mardi 7 janvier 2014

RETRAITE. TOUS CAPITALISTES


(D'après Le Monde Diplomatique de juillet 2012 "L'effroi du retraité allemand face à l'épouvantail grec")
En Allemagne, on a massivement souscrit aux régies de retraite complémentaire par capitalisation (gouvernement Schröder, 2001). Ce dispositif permet une retraite confortable mais financée en partie par des fonds de pension dont la solvabilité dépend de la bonne santé des marchés. Autrement dit, vos retraites (la sécurité de vos vieux jours) est dans "la main invisible du marché", entre les mains (invisibles) de la loterie des marchés financiers, du casino, du chaos, du hasard. D'où anxiété : votre sort est suspendu à cette abstraction mouvante, instable : "les marchés", donc à tel ou tel faillite de banque ou d'État (grec ou espagnol, par exemple).
Du coup on est forcé d'adhérer (idéologiquement) au système, d'aimer la finance : si la Bourse se casse la gueule, votre retraite tombe avec, vous êtes mort… Alors vive la finance – votre seul horizon – la Bourse, la spéculation, les traders. C'est pas vous qui ferez la révolution (laquelle n'est pas faite par les retraités, je sais… mais ce que je dis là des retraités touche aussi bien chacun d'entre nous, chacun qui a un compte en banque, un emprunt immobilier, un crédit à la consommation, et pourquoi pas quelques valeurs boursière que nous nous sommes laissés fourguer par notre conseiller bancaire dans un moment d'inattention.)
En allemand, le mot "dette" (schulden) est proche du mot "faute" (schuld), c'est-à-dire que s'endetter, c'est (au moins sous-entendu) commettre une faute, un péché. C'est mal. La dette n'est pas perçue comme un levier, un outil éventuellement utile, mais comme une malédiction. C'est peut-être eux qui ont raison.
(Cela dit, pour réfléchir sur "la dette", il faudrait cesser de généraliser, cesser de dire "la dette", mais distinguer ses différentes formes, causes, rôles : distinguer entre l'échange de dons, l'emprunt d'investissement, la consommation à crédit, le retard de paiement d'un loyer, etc.)
« La monnaie peut être un bon serviteur mais elle est toujours un mauvais maitre. » (Serge Latouche)

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