LO N° 333 (06/11/09)
ET LES GLACES DE MÉTHANE ? (CLATHRATES)
Dans ma LO N°159 qui date de septembre 2007, je parlais déjà des clathrates en faisant référence à Coustou et Alary. Depuis, j'ai échangé quelques mails avec Paul Alary (auteur et cyber-éditeur SF et +). Je vous en donne l'essentiel ici, et surtout ses réactions (rouges de colère) à un article de Futura Sciences.
Extraits :
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« Dégazage massif des dépôts de méthane autrefois congelé dans le sous-sol.
Il y a quelques mois déjà, les scientifiques avaient constaté que les fonds marins de l’Arctique libéraient du méthane dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre vingt fois (23 fois, en fait) plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2). Une nouvelle étude, présentée le 16 décembre 2008 à la conférence de l'Union américaine de géophysique à San Francisco, démontre que les estimations doivent être revues à la hausse.
« Il y a cinq ans, je n’étais pas certain que le phénomène soit très sérieux, mais à présent je suis sûr que quelque chose de grave est en cours et que nous devrions avertir les gens », s’alarme Igor Semiletov du International Arctic Research Center (IARC, université de l'Alaska, Fairbanks), chef scientifique d’une expédition océanographique le long du littoral sibérien l’été dernier.
Les analyses de l’eau indiquent des taux de méthane dissout jusqu’à 200 fois supérieurs à la normale, indiquant des dégagements significatifs. [...] Les scientifiques estiment que la quantité de méthane stocké dans le pergélisol arctique sous forme de clathrates (des hydrates) serait supérieure aux réserves mondiales de charbon. Suite au réchauffement climatique, ce méthane se trouve maintenant au seuil de la fonte : au niveau des côtes de la Sibérie, la température de l’air a augmenté de plus de 5 degrés durant la dernière décennie. « Nous ne nous étions pas rendu compte à quel point ce réservoir de méthane était vulnérable », confie Igor Semiletov. »
Paul Alary : en fait la libération des glaces de méthane entraînerait un effet de serre plusieurs fois supérieur à celui généré par la totalité du CO2 présent dans l’atmosphère !
Et il continue avec un rire douloureux : « Nous ne nous étions pas rendu compte à quel point ce réservoir de méthane était vulnérable » ! Ces prétendus experts qui « ne s'étaient pas rendu compte » de ce dont s'étaient rendu compte Alain Coustou et moi-même il y a cinq ans ! « Il y a cinq ans, je n’étais pas certain que le phénomène soit très sérieux. À présent je suis sûr que quelque chose de grave est en cours et que nous devrions avertir les gens. » Ça ressemble à ces avis d'experts en économie qui sont très forts pour vous expliquer pourquoi une crise économique et/ou bancaire se produit, mais ne sont pas capables de vous prévenir avant qu'il ne soit trop tard pour l'éviter ! ("La prévision est un art difficile, surtout quand elle concerne l'avenir", on sait…) C'est justement à cette époque, il y a cinq ans, qu'est paru chez Eons un bouquin qui alertait déjà sur ce problème, et décrivait exactement le mécanisme et les risques encourus ! Il y avait même, dans cet ouvrage, des pistes de solutions !
("L'Effet Venus" - 4,90 sous forme papier - franco de port - et même 2 euros en Ebook)
« [...] le chercheur estime peu probable qu’un dégagement catastrophique de méthane se produise au cours de ce siècle [...] » Ah ?! Un mec qui n'a même pas été foutu de voir venir la situation actuelle il y a cinq ans veut nous rassurer en donnant un avis à un siècle ?! Et ce, bien qu’il admette maintenant que le changement climatique accélérera le relâchement c'est-à-dire qu'un effet auto-accéléré (*) peut s'enclencher et est même fortement probable. Et qu'est ce qu'il propose pour nous tirer de la situation dans laquelle leurs dénégations du phénomène – que maintenant ils admettent comme certain – nous ont mises ? Il « suggère une surveillance accrue du processus. » Donc, comme mesure pour se protéger contre une bombe atomique, je suppose qu'il proposerait d'observer l'explosion et le développement du champignon à la jumelle, et combattrait avec la dernière énergie, en tant que pseudo-expert-auto-proclamé-qui-s'est-toujours-trompé, ceux qui suggéreraient des abris anti-atomiques ? Ou que face a un raz-de-marée, il suggérerait de se mettre sur la plage et d'observer la vague arriver avec un appareil photo ? Et donc, d'après lui, il faut observer « afin de prévenir toute modification brutale de la situation. »... Ce qui est carrément nous prendre pour des cons ! Il admet, juste avant, que les masses en jeu sont sans doute au moins égales à 12 fois les masses de charbon, il admet que la libération du méthane accélère le processus de libération du méthane, car il a plus de vingt fois l'effet de serre du CO2, et sa solution c'est d'observer afin de « prévenir toute modification brutale de la situation. » ?
Et "prévenir", donc ??? Faire la chaîne pour expédier des seaux d'eau pour refroidir ?
« Selon Julienne Stroeve, du National Snow and Ice Data Center de l’université du Colorado, cette observation confirme les prévisions antérieures, que d’aucuns trouvaient pourtant trop pessimistes… »
Alors, ils admettent maintenant la possibilité du schéma qu'ils niaient il y a cinq ans et que nous avions publié à l'époque ? C'est ça, des "experts" ? (À leur décharge, ils n'avaient sans doute pas lu le livre en question, c'est con !)
Pour en savoir plus, vous avez des schémas téléchargeables gratuitement sur le site.
Le mécanisme du scénario du cauchemar dont ils viennent d'admettre les prémices après ne pas les avoir vus il y a cinq ans :
(A noter que Bush voulait "exploiter" ces glaces de méthane... Le moindre gisement dépasse les 100 milliards de tonnes, un seul gisement de ce type qui part dans l'atmosphère et l'effet de serre est doublé, 100 milliards de tonnes de méthane ayant le même effet de serre que la totalité du gaz carbonique présent dans l'atmosphère.)
… et 10 autres schémas téléchargeables gratuitement, concernant l'effet de serre.
Et autre lecture recommandée : "Terre, fin de partie?", un livre très complet de Alain Coustou sur le phénomène clathrates. Bien que exhaustif et fait par un universitaire, il est a peu prés du niveau de compréhensibilité d'un bon article de "science et avenir".
Quant à "L'effet Venus", il reste des exemplaires de la première édition soldés à 3 euros... et vous avez dans les deux éditions la nouvelle d'anticipation "Nyos 2030" qui vous fait "vivre" la situation de quelques humains sur une Terre dont l'effet de serre s'emballe.
Paul Alary
paul.alary@gmail.com
« Today, every inhabitant of this planet must contemplate the day when this planet may no longer be habitable. » (John Fitzgerald Kennedy)
J'ajoute que Alain Coustou et Paul Alary ont inventé ensemble « des tours aérogénératrices (Vortex) qui pourraient produire de l'énergie avec du solaire (même la nuit !) ainsi qu'en utilisant des chaleurs "basse température", eaux de refroidissement industrielles, géothermie basse température ou même... augmenter l'efficacité de conversion de centrales électriques existantes.
Ces tours pourraient peut-être même fournir, disent-ils, un outil pour enrayer un effet de serre auto-acceléré sans recours à des moyens délirants (tels que injecter des millions de tonnes d'acide sulfurique dans la haute atmosphère... si si, ce moyen a été réellement proposé !)
En effet, un des « effets collatéraux » d’une tour serait sans doute de créer un flux d’air chaud ascendant assez rapide, qui pourrait servir à « souffler » des trucs dans la haute atmosphère pour un coût supplémentaire nul… Ces trucs pourraient être quelque chose agissant sur l’albédo terrestre (la réflectivité) amenant par exemple à ce qu’au lieu de 39% de la chaleur solaire, ce soit 39,1% qui soit renvoyé dans l’espace ! Ça n'a l'air de rien mais ces 1 pour mille de différence, et bien c’est supérieur à l’effet de serre qui nous emmerde !
Par exemple (c’est juste un exemple sans garantie béton que cela marche, il faudrait simuler ça sur un super ordinateur) on pourrait peut-être souffler du lait de chaux, c’est pas toxique, (chaux éteinte dissoute dans l’eau), et en absorbant du CO2 ça redevient du calcaire – qui est en fait la seule chose qui risquerait de nous retomber sur la gueule, et encore sous forme de quelques grammes de poussière par hectare. Et sans conséquences : le calcaire ou la calcite, c’est blanc, donc cela réfléchit, et puis ça peut servir de noyaux pour créer des nuages d’altitude artificiels. Etc… je ne sais pas exactement ce que cela ferait, mais ce serait un moyen non toxique de manipuler l’albedo terrestre ! Et foutu pour foutu, si ça s’emballe, voilà au moins une piste pour un remède qui n’est pas pire que le mal… »
http://www.eons.fr//images/eons38_aerotour.png
(*) Effet auto-accéléré : une de ces fameuses boucles de rétroaction positive dont j'ai souvent parlé. Celle-ci est particulièrement gratinée, question accélération ! Cf en particulier ma LO N°134, centrée sur l'Arctique, la fonte des glaces… et les clathrates en question.
Si vous jugez que l'article de Futura Sciences (décembre 2008) date un peu, cliquez sur son voisin tout frais ("Le réchauffement climatique, c'est pas fini") qui s'occupe de casser le bruit qui court maintenant, par un curieux hasard pré-Copenhaguien, comme quoi les T° se seraient mis à baisser.
Et pendant ce temps : des gros con font du "tourisme blanc" en bateau à moteur dans les fjords du Groënland pour voir les glaciers s'effondrer dans la mer………
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