dimanche 20 mai 2018

ALONE ON MOON / 25


Les tribulations de Vulbens Faramaz.
Sur une vague de brouillard cosmique, entre deux planètes de cristal, entre alpha et oméga, des fleurs au parfum vert poussent sur une automobile de brique. Leurs pétales sont beaux comme des enclumes reflétant les étoiles, les comètes et les longs méandres de brume.
Juste là, le biplan de papier journal que pilote Vulbens Faramaz, le fameux héros, l'ange fabuleux. Il a le visage blanc d'Hermès, quatre ailes cristallines et ses cheveux de lumière se mêlent aux rayons du soleil. Il porte un blouson de cuir à feu doux, mais en dessous, en bas, rien. Nu comme un verre. (Comment pourrait-on dormir, dans un pyjama à rayures ?) Entre ses cuisses d'albâtre, il n'y a rien : les anges sont sans sexe.
Son beau homard biplan dessine sur la nuit un message de catastrophe. Turbulences. De son réservoir, l'alphabet fuit.
Les aviateurs de l'aéropostale ont volé la nuit. Les pionniers des Andes au cœur d'albâtre escaladent les charbons ardents du crépuscule. Ils nagent en nuages, anges exterminateurs ayant rongé leurs chaines, leurs ailes d'acier fendant la voie lactée.
L'oiseau de papier en perdition s'écrase sur la plus haute terrasse de la mosquée des morts-vivants et, surchauffé, prend feu comme un hydravion crashé en plein champ (on ne retrouvera jamais la boite noire). Vulbens Faramaz voit ses ailes bruler comme cocons de soie et se retrouve nu sur la terrasse aride.
La longue marche commence – en rase campagne.
C'est l'hiver. Le soleil brille par son absence. Il fait froid comme un canard. Les arbres n'ont plus que la peau sur les os. Les corneilles ont bouffé leurs racines. Cerveau en berne, il va longtemps marcher dans des endroits pâles, des lieux sans porte, des espaces dissymétriques. Il se livrera aux arts cannibales. Il boira des enfants. Sur la route au tabac, des marâtres texanes l'attaqueront, prédatrice de sa santé.
Il sera tracté en lévitation dans l'azur par un rayon de lumière infaillible tombé d'un trou dans la voute du ciel.  Au dessus, une fois passée la fontanelle, c'est un paysage de prairie et de cerisiers. L'attendra là cette femme à la flute et au serpent que peignait Rousseau (le douanier). Il se souviendra qu'elle s'éloignait vers l'horizon, nue, la belle échappée, et que dansaient en éventail ses fesses rebondies, infraction ambulante au code de déontologie des anges héroïques.
Dans quelques heures il sera chauve.
Ça le turlupinera longtemps.
À moins que ça ne le tarabuste.
Saperlipopette.
(Il n'y a pas de raison que ça s'arrête.)
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Il n'y a pas de raison que ça s'arrête, dis-je… Pourtant il se pourrait bien que j'arrive au bout des "Alone on moon" proprement dits, c'est-à-dire de ces quelques mois (depuis décembre 17) de superpositions plus ou moins improvisées plus ou moins maitrisées de mots, de phrases et d'interlignes, allant du calembour vaseux à l'évocation onirique-ironique (anagramme signé JHV). Il reste quelques pages à peu près abouties qui vont donc bientôt s'afficher… et puis des notes en vrac qui ne trouveront pas forcément les bouts de scotch nécessaires à des coupers/collers à peu près pertinents. (Un "couper/coller", ça peut se plurieliser ?).
Et puis, quand même, en fouillant un peu dans mon Mac, je redécouvre des paquets de textes (je suis un peu atteint de graphomanie) qui, bien que plus anciens, pourraient très bien s'inscrire dans le droit fil des "Alone on moon" et qui ne demandent qu'à voir le jour (virtuel mais public).
Et puis, parfois, j'ai aussi envie de reprendre des textes plus "comme avant", c'est-à-dire plus réflexifs, concernés par la réalité sociale, politique, psychologique, écologique et scientifique. Sans omettre les chroniques cinématographiques, musicales, picturales, télévisuelles……
Et donc, malgré mes tergiversations, ça va continuer.
— Et les lecteurs, tu leur demande pas s'ils en ont pas marre ?

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