mercredi 28 avril 2010

LA GRIPPE B


LO N° 370 (28/04/10)
Après la grippe A, la grippe B — comme burqa.
Et si, pour changer du réchauffement climatique, on parlait, comme tout le monde, de "la burqa en France" ?
Certains traitent par le mépris cette polémique. « Ça touche 300 ou 3000 femmes, y a plus important, ça sert à voiler les autres problèmes, etc.… » Pourtant c'est important, et pour des tas de raisons que je développerai peut-être plus loin ou plus tard. En fait, depuis des mois, j'ai accumulé des dizaines de pages de réflexions personnelles, témoignages, opinions diverses, lectures… que je ne me vois pas découper sous forme de lettres ouvertes. Ceux et celles que ça intéresse vraiment peuvent me mettre un mot, je leur enverrai un .pdf du truc en bloc, illustré, à lire tranquillement.
Pour l'instant je me contenterai d'une simple prise de position : a priori, j'étais contre la burqa (comme ça pouvait sans doute se deviner à travers quelques illustrations accompagnant quelques LO précédentes) et a posteriori, après toutes ces informations et réflexions… je suis toujours contre.

(Ce premier bout de texte est frais, tapé à la suite du "C dans l'air" d'hier sur France 5, et particulièrement inspiré par les propos de Guy Carcassonne, juriste.)

NE SORTONS PAS LES GRANDS MOTS. VOYONS LES CHOSES AU PLUS SIMPLE :
La burqa, ce n'est pas une question d'identité française. Même pas une question d'identité féminine. Une question d'identité tout court.
La question n'est pas l'islam. La question n'est pas la laïcité. La question n'est même pas l'égalité homme-femme ni la dignité de la femme.
Appuyer une loi de prohibition sur de tels principes serait aberrant et néfaste. Le seul principe sur lequel peut s'appuyer une loi est l'ordre public. Par "ordre public", on n'entend pas "sécurité publique" (qui n'en est qu'un des élément), mais habitus, consensus social, règles de vie, mœurs, éthique sociale minimale, codes sociaux, us et coutumes (et costumes), bon fonctionnement de la société. Dans notre société, on vit à visage découvert. Point barre.
La connaissance ou reconnaissance de l'identité de l'autre par le visage est la base de la convivialité, ou de la convivance*, du partage de l'espace public, de la cohabitation… On ne se montre pas nu en public (sauf exceptions délimitées). Quelles qu'en soient les raisons, ce n'est pas dans nos mœurs. De même, on ne dissimule pas son visage en société. C'est la seule raison d'une loi et elle est suffisante.
La loi ne doit donc pas être une loi contre le voile intégral islamique (burqa, niqab, etc) mais contre toute dissimulation d'identité par dissimulation du visage. (A quelques exceptions près, faciles à lister : forces de l'ordre en mission, carnaval (période et espace délimités), chirurgien en opération et autres circonstances hygiéniques (grippe A, B, C ou Z). Le motard qui porte un casque intégral est tenu de l'enlever quand il descend de sa moto, ne serait-ce que pour faire le plein. Par grand froid, un skieur peut se cagouler entièrement, mais se dégage le visage quand il est dans la file du téléski, etc.)
Après, faut-il une loi ou autre chose ou rien ? Rien, certainement pas : si la raison "interdiction de la dissimulation d'identité" est suffisante, la loi est nécessaire. Jusqu'ici, jusqu'il y a quatre ou cinq ans, cela allait sans dire, pas besoin de loi. Nous aurions sans doute préféré ne pas avoir à le faire, mais à partir du moment où ce consensus millénaire et général est remis en question par une minorité, la République, bon gré mal gré, doit poser et imposer clairement un choix de société. La perpétuation d'un "rien" serait insupportable. Une demi-mesure comme une "recommandation" ou des décrets locaux serait le pire, porte ouverte à toutes les manipulations, à de multiples procès de procédure. A partir du moment où il y a loi, les choses sont claires : c'est la loi ou rien, on est dedans ou dehors.

(La position de Guy Carcassonne est bien précisée dans un article de La Croix, de décembre 2009, disponible ici :
http://www.la-croix.com/Les-deputes-defrichent-la-voie-etroite-d-une-loi-interdisant/article/2405964/55350
Il se conclut à peu près ainsi :
La question de la liberté individuelle se joue non pas du point de vue de la personne qui porte la burqa mais de ses interlocuteurs. Le visage n’est pas une partie du corps comme les autres. Il est ce qui fonde les relations humaines dans la société.)
Et aussi, en vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xbirbp_burqa-guy-carcassonne-plaide-pour-u_news
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(Le bout de texte suivant date de quelques mois. Il y a des redites, tant pis)

LES SEULES FRONTIÈRES SONT JURIDIQUES
Etre français, c'est quoi ? C'est avoir des papiers français. Point. Tout le reste est opinions, discutailleries, faux-fuyants… Pour arrêter ces verbiages, il faut se limiter à une définition technique, juridique : être français, c'est avoir des papiers français. Point. (Et parler Français, aussi, c'est mieux…)
La question du voile intégral (dit couramment burqa) est la même : pour avoir prise sur la question, pour laisser de côté tous les ingrédients d'une discussion qui n'en finit pas sur la liberté individuelle, la pression familiale ou communautariste, la religion, la peur, etc., etc., il faut affirmer juridiquement : dans notre pays, on se présente les uns aux autres à visage découvert. Point. Jusqu'ici, c'était simplement sous-entendu, inscrit dans les mœurs, l'habitus, sans qu'on ait besoin de l'exprimer tout haut : un choix de société qui allait sans dire.
Pour ma part, il m'est impossible de parler à quelqu'un qui a le visage masqué – quel que soit le masque. Et ce n'est pas parce que Copé et quelques autres UMP disent la même chose que je dois m'abstenir (ni que je dois apprécier ce personnage…) Alors que la casquette à l'envers n'empêche pas la communication… (Et le verlan ? Euh………)
À partir du moment où une communauté, quelles que soient ses raisons et quel que soit son nombre, remet en question ce consensus, il devient nécessaire d'affirmer fortement, donc juridiquement, ce choix de société. La seule question de convivance* et de sécurité publique suffit à justifier cette loi – qui ne doit pas être une loi "sur la burqua" mais une loi sur le masque, sur la dissimulation d'identité sous toutes ses formes.
Gardons les masques pour Carnaval.
Ensuite, techniquement, je ne suis pas juriste, il faut voir ce qu'il en est des lois déjà existantes, de la constitutionnalité, du droit européen… et voir l'applicabilité. Évidemment, tel que ça a d'abord été envisagé, "dans les administrations et les transports", ça serait la merde : c'est abandonner le travail d'application de cette loi aux chauffeurs de bus ou aux employés de mairies, directeurs d'écoles… Le chauffeur de bus : « Non, madame, vous ne pouvez pas monter dans ce bus vêtue ainsi ». La secrétaire de Mairie : « Dévoilez-vous ou sortez ». La postière, pareil. Et dans les magasins, les boutiques ??? Merci pour eux, sympa, le cadeau, surtout quand, comme par hasard, des dames voilées seront accompagnées de trois ou quatre barbus tendance salafiste, vaguement menaçants.
Une loi se limitant aux administrations et transports est une bête demi-mesure.
Quant à une loi plus générale "tout l'espace public", on la dit inapplicable : le flic va-t-il exiger de la femme qu'elle se déshabille sur place ? Ridicule, bien sûr, surtout qu'il ne s'agit que du voilement du visage. Par contre, le flic met la dame dans une voiture de police qui la ramène à domicile et qui la lâche à sa porte avec sa contredanse.
Ça va faire des caillassages et autres incidents ? Sûrement, oui ! Mais de toute façon, que ce soit dans la rue, à l'entrée d'une administration, à la montée dans le bus, des incidents, ça va en faire, comme ça en fait déjà. On n'évitera pas le problème en faisant comme si ça n'existait pas.

(* Le mot convivance n'est pas dans le dico. Convivialité pourrait suffire, mais a pris un sens de festoiement collectif sympathique qui n'est pas ce que je veux dire. Convivance serait donc simplement le fait de vivre ensemble, con-vivre, sur un plan avant tout pragmatique – avec ou sans sympathie.)








2 commentaires:

Bruno Bellamy a dit…

J'abonde, j'approuve, je plussoie !
Et de manière plus générale, il me semble qu'au lieu de si souvent discourir de cette "identité nationale" qui n'a décidément pas grand sens (en dehors, donc, des papiers... d'identité), on devrait tout bonnement rappeler que l'identité est la base de la responsabilité. Être responsable, c'est pouvoir RÉPONDRE de ses actes, de ses propos. Donc agir ou parler en ayant décliné son identité. Le voile (ou le casque) intégral la dissimule, l'efface, tout autant que l'utilisation d'un pseudonyme quand on poste un commentaire sur un blog. Je ne comprends pas davantage qu'on revendique le droit à l'anonymat sur l'Internet, que le fait qu'on s'appuye sur de supposés préceptes religieux pour faire valoir le droit au déguisement de Dark Vador sur la voie publique.
C'est aussi pour ça qu'il est de tradition d'enlever son chapeau (lequel peut en partie dissimuler le visage) pour saluer. Manière de dire "regardez, c'est moi : je vous montre qui je suis, car je suis prêt à assumer mes actes, et j'affirme par là que je n'ai aucune intention de vous nuire".
Cf. les pages bleues (qui, je crois, n'existent plus) dans l'annuaire, et disaient autrefois comment il faut téléphoner (bonnes pratiques que bien des gens ont désormais oublié) : lorsque votre interlocuteur décroche, commencez par vous présenter. Eh oui, à l'autre bout du fil, un inconnu est par défaut un intrus, et pour mettre les gens à l'aise, il suffit de commencer par s'identifier.
C'est la notion de "Liberté" qui est ici en question : pour beaucoup, ce mot est devenu "droit à faire tout ce qu'on veut comme on veut sans en assumer aucune conséquence", alors que la vraie liberté, celle qui permet à la civilisation de perdurer et d'évoluer, c'est le droit d'agir et de parler, de faire ses choix... et de les assumer entièrement, donc de pouvoir en répondre. Et ceci ne peut se faire dans l'anonymat, sous le masque. Si je ne suis personne, ma liberté n'existe pas.
Question corollaire : cette profusion de voiles noirs, en absorbant une part excessive du rayonnement solaire, n'induit-elle pas un accroissement supplémentaire de l'effet de serre ?!

Anonyme a dit…

C'est meme plus simple que tout cela:

Ce deguisement rappel fortement le fantome et la couleure noire la malediction... Funeste aparence qui me fait toujours me demandé si on est deja à l'halloween fête mal aimé dans notre pays catholique et (encore) laique.

Non ce genre de cosplay na rien a faire dans nos rues française. C'est insultant je trouve d'etre devisager par qqun de masqué dans notre societé le masque sers à ce cacher et à commettre ce qui est interdit...

Donc... image tres neagative que nous franàais ne pouvons pas accepté laiquement.

Cordialement.