dimanche 10 novembre 2013

NOVOMBRE


Ah que je n'aime pas le son des tronçonneuses le matin dans les bois. Rugissement rageur, sonnant et tronçonnant les troncs. Et les broussailles fuient sous les débrousailleuses. Vivement qu'il n'y ait plus de pétrole !
Sur ce territoire campagnard et boisé mais restreint, s'affrontent quotidiennement des forces concurrentes : les bucherons bucheurs – les bergers, leurs moutons noirs et leurs chèvres enragées  – les chasseurs et leurs chasse-peaux – les enfants des écoles qui voudraient bien malgré tout courir dans les bois et faire des cabanes, les sots ! mercredi comme dimanche sont jours de chasse ouverte – quelques touristes plus ou moins belges, oubliés depuis l'été et oublieux que c'est septobre, octembre, novombre et tout ce qui s'ensuit, l'automne qui ressemble à l'été et la rentrée qui ressemble à l'hiver.… – et le promeneur qui, à la longue, rêve à l'éradication de l'espèce humaine, à commencer par les divers susnommés.
Pourtant l'aube était verte et pâle, l'aurore était, comme il se doit, dorée, et le matin est bleu, le vent vole aux arbres leurs feuilles dans un bruissement de vagues lacustres, les tournesols, maintenant éteints, semblent des coton-tiges usagés, et les dernières abeilles avant la fin du monde butinent encore. Quant aux papillons au vol éméché, ils ne se posent pas, avides, que sur les fleurs, mais aussi sur les crottes du chemin (car les chemins crottent, c'est bien connu).
Je rentre chez moi, ou les topinambours fleurissent sans bruit, jaunes, et les callistémons flamboient rouge.


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