— C'est ça ou la télé-réalité.
— Ou le sida.
(Mais l'un n'empêche pas l'autre.)

— A-t-on chiffré le coût environnemental (pollution, dépense d'énergie, production de GES) de l'interdiction de fumer dans les bureaux ? Déjà, mégots sur le crottoir, spectacle ridicule des costard-cravate occupés à rien d'autre que se noircir les poumons à ras des bagnoles, en compagnie des chiens crotteurs… Les patrons se plaignent de la perte de temps de travail, mais, puisqu'il s'agit d'aller tirer sa clope dans la rue, une conséquence plus inattendue est le suremploi des ascenseurs  : bureau, ascenseur-descente, clope, ascenseur-montée, bureau. Etc. Encombrement, donc, des paliers (on s'en fout) et ascenseurs… on s'en foutrait aussi si ça ne voulait pas dire dépense d'énergie (pétrole, charbon, nuke…) et production de CO2 (pas le CO2 des clopes, celui de la dépense d'énergie fossile).
— Mais, qu'ils prennent l'escalier !
— Mais ils ont plus le souffle !
— Un brin de questionnement sémantique : à l'origine, un clop, c'était un mégot… ce qui restait d'une cigarette fumée, jeté sur le trottoir et ramassé par un clodo qui, quand il en avait recueilli suffisamment, pouvait se rouler une cigarette presque neuve pour le prix du papier avec les restes des autres. (Concentration des nicotine, goudrons, rouge à lèvres, salive, bactéries, ADN…)
Puis, je ne sais pourquoi ni comment, le mot clop s'est féminisé en clope et a décidé de désigner la cigarette elle-même. Un peu comme si on savait (et assumait) que ce que l'on fume est promis au déchet, est déjà du déchet (et un concentré de nicotine, goudrons, etc.). Ce qui apparut un temps comme un acte chic (fumer des cigarettes, américaines de préférence, comme Bogart ou Marlène Dietrich) est devenu franchement sordide : conscience du côté suicidaire de l'acte, confirmé par les avertissements sous forme de "fumer tue" ou de photos gores. (Faut-il en passer par l'obscène pour dire la vérité ?)

— C'est fou ! La première fois que j'entends parler du groupe REM, c'est pour apprendre qu'il se sépare !

— Des photos de Scarlett Johanson nue sur Internet.
— Et…?
— Eh ben, elle a des fesses, et puis des seins…
— On s'en doutait un peu, en fait…

— Que fait la police ? On a perdu le commissaire Maigret, l'inspecteur Derrick, le lieutenant Colombo, et maintenant un certain Michel Neyret. ("Le N°2 de la police lyonnaise", comme disent les médias.)
(La police est aussi, en nombre, dans le N° du Psikopat en vente actuellement)

— De nouvelles taxes (rigueur), ça ne fait jamais plaisir, alors il faut trouver un truc pour faire passer la pilule, se dédouaner. Des prétextes. La morale ou la santé, par exemple : taxer les vices ou les trucs qui font du mal : le tabac, le sucre, l'alcool… C'est pour notre bien, pour notre santé, alors ça va… Plus exactement : alors on ne peut pas protester. Double contrainte, ou, plus trivialement : "Si je t'encule, c'est pour ton bien."
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Un dessin pour "La Revue".


dimanche 2 octobre 2011

BIENTOT 7 MILLIARDS


LO N°458. 2 octobre 2011.
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Les humains, quand y en a un ça va, c'est quand il y en a beaucoup que ça pose problème.
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RELIGION ET SURPOPULATION
Toutes les religions sont procréatrices, je veux dire pro-procréation. Donc contre la masturbation (improductive), contre la contraception sous toutes ses formes, contre l'avortement. Contre tout contrôle des naissances, hors la retenue personnelle type coïtus interruptus et même pas coïtus du tout si ce n'est pas pour faire des petits. On peut se demander pourquoi. Qu'est-ce que le sexe et la procréation ont à voir avec la spiritualité ? Et ainsi, à chaque occasion où le pape (ou un autre du genre) fait une déclaration anti-capote, anti-avortement ou autre du genre, on gueule en disant : " Lui qui, justement, ne pratique pas le sexe, qu'il s'occupe de sa spiritualité et pas de nos fesses !" Mais c'est mal comprendre ce qu'est "la religion". Les religions ne sont pas "la spiritualité", ne sont même pas vouées à encourager la spiritualité ou le mysticisme qui ne sont que des effets secondaires indésirables.
Pour une grande part, "la religion" (= le dieu et ses prêtres) est un système politico-social, un système de gestion de la société : organiser des rituels de "communion", proposer ou imposer une morale sociale cadrant, ordonnant les instincts sauvages : la violence et la sexualité, principalement.
Plus profondément peut-être, ou plus primitivement, "la religion" (= le dieu et ses prêtres) est la voix de "la nature", le représentant direct des contraintes de la nature qui s'imposent à la vie en général, ou plus spécifiquement à l'espèce, ou, encore plus près, à la tribu. Toute espèce, la vie, la nature, n'a qu'un but : durer. Survivre au long du temps, et pour ce proliférer. Que l'on se place au point de vue universel de la nature ou au plus local de la tribu, la loi est la même : pour s'en tirer, quelles que soient les pertes (famines, maladies, guerres…), il faut faire nombre. Le dieu des fables bibliques est une sorte de chef de clan qui doit tout faire pour la survie de ses ouailles, non en tant qu'individus, mais en tant que groupe (nation, ethnie, espèce…).
La tribu (par exemple les habitants du proche orient de l'âge du bronze) vit des conditions difficiles : sécheresse, prédateurs… et aussi rivalité avec les tribus voisines, donc bagarres et guerres, défense de territoire ou conquête guerrière de territoire. Donc pertes : il faut renouveler le plus vite possible les chasseurs, guerriers, cultivateurs… Se pratique aussi la conquête démographique : occuper le terrain par prolifération jusqu'à évincer l'autre tribu moins prolifique. De plus, ces conditions de vie difficiles en général font qu'il y a beaucoup de mortalité infantile. Donc pour être sûr de garder un ou deux enfants survivants, il faut en faire huit ou dix. En bref, faire beaucoup de petits est un gage de survie, de persistance de la famille, la tribu, la race, l'espèce… la vie.
Donc, à la base, il y a les "croissez et multipliez" proférés par Yahvé Dieu, à Adam-Eve, à Noé, à Abraham… Et ce n'est pas du tout une affaire "spirituelle", c'est une question de survie. L'espèce veut perdurer. Le vivant veut perdurer… Mais ne prévoit rien – ne prévoit pas, en tout cas, que cette espèce, victime de son succès, serait en proie à une telle prolifération qu'elle se mettrait en danger (ça, encore…) mais mettrait en danger toutes les autres, tout le vivant. La nature est une idiote.
Parce que, évidemment, la suite de l'histoire, c'est l'arrivée à un seuil, le point ou trop c'est trop, où la quantité devient un handicap. La démarche de croissance démographique, sans doute indispensable dans les conditions d'il y a douze mille ans, se retourne contre elle-même en boomerang : les ressources (disons nutritives, pour rester basique) se restreignent, s'épuisent, malgré les progrès que l'on peut faire dans la gestion de ces ressources (l'agriculture) et même, plus tard, à cause des progrès en question (chimioculture, pollution, etc.). Il faudrait s'arrêter, à ce moment-là, juste avant l'épuisement et l'effondrement. Se dire "Bon, là, on est à notre optimum, on équilibre ressources et population, renouvellement des ressources et renouvellement de la population, tenons-nous en là. Gardons cet équilibre (déjà pas si facile à tenir)."
Ça semble rationnel… ou au moins raisonnable. Mais les prêtres, le dieu, la nature… ne sont ni rationnels ni raisonnables. Ils restent coincés dans leur obéissance à la loi primitive qui veut que l'on prolifère pour durer. Ils ont gravé des lois de fécondité dans le marbre et dans les circonvolutions cérébrales de tout leur petit monde. Vu par le petit bout, on peut dire qu'ils veulent garder leur place, leur pouvoir, leur richesse, mais c'est anecdotique. Plus largement, ils sont, comme le reste de la tribu, emportés par l'élan. Force d'inertie. Tradition. On a construit tout un monde sur ces lois, sur cet élan téléologique, sur ces légendes (legenda : ce qui doit être lu). La Loi de Dieu, aveugle, poussée par son passé, pousse devant elle la tribu (l'humanité, maintenant). Si les avant-gardes voient le ravin devant, par contre à l'arrière, on ne voit rien. On est une force qui va – dans le mur, dans le ravin, à la chute. Continuant sur sa lancée, sur son erre, comme un vaisseau. Ne comptons pas sur le dieu ou les prêtres pour arrêter le mouvement, ils pensent encore comme une tribu du désert, relais de la voix de la nature au sens le plus primitif. Attardés, ils pensent comme des homo à peine sapiens, à partir d'un état du monde lointain, à huit ou dix mille ans dans le passé.
Et finalement, c'est "la nature" qui réagit – idiotement aussi : elle réagit sans pitié, par la famine, la guerre, l'épidémie, la stérilisation, de grosses katastroffes… La mortalité infantile, déjà, depuis toujours, est le grand régulateur. (Mais on s'efforce avec succès de la réduire… est-ce bien raisonnable ?) Suite aux réactions de la nature, la tribu ou l'espèce s'éteint ou est ramenée à sa plus simple expression et pourra repartir de 0,2 pour un nouveau cycle de croissance. Pas de morale à ça. La nature n'est pas morale, ne connaît pas le bien et le mal, elle n'est pas hostile, elle est implacable. Et ses lois ne sont pas des "lois" (comme nous on en écrit), mais seulement les causes et conséquences mécaniques. Aucune volonté divine : la nécessité, les aléas.
On peut évidemment décider que la nature a raison et attendre qu'elle règle la question par sa violence aveugle. Mais si nous sommes devenus des humains, des civilisés, c'est bien en ayant pris les rênes – pour le meilleur et pour le pire. Le pire, c'est sans doute de continuer à laisser parler cette voix (et voie) de la religion primaire qui nous dit "Continuez à croître, un bon tsunami généralisé (déluge) réglera la question en temps utile." Oui, pourquoi s'embêter ? Y a qu'à attendre. Le meilleur serait peut-être que nous (les humains) décidions par nous-même, à moindre frais, de dire STOP à la prolifération.
« […] les limites inextensibles de nos provisions alimentaires nous faisant un devoir de prévenir rigoureusement un excès possible de notre population – parvenue aujourd'hui à un chiffre qu'elle ne saurait jamais dépasser sans danger, cinquante millions –, nous avons dû interdire en général, sous les peines les plus sévères, ce qui, paraît-il, se pratiquait communément et ad libitum chez nos ancêtres. Est-il possible qu'ayant fabriqué des monceaux de lois dont nos bibliothèques sont encombrées, ils aient omis précisément de réglementer la seule matière jugée digne aujourd'hui de réglementation ! Conçoit-on qu'il ait jamais pu être permis au premier venu, sans autorisation régulière, d'exposer la société à l'arrivée d'un nouveau membre vagissant et affamé – surtout en un temps où l'on ne pouvait, sans permis, tuer un perdreau, ni sans payer des droits, introduire un sac de blé ? Plus sages et plus prévoyants, nous dégradons, et, s'il récidive, nous condamnons à être précipité dans un lac de pétrole, quiconque se permet ou plutôt se permettrait (car la force de l'opinion est venue à bout de ce crime capital et a rendu inutiles nos pénalités) d'enfreindre sur ce point la loi constitutionnelle. » (Gabriel Tarde, "Fragment d'histoire future", 1896, p 43)
http://classiques.uqac.ca/classiques/tarde_gabriel/fragment_histoire_future/fragment.html
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MAIS C'EST TOUJOURS LE SEXE QUI LES PERDRA
En cherchant des images de la Kaaba de La Mecque pour la LO N°440, j'ai découvert ce détail hallucinant. (C'est moi qui hallucine ou cette forme est bel et bien vaginale ?)

Cette châsse en argent incrustée à l'un des angles du cube de la Kaaba contient une pierre noire sacrée, prétendument météorique et plus vraisemblablement volcanique.
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En kiosque d'un jour à l'autre, PSIKOPAT 235, spécial POLICE.