vendredi 14 mars 2014

CULTURATION


La différence de degré peut être analysée en partant de la quantité (de neurones et de connexions). Un certain seuil quantitatif entraine un changement qualitatif. C'est là qu'on peut parler d'émergence.
La culturation (toujours en cours) passe essentiellement par le langage.
Le langage est une émergence. Au cours de l'évolution de l'espèce humaine est apparu un programme génétique pour le langage (oral seulement : l'écrit, il faudra l'inventer de toutes pièces). C'est sans doute le principal moteur de la culturation des hommes. Ça ne veut pas dire que le langage apparait d'un coup, tel Athéna surgissant tout armée du crâne de Zeus. Ce qui apparait d'un coup (peut-être) c'est la mutation qui ouvre la possibilité du langage, la faculté. Ensuite, il faut les tentatives, les essais, les répétitions, l'entrainement, la mémorisation, et s'y reprendre à maintes reprises. Dans la mesure où il s'agit de communication en groupe, forcément en groupe, on peut supposer que ça évolue relativement vite, puisque aller-retour, demande-réponse, mimétisme, répétitions… et intégration par deux biais simultanés : la parole (mouvements de la langue, des lèvres, du larynx…) et l'écoute, le fait d'entendre. Boucle émission/réception. Sans oublier que ça s'appuie sur une gestuelle préexistante.
Il faut sans doute penser l'acquisition et le développement du langage en relation avec le feu et les techniques, déjà évoquées plus haut avec la fable de Prométhée. Avec le mimétisme (qui existe déjà chez les animaux), c'est le langage, essentiellement, qui permet les échanges, la coopération, la transmission et l'évolution du savoir et des techniques, l'éducation. C'est un acquis qui permet l'acquis. Qui permet l'advenir du nouveau – sans cesse. (Ne jamais oublier le collectif : les hommes sont essentiellement sociaux – transmission horizontale. Ne jamais oublier le temps : le culturel c'est la transmission – verticale – à travers les générations. Peu importe, au fond, que ça passe par les gènes ou la parole et l'exemple. L'invention de l'écriture/lecture multipliera cette possibilité de transmission dans l'espace comme dans le temps.)
La maturation des humains (espèce comme individus) est une fabrication lente, et non un cadeau de la bonne fée nature penchée sur leur berceau. Chez l’individu homme, ce qui est "naturel", reçu à la naissance, donné, est en fait déjà de l’acquis, l'acquis multimillénaire de l'espèce, le résultat d’un long processus de cérébralisation et de juvénilisation. (En quelques mots : des petits à grosse tête, pour s'extraire de la matrice maternelle, doivent naitre "pas finis" et continuer leur développement physique à l'air et vulnérables, donc rester au sein du groupe nourricier, protecteur, éducateur. Et ça prend au bas mot une dizaine d'années chez les peuple primitifs et peut-être une trentaine chez nous – c'est qu'il y a beaucoup plus à apprendre. On est loin du petit de girafe qui nait dans une chute de trois mètres, se relève et se met à brouter.)

(A SUIVRE)


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