dimanche 26 janvier 2014

DIMANCHE


« Mais comment vais-je faire mes courses le dimanche si je travaille le dimanche ? » (Courrier des lecteurs de Télérama)
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— Réduire le chômage en France, ça va être du boulot !
— En France ? Faudrait déjà qu'il y ait du boulot, en France. "Réduire", c'est du négatif… "Le chômage", c'est du négatif… Moins plus moins égale plus… Il ne s'agit pas de réduire quelque chose mais de créer autre chose.
— Et pourquoi "en France" ? S'il y a du boulot ailleurs, ceux qui veulent travailler peuvent aller ailleurs. Émigrer. Comme les Grecs ou les Espagnols…
— Et c'est où qu'il y a du boulot ? En Chine ? Oui, pour les Chinois, et au tarif chinois. En Roumanie au tarif roumain…
— Sans doute, mais faut savoir ce qu'on veut.
— Ben justement : on veut pas. On veut travailler en France, au tarif français.
— Alors on délocalise les entreprises, mais pas les travailleurs…
— Les travailleurs veulent pas se délocaliser, non. Ils y mettent vraiment de la mauvaise volonté !
— Quel intérêt auraient les Chinois ou les Roumains (gouvernement, entreprises) à prendre en charge nos productions s'ils devaient aussi engager nos travailleurs émigrés immigrés chez eux ? S'ils veulent nos boulots c'est bien pour en faire profiter leur propre population, pas pour nous faire plaisir. Tu voudrais qu'en plus ils nous engagent… et nous payent au tarif français, tant que tu y es !
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Prolétaires, camarades, libérez-vous ! Soyez flexibles, mobiles, intérimables, licenciables, précaires. Libérez-vous des zaquisocios qui vous empêchent de travailler. Libérez-vous de ces ridicules 35 heures, de la sécu qui vous entrave, des faux espoirs de la retraite, des indemnités chômage qui vous déresponsabilisent, libérez-vous du droit de grève. Soyez vos propres sous-traitants, délocalisez-vous, désassistanez-vous, intérimisez-vous, précarisez-vous, licenciez-vous. Le travail chômage rend libre !
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LE FUTUR C'EST MAINTENANT
« Les villes – où l'on s'étonnait qu'il eût du penchant à émigrer ! – étaient les seuls points fort rares et fort disséminés où la vie de société fût alors connue. Mais à quelles doses ne s'y montrait-elle pas mélangée, étendue de vie bestiale ou de vie végétative !
Un autre fossile particulier à ces régions, c'est l'ouvrier, le rapport de l'ouvrier à son patron, de la classe ouvrière aux autres classes de la population, et de ces classes entre elles, était-ce un rapport vraiment social ? Pas le moins du monde. Des sophistes qu'on appelait économistes, et qui étaient à nos sociologues actuels ce que les alchimistes ont été jadis aux chimistes, ou les astrologues aux astronomes, avaient accrédité, il est vrai, cette erreur que la société consiste essentiellement dans un échange de services ; à ce point de vue, tout à fait démodé du reste, le lien social ne serait jamais plus étroit qu'entre l'âne et l'ânier, le bœuf et le bouvier, le mouton et la bergère.
La société, nous le savons maintenant, consiste dans un échange de reflets. Se singer mutuellement, et, à force de singeries accumulées, différemment combinées, se faire une originalité : voilà le principal. Se servir réciproquement n'est que l'accessoire. C'est pourquoi la vie urbaine d'autrefois, fondée principalement sur le rapport, plutôt organique et naturel que social, du producteur au consommateur ou de l'ouvrier au patron, n'était elle-même qu'une vie sociale très impure, source de discordes sans fin. » (Gabriel Tarde, "Fragment d'histoire future", 1896, p 34)
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ET NOUS ET NOUS ET NOUS ?
Les actionnaires s'en prennent aux grands patrons :
— Les grand patrons se gavent ! Et nous et nous et nous ?!
Les salariés s'en prennent aux actionnaires :
— Les actionnaires se gavent ! Et nous et nous et nous ?!
Les chômeurs s'en prennent aux salariés :
— Les salariés, je ne dirais pas qu'ils se gavent, mais au moins ils ont du boulot, eux ! Et nous et nous et nous ?!
Les UMP s'en prennent aux chômeurs :
— Les chômeurs, des fainéants qui ne veulent pas travailler, se gavent. Et nous et nous et nous ?!
Le peuple s'en prend aux UMP (et autres hommes politiques) :
— Les hommes politiques se gavent ! Et nous et nous et nous ?!
Etc.………………………………


Paru dans Psikopat

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