dimanche 1 juin 2014

HOBBES et ROUSSEAU


Plus d'un mois sans blog. Il faut croire que j'avais la tête ailleurs et autre chose à faire.
Pourtant, rien n'empêche que je continue dans la droite ligne des précédents : nature, animaux, hommes, liens et interactions entre tous, avec références écologiques, tant au sens scientifique que philosophique. (En fait, on devrait de plus en plus naviguer dans les sphères de la philosophie, mais pas peur : les penseurs de tous les temps ne sont là que pour soutenir une pensée de maintenant.)
Aux dernières nouvelles, il était question de Rousseau. Suite, donc.

HOBBES et ROUSSEAU sont dans un bateau (ou galère)
(ou : L'HOMME EST-IL BON ?)
Rousseau, l'optimiste : l'homme "à l'état de nature", nait bon, c'est la société qui le corrompt. (Dit comme ça, c'est un peu idiot car aucun homme ne nait "à l'état de nature", aucun homme ne nait seul, aucun homme n'existe sans une société, même réduite. Quant à ceux qui sont "à l'état de nature", les animaux, ils ne sont ni bon ni mauvais, ils ont juste faim. Et nombre d'entre eux sont aussi en société.)
Hobbes, le pessimiste : l'homme nait mauvais, c'est la société (le Léviathan, monstrueux surmoi maniant l'impératif catégorique kantien, fondé sur la volonté) qui le maintient en place, le civilise, le cadre. Par des lois qui empêchent que la (naturelle) "guerre de tous contre tous" tourne au massacre quotidien. À "l'état de nature", chacun est un danger pour chacun, la méfiance et la peur règnent. ("L'homme est un loup pour l'homme", ce qui est calomnier les loups.) Il y a donc nécessité d'un pouvoir fort pour assurer la sécurité. La civilisation serait un dressage de la "part maudite" de la nature humaine, les "mauvais instincts" archaïques.
À "l'état de nature", désolé, mais l'homme (un homme, une femme) n'est ni bon ni mauvais, pas plus que le loup mangeur d'agneau ou l'agneau mangeur d'herbe. Il est juste occupé à vivre/survivre. Et en tant qu'individu et en tant qu'espèce.
Dictature de l'ADN : Edward Wilson, socio-biologiste nous dit que tout animal, y compris l'homme, n'a pour véritable but que de perpétuer ses gènes, prolonger sa lignée et finalement l'espèce. C'est vrai mais ce n'est pas tout.
Plus en détails, disons qu'il travaille à vivre/survivre – en tant qu'individu – en tant que famille – tribu – pays – ethnie – culture – civilisation – et finalement en tant qu'espèce (l'Homme) – et avec un niveau supplémentaire, culturel, éthique, presque métaphysique, qui transcende en tout cas le génotype biologique : l'Humanité. – Et encore un niveau supplémentaire en cours d'intégration dans la pensée collective : la biosphère et plus globalement encore l'écosphère : la planète Terre, sans laquelle l'homme, individu comme espèce, ne vit/survit pas. Ce qui peut vouloir dire d'ailleurs que le niveau le plus abouti de la culture humaine, science et conscience écologiques, tend lui aussi à accomplir les buts de l'ADN : la survie de l'espèce.
Ces deux enjeux, individu et espèce-planète, complémentaires, sont aussi concurrents et antagonistes. La survie individuelle se fait parfois au détriment de la famille (luttes fratricides, infanticides) ou de l'espèce (l'industriel pollueur). La survie de l'espèce (ou de tel ou tel des niveaux de collectivité évoqués ci-dessus) se fait parfois au détriment de l'individu (élimination des plus faibles, c'est-à-dire des plus pesants ou dangereux pour la collectivité ; par la maladie, l'accident, le massacre.)


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