(D'après
Le Monde Diplomatique de juillet 2012 "L'effroi du retraité allemand face
à l'épouvantail grec")
En
Allemagne, on a massivement souscrit aux régies de retraite complémentaire par
capitalisation (gouvernement Schröder, 2001). Ce dispositif permet une retraite
confortable mais financée en partie par des fonds de pension dont la
solvabilité dépend de la bonne santé des marchés. Autrement dit, vos retraites
(la sécurité de vos vieux jours) est dans "la main invisible du
marché", entre les mains (invisibles) de la loterie des marchés
financiers, du casino, du chaos, du hasard. D'où anxiété : votre sort est
suspendu à cette abstraction mouvante, instable : "les marchés",
donc à tel ou tel faillite de banque ou d'État (grec ou espagnol, par exemple).
Du
coup on est forcé d'adhérer (idéologiquement) au système, d'aimer la
finance : si la Bourse se casse la gueule, votre retraite tombe avec, vous
êtes mort… Alors vive la finance – votre seul horizon – la Bourse, la
spéculation, les traders. C'est pas vous qui ferez la révolution (laquelle
n'est pas faite par les retraités, je sais… mais ce que je dis là des retraités
touche aussi bien chacun d'entre nous, chacun qui a un compte en banque, un
emprunt immobilier, un crédit à la consommation, et pourquoi pas quelques
valeurs boursière que nous nous sommes laissés fourguer par notre conseiller
bancaire dans un moment d'inattention.)
En
allemand, le mot "dette" (schulden) est proche du mot "faute"
(schuld), c'est-à-dire que s'endetter, c'est (au moins sous-entendu) commettre
une faute, un péché. C'est mal. La dette n'est pas perçue comme un levier, un
outil éventuellement utile, mais comme une malédiction. C'est peut-être eux qui
ont raison.
(Cela
dit, pour réfléchir sur "la dette", il faudrait cesser de
généraliser, cesser de dire "la dette", mais distinguer ses
différentes formes, causes, rôles : distinguer entre l'échange de dons,
l'emprunt d'investissement, la consommation à crédit, le retard de paiement
d'un loyer, etc.)
« La monnaie peut être un
bon serviteur mais elle est toujours un mauvais maitre. » (Serge Latouche)
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