LO N° 428 (4 janvier 2011)
LA MÈCHE
Question explosivité, La Mèche était à peu près aussi efficace que le terroriste kamikaze de Stockholm… N'empêche, on s'est bien amusé (enfin, moi, dans mon coin… mais moins qu'avec Siné-Hebdo…) Je ne tire pas sur le corbillard : les journaux, comme les gens, vivent et meurent… La Mèche avait ses qualités et ses défauts, le plus gros étant de ne pas arriver à se vendre suffisamment. Mais 13 numéros c'est pas si mal ! (Un ami me demandait, au début : mais si Siné-Hebdo a échoué, pourquoi un successeur avec les mêmes ingrédients (sauf Siné) pourrait-il réussir ? Et je lui répondais : on s'en fout ! Si ça dure trois mois, ça sera toujours ça ! J'avais vu juste !)
Le fond du problème, c'est que des canards de ce genre, il y en a déjà suffisamment. Le Canard, Charlie, Bakchich, Le Monte, Le Sarkophage, La Décroissance, Le Monde Libertaire, CQFD… pour ne citer que ceux que je vois en kiosque ou que je lis parfois. (Des déjà disparus, aussi : Kamikaze, Le Plan B… Et maintenant voilà en plus que Charlie doit payer 40 000 euros à Siné pour licenciement abusif… Bien fait pour la gueule à Val, oui, mais……… A moins que Siné, renfloué par cette manne, si elle arrive, relance Siné-Hebdo… On peut rêver.)
Il faut dire aussi que de la contestation politique en textes et en dessins d'actu, on en trouve plein, gratuite, sur le net, alors le problème des journaux contestataires est le même que celui de la presse en général : pourquoi payer et s'encombrer de papier ?
Alors quoi, passer quinzomadaire ? Mensuel ? Basculer sur le web ? Fusionner avec un ou deux des autres canards cités plus haut ? Ou avoir une ligne éditoriale plus déterminée, calculée pour ne pas faire double emploi avec les confrères ? Je crois que pas mal d'hypothèses ont été envisagées. Mais, outre les questions de personnes (la rivalité et les coups bas – ou ressentis comme tels par ceux qui ne supportent pas la critique – chez les anars aussi, ça existe…) reste toujours la question que faire un journal ça prend du temps, ça coûte de l'argent, et chacun doit bouffer tous les jours, pas seulement refaire le monde en descendant des litrons ou dans la rue en manif et en cliquant sur "j'aime" dans FaceBook.
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ÉLÉMENTS DE LANGAGE
Voitures brûlées de la nuit du 31 : « Le silence de Brice Hortefeux fait beaucoup parler de lui. » (Entendu sur une chaîne d'info)
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NEIGE EN DÉCEMBRE… NEIGE EN JANVIER.
— A pu de sel pour déneiger les routes
— A pu de glycol pour dégivrer les avions
— A pu de chalumeaux pour dégeler les rails
— Y a des pelles
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On est pris en otage par la neige !
Roselyne Bachelot achète 85 millions de tonnes de sel. Mobilisation de l'armée. On salera les routes avant que la neige tombe. En plus, on les fermera à la circulation.
Pour régler le problème des routes inclinées… Vieille blague (à dire avec l'accent suisse) : le syndic de Morges a décrété que l'on mettrait des graviers dans les descentes et non dans les montées.
Manque de prévention… ou abus du principe de précaution ? Le résultat est le même : célbordel ! Pourquoi ? Trop de routes, trop de bagnoles, trop de gens.
Encore un accident à un passage à niveau : pareil. Trop de routes, trop de bagnoles, trop de gens.
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MOLOCH !
Éléments de langage (ouvrez les guillemets) : "Les Marchés", "rassurer les marchés", "apaiser les marchés". « L'observateur reste stupéfait devant ce culte païen qui trouve dans toute démonstration de la nocivité des dieux qu'il invoque l'occasion de les révérer avec une ferveur redoublée. Marché et Emploi sont les dieux d'une religion jamais reconnue comme telle. »
LE DIEU EMPLOI
« L'emploi revêt un caractère sacré que nul ne se hasarde à remettre en cause », employeurs comme employés. (Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Je suis employeur.) Pour le conserver, son emploi, on est prêt à sacrifier une part de ses revenus.
"Le Plein-emploi" : pour les dits "employeurs", c'est la subordination de la main d'œuvre : la garantie d'avoir des employés sous la main (d'œuvre). Pour les employés, la garantie d'un revenu. Je corrige : ce que ça représente pour les employés ou employables, cette garantie d'un revenu, est en fait un élément de chantage tout trouvé entre les mains des employeurs (potentiels). Le chantage qui asservit. La subordination des travailleurs (réduits au statut de "demandeurs d'emploi") n'est jamais aussi forte que dans une zone de sous-emploi, dans une société "en proie au chômage (endémique)". Les employeurs n'ont absolument pas intérêt au plein-emploi. Ils sont les fourbes grands prêtres exploiteurs de la croyance et du fatalisme qui caractérisent cette religion païenne.
LA RETRAITE COMME RÉVOLUTION
Pourtant il y a ça : la retraite. La retraite, prolongation à vie du salaire, est une parfaite contradiction du travail-emploi. Elle est anticapitaliste, subversive, révolutionnaire, car, fondée sur les cotisations, elle n'est pas une capitalisation (comme une assurance) ni une "propriété lucrative".
La cotisation, grande invention du XX° siècle. Le prélèvement d'une part de la "valeur ajoutée" ("richesse") constitue la part socialisée du salaire (45 %). Mais comprenons bien que cette somme, ces 45% du salaire, n'est pas dépensée ou enlevée ou perdue : elle nous est versée, elle fait partie, à long terme pour chacun et pour tous, du salaire effectivement perçu, entre autre par la pension de retraite. Imaginez qu'on supprime ça, pour faire plaisir aux employeurs qui se plaignent constamment du "coût du travail" lié aux "charges sociales". D'où sortirait-on le fric pour nourrir et soigner chômeurs, malades, retraités, handicapés ? De nulle part. Régression. Chacun pour soi et crève ! Ou de la "charité" : aides humanitaires, dons charitables. Mais la main qui donne est toujours au dessus de la main qui reçoit. Régression. Alors que le principe de la cotisation est la mutualisation : personne ne doit à personne, ou tout le monde doit à tout le monde, ce qui revient au même. C'est une appropriation collective de la richesse (ou valeur ajoutée).
On pourrait même imaginer, plutôt qu'une régression des cotisations, au contraire, une nouvelle "cotisation économique" (ponctionnant la part des profits) qui remplirait des caisses vouées à financer des investissements sans taux d'intérêts ; des prêts (d'investissement, pas de consommation) à taux zéro. Ce faisant, chacun (pas seulement les financiers ou patrons possesseurs de capital), chacun, dis-je, serait créateur, producteur de la richesse commune, et donc décideur.
SALAIRE À VIE
Si la retraite a été (et reste tant bien que mal) une grand-mère révolutionnaire, sa petite fille serait le salaire à vie.
« La pension comme salaire est une antidote à l'emploi. » Quand un salarié prend sa retraite, accède à sa pension, il peut enfin travailler uniquement en fonction de ses désirs et de sa qualification : puisque son "salaire" (pension) est garanti à vie, il n'est plus dépendant de l'offre de travail, il n'a plus à se présenter sur le "marché du travail", il ne subit plus aucun chantage asservissant d'employeurs potentiels. Pour le retraité qui "travaille", il ne s'agit pas de "s'occuper", mais de déployer sa véritable qualification. « Ces retraités trésoriers du club de football de leur quartier, ces conseillères municipales, ces producteurs de tomates biologiques, présents aux côtés de leurs petits enfant, n'exercent pas des "activités utiles" : ils travaillent, c'est-à-dire que leur activité a une valeur. Non pas une valeur symbolique : une valeur économique, exprimée dans la pension qu'ils touchent. […] La logique capitaliste voudrait que seule l'activité vouée à valoriser le capital (par la production de marchandises) soit reconnue comme du travail ; que seul l'emploi, donc, constitue la matrice du travail. Mais le conflit salarial a mis en place une autre institution, permettant de transformer l'activité en travail : le salaire à vie des retraités. »
Un passage au salaire à vie toute la vie ("revenu d'existence") ne serait qu'une généralisation des systèmes de retraite : au lieu que "seulement" 45% de nos salaires soient socialisés (mutualisés), la totalité pourrait être versé à des caisses et reversé à tous par ces caisses. Transformation radicale de la société ! Mais autre chose qu'une étatisation, les "caisses" n'étant pas étatiques, et les entreprises conservant une fraction de leur création de valeur ajoutée. Une démocratie sociale. Question classique : « Et si, comme certains retraités, les salariés ne font rien de leur qualification ? Au pire ils seront moins dangereux ou inutiles que tant de titulaires d'emploi réduits à "produire de la valeur pour l'actionnaire" dans des tâches aberrantes ; au mieux, leur prétendue oisiveté défrichera de nouveaux chemins pour le travail. » (Tout cela hâtivement résumé et largement cité entre «…», d'après Bernard Friot, socioloque, dans Le Monde Diplomatique septembre 2010. Auteur de "L'Enjeu des retraites". La Dispute, 2010.)
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« Quand on vit dans la panique, le réflexe remplace la réflexion. » (Paul Virilio)
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L'hipposuccion, c'est se faire faire une fellation par un cheval ?
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FRAGMENTS
— On a retrouvé le crâne de Henri IV.
— Je savais même pas qu'on l'avait perdu…
— Il sera remis à la famille Bourbon…
— Reste plus qu'à retrouver les morceaux de Ravaillac.
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La terreur vue du ciel
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